Chapitre 12
Alors que le dîner se passait bien, des rires fusèrent autour de la grande table bien garnie, des blagues de mauvais goûts passant, des rires d'enfants comme des remarques plus poussées sur la politique du jour, etc. Tout semblait aller bien, jusqu'à ce que Taniya ressente une douleur aigue dans le bas ventre. Avait-elle oublié son corps pendant si longtemps pour ne plus se rappeler ce que cette douleur signifiait ?
Il fallait croire que oui. Mais alors qu'elle tentait de l'ignorer encore un moment, refusant de ruiner l'ambiance du repas auquel elle n'avait que très peu touché, la douleur s'accentua.
Carol le remarqua et se pencha vers elle pour lui murmurer :
- Tout va bien ?
- Non. Tata, je crois que mes règles sont revenues.
Carol la regarda surprise.
- Tu n'en avais plus ?
- Non, plus depuis des années, répondit Taniya, toute rouge. Mais là c'est vraiment douloureux.
- Tu veux qu'on demande à Tomi de t'examiner ?
- Non ! Je... Non, je veux juste aller m'allonger.
Comprenant qu'elle n'allait pas bien du tout, Carol se leva, mais alors que Taniya allait l'imiter, elle ne put le faire, trop honteuse. Des larmes lui coulèrent sur les joues, la honte la submergeait.
- Taniya ?
- Tata, je peux pas, je...
- Les hommes, debout et face au mur ! s'exclama alors Carol d'une voix forte et autoritaire. Laurent, RJ et Hershel aussi.
Ne comprenant pas ce qu'il se passait, les quelques hommes présents s'exécutèrent, tendant une oreille attentive. Les femmes s'approchèrent, inquiètes de l'attitude de Taniya.
- Ça ne va pas ? Pousse toi Daryl, dit Maggie.
- Je... Je peux pas me lever, j'ai...
- Bouchez-vous les oreilles les mecs ! lança Magna.
- Pourquoi ? demanda Laurent.
- T'occupes, fit Daryl. Conversation de filles.
- Exactement ! s'exclama Pricesse. Donc on se bouche les oreilles.
Après s'être assurées qu'ils avaient bien tous les mains sur les oreilles, Michonne reposa la question à Taniya qui leur avoua qu'elle avait malheureusement taché, grandement la chaise sur laquelle elle était assise.
Comprenant l'urgence, les femmes se dispersèrent devant l'incompréhension masculine. Magna alla dans les vestiaires pour fouiller son casier à la recherche de quelque chose qui pourrait aider, temporairement Taniya, tandis que Maggie et Judith descendaient pour demander aux serveuses présentes ce soir-là si elles avaient un tablier qu'elles pourraient emprunter en expliquant qu'un accident venait d'arriver à une de leur amie. Tout en promettant de le laver et de le rendre propre le lendemain. La barmaid leur tendit un tablier un peu crasseux, mais qui ferait largement l'affaire le temps de trouver de quoi aider Taniya plus amplement.
Cette soirée avait pourtant si bien commencée, mais voilà qu'elle se terminait en carnage complet. Taniya s'en voulait terriblement. Bien que Carol ne cesse de lui dire que c'était naturel, elle s'en voulait tout de même de ne pas avoir assez écouté son corps.
Judith tapa sur le bras de Daryl pour attirer son attention.
- Jud' ?
- Taniya a besoin qu'on la porte jusqu'à chez Carol, déclara la jeune fille. Elle se sent pas bien et ne peut pas marcher.
- Merde. Okay, je m'en occupe, merci.
Judith se tourna vers sa mère adoptive qui lui sourit pour la remercier. Daryl se tourna vers la pauvresse qui ne semblait pas être en très bon état et à en juger par le tablier qu'on lui avait enfilé autour de la taille, quelque chose avait dû se passer. Mais encore trop ignare des affaires des femmes, il ne voulut pas poser de question, il s'en approcha et la souleva. Il pouvait l'entendre sangloter contre lui.
- Laurent, prends ses béquilles, ordonna-t-il au garçon.
Ils quittèrent le restaurant sous les regards surpris et curieux des clients. Une fois de retour à l'appartement de Carol, cette dernière les chassa tous les deux, les remerciant d'avoir aidé à ramener sa nièce chez elle.
Cette nuit-là et les trois jours qui suivirent, personne ne vit Taniya ni Carol. Daran s'en inquiéta même, devenant très nerveux, au point qu'Ezekiel lui-même ne pouvait plus l'approcher.
Toc, toc.
- Wouaf ! Wouaf !
- C'est qui ? gronda la voix d'un Daryl qui venait de finir de donner à manger à son chien.
- Daryl, j'ai besoin de ton aide.
- Ezekiel ?
Il lui ouvrit la porte pour découvrir l'ancien Roi décontenancé.
- Entre. Qu'est-ce qu'il ce passe ?
- Tu ferais mieux de venir, c'est assez... urgent et inquiétant.
Daryl fronça les sourcils. Laurent étant en cours, il prit son chien, son arbalète, des flèches et quitta son appartement pour suivre l'homme qui se mit à courir en direction des écuries où on pouvait entendre des gens hurler et un cheval hennir avec force.
- C'est quoi ce bordel ?
- Comme Taniya n'est pas venue depuis trois jours, Daran est devenu très tendu et agis comme ça avec tout le monde.
- Même avec toi ?
- Comme je te l'ai dit... avec tout le monde...
- Écartez-vous ! gronda Daryl qui posa son arme sur le sol, levant les mains en l'air pour tenter d'apaiser la bête inquiète. Daran, c'est moi, Daryl. Salut mon grand. Tout va bien, personne ne va te faire de mal.
Daran reconnu l'ami de sa maîtresse et se mit à piétiner le sol, poussant des hennissements blessés, comme pour lui demander où était passée Taniya.
- Tu me laisses t'approcher et je te dis où elle est, deal ? fit l'homme.
- Ça sert à rien de lui parler, M'sieur Daryl ! Cette bête est déréglée ! s'exclama un des palefreniers apeurés tenant une seringue dans la main.
- Tu comptes faire quoi avec ça ? demanda Daryl, comprenant plus ou moins ce qu'il allait lui administrer.
- On peut pas l'approcher, personne n'ose le nourrir et jusqu'à présent, hormis le Gouverneur, il refusait qu'on le touche. Maintenant, il refuse tout le monde, se plaignit l'homme.
- Et vouloir le buter c'est une solution ? Sans demander l'avis de sa propriétaire ? gronda le motard. Dégage moi ça ou je te la plante dans la gorge.
- C'est la seule solution !
Retenant difficilement une envie de le frapper, Daryl lui décocha un crochet du droit qui le renversa en arrière, faisant tomber la seringue au sol. Daryl écrasa d'un coup de pied cette dernière dont le liquide se mélangea avec la poussière.
- Non ! Qu'est-ce que vous avez fait ?!
- Je sauve un cheval de votre connerie, gronda Daryl. Dégagez de là, je m'en occupe.
De nouveau, il se tourna vers Daran qui semblait avoir comprit ce qu'il se passait. Mais son inquiétude de ne pas avoir pu voir Taniya le rendait fou, aussi Daryl tenta de lui parler en expliquant que la jeune femme était malade. Doucement, il approcha sa main des naseaux du cheval qui frémirent, expulsant un son grave, comme le grondement d'un dragon furieux.
- Carol s'en occupe, lui dit-il. J'ai vu Taniya, elle est juste malade. Tout va bien, regarde, j'ai amené Dog avec moi.
Plus il lui parlait et plus il se rapprochait, moins le cheval semblait en colère. Reconnaissant l'homme et lui ayant donné sa confiance, il se calma plus ou moins. Daryl réussit à poser sa main sur son encolure. Il était tout tremblant et transpirait à grosses gouttes.
- Ezekiel, dis moi quoi faire.
- Si je l'approche il va me mordre.
- Je t'ai pas dit d'approcher ! s'exclama le motard. Dis moi ce que je dois faire pour l'aider à se calmer, merde !
Surpris, l'homme sursauta avant de lui expliquer comment défaire la longe et de l'emmener dans un des près où il pourrait se mettre à courir avec Dog pour se libérer de toute cette tension qui lui figeait les membres. Daryl réussit à le garder en main jusqu'à ce que Dog ne parte en courant dans l'herbe, suivit par un cheval déchainé.
- Est-ce que Taniya est vraiment malade ?
- D'après Judith, sa période a commencé le soir du resto. Elle leur aurait dit qu'elle ne les avait plus eut depuis des années et c'était devenu un carnage pour elle.
- Pauvre gosse. Tu as pu la voir ?
- Non.
- Tu as mentis à Daran ?
- Tu voulais que je fasse quoi d'autre ? Dire devant tout ces glands que la gamine a ses règles et qu'elle est clouée au lit à cause de ses douleurs et qu'elle pisse le sang ? Je t'aime bien, mais j'ai encore une once d'humanité en moi.
- Tu... Tu marques un point, mon ami.
- Daryl ?
Les deux hommes se tournèrent pour voir Judith, son frère, Laurent et Michonne arriver vers eux.
- Salut.
- Qu'est-ce qu'il ce passe ? demanda la mère.
- Taniya absente, Daran a pété un plomb et ces débiles ont rien trouvé de mieux que de vouloir le buter pour le calmer, gronda Daryl.
- Langage, dit RJ.
- Désolé mon gars, mais je suis un peu énervé.
- Je reviens de chez Carol justement, dit Michonne.
- Dog ! Daran ! siffla Daryl.
Le chien fit un demi tour très serré dans sa course et Daran eut un peu de mal à négocier le sien. Ils arrivèrent à fond de balle pour s'arrêter de justesse devant la barrière du près.
- Eh mon grand, fit l'homme en caressant la tête du cheval essoufflé. Michonne a des nouvelles de ta maîtresse.
Daran leva la tête, les oreilles dressées, attendant d'en savoir plus. Il poussa un long hennissement, pressant la femme de lui dire ce qu'il était arrivé à Taniya.
- Reste où tu es Michonne, lui dit Daryl. Dis lui juste, sinon il va partir en couille.
- Oh, d'accord. Taniya est à l'hôpital, dit-elle.
Daran frappa le sol avec son sabot.
- Je t'avais dit qu'elle était malade, lui dit Daryl pour le calmer.
- Ta maîtresse a eu de grosses douleurs au ventre, du coup on a dû la faire examiner. Elle pourra sortir dans deux jours, leur apprit Michonne.
Visiblement soulagé, le cheval baissa sa tête et la posa sur l'épaule de Daryl.
Elle allait bien...
***
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