La soirée se poursuit. Mira trouve l'ambiance de plus en plus pesante et malsaine. Elle a l'impression que les hommes, que Mikey reçoit, se prennent pour les maîtres du monde. Ils n'hésitent pas à boire à outrance et à caresser de manière bien lourdes, les corps des femmes assises sur leurs genoux.

Ils leur glissent quelques billets, dans leur soutient-gorge, parfois même ailleurs. Ils se permettent même, d'échanger, entre eux et de vive voix, des remarques bien graveleuses, sur les corps de ses femmes, qu'ils pensent leur appartenir.

La majorité de ses hommes sont pourtant mariés, à en juger par les alliances, à leurs doigts.

Mira à déjà vécut dans la rue. Pourtant, elle n'a jamais vu des manières aussi rustres. N'ont ils pas eu d'éducation ? L'argent, leur fait il penser qu'ils ont tous les droits ? Leur comportement, écœure la jeune cuisinière. Elle commence à regretter de ne pas avoir écouté Mikey, quand il lui a dit qu'elle pouvait s'en aller après le repas.

Elle sent comme un poids dans sa poitrine. Elle se sent tellement mal à l'aise face à ce pitoyable spectacle. Elle en a la migraine. Malgré ça, voir Rindou à ses côtés qui essaye, du mieux qu'il peut, de la faire penser à autre chose, la rassure un peu.

Lui non plus, n'apprécie pas du tout ce genre de soirée. Les autres cadres du Bonten, non plus d'ailleurs. Ils sont ce qu'ils sont, leur activité est loin d'être glorieuse, mais aucun d'entre eux, n'aime participer à ce genre d'évènement. Pourtant, ils doivent quelques fois, s'y résoudre, pour la périnité de leur gang.

Aucun d'entre eux ne participe vraiment, d'ailleurs. Ils assistent juste à ça. La différence avec Mira, est qu'ils en ont pris l'habitude. Pour Mira, c'est la première fois qu'elle y assiste. Elle souhaiterait, vraiment, que ce soit la dernière.

- C'est bientôt fini ma belle. Commence Rindou. Mikey commence à en avoir assez. Lui dit il, désignant son boss de la tête.

En effet, en regardant en sa direction, Mira constate que Mikey se masse nerveusement les tempes. Il a l'air vraiment très irrité. Entre la fumée abondante et les rires gras, de ses invités, il commence à perdre patience.

Il n'a jamais comprit, comment des hommes pouvaient trouver du plaisir là dedans. Peut être, est il vraiment très différent des autres ? Quelque soit la réponse, il s'en moque. Il se lève et s'apprête à mettre fin, à ses funestes réjouissances.

- Il est maintenant temps, de rentrer chez vous. Annonce t'il, froidement.

Devant l'absence de réaction, des invités, les cadres du Bonten se lèvent pour se joindre à Mikey. Rindou lui, se redresse et se place devant Mira. Ils ont cet air menaçant sur le visage, que Mira n'a que très rarement aperçu.

- Allons Mikey, pas besoin de t'énerver ! On s'amuse tellement bien ici. Rit un peu le patron de ses pervers.

- C'est vrai ! Lance un autre, en se levant. D'ailleurs, j'ai bien l'intention de repartir d'ici avec un cadeau.

A la fin de cette phrase, il s'avance dangereusement vers Mira. C'est après un rapide et discret, hochement de tête de la part de Mikey, que le canon froid de l'arme de Rindou, se retrouve collé au front de cet homme, un peu trop audacieux.

Par réflexe, il lève ses mains. Il tremble. Sa témérité, s'arrête ici visiblement.

Le regard que Rindou pose sur lui actuellement est glacial, menaçant, intimidant et rempli de colère. Qu'il ose encore approcher, et il ne reverra plus la lumière du jour.

- Comme je vous l'ai dit, elle est sous la protection du Bonten ! Tranche Mikey.

- Depuis quand le Bonten a un cœur Mikey ? Demande le premier, visiblement moins confiant que toute à l'heure.

- Ça ne te regarde pas ! Rappelles tes chiens et tirez vous !

Le ton de Mikey est plus menaçant que toute à l'heure. Il commence à ressentir cette noirceur en lui, vouloir prendre le dessus. C'est quand il croise le regard, apeuré de Mira, qu'il reprend quelque peu le contrôle.

Oui, elle a peur. Ce n'est pas l'arme de Rindou, toujours collée au front, d'un homme à présent près à se faire dessus, ou cette querelle sans queue ni tête, qui l'effraient. Mais bel et bien la possibilité que Mikey, ne montre une nouvelle fois, la violence inouie, enfouie en lui.

- Nous ne ferons pas affaire après cet incident tu t'en doutes. Tremble un peu l'interlocuteur de Mikey.

- Si tu penses que nous avons besoin de toi, c'est mal nous connaître ! Intervient Kakucho.

- Ma société a des fonds que vous ne soupçonnez pas !

- Tu penses être en position de la ramener ? Demande cette fois Kokonoi, arquant un sourcil.

- Nôtre boss vous a demandé de partir et mon petit frère est prêt à exécuter ton ami avec le plus grand des sang froid. Si j'étais vous je m'en irai sans faire d'histoire. Explique Ran, un grand sourire aux lèvres.

Aussi étrange que cela puisse paraître, le sourire, d'apparence doux de Ran, est quelque chose qui fait peur. Il est annonciateur, de mauvaises choses, pour quiconque oserait le défier.

C'est dans un signe de tête, très mal assuré, que son interlocuteur rappelle ses hommes et qu'ils s'en vont enfin.

Rindou range son arme et se tourne vers Mira. Elle a les mains appuyées sur le comptoir de la cuisine, comme pour essayer de se ressaisir et soupire fortement.

- Tout va bien ? S'inquiète Rindou.

Elle hoche la tête et lui répond par l'affirmative. Oui elle va bien. Elle est honnête quand elle dit ça. Presque deux ans au Bonten l'ont endurcie, un peu plus que ce qu'elle aurait cru, d'ailleurs. Elle est simplement soulagée, que tout se soit fini, sans qu'il n'y ait d'effusion de sang. Elle relève le visage vers Mikey. Elle a peur qu'il lui en veuille.

- Désolée, d'avoir causé des problèmes. J'aurais dû t'écouter. Ose t'elle lui dire, nerveuse quant à sa réponse.

- Tu n'as rien à te reprocher ! C'est pas de ta faute s'ils n'ont aucune éducation. Tant que tu n'as rien, ça me convient parfaitement. Cette affaire, n'était en aucun cas vitale pour nous. Même si elle l'avait été, je n'aurais pas toléré leur comportement envers toi. Répond t'il.

Aucun cadre du Bonten n'est surprit par les paroles de leur boss. Ils savent pour cet étrange transfert que fait Mikey sur Mira. Ils savaient tous très bien, que si ces hommes s'en prenaient à Mira, l'affaire ne serait pas conclue. Ça ne les gêne pas. Ils apprécient tous Mira à leur manière. Ils ne veulent pas qu'il lui arrive quelque chose. Tous autant qu'ils sont.

Tous décident qu'il est grand temps de rentrer. Mikey, dispense Mira de débarrasser. Il fera faire ça par quelqu'un d'autre. Après ça, il se doute bien qu'elle a besoin de repos.

Alors qu'elle arrive à sa voiture, Mira envoie un message à Rindou. Elle a besoin de sa présence et d'être quelque peu apaisée.

" Roppongi en moto ?"

"Avec plaisir ma belle !"

C'est quelques minutes plus tard, que leurs deux voitures se garent devant le box, abritant la moto de Rindou.

- Je te laisse conduire cette fois. Lui sourit il.

- Mais... je ne suis pas encore habituée. Opine t'elle.

- Je suis là, t'en fais pas. Puis, j'ai confiance en toi.

Elle lui sourit, se place à l'avant de la moto, qu'ils viennent de sortir du box. Pour la rassurer, Rindou pose ses mains sur les siennes, comme la dernière fois.

Elle se sent un peu plus rassurée. Tranquillement, ils se dirigent vers Roppongi. Comme la dernière fois, il finit par la laisser se débrouiller seule, s'accrochant à sa taille. Il est fier de pouvoir lui faire plaisir, en la laissant conduire sa moto.

Elle sourit et forte d'une nouvelle confiance en elle. Elle accélère. Ils arrivent devant le Roppongi Hills et se précipitent sur le toit.

La vue est toujours aussi extraordinaire, quelque soit l'heure de la nuit. Mira semble avoir trouvé un nouveau moyen de s'apaiser. Admirer cette vue, unique et être dans les bras de Rindou. Cette sensation qu'elle a en ce moment. Elle n'en a pas connu de comparable.

Ils finissent par s'assoir et toujours dans les bras l'un de l'autre, se calinent et s'embrassent. De ce moment simple et tendre, Mira aimerait en faire un rituel entre eux.

- Je me sens vraiment bien avec toi Rin. Déclare t'elle, en carressant les bras qu'il a enlacés autour d'elle.

Il est touché de ce qu'elle vient de lui dire. Il ne pouvait pas espérer meilleur compliment de sa part. Connaissant la personne qu'elle est, l'entendre dire ça vaut toutes les déclarations du monde à ses yeux. Il embrasse sa tempe et lui assure que ce qu'elle ressent en ce moment est réciproque.

Le lendemain, au QG du Bonten, Mikey a demandé à Mira de rester chez elle pour aujourd'hui. En effet, c'est aujourd'hui qu'ils vont attraper Hiro. Le genre de chose qu'ils s'apprêtent à faire, elle ne doit en aucun cas y assister. Elle ne doit même pas assister aux discussions qui précèdent. Mikey ne veut pas qu'elle voit cette facette peu élogieuse du Bonten. Après ce à quoi elle a assisté hier soir, il ne veut pas l'effrayer d'avantage.

Ils sont donc tous réunis autour du bureau de Mikey.

- On agit ce soir ! Annonce le boss.

- On fera quoi du corps après ? Demande Ran, avec un détachement effrayant.

- J'ai prévu de donner une leçon à ses amis. On le leur amènera. Qu'il ne leur vienne pas à l'idée de nous défier à leur tour.

Le sourire sadique de Sanzu se lit sur son visage. Il a hâte que ça commence. Mikey lève d'ailleurs son regard vers lui.

- J'imagine que tu t'occuperas de lui ?

- Si ça ne t'ennuie pas, Takeomi m'a confié que Rindou avait besoin de se défouler ces temps ci... je pensais le laisser faire.

Rindou lance un discret regard de gratitude à Takeomi, qui lui répond par un hochement de tête. Il devait le faire. Rindou serait devenu fou, sachant Hiro entre ses murs, sans qu'il ne puisse rendre justice à Mira.

- Ça ne m'ennuie pas. Tant que c'est fait, vous faites bien ce que vous voulez. Répond Mikey, d'un ton neutre, en haussant les épaules.

- J'ai hâte de l'entendre pleurer cet enfoiré. Opine Kokonoi.

- Quiconque défiera le Bonten en paiera le prix ! Déclare Kakucho. T'as intérêt à le faire regretter Rindou !

- T'en fais pas pour ça. Déclare Rindou, le regard plus déterminé que jamais.

Ce soir, c'est ce soir que Rindou, pourra annoncer à Mira, qu'elle n'aura plus jamais à avoir peur de son tortionnaire. C'est ce soir, qu'elle pourra commencer à se reconstruire à ses côtés.