Mira se réveille relativement tard, ce matin. Elle a une atroce migraine et les yeux brûlants. Elle a du mal à émerger.

Elle se redresse quelques peu, tourne la tête vers sa commode, regarde l'heure et soupire.

Depuis deux mois, Mira dort très peu. En fait, si elle dort c'est uniquement, quand son corps la lâche. C'est la première fois qu'elle dort autant.

Elle reste dans son lit, encore plusieurs minutes. Elle pense à sa mère, en ce moment. A sa dépendance à la drogue, plus précisément.

Est ce qu'elle est tombée là dedans, pour apaiser le même genre de douleur, que Mira ressent à présent ?

Elle secoue la tête. Elle se croit folle, de penser à ce genre de chose. Mais, elle a envie d'échapper à la réalité. Sa mère en semblait tellement loin.

Elle soupire une nouvelle fois, se lève difficilement et se dirige dans la salle de bain.

Elle retire ses habits de la veille, se dirigeant vers le grand miroir, posé sur un des murs de la salle de bain.

Pour la première fois, elle s'attarde sur son reflet. Elle analyse son corps. Des bleus, des rougeurs et même quelques égratignures. Pourquoi, n'a t'elle pas mal ?

Elle se met à appuyer, du bout de ses doigts, sur un de ses bleus les plus récent. Même ce faisant, aucune douleur n'apparaît.

Elle abandonne, trop dépitée, de s'apercevoir que la douleur qu'elle ressent interieurement, ne lui permet plus d'en ressentir d'autres.

Elle analyse cette fois, son visage. Ses yeux sont d'un rouge à faire peur. Elle revoit à présent, ses pleurs d'hier. Elle revoit son visage à lui. Il avait l'air triste lui aussi. Se dit elle.

Pourquoi est il triste, alors que c'est lui qui est partit ? Se demande t'elle. C'est pourtant lui qui l'a abandonnée. C'est bien lui qui l'a laissée seule, au moment où elle avait le plus besoin de lui.

Les divagations de son esprit la ramènent, à cette nuit là. Celle où, sans le vouloir, elle a tué Koji Sakumi. Depuis deux mois, les images lui reviennent régulièrement en tête. Sa culpabilité la ronge.

Certes, son geste était nécessaire. Mikey aurait pu mourir, si elle ne l'avait pas fait. Mais, prendre une vie, même celle de Koji, n'a rien de normal. Elle n'a jamais voulu, devenir une meurtrière.

Elle se trouve ignoble. D'autant plus, qu'elle n'a même pas réfléchit avant d'agir. Est-ce qu'elle est naturellement, une meurtrière ?

Son corps tremble un peu. Elle se tient au mur, ses mains de part et d'autre de son miroir. Elle attend de se calmer un peu.

Une fois son corps, un peu stabilisé, elle s'engouffre dans sa douche. A mesure que l'eau coule, c'est l'image de Rindou qui vient la hanter. "Qu'est ce que tu fous, Mira ?".  C'est la première chose qu'il lui a dit.

Pourquoi ? Pourquoi est il préoccupé, par son sort ? Il veut la torturer, mentalement ? Que cherche t'il, en apparaissant comme ça, après deux mois de silence ?

"Qu'est-ce que tu fous, Mira ?". Pour être honnête, même elle, se pose la question. Elle ne se reconnaît plus. Des moments de solitudes, de la tristesse, de la douleur, elle en a déjà ressentie avant. Mais, rien n'est comparable, à cet immense vide, que Rindou à laissé en elle.

Elle sort de sa douche, s'enveloppe d'une serviette et se regarde de nouveau dans le miroir. Elle ne s'aime pas. Elle n'aime pas ce qu'elle est devenu. Elle n'aime pas ce qu'elle s'inflige.

Sa colère, monte de nouveau en elle. Elle ne supporte même plus, son propre reflet. Sa respiration devient difficile, à mesure qu'elle se regarde. Alors, elle frappe dans ce miroir. Un coup sec, franc et lui procurant, un certain soulagement.

Elle fixe la zone, où se reflétait son visage. Elle est brisée. Elle soupire de nouveau. Son soulagement, n'ayant duré qu'un bref instant.

Elle baisse son regard vers sa main. Elle saigne. Elle l'approche de son visage. Quelques minuscules bout de verre, semblent incrustés dans sa chair.

Même là, elle ne sent rien. Calmement, elle se dirige vers son armoire, cherchant sa trousse à pharmacie. Elle la trouve rapidement. Soigne ses plaies et se bande la main.

Elle finit par retourner dans sa chambre, prend dans son placard, de quoi s'habiller, sans même se préoccuper du style ou du bon goût de sa tenue.

Elle se rend dans son salon, s'affalant lourdement sur son canapé.

- Qu'est-ce que tu fous, Mira ? Se dit elle, pour elle même.

A quelques kilomètres de là, Rindou est toujours enfermé dans son bureau. Il se creuse la tête. Que peut il faire pour venir en aide à Mira ? Il sait pertinemment, que quoi qu'il puisse faire, elle s'énervera et ne voudra rien, si ça vient de lui.

Il ne peut pas se résoudre, à la laisser continuer à se faire autant de mal. Il serait prêt à la laisser le battre à mort, si ça pouvait la soulager, ne serait ce qu'un peu.

Le revoir dans un tel état, l'a détruit encore un peu plus. Il a préféré ne plus avoir aucun contact, avec elle depuis leur rupture. Peut être, a t'il eu tort ?

Il s'est dit que, garder contact, ferait encore plus de mal à la jeune femme. Il ne le voulait pas.

Il voulait juste qu'elle l'oublie. Quitte à être condamné à apprendre un de ces jours, qu'elle avait trouvé quelqu'un de mieux que lui, pour elle.

Il était prêt à endurer ça. Tant qu'on lui disait, qu'elle était heureuse et en sécurité. Il ne souhaite que ça pour elle. Il ne peut pas lui apporter ça. Se dit il.

Alors, l'éloigner de lui, quitte à sacrifier son propre bonheur, lui semblait la meilleure solution.

Pour lui, c'était ça, aimer Mira. Être prêt à la voir heureuse, même dans d'autres bras que les siens.

Mais... seigneur, qu'est ce qu'elle lui manque ! Ça le bouffe chaque jour un peu plus. Ça lui fait mal, physiquement mal.

Ceux sont des coups sur sa porte, qui ramènent Rindou, à la réalité. Soupirant, il donne la permission d'entrer, se doutant, de qui est sur le point d'entrer.

Il s'aperçoit qu'il a vu juste quand le visage de Ran, apparaît timidement, dans l'embrasure de la porte.

Ce dernier, s'assoit face à son petit frère. Ran se doute de l'état de son frère actuellement. Voir quelqu'un qu'on aime dans un tel état de détresse, doit être horrible.

- Qu'est ce qu'il te faut ? Lui demande Rindou.

- Mon petit frère. Lui répond t'il.

Rindou souffle du nez et baisse la tête. Il se rend bien compte, que Ran s'inquiète pour lui. Ce n'est pas son intention, pourtant.

- Je vais bien Ran.

- Qu'est ce que ça doit être, quand tu vas mal, alors ? Ironise Ran.

Rindou souffle. Il ne veut pas en parler. C'est aussi, sa punition à lui. Souffrir en silence. Même s'il va finir par exploser, c'est un moindre mal, comparé à ce qu'il a fait. Se dit il.

Cette autoflagélation que Rindou s'inflige, a le don, d'énerver Ran, au plus haut point. Il ne tient plus. Ça fait deux mois, qu'il tente par tous les moyens, de faire parler son frère, ne serait ce qu'un peu.

A chaque fois, il se heurte à un mur, semblant être fait du plus solide des matériaux. Il perd peu à peu son frère. Il ne peut pas le supporter plus longtemps.

- Mais merde, c'est quoi ton problème ? S'emporte Ran. On a toujours tout affronté ensemble, Rindou ! Ça a toujours été comme ça ! Pourquoi tu ne me laisses pas être à tes côtés cette fois ?! Pourquoi tu me rejettes ?

Ran semble sur le point de vraiment craquer. Rindou s'en veut de lui faire subir ce silence.

- Parce que... tu n'y es pour rien. C'est ma faute, si je suis dans cet état. Pas la tienne. Quand j'ai vu... comment elle était. Ran.... si tu l'avais vu.... elle est.... je ne sais même pas comment t'expliquer. La seule chose que je sais... c'est que c'est entièrement ma faute. Je ne mérite pas qu'on m'aide. Pas quand je suis le pire des enfoiré !

Enfin, il parle un peu. Ran a un pincement au cœur. Le désarroi que son frère, l'a laissé apercevoir, lui semble atrocement immense.

Ran voit que depuis toute à l'heure, Rindou joue nerveusement, avec quelque chose dans ses mains. En y jetant un œil plus attentif, il remarque que ceux sont les clefs, de la vieille moto de son frère.

- Tiens ? Tu a ressortis ta moto ? Lui demande t'il, préférant changer de sujet, sachant que son frère, vient de faire un gros effort.

- Non... je l'avais offerte à Mira, pour son anniversaire. Elle me l'a rendue hier. Explique t'il, en baissant la tête.

Ça doit faire mal, très mal. Se dit Ran. Il sait à quel point, Rindou tenait à cette moto. Alors, s'il la offerte à Mira, c'est une sacrée preuve de ses sentiments pour elle.

Ran lance un regard désolé à son frère. Il déteste le voir ainsi. Lui, n'a pas vraiment d'idée, de ce que ça peut faire d'aimer quelqu'un à ce point et de ne pas pouvoir être avec cette personne.

Non loin de là, c'est au tour de Mikey, de faire irruption, dans le bureau de Kakucho, sans crier gare.

Ce dernier arque un sourcil, face à l'expression étrange, sur le visage de son boss.

- Tu crois que ça a été facile pour moi de prendre cette décision ? Crit Mikey. Tu crois que ça ne m'a rien fait ?! Tu crois que ça ne me fait pas mal, de voir tout ce que j'ai provoqué ?!

Kakucho, ne s'attendait pas à autant. Paradoxalement, il a l'air satisfait. Enfin ! Se dit il. Voir Mikey réagir, c'est ce qu'il voulait.

- Tous les jours. Reprend Mikey. Tous les jours, je me demande si j'ai fait le bon choix ! Tous les jours, je me dis que je vais aller la voir ! La ramener.... à la maison. Lui dire qu'on oublie tout ça. Lui dire qu'elle vive ce qu'elle a à vivre avec Rindou, que je leur donne ma bénédiction si c'est ce qu'elle veut. Tu crois que je ne sais pas.... que j'ai éloigné de nous, la seule personne qui nous rendait.... humains à nouveau ? Tu crois que ça ne me détruit pas de savoir, qu'elle se fait du mal ?! Je ne peux pas la ramener ici !

- Pourquoi ? Lui demande Kakucho, d'une voix étonnement douce.

- Parce que.... toutes les personnes que j'aime finissent.... par mourir. Juste parce qu'elles sont à mes côtés. Je ne veux pas..... je ne peux pas.... la voir mourir elle aussi.... à cause de moi. Termine t'il, s'affalant sur une des chaise de la pièce.

Il met son visage dans ses mains, ses coudes appuyées sur ses genoux. Il fait glisser ses mains, dans ses cheveux, laissant entrevoir à Kakucho, sa première émotion, depuis longtemps. Il est triste, vraiment triste.

- Je ne peux pas, Kakucho.... je ne peux pas.