- Si c'est pour la porte, t'as qu'à prendre ça sur ma paye. Lance froidement Mira, à Mikey, toujours adossé contre la voiture.

- J'en ai rien à foutre, de la porte, Mira. Je voulais te parler. Explique t'il, le ton neutre.

- Pas moi. Soupire t'elle, s'engouffrant dans sa voiture.

Loin de se décourager, Mikey rentre, à son tour, dans la voiture, côté passager. Mira souffle bruyamment, le voyant agir.

- Tu veux bien m'écouter, au moins ? Lui demande t'il.

- Je ne suis plus ton employée, Mikey. Je n'ai plus à t'obéir.

- Je ne te parle pas en tant que patron. Je te parle en tant que quelqu'un, qui s'inquiète pour toi.

- Arrêtes de t'inquiéter dans ce cas.

- Je voudrais faire quelque chose...

- T'en as assez fait ! Le coupe t'elle.

La voir aussi froide avec lui, fait du mal à Mikey. Il sait qu'il est responsable de ce qu'elle est devenue.

S'il ne l'avait pas éloignée et s'il n'avait pas implicitement, demandé à Rindou d'arrêter leur relation, tout serait comme avant et Mira, aurait toujours ce sourire sincère envers lui.

Pourtant, il trouve, ce qu'il a fait, justifié. Trop de fois, elle a été en danger, juste pour ses liens avec eux. Trop de fois, il a eu peur de la perdre.

Surtout, il y a deux mois, il avait peur qu'elle ne meurt. Il ne l'aurait pas supporté. Pas une fois de plus.

Mira est devenu quelqu'un, à qui il tient énormément. Une femme capable, de l'apaiser un petit peu, de temps à autre, juste avec un sourire et, son éternelle bienveillance.

Il n'a jamais voulu qu'elle en arrive là. Il ne souhaitait que son bonheur. Peut-être, son bonheur, était il tout simplement, dans les bras de Rindou ?

Mikey ne connaît pas grand chose aux histoires d'amour. Mais, en voyant Rindou, chez Koji, prêt à sacrifier sa vie, pour que celle de Mira soit épargnée, il se dit que ça doit y ressembler.

Malgré sa colère, il avait admiré Rindou, d'avoir, sans hésiter, accepté de se sacrifier. Il doit vraiment l'aimer, pour en arriver là. S'était dit Mikey.

Mira et Rindou, semblent avoir ce genre d'amour, plus fort que n'importe quoi.

Lorsqu'il a apprit la vérité, il y a quelques semaines, sur ce qu'il s'était vraiment passé, durant l'explosion. C'est ce qu'il avait pensé.

Il faut vraiment être éperdument amoureux de quelqu'un, pour ne pas hésiter à mettre sa vie en danger, pour préserver celle de l'autre.

Oui, Manjiro Sano, n'a rien laissé paraître depuis deux mois. Pourtant, il n'a pas arrêté de se tourmenter. Il n'a pas arrêter de se sentir coupable. Il s'est même inspiré du dégout.

Mais, il a beau retourner le problème, dans sa tête, il ne voit aucune autre solution que celle là, pour garantir la sécurité de Mira.

- Tu comptes emménager, dans ma voiture ? Demande Mira, le sortant de ses pensées.

- Je... je suis désolé. Finit il par lui avouer. Si.... si je pouvais faire autrement... je le ferai... mais je ne peux pas.

- Ça sert à quoi de me dire ça, Mikey ? Tu voulais me montrer que tu es tout puissant ? Que quoi que tu décides on doit s'y plier ? Que tout se fait selon ta volonté, tes envies et tes caprices ?

- Non. Je te jure que non. Je veux juste t'aider.

- Tu ne peux pas m'aider. C'est quelque chose qui ne peut pas être sous ton contrôle. C'est même pas sous le mien. Reconnaît elle, baissant la tête.

Un état que l'on ne peut pas contrôler ? Voilà quelque chose, de très familier à Mikey. Il s'en veut tellement, de lui faire subir, ce qu'il cherche lui même, à fuir.

Il a l'impression de se voir, en cet instant. Cette version de lui, il y a de ça quelques années. Non... elle ne doit pas prendre ce chemin là. Elle doit être... plus forte que lui.

- Laisse moi maintenant, s'il te plaît. Lui demande t'elle, ouvrant la porte du côté passager.

Elle ne veut rien entendre. Constate t'il. Elle est fermée, à toute forme d'aide. Elle lui en veut. Elle lui en veut vraiment.

- Je suis désolé Mira.

- Qu'est ce que ça change ?

Soupirant, il capitule et la laisse s'en aller. Il s'apprête à entrer dans le QG, quand il entend, la conversation graveleuse, des hommes qui gardent la porte. Ils n'ont pas remarqué que Mikey, les écoute.

- Une hystérique, celle là. La bite de Rindou doit lui manquer. Lance un des gardes, dans un rire gras.

C'est le high kick légendaire de Mikey, que cet homme, reçoit de plein fouet, qui met fin à la conversation.

- Encore un commentaire de ce genre, vous ne reverrez plus la lumière du jour. Lance Mikey, un ton à faire peur, au diable lui même.

Les gardes, hochent vivement la tête. Mikey s'agenouille, devant l'homme qu'il vient de frapper, lui attrape les cheveux et plante son regard noir dans le siens.

- Cette femme m'a sauvé la vie. Elle a plus de tripes que vous tous réunis. Je ne te permet pas, de l'insulter.

Cet homme aurait vraiment dû réfléchir, avant de laisser sa langue trop leste prendre la parole. Il ne s'attendait pas à ce que cette journée, pourtant banale, soit celle où il perdrait l'usage de ses jambes.

Le soir venu, Mira sort de chez elle. Elle compte une fois de plus, se rendre dans ce sinistre club clandestin.

Seulement, ce soir, quelqu'un l'attend à la sortie de chez elle.

- Tu veux déjà ton loyer ? L'agresse t'elle.

- Non, mais j'ai pris une décision. Tant que tu mettras ta vie en danger, je serais là. Étant donné, que tu me détestes et que tu ne veux plus me voir, la seule façon de te débarasser de moi, sera d'arrêter ce genre de connerie.

- Wahou ! C'est aussi chiant que ça, d'être cadre du Bonten ?

- Alors ? Où est ce qu'on va ce soir ? Demande t'il, ignorant ses dernières paroles.

- T'as vraiment, rien de plus intéressant à faire ?

- Que te regarder te détruire ? J'aurais vraiment préféré faire autre chose, oui.

Elle grogne. Elle le connaît. Elle pourra protester des heures, il ne s'en ira pas. Qu'à cela ne tienne. Hors de question, de lui obéir. S'il veut être témoin de ça, c'est son problème.

C'est donc en sa compagnie que Mira arrive au club, auquel elle est habituée, depuis quelques temps déjà.

Pourtant, ce n'est pas au sous sol, qu'elle se dirige. Pour être honnête, la présence de Rindou l'en empêche. L'organisateur, ayant vu le tatouage sur la gorge de Rindou, ainsi que son regard menaçant, a refusé de laisser Mira participer.

Alors, ils sont au bar à l'étage. Mira enrage. Il ne devrait plus se mêler de sa vie. Pourquoi s'entête t'il ?

- Tu es fier de toi ? Grogne t'elle, s'asseyant sur un des haut tabouret, devant le comptoir.

- Assez oui. Répond Rindou, imitant Mira, s'asseyant à ses côtés.

- Qu'est ce que tu veux à la fin ?

- T'empêcher de te mettre volontairement en danger.

- Quand tu as choisit de m'abandonner, tu as choisit de sortie de ma vie !

- J'ai fait ça, pour que tu sois en sécurité. Qu'il ne t'arrive rien ! Pas pour que tu risques toi même ta vie.

- Tu as fait ça, parce que tu as eu peur de Mikey. C'est tout. T'es un trouillard Rindou !

- Tu crois que ça a été simple ? Que c'est ce que je voulais ? Mira... Mikey a raison au fond. Si on est ensemble, tu deviens une cible pour n'importe qui, qui souhaite me nuire. Je n'ai pas eu peur de Mikey, en prenant cette décision, j'ai eu peur pour toi. Tu as l'air de penser que c'est parce que je ne t'aime pas, que j'ai fait ça. C'est tout le contraire Mira. Crois moi, j'en souffre tout les jours. Ça a été la chose, la plus difficile, à faire de toute ma vie.

- Menteur. Crache t'elle.

- Tu veux te défouler ? Me cracher ta haine au visage ? Me frapper ? Fais le si ça peut t'aider ! Mais ne doute pas de ma sincérité envers toi.

- T'as un sacré culot, de me parler de sincérité, quand t'es pas foutu, de tenir cette promesse que tu m'as faite. Comment c'était ? De me regarder te croire ? De me voir tomber amoureuse de toi ? De me détruire en a peine une phrase ? C'était comment dis moi ?

- Je n'ai jamais voulu ça. Si ça ne tenait qu'à moi, j'aurais tenu cette promesse. Je pensais chaque mot que je t'ai dit. Ne te penses pas idiote, parce que tu m'as cru.

- Comme si ça ne suffisait pas, tu me condamnes à être ici, avec toi.

- Je te l'ai dit, tu te débarasseras de moi, uniquement quand tu arrêteras.

- Pire qu'une sangsue. Souffle t'elle.

Alors qu'elle baisse le regard, Mira entend un homme s'approcher d'eux, et s'adresser à elle.

- Hey, beauté je te paye un verre ?

Elle se tourne vers son interlocuteur et le dévisage. Il est d'une banalité sans nom. Face à son silence, l'homme reprend.

- A moins, que ce ne soit ton petit ami. Fait il, désignant Rindou de la tête.

Elle se retourne vers Rindou et le fixe, avant de répondre.

- Non... lui... c'est personne pour moi.