Chapitre 11 - Le bureau du Maître
Mercredi 06 Janvier 1988 :
Le lendemain matin fut difficile. J'eus énormément de mal à trouver la motivation de me lever pour faire cours comme si de rien n'était. Me souvenant que, suite au tragique évènement d'hier, j'étais désormais responsable de la maison Poufsouffle, je quittai mon lit et me préparai en un temps record, avant de rejoindre l'entrée de la salle commune des jaunes-et-noirs. Me souvenant après quelques secondes d'efforts des indications données par Dumbledore, je repérai le tonneau («ledeuxième, en partant du bas, au milieu de la deuxième rangée»,tels avaient été les mots du directeur) où il fallait que je toque «au rythme des syllabes d'Helga Poufsouffle». Je m'exécutai et dus ne faire aucune faute puisque le tonneau s'ouvrir, laissant place à un passage secret en légère pente, menant probablement à la salle commune. La pièce dans laquelle j'atteris était très agréable, autant dans les couleurs et l'atmosphère. Comme elle se trouvait près des cuisines, se dégageait constamment une merveilleuse odeur sucrée-salée. À cela, s'ajoutait les teintes chaudes et lumineuses, les fauteuils conviviaux, le feu de cheminée, ainsi que le plafond bas. Mon arrivée fit sortir les lève-tards de leur lit et tous les étudiants se regroupèrent autour de moi, attendant visiblement des nouvelles de leur directrice.
«-Pomon... Le professeur Chourave a été accueilli à l'hôpital St-Mangouste, ses jours ne sont plus en danger.»
Un brouhaha rassuré traversa les rangs et certains parvinrent même à sourire, mais si sur chaque visage, une inquiétude se lisait.
«-Je vais vous accompagner dans la Grande Salle, pour que vous puissiez prendre votre petit-déjeuner. Ensuite, les Préfets seront chargés de vous accompagner dans vos différents cours, afin de limiter les risques. Je n'ai qu'un conseil à vous donner : ne rester jamais seul et... ouvrez l'œil. Malgré tout, Poudlard est un endroit sûr et je vous assure que rien ne pourra vous arriver tant que vous êtes en son sein.»
***
Dix minutes plus tard, je me retrouvai assise à la table des professeurs, mes yeux vitreux fixés sur mon assiette. Je n'avais pas faim, mais luttai perpétuellement contre le sommeil. Tout comme la nuit que je venais de passer, la journée promettait d'être longue... Alors que je me forçais à avaler une cuillère d'oeufs brouillés, quelqu'un posa une assiette à ma droite et prit place à mes côtés. Je fus surprise en constatant d'une part qu'il s'agissait du professeur Rogue et, de l'autre, que d'autres places étaient pourtant libres à l'autre bout de la table, donc qu'il aurait pu aisément m'éviter. D'ordinaire, il me fuyait et voilà qu'aujourd'hui, il s'asseyait à côté de moi. Me souvenant de notre altercation dans la Forêt Interdite, je n'osai pas lever la tête dans sa direction et fis mine de ne pas l'avoir vu. Mâchonnant sans réel appétit un morceau de lard pourtant délicieux, je gardai les yeux rivés sur les étudiants qui affichaient pour la plupart des mines sombres et murmuraient entre eux. L'attaque du professeur Chourave avait marqué l'ensemble du château et le sourire réconfortant de la sorcière me manquait. Même le Haut Plafond semblait triste : il affichait un ciel gris et maussade.
Un claquement en face de moi me fit sortir de ma contemplation. Le professeur Rogue venait de poser une fiole près de mon assiette, juste à côté de mon verre. Je lui jetai un regard étonné, ce à quoi il répondit, d'une voix neutre :
«-Mettez ça dans votre jus de citrouille, ça vous permettera de ne pas vous endormir en cours.»
J'hésitai un instant et Severus dut comprendre mes interrogations car il ajouta :
«-Ce n'est pas du poison, au cas-où vous vous le demanderiez.»
Me sentant coupable d'avoir réagi de la sorte, je me rattrapai, avec un petit sourire :
«-Merci.»
Mais le Maître des Potions avait déjà déguerpi, sans même avoir touché son assiette.
***
La journée s'écoula lentement et j'alternai entre cours et corrections. Une journée banale en quelque sorte, mais une espèce de menace planait sur le château. Les élèves, conscients de la gravité de la situation, travaillaient en silence et, un moment, un élève de première année appartenant à Serpentard dit, d'une voix angoissée :
«-Est-ce vrai que Poudlard va fermer et que l'on va devoir retourner dans nos familles ?»
A cette question, la classe entière mi-Serpentard, mi-Gryffondor, fut envahie par des murmures inquiets. Visiblement, lions comme serpents n'avaient guère envie de quitter les lieux emblématiques de l'école. Je les rassurai en leur promettant que Poudlard n'allait pas fermer et, à ce moment-là, Minerva fit irruption dans la salle :
«-Elladora, puis-je vous parler un moment ?»
Je m'excusai auprès des élèves et leur ordonnai d'ouvrir leur manuel à la page 394 et de lire le cours associé puis je sortis de la salle.
«-Que se passe-t-il ? demandai-je, inquiète. Pomona va bien ?
-Oui, elle va bien, répondit la sorcière d'une voix douce, elle a repris connaissance et a été interrogée par des Aurors mais elle dit ne se souvenir de rien. Il se peut qu'elle est été sous l'emprise du Sortilège d'Oubli. D'autre part, les Aurors ont trouvé des traces de Magie Noire sur son corps, ce qui confirme nos craintes.
-Des Aurors sont intervenus ?
-Oui, bien sûr. Deux d'entre eux sont d'ailleurs entrain d'inspecter les alentours du château, afin de déterminer où s'est enfui le Mangemort.
-Et ?
-Ils ont perdu sa trace à l'orée de la Forêt Interdite...»
Je hochai la tête, pensive, les propos du centaure Firenze me revenant en mémoire : «Après tout, elle n'est que la frontière entre le bien et le mal...». Qu'est-ce que cela signifiait ? Finalement, ce fut sur cette interrogation que le professeur de Métamorphoses dut me laisser et je retournai en cours, plus perplexe que jamais.
***
J'hésitai un instant avant de me décider à toquer à la porte des cachots. Il n'était pas loin de dix-neuf heures et le repas allait bientôt être servi, mais j'avais fait volontairement un détour aux cachots dans l'espoir de croiser Severus et le remercier pour la potion qu'il m'avait donné ce matin. Elle s'était averée d'une efficacité remarquable, si bien que ma nuit blanche n'était plus qu'un mauvais souvenir. Personne ne vint m'ouvrir et je tendis l'oreille mais je n'entendis aucun bruit. Pressant la poignée, la porte s'avéra ouverte et je me glissai dans la pièce sombre.
«-Severus ?»
Ma voix résonna dans la salle et aucune réponse ne vint briser le silence. Je fis un rapide tour des lieux pour constater que la pièce était bel et bien vide de toute présence. Déçue, je m'apprêtai à rejoindre la Grande Salle, quand un halo lumineux provenant d'une salle annexe à celle de classe me fit renoncer. Je m'approchai à pas lents et pénétrai dans ce qui semblait être le bureau personnel du Maître des Potions. Je ne l'avais jamais remarqué auparavant, peut-être parce qu'il n'était d'ordinaire pas ouvert.
Poussée par la curiosité, j'inspectai la petite pièce, qui était tout aussi sombre que la salle de classe. Elle était composée d'un bureau et de deux étagères, remplies de livres. En m'approchant, je pus lire certains titres sur les tranches et la plupart concernait la pratique des Potions, certains de l'Occlumancie, d'autres encore de Legilimencie et, enfin, quelques uns de Défense Contre les Forces du Mal.
Ne m'attardant pas plus sur les bibliothèques, je contournai le bureau et détaillai la table des yeux : il était recouvert de copies d'élèves dont la première était celle de Percy Weasley, qui avait obtenu un P à son interrogation, ce à quoi le professeur avait commenté : «Visiblement, l'anatomie de votre camarade Deauclair semble plus vous intéresser que les cours de Potions.». Je ne pus réprimer un sourire, m'imaginant la tête du pauvre Percy -que je connaissais comme un élève sérieux- quand il recevrait son devoir. En dehors des copies, se trouvaient un nombre impressionnant de plumes en tout genre et, parmi elles, une note qui disait : «23/02 ~LStC». N'en comprenant pas le sens, je ne m'attardai pas dessus et mon regard se portait vers l'endroit d'où provenait le halo de lumière que j'avais aperçu de la salle de classe.
Il s'agissait d'une petite table posée contre un mur qui accueillait un bassin de liquide lumineux... C'était la Pensine de Rogue ! Je restai un moment les yeux rivés sur la petite bassine, comme hypnotisée par les souvenirs qui dansaient dedans. Une Pensine était quelque chose de très personnelle, un peu comme un journal intime magique. Et s'il y stockait tous ses souvenirs... il se pouvait que je trouve la réponse à mes questions à l'intérieur.
Je pinçai mes lèvres. En avais-je le droit ? Naturellement, non, ce n'était pas convenable. Mais... la sécurité de Poudlard en dépendait, non ? Si Rogue était véritablement le traître, alors il fallait l'arrêter ! Et, pour cela, il fallait que j'en ai le coeur net.
Ce fut sur ceci que je me plongeai dans les pensées de l'énigmatique professeur de Potions, espérant bien percer certains secrets qui me dépassaient...
☆☆☆
*PetitKoala*
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