- Non, pitié ! Plus de médicament. Supplie Rindou Haitani, lorsqu'il entend frapper, à la porte de sa chambre d'hôpital.

Contrairement à ce qu'il pensait, quand la porte s'ouvre, c'est Mira et son petit sourire, qui lui font face.

- Oh, désolée monsieur, je repasserai dans ce cas. Ironise t'elle.

- Attendez mademoiselle. Je n'ai rien contre une thérapie par l'affection ! Mais.... faudra être discrets. Ma femme, cuisine pour un gang et a un sacré tempérament. La taquine t'il.

Le cœur de Mira, manque un battement. C'est la première fois, qu'il fait allusion à elle en l'appelant de la sorte. De plus, il l'a dit de façon si naturelle. Qu'est ce qu'elle a aimé l'entendre l'appeler ainsi ! Elle en rougit d'ailleurs.

- T'as raison. Je crois qu'ils t'ont donné trop de médicament. Rit elle un peu.

Ainsi est Mira. Dès qu'elle se sent affreusement gênée, elle tourne tout au sarcasme. Rindou le sait. Ça ne le dérange pas. L'expression sur son visage, au moment où il a finit sa phrase, lui suffit amplement.

Elle vient se blottir contre lui. Il referme ses bras sur elle, caressant délicatement son dos et ses cheveux.

- Ran était vraiment inquiet, toute à l'heure. L'informe t'elle.

- Oui je sais quand il est arrivé dans ma chambre, on aurait dit que les médecins lui avait annoncé, que j'étais condamné. Rit il.

Mira lui frappe le torse, suite à ces paroles.

- Aïe. Proteste t'il, dans l'incompréhension.

- Ne rit pas avec ça. Je sais pas ce que je ferai sans toi, Rin. Vraiment pas. Répond t'elle, relevant son visage sérieux vers lui.

Il lui sourit et l'attire de nouveau contre lui.

- T'en fait pas ! Ran peut être une vraie drama Queen parfois. Puis, il en faut beaucoup plus que ça pour m'éloigner de toi.

Elle sourit et enfouit encore plus son visage dans le torse du jeune homme.

- Bien rattrapé. Marmone t'elle.

Il rit un peu et embrasse le haut de sa tête. Après quelques étreintes et paroles tendres, il est temps pour Mira de rentrer chez elle.

Elle n'arrive pas à trouver le sommeil. Toute cette journée, n'a été que pure folie. L'explosion, Rindou inconscient, l'histoire de Koko et la crise d'angoisse de Mikey. C'était beaucoup trop pour elle.

Mira a tendance à être beaucoup trop empathique. Elle ressent les émotions de ceux qui l'entourent, tellement fort, qu'elle a parfois l'impression que ceux sont les siennes.

Autant d'émotion aujourd'hui, elle le supporte mal. Elle a l'impression qu'elle va exploser. Elle est dans son lit et passe plusieurs dizaine de minutes, à essayer de trouver une bonne position pour dormir. Elle n'y arrive pas. Quelque soit la position, quelque chose la gêne. Elle soupire fortement et peste contre elle ne sait qui.

Elle déteste se sentir comme ça. Incapable de s'endormir et émotionnellement surchargée. Elle se lève et se dirige dans son salon. Peut être que la télé la fera s'assoupir quelques instants ? Toujours pas. Mira va devenir folle. Au fil de cette insomnie, lorsqu'elle tourne la tête vers sa fenêtre, elle se rend compte qu'il fait jour. Ses paupières sont lourdes mais incapables de se fermer. Qu'elle misère ! Grogne t'elle.

Après encore quelques heures, de programmes abrutissants à la télé, son téléphone émet une vibrations. C'est dans un grand bâillement, qu'elle le saisit et se rend compte qu'il est HS. Apparemment, etre dans sa poche lorsqu'elle s'est engouffrée dans la fournaise, que représentait le QG du Bonten, ne lui a pas fait que du bien, à ce maudit téléphone.

- Et merde ! Il manquait plus que ça ! Jure t'elle, pour elle même.

Le soleil à fini de se lever, et Mira, n'a toujours pas dormi. Elle ne dormira pas et elle le sait. Elle regarde l'heure sur l'horloge, il est neuf heure et demi. Elle soupire de nouveau. Quitte à ne pas dormir, autant rendre ce temps utile.

Elle décide de se préparer, afin d'aller dans le magasin, où elle a acheter son téléphone. En chemin, elle pense au Bonten. Personne ne pourra la joindre. Comment va t'elle faire pour les trouver, sachant qu'aucun d'entre eux ne peut la joindre ? Est ce que Mikey sera en colère s'il n'arrive pas à entrer en contact avec elle. Ne devrait t'elle pas rester chez elle ? Mais elle a besoin de son téléphone !

Elle jure de nouveau, et finit par arriver au magasin, dans un état de nervosité et de colère, proche de l'explosion. Elle entre dans le magasin. Elle a une mine à faire peur, mais tout de suite, c'est le cadet de ses soucis.

Un homme bedonnant sort de derrière le comptoir d'accueil. Il a un sourire condescendant et un regard beaucoup trop soutenu envers elle. Tout ce qu'elle déteste. Elle lui explique, l'état de son téléphone. Il le prend, disparaît à l'arrière, non sans la regarder lourdement de haut en bas. Il se lêche même les lèvres. Mira a l'impression d'être nue.

Pourquoi autant de pervers à Tokyo ? Se demande t'elle. Alors qu'il revient, il l'informe que son téléphone n'est pas réparable. Mais quel tuile ! Pense t'elle. Entre les frais pour sa mère, son loyer et tout ce qui s'en est suivit ces derniers temps, elle n'a pas les moyens de s'offrir un nouveau téléphone.

Elle l'explique au vendeur, espérant pouvoir payer en plusieurs fois. Apparemment, il n'a pas décidé d'être un peu attendrit.

- Par contre. Commence t'il. Une belle demoiselle comme vous... aurait mieux que l'argent à offrir. Termine t'il dans un sourire pervers.

Il se déplace vers elle, lui attrape le poignet et pose lourdement, sa main sur ses fesses.

Mira aurait aimé être un cadre du Bonten à ce moment précis. Il n'aurait jamais osé faire ça ! C'en est trop pour elle. Elle a l'impression de revenir à sa vie d'avant. Cette période sombre, où l'argent manquait, et où ce genre de proposition était monnaie courante pour elle.

Le vendeur tente de l'embrasser. Toutes les émotions de Mira, se déchaînent. Il a très mal choisit son moment. Elle n'a jamais eu pour habitude de se battre. Mais, ce matin, elle fait une exception. Toute sa rage et sa frustration, sortent enfin. Elle se retrouve, elle ne sait comment, sur le vendeur, à terre. Elle le roue de coups.

La frénésie de ses coups, semble être plus forte qu'elle. Elle perd le fil du temps. Ce n'est que lorsque la police arrive, prévenue par une personne passant par là, qu'elle réalise ce qu'elle a fait.

Le vendeur saigne énormément. Il est complètement sonné. Elle veut expliquer, la raison de sa soudaine pulsion, mais on ne l'écoute pas. Quoi d'étonnant ? Les hommes ont toujours raison. Elle se sent presque sale. On lui fait comprendre que l'attitude de cet homme est normale et qu'elle est sûrement folle.

Deux heures plus tard, elle doit passer un coup de fil, pour qu'on vienne la chercher, au poste, après un sacré savon et un rappel à la loi. Dans son malheur, elle se dit qu'au moins, ce n'est que ça.

Malheureusement, elle ne connaît par cœur que le numéro de Rindou. Pas très utile, quand il est à l'hôpital et que son téléphone à lui, est resté dans le QG du Bonten de toute façon.

En réfléchissant, elle en connaît un autre. Celui de Mikey. Il lui avait dit de l'apprendre par cœur. Elle l'a fait.

Cela semble risqué de l'appeler lui. Mais elle n'a pas le choix et elle le sait. Non sans une certaine apréhension, elle compose le numéro, sur le clavier du téléphone du poste.

Il répond. Il entend Mira lâcher tout ses nerfs et pleurer à chaude larmes. Qui est l'inconscient qui a osé, la mettre dans cet état ? Se demande t'il, très en colère. Elle lui explique où elle se trouve. Elle craint qu'il ne puisse pas venir la chercher, étant donné qu'il est qui il est. Crainte vite balayée quand il lui assure être là, d'ici dix minutes.

Des arrangements avec la police ? Il en a tellement, que venir chercher Mira au poste, n'est absolument pas un problème, malgré ses activités. Il peut le faire, comme s'il était un citoyen lambda et honnête.

Il arrive donc, comme promit, dix minutes plus tard. Il signe rapidement, quelques papiers nécessaires et récupère Mira, sans attendre.

Ils sont dans la voiture du jeune homme. Mira se sent honteuse. Elle s'en veut d'avoir craqué et surtout, de devoir déranger Mikey.

- Qu'est ce qu'il s'est passé, Mira ? Lui demande t'il, d'une voix anormalement douce.

- Je suis vraiment désolée, Mikey.... je n'ai plus de téléphone et... je ne me souvenais que de ton numéro... pardon. Lui dit elle craintive.

- Ça c'est pas un problème. Je m'en fous d'être venu te chercher. C'est pas grave. Mais, comment tu as attérit au poste ?

Elle lui explique alors, avoir eu un trop plein d'émotion. Surtout, elle lui explique, pourquoi elle a craqué. L'attitude perverse du vendeur et ses gestes déplacés.

Mikey a le regard noir. Mira ne peut même pas s'imaginer, à quel point, sa haine monte en lui. Cet espèce de porc, à osé mettre ses mains sur elle et lui faire peur. Oui Mikey est en colère. Pas contre elle, contrairement à ce qu'elle pense, pas du tout. Contre cet espèce d'enfoiré qui se croit tout permis.

- T'as rien à te reprocher, dans ce cas ! On va te trouver un nouveau téléphone, t'en fais pas. Lui assure t'il.

Il ne veut pas lui faire peur. Alors, il ne lui dira jamais, que le lendemain, ce vendeur n'avait plus ni magasin, ni jambe capables de fonctionner correctement.