Chapitre 10 - Entre douceur et terreur

Jeudi 21 Décembre 1995 :

Alors que j'étais entrain d'enfiler mon manteau pour affronter la fraîcheur de la nuit, je sentis des bras m'entourer et Severus déposa un baiser dans mon cou, ce qui eut pour effet de m'arracher un frisson de plaisir. Finissant de boutonner ma veste, je ne pus lutter contre un sourire en sentant les mains du sorcier s'aventurer sur mes hanches. À regret, je me détachai de lui pour lui faire face, plaçant mes mains sur sa taille :

«-Je t'en prie, ne rends pas mon départ plus difficile qu'il ne l'est déjà, le priai-je, accompagnant mes paroles d'une moue exagérément triste.»

Severus s'empara de l'une des mes mains et y posa ses lèvres, avant de voler les miennes, accompagnant son geste de tendres caresses le long de mon dos. Cédant à ses ambitions, je passai une main dans ses cheveux et calai la deuxième dans sa nuque.

Une minute plus tard, je dus me résoudre à quitter son étreinte et jetai un regard à l'horloge :

«-Merlin, je suis en retard !m'exclamai-je en voyant qu'il était vingt heures passés. Alastor va m'attendre !»

Le sorcier eut un grognement de mécontentement qui me fit sourire.

«-Ne fais pas cette tête, tu sais bien que je ne peux pas me libérer. Et je te rappelle que tu as cours demain, il ne faudrait pas que tu sois plus ronchon que d'habitude en passant une mauvaise nuit.

-Aucune nuit passée en ta compagnie n'est mauvaise, rectifia-t-il, un rictus aguicheur étirant ses lèvres.»

Je levai les yeux au ciel, redoutant d'ores et déjà les remontrances d'Alastor qui m'attendait en ce moment au Département des Mystères. Tout en luttant contre la terrible envie que j'avais de rester auprès du professeur de Potions, je fis un pas en arrière, afin de lui montrer que je partais.

«-Sois prudente, murmura Severus, ne quitte pas ta baguette des mains et si quelque chose arrive, envoie-moi ton Patronus, je te retrouverai dans les minutes qui suivent.

-Détends-toi, Severus, tout va bien se passer.»

Le sorcier se renfrogna et je vis dans son attitude qu'il n'était pas serein. Furtivement, je l'embrassai sur le front puis me décidai enfin à rejoindre le Ministère.

***

«-Il t'en a fallu du temps pour trouver le chemin jusqu'ici ! grogna Alastor en m'adressant un regard sévère alors que je l'avais finalement rejoint à l'étage du Département des Mystères.»

Je baissai le regard sur les dalles sombres recouvrant le sol :

«-Désolée, j'ai... je n'ai pas d'excuse.»

L'Auror ne me fit aucune autre remarque et embraya sur l'objet de notre mission :

«-Arthur viendra ici dans trois heures pour te relayer. D'ici là, tâche d'ouvrir les yeux et ne pas te laisser cueillir par le sommeil. Si quelque chose d'anormal a lieu, n'essaye pas de régler ça toute seule et prévient le QG, Sirius nous contactera. Et surtout, reste dans le couloir, ne pénètre dans aucune salle, elles abritent toutes des choses plus terrifiantes les unes que les autres. C'est bien clair ?»

Je hochai résolument la tête, ma baguette dissimulée dans un pan de ma veste, à portée de main. Alastor lança un dernier regard circulaire aux lieux avant de conclure :

«-Bon courage, Elladora. On se retrouve demain pour la réunion.»

Je lui adressai un signe bref du menton puis il disparut dans la pénombre et je me retrouvai seule dans le couloir angoissant de ce Département ministériel aux effluves aussi énigmatiques que sombres.

***

Déambulant dans le couloir plongé dans la pénombre du Ministère, j'avais perdu la notion du temps, alors que mon esprit vagabondait ça et là, faisant ressurgir dans ma conscience plusieurs sujets plus éloignés les uns que les autres. Mes paupières étaient lourdes et j'avais de plus en plus de mal à ne pas me laisser emporter par le diabolique Morphée, aussi, je m'obligeai à faire des rondes à diverses cadences, afin de ne pas sombrer dans une monotonie qui me serait fatale.

J'étais occupée à compter les pas que je parcourais, m'occupant du mieux que je pouvais, lorsqu'un bruit soudain me tira de mes pensées. Me raidissant, je resserrai mon emprise sur ma baguette, tout sens aux aguets.

«-Lumos Maxima, murmurai-je et une gerbe de lumière sortit de ma baguette pour éclairer vivement le couloir.»

Il était désert. Pourtant, une sorte de paranoïa m'envahissait peu à peu, me persuadant que je n'étais pas seule. D'un pas rapide, je me déplaçai le long du couloir, mes yeux parcourant avidement chaque recoin du lieu. Alors que j'arrivai au bout de celui-ci, j'entendis très distinctement un sifflement derrière moi.

D'un geste brusque, je fis volte-face et faillis lâcher un cri de stupeur en tombant nez-à-nez avec une ombre menaçante.

«-Hé Elladora ! C'est moi, Arthur !»

Clignant plusieurs fois des paupières, je reconnus la silhouette rassurante de M. Weasley qui m'adressait un sourire amical. Reprenant mon souffle, je lâchai :

«-Oh. Je... j'ai cru que...»

Mais ma phrase mourut sur mes lèvres, et je m'efforçai de me calmer, avant de reprendre, encouragée par le visage bienveillant du rouquin :

«-Je n'ai pas vu le temps passer, je ne m'attendais pas à te voir !»

Arthur, un sourire serein aux lèvres, me répondit :

«-Ne t'en fais pas, on est tous sur les nerfs après avoir passé plusieurs heures ici. C'est comme si ce lieu dégageait une aura nocive, ou quelque chose dans ce genre. Mais je suis là pour te décharger alors fais-moi plaisir et va te reposer !»

Je hochai lentement la tête et éteignis ma baguette que je glissai ensuite dans une poche de mon manteau. Je souhaitais bonne chance à mon partenaire et m'apprêtai à tourner les talons quand je me ravisai au dernier instant :

«-Arthur, apostrophai-je le sorcier qui m'adressa un regard interrogateur, fais attention. Il... il m'a semblé... enfin, j'ai peut-être rêvé mais j'ai cru entendre un bruit, comme un sifflement, juste avant que tu n'arrives...»

Arthur posa une main sur mon épaule :

«-Ne t'inquiète pas pour moi, Elladora. Il n'y a rien à craindre. Et s'il y a quelque chose dans les alentours, je m'assurerai qu'elle regrette son passage ici. «Arthur : 1, la chose : 0», comme disent les moldus.»

Je souris, tâchant de masquer mon angoisse. Il avait sûrement raison, il n'y avait aucun souci à se faire, d'autant qu'il était probable que mon esprit m'ait tout simplement joué un tour. Et pourtant, je ne parvins à chasser intégralement la peur qui me nouait le ventre...

***

Allongée dans le petit lit qui meublait l'appartement que je louais à un moldu et que j'occupais occasionnellement, c'est-à-dire quand je n'étais ni au Square Grimmaurd, ni avec Severus, je mis un certain temps à m'endormir.

Quand ce fourbe Morphée m'accueillit enfin dans ses bras, mon répit ne fut que de courte durée. En effet, je fus réveillée quelques dizaines de minutes plus tard par une vive lumière qui embrasa ma chambre. Je me redressai sur les coudes, plissant mes yeux encore gorgés de sommeil et il me fallut plusieurs secondes, le temps que je retrouve intégralement mes esprits, pour reconnaître un Patronus qui avait la forme d'un imposant chien noir. Quand je croisai le regard du canidé, il se mit à parler – et je reconnus sans aucun mal la voix de Sirius :

«-Elladora, viens tout de suite me rejoindre tu-sais-où. Je ne peux rien te dire au cas où mon Patronus soit intercepté mais dépêche-toi !»

Il ne m'en fallut pas plus pour que je me rue hors de mon lit, tandis que le Patronus s'évaporait dans les airs. La voix de Sirius semblait agitée et cela ne présageait rien de bon. Ravalant difficilement mes craintes, je m'accélérai mes mouvements et transplanai dès que j'eus enfilé ma veste.

Je parcourus d'un pas accéléré la rue qui me séparait du QG, le cœur battant. Le bâtiment mit un temps fou à émerger parmi les autres appartements et je trépignai sur place, frappant nerveusement le bitume du talon. Qu'est-ce qui avait bien pu se passer pour mettre Sirius dans un état pareil ? Je n'eus pas le temps de me poser plus de questions que l'imposante maison des Black apparut et je m'y faufilai, non sans jeter par réflexe au regard autour de moi, afin de m'assurer qu'aucun regard indiscret ne traînait dans le coin.

À peine eus-je fait quelques pas dans le couloir que la porte menant à la cuisine s'ouvrit, dévoilant un Sirius comme jamais je ne l'avais vu avant : le visage profondément anxieux et marqué par la fatigue, il sembla envahi d'un immense soulagement en me voyant. Fondant presque dans mes bras, il me chuchota, la voix aussi inquiète que l'étaient ses traits :

«-Oh Merlin soit loué, tu es là. Je pensais que tu n'avais pas eu mon Patronus.

-Si, je l'ai bien eu. Que se passe-t-il ?»

D'un geste prudent, Sirius referma la porte de la cuisine, d'où provenaient des voix, ou plutôt des chuchotements fébriles, sur lesquels je fus incapable de mettre des noms. Ses yeux gris se plantèrent dans les miens et il m'annonça, sans prendre la peine de mâcher ses mots :

«-Arthur Weasley a été attaqué au Ministère.

-Quoi ? m'horrifiai-je, en reculant d'un pas. Mais... enfin... je l'ai vu il y a deux heures à peine et... Comment est-ce arrivé ? finis-je par demander, à bout de souffle.

-Apparemment, un serpent l'a mordu.

-Apparemment ? m'étonnai-je en réprimant un frisson de terreur, au souvenir du sifflement que j'avais entendu à peine quelques secondes avant qu'Arthur ne vienne prendre son tour de garde.»

Sirius m'expliqua alors qu'Harry Potter avait eu une vision, cette nuit-là, du serpent attaquant Arthur et qu'il avait aussitôt prévenu Dumbledore qui avait fait joué ses contacts pour retrouver le sorcier.

«-Il a été transféré à St Mangouste, Molly est avec lui, conclut-il à demi-voix.»

Au même moment, la porte de la cuisine s'ouvrit et Ginny Weasley apparut sur le pas de la porte, ses cheveux roux flamboyants contrastant avec son visage pâle :

«-Sirius ? Qui est avec toi ? Oh, c'est toi Elladora.»

J'adressai un sourire triste à la jeune fille, qui semblait à deux doigts de tomber de fatigue.

«-Ginny, comment vas-tu ?»

Elle haussa les épaules et ses yeux larmoyants furent une réponse plutôt explicite. Comme Sirius ne fit rien, je m'approchai et enlaçai maladroitement la jeune Gryffondor qui répondit à mon étreinte en se mettant à renifler bruyamment.

«-Ne t'en fais pas pour ton papa, Ginny. Il va s'en sortir, c'est un homme fort.»

Elle hocha lentement de la tête, alors que ses frères, George, Fred et Ron débarquèrent à leur tour, accompagné d'un Harry très soucieux. Les cheveux en bataille, ses yeux verts reflétaient une éternelle angoisse, la même qui flottait dans la demeure, rendant l'air suffocant. Les jumeaux me saluèrent poliment et prirent leur petite sœur sous leurs ailes, lui murmurant des paroles réconfortantes, Fred passant un bras autour de ses épaules etGeorge lui ébouriffant tendrement les cheveux. Ron, après m'avoir adressé un faible signe de tête en signe de salue, entraîna Harry dans la cuisine et Sirius me fit signe de les suivre.

Ensemble, nous passâmes une nuit atrocement longue, où je tâchai de rassurer au mieux les enfants Weasley, tandis que Sirius gardait le silence, n'intervenant que quand je le priai d'une œillade insistante de le faire. Ensemble, nous priâmes tous les dieux qu'Arthur s'en sorte.

***

Ce fut l'esprit préoccupé que je rentrais dans mon appartement, après avoir rendu visite à Arthur à St Mangouste. Les mots d'Alastor résonnaient encore dans ma tête et je ne parvenais à passer outre:

«si Vous-Savez-Qui a pris possession de lui...». Ce qu'il suggérait était terrible et le pauvre Harry qui ne se doutait de rien...

Chassant les nombreuses interrogations qui parasitaient mon esprit, je me décidai de me changer les idées avec à l'appui un bain bien chaud, dont la simple perspective me permit de retrouver un semblant de sérénité. J'allais ouvrir l'eau, puis entrepris donc de retirer mon haut que je lançai sur l'amas de coussins qui me servait occasionnellement de canapé et, balayant définitivement mes doutes et mes craintes, je m'engageai vers la salle de bain, où la baignoire remplie d'eau fumante m'attendait les bras grands ouverts.

Soudain, la porte d'entrée s'ouvrit dans un fracas brutal, venant briser le halo de paix que je venais d'ériger dans le petit studio. Je sursautai violemment et, dans un élan machinal, je scrutai les alentours, recherchant frénétiquement ma baguette des yeux, tandis que mon cœur cognait sourdement contre ma poitrine.

Je n'eus pas le temps de lever les yeux vers l'intrus que je sentis deux bras me happer et je faillis envoyer un coup de coude à mon agresseur quand je reconnus l'odeur caractéristique de vieux parchemins et de potions envahir mes narines.

Severus plongea son visage au creux de mon cou et je l'entendis murmurer :

«-Oh Merlin soit loué, tu es en vie !»

Comme pour s'assurer que j'étais belle et bien là, Severus resserra son emprise sur moi, au point de me faire suffoquer.

«-Severus..., murmurai-je difficilement.»

Le sorcier se dégagea aussitôt et plongea ses yeux ébènes dans les miens. Ceux-ci reflétaient un soulagement intense, ainsi qu'une peur ténue et une once de colère. Lentement, son regard glissa jusqu'à ma poitrine, à découverte, et ses joues se rosirent légèrement à cette vue. La pudeur dont il faisait preuve, même sept ans après le début de notre relation, me fit sourire.

Reportant son attention sur mon visage, il se mit à parler d'une voix hâchée, précipitée :

«-J'ai eu si peur pour toi en apprenant que Weasley s'est fait attaqué au Ministère ! J'ai appris les détails de l'attaque au travers le discours insensé de Potter, impossible d'en tirer si tu étais concernée ou non ! Et ce bougre de Dumbledore a catégoriquement refusé que je quitte l'enceinte du château avant la fin du trimestre. J'en étais fou ! S'il t'étais arrivé quelque chose...

-Il ne m'est rien arrivé, le coupai-je d'une voix à la fois ferme et douce.

-Ça aurait pu être toi à la place de Weasley, rétorqua-t-il, et ça ne doit avoir rien d'agréable de mourir d'une morsure de serpent...

-Arthur est en vie, il se porte bien, grâce à la vision de Harry. Cesse donc de te faire un sang d'encre. Je vais bien, je t'assure.»

Pour appuyer mes propos, j'enlaçai mes doigts avec les siens et passai mon autre main sur sa joue, que je parcourus de tendres caresses. Un instant, Severus ferma les yeux, visiblement rassuré de me savoir auprès de lui. À la vision de son visage progressivement entrain de se détendre, je fus prise d'une irrésistible envie de l'embrasser... et ne me gênai pas pour le faire. Quand mes lèvres effleurèrent les siennes, le sorcier tressaillit puis il me rendit le baiser avec fougue, son regard fiévreux braqué sur moi, son torse se collant contre ma poitrine presque nue. Frissonnant au contact, mon corps réclamant celui de mon partenaire, j'entrepris de dévêtir Severus de son haut et il se laissa faire avec complaisance, accueillant mes gestes avec des soupirs satisfaits qui faisaient naître une douce chaleur dans mon ventre.

Je me décollai de lui, le cœur battant, et arrachai au passage un grognement de mécontentement de la part de mon partenaire qui couvrait alors mon cou de baisers.

«-Je me suis préparée un bain parfumé, susurrai-je tendrement, ce serait dommage de ne pas en profiter...»

L'empoignant par le bras, je le conduisis jusqu'à la salle de bain, fermant soigneusement la porte derrière nous.

☆☆☆

Salut les Botrucs, comment est-ce que vous allez ? Vous êtes en vacances vous ?

Voilà un chapitre qui n'a jamais aussi bien porté son nom ! Elladora vit un véritable ascenseur émotionnel et ce n'est malheureusement pas prêt de se terminer...

Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? À votre avis, que va-t-il se passer dans le prochain chapitre ? Quels évènements du tome 5 aimeriez-vous voir dans mon histoire ? Au contraire, lesquels aimeriez-vous voir disparaître ou tout au moins modifier ? Dîtes-moi tout !

La talentueuse rodnoffyrg a encore eu l'incroyable gentillesse de me réaliser deux dessins pour ma fanfiction :

*Remus & Elladora

*Tonks & Elladora


Aaaah je les adoore !! Et vous, vous en pensez quoi ?

D'ailleurs, j'en profite pour vous rappeler que si l'envie vous vient, vous pouvez vous aussi réaliser un petit quelque chose pour ma fanfiction ! Ça me ferait très plaisir :)

Et si vous avez des questions, n'hésitez pas à me les poser !

Brrrref, ce sera tout pour aujourd'hui ! Merci pour votre soutien ♡

*PetitKoala*

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