Ellipse narrative :

   Les semaines qui suivirent l'affaire des baguettes volées furent chargées : nous enchaînions les perquisitions nocturnes contre de potentiels trafiquants de baguettes et la plupart du temps, nous tombions sur de simples noctambules sans intérêt qui nous faisaient perdre du temps et de la motivation.

   De surcroît, le dénommé Woodworth n'avait pas donné signe de vie, malgré les moyens que nous avions mis en œuvre pour le retrouver et le Ministère ne semblait pas préoccupé par cette disparition – que le Ministre qualifia d' "importance secondaire" d'après les dires de Kingsley.

   En réalité, le Ministre et ses sbires semblaient bien plus intéressés par leur emprise croissante sur Poudlard : après avoir lâché un article outrageant en tête de la Gazette du Sorcier sur "les erreurs de Dumbledore" destiné à décrédibiliser celui-ci, le Ministère s'attaqua à l'équipe éducative en tentant d'arrêter Rubeus Hagrid, considéré comme "potentiellement dangereux en vue de son statut de demi-géant", ce qui aboutit au transfert de Minerva à St Mangouste, blessée par les employés du Ministère. Puis, Dolores Ombrage prit la tête de l'école, obligeant Dumbledore à lâcher son poste. Une véritable catastrophe.

   Du côté personnel, ce n'était pas bien mieux. Severus était d'une humeur massacrante depuis qu'Harry avait découvert un pan de son passé lors d'un cours d'Occlumancie et j'avais beau lui répéter que ça n'avait rien de dramatique, il ne voulait pas entendre raison - et nous enchaînions inévitablement les disputes et les réconciliations, ce qui n'avait de cesse de jouer sur mon humeur.

   Heureusement, les missions de l'Union du Phénix nécessitaient de plus en plus de temps ; aussi, je passais les mois qui suivirent le plus clair de mon temps dans les rues de Londres en quête de trafiquants de baguettes. Et ce n'était qu'une fois sur le terrain que j'arrivais à m'éclaircir les idées.

   Du côté de Sirius, ce n'était pas bien mieux : il me fuyait comme la Dragoncelle et c'était à peine s'il m'avait adressé plus d'une dizaine de mots depuis la dernière fois. Par fierté sans doute, il ne laissait rien paraître aux autres mais, pour ma part, je ne parvenais pas à passer outre la lueur de tristesse qui brillaient dans ses yeux à chaque fois que j'avais le malheur de croiser son regard. Plusieurs fois, je songeai très sérieusement à aller lui parler mais me rétractai au dernier moment, à cours de mots : qu'étais-je censée lui dire ? Que j'étais désolée ? Mais désolée de quoi ?

***

Mardi 18 Juin 1996 :

«-En cas d'intervention urgente, nous transplanerons juste ici, dans le hall central. Les ascenseurs sont là et ils nous mèneront directement au niveau neuf. À partir de là, il nous faudra être extrêmement vigilant. Le Département des Mystères regorge d'artefacts archaïques et dangereux, personne ne connaît avec certitude les lieux alors il ne faudra pas prendre de risques inutiles.»

Nous étions tous penchés sur un plan détaillé des entrailles du Ministère qui avait été étalé sur la table et grâce auquel Kingsley nous exposait son plan d'attaque. Je suivais des yeux les doigts de l'Auror qui parcouraient la carte afin de nous localiser les lieux-clefs que nous devions mémoriser.

«-Vous avez là le couloir central qui aboutit sur une sorte de palier qui mène à douze portes. Pas la peine d'essayer de se souvenir quelle porte ouvre sur quelle salle, le palier tourne continuellement, de sorte à ce qu'on ait aucun repère possible. Voilà pourquoi ce lieu est si dangereux, il est impossible de l'apprivoiser.

-Et ces portes mènent sur quel type de salle ? demanda Betty en regardant Kingsley d'un œil mi-curieux, mi-inquiet.

-Crois-moi, tu préfèrerais ne jamais le savoir, grommela Alastor. Même les langues-de-plomb les plus vaillants n'ont pas osé passer l'intégralité de ces portes. Chaque salle garde quelque chose de puissant, de bien plus puissant que n'importe quel sort ou magie – l'espace, la mort, le temps... ce genre de choses avec lequel il n'est jamais bon de jouer.

-Parmi ces douze portes, l'une mène sur la Salle des Prophétie, où sont précieusement collectées des dizaines et des dizaines de prédictions réalisées depuis la nuit des temps, expliqua Kingsley. Il nous faudra peut-être la traverser au cours de l'intervention – si tant est qu'il y en ait une. Vous devrez alors vous souvenir d'une chose : ne touchez jamais les prophétie car celles-ci sont protégées par un charme puissant qui rend fou quiconque tenterait de s'emparer de l'une d'elle. Seul le gardien ainsi que les sujets de la dite prophétie peuvent la toucher, alors soyez vigilants.»

Un long silence suivit ses explications durant lequel chacun d'entre nous fixions le plan avec anxiété et excitation. Depuis quelques semaines déjà, nous planifions des stratégies dans l'éventualité où nous devrions affronter les Mangemorts. Personne ne savait avec exactitude quand, ni dans quelle circonstance nous allions leur faire face mais pour tous, ça ne faisait aucun doute : le combat était inévitable et nous devions à tout prix protéger cette prophétie.

«-Maintenant que l'architecture du Ministère commence à vous être familière, nous allons nous mettre d'accord sur une stratégie d'action. Kingsley et moi-mê...»

Alastor ne n'eut pas le loisir de terminer sa phrase car la porte d'entrée du QG s'était ouverte dans un grand éclat. Je me redressai d'un bloc, tous sens aux aguets, tout comme mes coéquipiers à mes côtés. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je vis Severus apparaître dans l'encadrement de la porte, le regard alerte passant en revue tous les membres ici présents.

«-Où est-il ? gronda-t-il – et sa voix paraissait nerveuse, ce qui était assez inhabituel pour m'alerter davantage.»

Prudemment, je m'approchai de lui et demandai, l'anxiété commençant à gagner ma voix :

«-Severus, que se passe-t-il ? Tu n'es pas censé être en cours ?

-Où est Black ?»

Nous nous regardâmes tous, la même incompréhension régnant dans nos yeux. Je posai une main sur le bras de Severus mais il ne m'accorda pas un regard.

«-Severus...

-Où est Black ? répéta-t-il, sans cesser de scruter la salle des yeux.

-Il est à l'étage, intervint Remus, il s'occupe de Buckbeak.

-Pourquoi cette question ? le questionna Alastor en s'avançant d'un pas, méfiant.

-Vous êtes sûrs qu'il est là-haut ?»

Pour toute réponse, Remus se rua à l'étage et redescendit quelques secondes plus tard accompagné d'un Sirius mi-étonné, mi-sarcastique. À la vue de Severus, il ricana :

«-Tiens, tiens, on ne peut pas se passer de ma beauté légendaire à ce que je vois !»

Le comportement de Severus commençant sérieusement à me faire peur, je posai une main sur sa joue et l'obligeai à me regarder dans les yeux.

«-Severus, que se passe-t-il ?»

Le professeur sembla revenir à lui-même et me contournant, il se passa parmi le cercle que nous avions formé autour de la table sur laquelle était encore poser le plan du Ministère. Il expliqua alors – sa voix ayant repris son habituel ton traînant et désintéressé :

«-Potter a eu une nouvelle vision.

-Quoi ? rugit Sirius, soudainement très intéressé par les propos de Severus.

-De quoi s'agit-il cette fois-ci ? s'inquiéta Kingsley.

-Il dit avoir vu Black aux mains du Seigneur des Ténèbres.

-Mais... enfin c'est stupide, Sirius est parmi nous depuis le début de la réunion ! glapit Betty, résumant parfaitement notre incompréhension face à ses déclarations.

-Exactement, renchérit Severus. Mais Potter ne le sait pas, il est persuadé de la véracité de cette vision.

-Attends cinq secondes, le coupa Alastor. Tu es entrain de dire que Voldemort a envoyé de fausses informations à Potter pour...

-... pour l'envoyer directement dans la gueule du loup, oui.

-Où est-il ? cria Sirius. Où est Harry en ce moment-même ?»

Il y eut un bref silence, nous étions tous pendu aux lèvres de Severus, attendant sa sentence, qui ne tarda pas à tomber :

«-En tout cas, il n'est plus à Poudlard.»

Sirius explosa :

«-MERDE ! MERDE, MERDE, MERDE !

-Sirius, tenta Remus, calme-toi...

-MERDE !

-Sirius...»

Hors de lui, Sirius repoussa violemment Remus qui s'était approché de lui et ce dernier faillit perdre l'équilibre ; il fut retenu juste à temps par Tonks qui se trouvait à côté de lui à cet instant.

«-Par tous les Saints, Sirius, ressaisis-toi ! s'exclama Elphias mais cela ne fit qu'accroître la colère de Sirius :

-Que je me ressaisisse ? Que je me ressaisisse ? Comment voulez-vous que je me ressaisisse alors que mon filleul est en cavale quelque part et en danger de mort ?

-Si tu daignais bien cesser de geindre, je saurais préciser ton "quelque part", répliqua Severus d'un ton sec et impitoyable.»

Sirius voulut renchérir mais se ravisa au dernier moment.

«-La destination de Potter paraît évidente, non ? poursuivit Severus.

-Il va au Département des Mystères, complétai-je, commençant à comprendre le pourquoi du comment dans cette histoire.»

Tout le monde se tourna vers moi, abasourdis.

«-Réfléchissez un peu ! expliquai-je. Kingsley, tu as dit que les prophéties étaient protégées. Je suppose que celle que Voldemort cherche doit lui être interdite par le charme et, par conséquent, il a besoin de quelqu'un d'autre pour s'emparer de cette prophétie.

-Or, Harry est le sujet de la prédiction, continua Alastor, comprenant où je voulais en venir. Il y a donc accès. C'est donc là que Voldemort le conduit, dans les entrailles du Ministère !»

Il n'en fallut pas plus pour convaincre Sirius qui brandissait déjà sa baguette.

«-Qu'est-ce qu'on attend, s'enflamma-t-il, allons-y !»

Alastor lui barra aussitôt le passage.

«-Non. Toi, tu restes là.

-Hors de question ! J'en ai plus qu'assez de rester sur le banc de touche ! C'est de mon filleul qu'on parle, c'est mon devoir d'agir pour le protéger !

-Maugrey n'a pas tort, intervint Severus d'un ton las, certainement agacé par la colère de Sirius. Potter t'a vu dans sa vision, il t'a vu être torturé par le Seigneur des Ténèbres. Il serait plus sage...

-Toi, je ne t'ai pas demandé ton avis !»

Je voulus intervenir et m'avançai d'un pas en direction de Sirius mais ce dernier, ne m'accordant pas un regard, poursuivit :

«-La volonté de James, en me désignant comme parrain de Harry, était que je le protège s'il venait à mourir. Vous voulez donc tous vous opposer à sa volonté, à la volonté de James ?

-Sirius..., commença Remus d'une voix faible.

-On perd du temps inutilement, nous informa Kingsley. Alors maintenant, trêve de bavardage. Alastor, Tonks, Remus, Elladora...»

Il marqua un temps d'arrêt, les yeux rivés sur Sirius. Ce dernier le défiait ouvertement du regard et son attitude était on-ne-pouvait-plus clair : personne ne l'empêcherait de combattre à nos côtés. L'Auror dut le comprendre puisqu'il dit, une légère résignation étant tout de même perceptible dans sa voix :

«-...et Sirius, vous venez avec moi.»

Satisfait, l'Animagus hocha la tête, l'expression sérieuse et marquée par l'anxiété. Ce fut à ce moment que son regard croisa le mien... toujours cette lueur qui me faisait mal dans ses pupilles... je détournai lâchement le regard.

   Alors que Kingsley donnait les derniers ordres, Sirius se mit à taper nerveusement du pied, obligeant l'Auror à accélérer son débit de paroles – sans quoi le sorcier entêté partait certainement tout seul sur les traces de son filleul.

«-On va se rendre au Département des Mystères, continua Kingsley après avoir jeté un regard noir en direction de Sirius qui ne cessa pourtant pas sa cadence. Elphias, Emmeline et Dedalus vous patrouillez les alentours, au cas où Harry soit ailleurs. Hestia, Betty, Mondingus, vous restez au QG et vous ouvrez l'œil, on vous appelera si besoin. Contactez aussi Dumbledore pour lui faire part des dernières informations. Allez, action !»

Notre groupe partit en premier et nous nous regroupâmes tous vers la porte d'entrée, Sirius en tête, plus excité que jamais. Alors que je m'apprêtai à rejoindre mes camarades, Severus me retint par le bras et m'attira vers lui, insouciant des potentiels regards braqués sur nous. Il me murmura, d'une voix basse de sorte que je sois la seule à l'entendre :

«-Sois prudente.»

Je voulus lui répondre de ne pas s'en faire mais Alastor aboya mon prénom. Je me contentai donc de serrer sa main avant de le quitter et je m'intégrai au rang déjà formé pour écouter les directives d'Alastor :

«-Kingsley, Sirius et moi prenons la tête du groupe, nous allons transplaner en premier dans l'Atrium. Remus, Tonks et Elladora, vous transplanez dans la rue piétonne où est dissimulée l'entrée visiteur. Vous faîtes un contrôle extérieur puis vous entrez à votre tour dans le Ministère – le code d'accès est 6-2-4-4-2. Remus, tu nous rejoins sur le champ au neuvième étage. Elladora et Tonks, vous restez dans le hall en surveillance. On vous appelera en renfort si nécessaire. Que ce soit bien clair...»

Alastor continuait de nous donner quelques ordres que j'écoutai avec autant d'attention que l'adrénaline me le permettait, lorsque mon attention fut déviée par quelque chose qui effleura ma main. Je baissai le regard pour voir les doigts de Sirius à quelques millimètres des miens. Mon cœur bondit dans ma poitrine sans que je ne sache vraiment pourquoi et je relevai la tête. Les yeux de Sirius croisèrent les miens quelques secondes et le sorcier murmura - et pour la première fois, aucune tristesse n'était visible dans ses yeux :

«-Fais gaffe à toi. Et reste en vie.»

J'ouvris la bouche pour répondre, après quelques secondes d'hésitation mais à ce moment, Alastor rugit :

«-Allez, King', Sirius avec moi !»

Sirius s'éloigna de moi et les trois hommes partirent en tête, tandis que Elphias, Dedalus et Emmeline quittaient le QG pour sillonner les rues londonniennes. Je me retrouvai donc avec Remus et Tonks et, une minute après le départ du premier groupe, nous nous élançâmes à notre tour vers le lieu de transplanage, situé non loin du QG. Mon cœur battait à tout rompre et je sentais l'adrénaline envahir la moindre parcelle de mon corps. La nuit avait beau être tombé depuis une heure, je ne ressentais pas la fatigue, simplement une énergie pure me parcourir les veines. Une fois que nous fûmes arrivés à couvert, Remus tendit sa main.

«-Ensemble.»

J'adressai un bref regard à Tonks puis nous nous agrippâmes au bras du sorcier. Je sentis le sol disparaître sous mes pieds et je fermai les yeux.

***

Lorsque je les ouvris de nouveau, nous nous trouvions tous les trois dans une rue piétonne typiquement anglaise, ornée dans un coin d'une cabine téléphonique en mauvais état et apparemment hors-service.

«-On va se séparer pour être plus efficace, affirmai-je à mes deux collègues. Je pars à droite et vous deux à gauche et on se retrouve devant la cabine dans cinq minutes.»

Remus et Tonks se regardèrent une fraction de secondes puis acquiescèrent. Dégainant ma baguette, je suivis l'avenue d'un pas rapide, lançant des regards furtifs autour de moi. Tout semblait calme, trop calme et cela me mettait mal à l'aise. Je pressai le pas et arrivai au bout de la rue. Prudemment, je tendis la tête pour apercevoir la rue perpendiculaire mais elle aussi semblait normale. Finalement, je rejoignis Remus et Tonks quelques minutes plus tard.

«-Rien à signaler de notre côté, déclara Tonks et je fis le même constat.»

Alors, nous nous dirigeâmes en direction de la cabine téléphonique et lorsque nous fûmes tous les trois entrés, Remus tapa la combinaison de chiffres donnée par Alastor. Puis, une voix féminine mais mécanique clama :

«-Bienvenue au Ministère de la Magie. Veuillez indiquer votre nom et l'objet de votre visite.»

Remus se chargea de lui répondre :

«-Elladora Lynch, Nymphadora Tonks et Remus Lupin. Nous sommes ici pour sauver Harry Potter !

-À moins que votre Ministère puisse s'en charger à notre place ! ajouta Tonks d'un ton sarcastique.

-Merci, continua platement la voix. Les visiteurs sont priés de prendre leurs badges et de les attacher bien en vue sur leurs robes.»

Il y eut un cliquetis et les badges sortirent d'une fente de la cabine mais personne n'y prit garde. La voix ajouta :

«-Les visiteurs sont priés de se soumettre à une fouille et de présenter leurs baguettes magiques pour enregistrement au comptoir de la sécurité situé au fond de l'atrium.»

Tandis que Tonks maugréa un nombre impressionnant d'insultes envers cette voix incroyablement agaçante, la cabine fut secouée d'un tremblement puis, lentement, commença à s'enfoncer sous le sol. Quelques secondes après, une lumière, artificielle, vint nous éclairer de nouveau et la cabine s'ouvrit sur un immense hall dominé par une somptueuse fontaine et dont le silence faisait froid dans le dos. La voix mécanique résonna une dernière fois dans l'Atrium :

«-Le Ministère de la Magie vous souhaite une agréable soirée.»

☆☆☆

Hey !

Et oui il va falloir attendre une semaine pour connaître la suite ! Des pronostics ? La présence d'Elladora dans cette bataille va-t-elle changer la donne ? Si oui, quels évènements vont-ils changer ? Mais surtout lesquels voulez-vous voir changé ? Et au contraire, quelles actions de la saga originale aimeriez-vous retrouver ? J'attends vos réponses !

Merci infiniment pour votre engagement envers cette histoire ♡

*prend la voix mécanique de la cabine*

L'auteure vous souhaite une agréable semaine.

*PetitKoala*