Chapitre 2

Après une visite rapide des lieux, Taniya leur montra une chambre où ils pourraient se reposer. Carol comprit que la pièce avait appartenu à la mère de la jeune femme. Elle en ressentit tout le poids quand elle trouva des photos, des bijoux ou encore des babioles avec le nom de Clara McLister inscrit dessus.

- Vous avez une salle de bain juste ici, dit Taniya en ouvrant une porte. Y a l'eau chaude.
- C'est vraiment tout confort, siffla Daryl impressionné.
- Avec deux femmes on pouvait pas s'attendre à ça, pas vrai, s'amusa la jeune femme.
- Deux gonzesses perdues et bricoleuses, énuméra l'homme en inspectant les lieux.
- Qui savent se battre, monter à cheval et faire à manger, continua Carol.
- J'avais oublié. Bonnes à marier.

Les deux femmes éclatèrent de rire.

- Je vais vous laisser, déclara alors Taniya. Je vous appellerai quand j'aurai préparé le dîner. J'imagine que vous avez faim.
- C'est vrai qu'on a pas mangé depuis deux jours, dit Carol.
- Alors raison de plus pour que je me dépêche. Ah, Monsieur Dixon.
- Hm ?
- Je sais chasser aussi.

Sur ces mots, elle quitta la salle de bain sous les rires de Carol.

Alors que la jeune femme intégrait ses appartements, Daryl dit à son amie :

- C'est vraiment ta nièce ?
- Bien sûr, pourquoi ? T'en doute ?
- Elle est plus douée que toi.

Carol lui asséna un coup de poing sur le biceps, faisant pouffer l'homme.

- Elle ne nous a pas donné de serviettes, remarqua-t-il. J'vais voir si elle peut nous en passer.
- Okay, en attendant je vais prendre mes affaires.
- Entendu.

Daryl quitta à son tour la salle de bain pour se diriger vers la chambre de Taniya et trouva la porte ouverte. Mais ce qu'il découvrit en plus l'arrêta, le figeant sur place, il ne savait quoi dire.
Se rendant compte qu'il ne devrait pas être là, il voulut reculer, mais Carol arriva pour lui demander s'il avait mes serviettes, mais se figea à son tour. 
Car face à eux, se trouvait Taniya, le dos dénudé, détruit par des morsures, des entailles, des traces de coups, des blessures dû à de la torture physique, des traces d'impactes de balles... Carol se retint de justesse d'aller la voir pour la prendre dans ses bras. Elle réprima un sanglot que Daryl bloqua en plaquant sa main sur sa bouche pour la faire taire. 
Il l'embarqua vers la chambre que leur avait allouée la jeune femme, ferma la porte et laissa Carol pleurer contre lui, de tout son soul.

D'une voix forte depuis la pièce, Daryl s'exclama :

- Taniya !
- Oui ? l'entendit-il répondre avec une sorte de terreur dans la voix.

Elle venait sans doute de réaliser qu'elle avait laissé la porte de sa chambre ouverte.

- On a pas de serviettes ! Pour se sécher !
- Ah ! J'arrive ! 

Il l'entendit se précipiter dans une autre pièce. Daryl dit alors à Carol :

- Va dans la salle de bain, je m'en occupe.

Elle hocha simplement la tête et se réfugia dans la pièce. Elle se déshabilla et entra dans la cabine de douche dont elle fit couler l'eau chaude sur sa peau, la débarrassant de la crasse de ces derniers jours ainsi que de la fatigue accumulée. Les dernières émotions la firent de nouveau pleurer. Par chance, le bruit de l'eau camoufla ses sanglots, ce qui évita d'attirer l'attention de Taniya qui arriva à la rencontre de Daryl, une pile de serviette qui sentaient bon la lessive.

Tandis que Carol les écoutaient papoter comme s'ils étaient de connaissances qui se rencontraient sur le chemin de balade, Taniya ignorait qu'ils l'avaient vu et que Carol se sentait coupable. 

Pourquoi coupable ? Parce que voir sa nièce ainsi lui rappelait terriblement Sophia, sa petite fille perdue bêtement alors qu'ils tentaient de fuir leur camp, attaqué par des rôdeurs.

Plus tard, alors que Daryl sortait de sa douche, il trouva la chambre vide. Des rires lui parvinrent d'une autre partie de la planque. Les deux femmes riaient, se rappelant visiblement des souvenirs d'enfances pour Taniya et des communs avec Carol ou alors des anecdotes que celle-ci pourrait avoir sur leur famille. 

Il les retrouva assises autour d'une table à décortiquer des crevettes que Taniya avait dû récupérer dans la mer ou troquer dans un marcher.

- Ah, Daryl. La douche a été bonne ? lui demanda Carol en souriant.
- Ouais, ça fait un bail que j'avais pas eu de douche chaude aussi agréable. Merci Taniya.
- C'est un plaisir, sourit la jeune femme. Il y a de la viande séchée, si vous voulez en attendant que le dîner soit prêt.
- Oh ? Ils en font ici aussi ?
- Avant que le monde ne s'effondre, on pouvait en trouver partout, expliqua-t-elle en souriant face à la candeur de la question. Mais celui-ci, c'est moi qui l'ai fait. Promit, je n'ai pas tué un humain pour le faire sécher.

La pique fit rire Daryl. 

Elle lui tendit un morceau de viande séchée et assaisonnée qu'il dégusta avec plaisir. Il alla se laisser tomber sur le canapé qui donnait face à la cuisine, d'où il pouvait les voir converser comme si elles ne s'étaient jamais quittées. Comme ci tout ce merdier n'était jamais arrivé.
Il n'avait pas vu Carol rire autant et être à ce point heureuse depuis la mort de sa fille. Voir sa nièce en vie avait dû raviver son âme de mère et guérir, un temps soit peu, cette plaie béante qui ne s'était jamais vraiment refermée.

Durant le dîner, Daryl participait peu, mais appréciait voir les deux femmes rire et s'inventer des blagues pour ne plus penser à rien. Pendant que Carol faisait la vaisselle, Taniya en profita pour s'occuper des chevaux, les nourrir et passer un coup de brosse sur leur pelage. Daryl alla aider son amie de toujours et lui dit :

- T'as l'air contente.
- Je n'avais pas revu Taniya depuis qu'elle est majeure, répondit la femme, un léger sourire flottant sur ses lèvres. Ça me fait du bien de voir qu'elle est encore envie, malgré...

Il lui prit une assiette et l'essuya avant de la ranger dans un placard. 

Une fois les corvées faites, Taniya leur proposa de se laisser ici pour la soirée. Personne ne viendrait les trouver ici et de toute façon, elle a bloqué l'accès. Il n'y a qu'elle qui peut ouvrir la trappe qui les a fait descendre. À demi rassurés, Daryl prit place sur le canapé, laissant le lit à Carol. Taniya lui récupéra draps frais et un coussins moelleux qu'elle étala pour lui faire un nid douillet.

- Merci, fit-il alors qu'elle se redressait pour le quitter.
- De rien. Merci d'avoir veillé sur ma tante. Vraiment, merci Daryl.
- Carol est comme une sœur pour moi. Elle m'a sauvé plus d'une fois, répondit Daryl, regardant la chambre où la femme dormait.
- Elle a de la chance de vous avoir. Bonne nuit, Daryl.
- Bonne nuit, Taniya.

La jeune femme le quitta alors qu'il se laissa tomber sur le canapé étrangement agréable et s'endormit presque aussitôt.
Dans sa chambre, Taniya s'installa sur son lit, attrapa une petite boite et en tira quelques photos, des trésors d'enfance jusqu'à trouver ce qu'elle cherchait. Cette photo de Carol, sa fille, Clara et Taniya, réunit sur un même cliché. Les larmes coulèrent sur ses joues.

- Tu me manques, maman.

***

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