Chapitre 15 - La bataille du Département des Mystères
Mardi 18 Juin 1996 :
Les paroles prononcées par la voix aux accents mécaniques résonnèrent un instant dans l'Atrium, comme une sorte de mise en garde ironique, les mots "agréable soirée" ne collant pas exactement à la situation actuelle.
Prudemment, je sortis de la cabine téléphonique, Tonks et Remus sur mes talons. L'atrium était à première vue désert et silencieux, seuls les jets d'eau de la Fontaine de la Fraternité Magique contrastait avec ce vide terrifiant. Mes partenaires se déployèrent de part et d'autre de moi, baguettes brandies et, ensemble, nous parcourûmes le vaste hall, jusqu'à la fastueuse fontaine qui dominait l'ensemble de l'architecture. Là, Remus nous glissa, le visage pâle mais déterminé :
«-Je vous laisse ici, je vais rejoindre les autres.»
Je hochai la tête et Tonks ajouta, dans un souffle :
«-Fais attention à toi.»
Remus rougit légèrement et lui adressa un bref sourire, avant de tourner les talons et s'enfoncer au pas de course parmi les profondeurs du Ministère. Je me tournai vers Tonks, qui semblait tout aussi tendue que moi :
«-On va inspecter chaque côté de l'Atrium. Surveille surtout les points d'entrée, tels que les cheminées. S'il arrive quoi que ce soit, envoie des étincelles rouges, je te retrouverai.»
La jeune sorcière acquiesça et nous nous séparâmes, elle se dirigeant à gauche et moi prenant la droite. L'oreille à l'affut du moindre bruit suspect, je longeai la délimitation gauche de l'Atrium, sursautant à chaque fois que j'avais le malheur de marcher sur une partie du sol qui grinçait. Si une bataille faisait rage au cœur du bâtiment, je n'entendais absolument rien et je ne savais pas si je devais m'en rassurer ou non. Je finis par arriver au bout du grand hall, non loin de l'endroit où nous avait déposé la cabine. Il n'y avait toujours aucune trace d'effraction ou de combat.
Je m'apprêtai à tourner les talons, quand une main vint se plaquer contre ma bouche, m'empêchant de crier. Mon cœur fit un triple bond dans ma poitrine et le hurlement de terreur que je voulus lâcher resta bloquer dans ma gorge. Une voix affreusement grinçante parvint à mes oreilles :
«-N'essaye pas de te débattre ou je te tranche la gorge.»
Je sentis un métal froid près de mon cou et celui me dissuada de tenter quoi que ce soit. Les yeux écarquillés de terreur et prenant sur moi pour ne pas m'évanouir de panique, je tentai de calmer ma respiration qui peinait à rester régulière.
«-Je vais retirer ma main de ta bouche, me prévint-t-on. Si tu appelles de l'aide, je te tue sur le champ.»
Je fermai les paupières pour maîtriser les tremblements qui parcouraient mon corps et sentis au même instant la main rugueuse quitter ma bouche, me permettant d'inspirer longuement. L'inconnu – un homme au son de sa voix – s'empara de ma baguette puis me fit lentement tourner de sorte à ce que l'on se retrouve face à face. Je manquai de m'étrangler en tombant nez-à-nez avec un sorcier recouvert d'une tenue noire et dont le visage était dissimulé derrière un masque lugubre – un Mangemort. Si je ne pouvais pas discerner sa tête, lui put découvrir la mienne et il eut un ricanement mauvais qui me fit froid dans le dos.
«-Tiens, tiens, mais qui voilà ? Ce ne serait pas la petite peste, qui a tué Selwyn ?»
Je ne savais pas vraiment comment il était au courant de cela mais, rien qu'à l'évocation de ce terrible souvenir, je fus prise de frissons incontrôlables. Malgré la peur qui me tordait l'estomac, je tâchai d'analyser la situation : Tonks devait être tout au plus à quelques centaines de mètres de nous, c'était la seule qui était en mesure de m'aider pour le moment. Le Mangemort m'avait coincé entre deux pans de murs, de sorte à ce que je ne puisse pas m'enfuire. En revanche, il y avait des marches juste derrière lui, si je le poussais assez fort...
Je ne pris pas le temps de réfléchir plus et mis en œuvre l'infime chance que j'avais de m'ensortir indemne face au Mage Noir. Mobilisant toute la force dont j'étais capable, j'assénai à mon adversaire un coup de pied dans les jambes qui lui firent perdre l'équilibre. Comme prévu, il tomba à la renverse et chuta dans les escaliers. J'en profitai pour me jeter sur lui et récupérer ma baguette. Si je réussis à m'emparer de mon bien, le Mangemort, loin d'en avoir fini avec moi, m'attrapa par la cheville et me fis chuter. Je gardai la main vissée sur ma baguette et tombai lourdement au sol, laissant échapper un grognement de douleur. J'en profitai pour hurler :
«-TONKS !!!»
Comprenant que je n'étais pas seule, le Mangemort siffla et, avec horreur, je vis un autre Mage Noir se matérialiser non loin de nous et partir à la recherche de ma coéquipière.
«-TONKS ! criai-je à m'en déchirer les cordes vocales. FUIS !!!! NE RESTE PAS LA !»
Au loin, je vis la jeune sorcière émerger de derrière la Fontaine et d'engager le combat avec le deuxième Mangemort.
Un éclair me frôla et je me souvins alors que j'étais moi-même aux prises avec un sorcier. Ne prenant pas la peine de me relever, je roulai sur le côté et tentai d'atteindre mon adversaire mais mon sort fut dévié et alla s'écraser contre un pan de mur, qui explosa au passage. Profitant de l'explosion, je me remis debout et réitérai mon attaque par deux fois, plongeant derrière une colonne de marbre pour échapper aux Maléfices du Mangemort. Protégée au moins pour un instant, je tournai la tête en direction de la Fontaine, juste à temps pour voir l'autre Mangemort, suivi de près par Tonks partir dans la même direction que celle empruntée par Remus il y avait quelques dizaines de minutes.
Entendant mon assaillant approcher dangereusement, je quittai la sécurité précaire offerte par la colonne – qui explosa quelques secondes plus tard en morceaux – et traversai l'Atrium en courant, consciente d'être alors parfaitement à découvert. Si le hall principal du Ministère était grandiose, ce n'était pas un lieu idéal pour les duels car il n'offrait pas une multitude de planques possibles. Je contrai in extremis un sortilège qui m'aurait très certainement été fatal s'il m'avait touché et tâchai d'allier course et défense. Pour le moment, le Mangemort avait le dessus et je me contentai d'arrêter les Maléfices qu'il me lançait avec une fréquence inépuisable. Je n'étais plus qu'à quelques mètres de la Fontaine, quand j'entendis le Mage Noir crier un sortilège que mon cerveau ne prit pas le temps de reconnaître. Ni une, ni deux, je fis la première chose qui me passa par l'esprit – je plongeai dans l'eau de la Fontaîne pour échapper à l'éclair coloré. Mouillée de la tête au pied mais en vie, je fis le tour de la sculpture pour me protéger des attaques du Mangemort et en profitai pour reprendre mon souffle, qui commençait clairement à me manquer.
Le sortilège qui m'était destiné avait fait s'effondrer une partie du bassin à mes pieds et de lourds blocs de pierre avaient chuté sur le sol. J'entendais non loin de moi, mon adversaire faire le tour de la fontaine à ma recherche. Je pointai ma baguette face aux débris de pierre et, d'un sort informulé, donnai vie aux blocs massifs qui se mirent à voleter près de moi. Les pas du sorcier se firent de plus en plus proche et, dès l'instant où je vis une partie de sa cape apparaître, je dirigeai les pierres dans sa direction. S'il eut le réflexe d'en arrêter certaines, leur nombre lui porta préjudice et un coup fort bien placé à la tête le fit s'écrouler sur le sol dans un cri de rage.
Descendant prudemment de la fontaine, je m'assurai que mon assaillant était bien hors d'état de nuire et, par mesure de précaution, fit apparaître des lianes autour de lui, de manière à ce que, même une fois conscient, il ne puisse s'en prendre à qui que ce soit. Pour finir, je lui retirai sa baguette, la brisai en deux et jetai les débris dans la Fontaine. Une fois ceci terminée, je restai un moment immobile, à bout de souffle et le cœur prêt à sortir de ma poitrine tant il battait fort. D'un geste de baguette, je séchai mes vêtements et mes cheveux avant de partir en direction des ascenseurs, ignorant la fatigue qui rendait mes muscles douloureux.
***
Lorsque l'ascenseur annonça d'une voix blanche "Département des Mystères", je descendis lentement de la cabine, la baguette brandie. La température semblait avoir chuté de plusieurs degrés entre l'Atrium et ici et je ne pus réprimer un frisson – de froid ou de peur, je ne saurais dire. J'étais déjà venue plusieurs fois dans ce couloir sombre et interminable et à chaque fois, je ressentais cette impression désagréable d'être dans un endroit interdit et dangereux – ce qui, au final, n'était pas tant une impression.
Ma baguette m'illuminant faiblement, j'avançai résolumment parmi les dalles sombres, l'oreille tendue. Je n'entendis rien, aucun son m'indiquant la position de mes coéquipiers. Je pressai le pas, ne me sentant pas du tout en sécurité ici. Je finis par déboucher dans un espace plus large, éclairé par des torches aux reflets bleutés. Je n'étais jamais venue aussi loin lors de mes tours de garde ; aussi, je fus totalement pris au dépourvu en voyant la dizaine de portes devant moi.
Me souvenant des paroles de Kingsley, je bloquai la porte menant au couloir à l'aide d'un sortilège, de sorte à ce qu'elle reste ouverte et que je puisse me repérer si la pièce tentait de me perdre. Puis, je reportai mon attention sur les autres portes. Laquelle choisir ?
Je n'eus pas le temps de prendre une décision car l'une d'entre elles s'ouvrit soudain et, sursautant, je me mis en position de combat, prête à intervenir. D'abord, je ne vis que des ombres – au moins trois sortir de la salle. Puis, un éclair jaillit et je l'esquivai au dernier moment. Je voulus renchérir mais une voix familière me stoppa dans mon geste :
«-Elladora Lynch ?»
Je clignai plusieurs fois des paupières avant de reconnaître la personne qui se tenait devant moi, entourée de trois autres individus.
«-Ginny Weasley ! Qu'est-ce que tu fais ici ?»
Je passai en revue les quatre adolescents qui se tenaient en face de moi – parmi lequels je reconnus en plus de la jeune Weasley, son frère Ronald et Hermione Granger. Les trois étudiants étaient accompagnés d'une jeune fille en cheveux pâle qui Ginny soutenait. Hermione était inconsciente, dans les bras de Ron.
Reprenant mes esprits, je demandai :
«-Où est Harry ? Et Remus, Sirius et les autres ?
-Ils sont quelque part là-dedans, me répondit Ginny en désignant d'un signe de tête les portes. Ça grouille de Mangemorts.»
La jeune fille était pâle et semblait avoir la cheville cassée. Ronald avait le regard vitreux, comme s'il avait été touché par un sortilège de Confusion, et ses bras étaient en sang et Hermione ne donnait pas signe de vie. Même si je voulais rejoindre mes coéquipiers, je ne pouvais pas laisser les adolescents ici.
«-Ok, dis-je en tâchant de maîtriser les tremblements de ma voix, je vais vous sortir d'ici et vous mettre en sécurité.»
Sentant que Ron allait défaillir sous le poids de son amie, j'ensorcellai le corps de la pauvre Gryffondor et la fit voleter près de moi.
«-Suivez-moi.»
Je pris la tête du groupe et nous parcourûmes le couloir en sens inverse, moi maintenant Ginny debout et la sorcière blonde veillant sur Ronald.
«-Vous êtes un Auror ? me demanda soudainement l'étudiante que je ne connaissais pas, d'une voix étonnament douce et ne collant pas à la situation.
-Mmmh, pas vraiment. Je fais partie de l'Union du Phénix. Et toi, comment tu t'appelles ?
-Luna. Luna Lovegood.
-Enchantée, Luna. Qu'est-il arrivé à Hermione ?
-Un Mangemort l'a touché avec un sort, expliqua brièvement Ginny en réprimant un grimace de douleur lorsqu'elle s'appuya malencontreusement sur sa cheville blessée.»
Nous arrivâmes finalement tant bien que mal aux ascenseurs et je fis grimper tout le monde dedans avant de leur expliquer :
«-Dès que nous sommes au huitième niveau, on va transplaner à l'extérieur du Ministère, donc agrippez-vous tous bien à moi, c'est clair ?»
Chacun – ou du moins, ceux qui le pouvaient – hocha la tête et l'ascenseur se mit en mouvement dans un grincement lugubre.
À peine fûmes-nous descendu du cagibi que je nous fis transplaner, ne souhaitant pas risquer que quelqu'un nous attaque. Nous atterîmes finalement dans la rue piétonne équipée de la cabine, où tout était calme. Là, je fis s'asseoir les trois étudiants conscients et allongeai Hermione sur le sol. Je m'occupai d'abord de Ginny et pointai ma baguette sur sa cheville blessée en mumurant :
«-Ferula !»
Une attelle enlaça sa jambe et la jeune fille me remercia. Ron, assis aux côtés de sa sœur, semblait enfin émerger de sa transe :
«-Mmmh, Elladora, c'est bien vous ?
-Oui, ne t'en fais pas, Ronald. Vous êtes en sécurité.
-Et Harry ? Où est Harry ?»
Il voulut se relever en ne voyant pas son meilleur ami, mais je l'en empêchai d'un geste ferme.
«-Mes coéquipiers s'en chargent, ne t'inquiète pas pour lui. Avec eux, il ne risque rien.»
Par ses paroles, je tentai moi-même de me convaincre que tout allait bien, même si j'avais du mal à en être persuadée.
«-Dis-moi plutôt comment tu as eu ses blessures sur tes bras, dis-je en nettoyant superficiellement les blessures à l'aide d'un des quelques sorts de soin que je connaissais.
-Des cerveaux l'ont attaqué, m'informa Luna. Pas commodes, vraiment. Ils avaient des tentacules partout autour d'eux et ils grouillaient de Joncheruines.
-Des... cerveaux ? répétai-je, étonnée.»
Ginny hocha lentement la tête et je ne répliquai rien – après tout, le Département des Mystères ne tirait pas sa réputation de rien.
«-Comment êtes-vous venus ici ? demandai-je finalement, après avoir fini de nettoyer les bras de Ron.
-Avec eux, évidemment, dit simplement Luna en pointant du doigt un point derrière moi.»
Lentement, je tournai la tête et vis six créatures brouter dans un coin d'herbe qu'elles avaient déniché – à la fois majestueuses et terrifiantes.
«-Ce sont des Sombrals qui vont ont conduit ici ? m'étonnai-je, visiblement pas au bout de mes surprises face à ces adolescents plein de ressources.
-Oui, vous savez, ce sont des créatures très intelligentes, les Sombrals. Vous aussi vous les voyez ?»
Je hochai silencieusement de la tête quand soudain, un craquement sonore provenant de la rue adjacente se fit entendre. J'ordonnai aux étudiants de rester où ils étaient et m'approchai de la source du bruit, le corps tendu. Prudemment, je jetai un œil à l'intersection et aperçus mes coéquipiers qui venaient de transplaner à cet endroit. Je me mis à courir dans leur direction.
«-Remus ! Kingsley !»
Les deux hommes se tournèrent dans ma direction et Kingsley s'approcha, anxieux :
«-Elladora, où étais-tu passé ?
-Je... j'ai croisé le chemin de Ginny et sa troupe, expliquai-je, essouflée. Je les ai conduit jusqu'ici pour les mettre en sécurité !»
Je marquai une pause en découvrant le visage de Remus, aux côtés de Kingsley. D'ordinaire déjà pâle et maladif, il était aujourd'hui presque translucide et ses yeux étaient emplis d'une infinie tristesse. Il semblait sur le point de s'écrouler d'un instant à l'autre.
«-Remus... balbutiai-je. Que... est-ce que ça va ?
-Fini..., murmura-t-il d'une voix rauque.»
Sentant la panique m'envahir au vue de son état, je demandai :
«-Pardon ? Remus, qu'est-ce que...»
Je relevai soudain la tête, craignant le pire. Mon cœur manqua de s'arrêter en voyant des absents dans nos rangs :
«-Où... où est Tonks ? Et Alastor ? Et Sirius ?»
Remus fondit en larme et je sentis mes yeux s'humidifier instantanément. Mon pouls battait furieusement contre mes tempes et, d'un coup, toute la fatigue accumulée me tomba sur les épaules, si bien que je manquai de chanceler.
«-Que s'est-il passé ? demandai-je d'une voix faible avant d'ajouter, plus fort et battant des paupières pour ne pas laisser mes larmes couler : Merde, répondez-moi !
-Alastor a conduit Tonks à St Mangouste, annonça Kingsley d'une voix blanche. Elle va s'en sortir.»
Il y eut un instant de silence, Remus tentait tant bien que mal de masquer son chagrin. Je me mordis les lèvres, avant de dire :
«-Où est Sirius ?»
Au fond de moi, j'avais compris. Aux larmes de Remus, au comportement de Kingsley, je savais. Pour toute réponse, l'Auror se contenta de secouer la tête, en signe de négation.
☆☆☆
Hey !
Je suis désolée pour tous ceux qui ne voulaient pas voir Sirius mourir. Sincèrement. Mais je ne voyais pas d'autres alternatives pour faire avancer cette histoire alors... pardon mais c'est ainsi.
Je vous préviens tout de suite, les chapitres qui vont suivre ne sont pas les plus joyeux de cette histoire... en fait, il s'agit sans aucun doute de la partie la plus triste de ma fanfiction, vous êtes prévenus. J'espère qu'elle vous plaira, n'hésitez pas à laisser votre avis en commentaire.
En bref : qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? Regrettez-vous la tournure qu'ont pris les évènements ? Vous attendiez-vous à ça ou non ? Que va-t-il se passer dans la suite ? Comment pensez-vous qu'Elladora va réagir ?
Merci de continuer de suivre mes aventures, à la semaine prochaine !
*PetitKoala*
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top