23 𝗅𝗅 Tu es de bonne compagnie
Eleanor s'est réveillée endolorie le lendemain. Ses muscles lui faisaient mal, et elle poussait des gémissements à chaque mouvement. Elle savait que c'était à cause du match de volley-ball de la nuit précédente. Elle n'utilisait pas souvent ces muscles, voire jamais.
— Qu'est-ce qui t'arrive ?
Eleanor ouvrit complètement les yeux pour voir Simon debout près de la porte de la salle de bain, un short gris autour de la taille et sans chemise—sans grande surprise.
— J'ai mal partout, grommela Eleanor, se levant avec grimace.
— Quoi, à cause du match d'hier ? demanda Simon avec surprise. Tu n'as même pas fait tant que ça, commenta-t-il.
— Hé, interpella-t-elle légèrement agacée, j'ai un peu aidé quand même.
Elle grimaça à nouveau, le canapé sur lequel elle était n'arrangeait vraiment pas les choses. Avec un soupir, elle se leva du canapé et sortit quelques vêtements de sa valise, avant de partir se doucher. Quand elle descendit, Simon était déjà assis à table avec sa mère, et Harry était dans la cuisine en train de préparer le petit déjeuner.
— Bonjour, Lenny, salua sa mère avec sourire.
— Salut, maman, répondit Eleanor avec lassitude.
— Simon me parlait de ta soirée d'hier soir, a-t-elle déclaré en prenant une gorgée de son café. Il m'a dit que votre équipe avait gagné le match de volley.
— Tu me donnes l'impression d'avoir accompli un exploit.
— Désolée chérie, gloussa-t-elle en réprimant un rire, j'ai juste du mal à croire que tu fais partie de l'équipe gagnante.
— Eh bien, souffla-t-elle doucement, Simon est un très bon joueur de volley-ball.
Simon lui adressa un sourire en signe de gratitude.
— Elias n'était pas mal non plus, ajouta-t-elle par la suite, ce qui fit tomber le sourire de Simon.
— Alors, vous avez des projets pour aujourd'hui ? questionna la mère d'Eleanor après un court moment de silence.
— La plage, je présume ? devina-t-elle en haussant les épaules après avoir lancé un coup d'œil à Simon.
— Il fait si beau dehors. Pourquoi n'iriez-vous pas d'abord vous promener dans les bois, ensuite vous rafraîchir à la plage ? suggéra sa mère.
— Cela me semble être une bonne idée, approuva Simon.
Harry plaça trois assiettes pleines d'œufs brouillés et de saucisses devant eux puis s'assit près de la mère d'Eleanor. Il se mit à indiquer à Simon quelques sentiers facilement accessibles qu'il pouvait emprunter avec Eleanor, pendant qu'ils déjeunaient. Après le petit déjeuner, Eleanor monta se changer pour enfiler des vêtements de randonnée plus appropriés, sans oublier de mettre son maillot en dessous pour la plage, et porta des chaussures confortables mais solides. Elle glissa à l'intérieur d'un sac à dos, deux gourdes d'eau, une casquette, une boussole et quelques pensements au cas où, puis alla rejoindre Simon à la porte d'entrée.
— Prête ?
Eleanor hocha simplement la tête et ils montèrent à bord du véhicule de sa mère pour se mettre en route. Au fur et à mesure qu'Eleanor roulait, le trafic devenait de moins en moins dense et les bâtiments faisaient progressivement place à des rangées ordonnées d'arbres imminents, qui défilaient des deux côtés. La voie goudronnée se rétrécissait alors qu'ils se rapprochaient de plus en plus de la route forestière. Elle dévia sur cette dernière et longea pendant près d'un kilomètre encore, avant de s'arrêter à proximité d'une pancarte en bois portant l'indication Westmoreland, marquant le début d'un sentier. Le chemin serpentait le long d'une épaisse couche d'arbres imposants au grand diamètre, mais il était ouvert et menait directement à la plage. Une fois sortis de la voiture, ils furent accueillis par le son des arbres séculaires grinçant comme de vieux navires tendus contre la marée, le tambourinage répétitif des pics dans les troncs et les bruissements des écureuils et autres petites bêtes dans la nature.
— C'est plutôt agréable ici, commenta Simon alors qu'ils commençaient à marcher sur le lit de feuilles rassis sous leurs pieds.
Eleanor fredonna en réponse. Les randonnées étaient l'unes des choses que Wyatt et elle faisaient pendant qu'ils sortaient encore ensemble. Mais cela n'était pas souvent un moment de détente car, Wyatt trouvait ça ennuyeux et ils étaient aussi perturbés par des insectes. Heureusement qu'il n'en a pas trop aujourd'hui, se dit-elle.
— Ouais, ça fait un moment que je n'ai pas parcouru ces sentiers.
— Puis-je te demander quelque chose ? demanda Simon, un air pensif sur le visage.
— Je t'écoute.
— Comment ça se fait que tu n'aimes pas venir ici ?
— Ici dans... les sentiers ? questionna-t-elle en riant.
— Non, ici à Vancouver, dit-il en maintenant son air sérieux. Je sais que ta mère est un peu insistante, mais Harry a l'air vraiment gentil. Tu habites près de la plage, tous tes amis du lycée sont là...
Eleanor sentit sa gorge se nouer, elle ne s'attendait pas à une telle question de sa part.
— J'ai eu beaucoup de mal à rester après la mort de mon père, tout ici me rappelait qu'il n'était plus là, souffla-t-elle après une brève hésitation. Et il y avait aussi le fait que je voulais rester loin de Wyatt après qu'il ait rompu, mais ma mère et la sienne étaient devenues amies et cela ne me permettait pas vraiment de l'éviter. J'avais juste besoin de m'éloigner de tout ça, conclut Eleanor.
— Et... comment te sens-tu maintenant ?
— C'est un peu difficile des fois, mais j'arrive à m'en remettre, affirma-t-elle avant de lever les yeux vers Simon. Je ne pensais pas dire ça un jour, mais tu es de bonne compagnie.
— Tu ne crois pas si bien dire. Et un excellent acteur aussi, d'ailleurs.
— Ne t'emporte pas si vite, Natalie n'a pas encore dit son dernier.
— Elle n'avait pas l'air si terrible à la fête, fit remarquer Simon.
— Mais bien sûr, cracha Eleanor avec sarcasme en roulant des yeux. Elle n'allait pas te montrer ce côté d'elle.
Simon la regarda confus. Il ne comprit pas ce brusque changement de ton et l'acerbité de son langage. Ils avaient déjà parcouru plus de trois kilomètres, et se trouvaient maintenant en plein milieu du sous-bois. Le soleil se hissait de plus en plus mais Eleanor n'avait pas pour autant besoin d'utiliser sa casquette car, les branchages au dessus d'eux les protégaient déjà des rayons.
— Peut-elle vraiment être si mauvaise ? C'est ta cousine, tu es de la famille, s'entêta Simon malgré l'agacement qui se lisait de plus en plus sur le visage d'Eleanor.
Eleanor était frustrée non seulement à cause du sujet de conversation, mais aussi parce que les enjambées de Simon étaient beaucoup trop grandes pour elle et qu'elle avait du mal à suivre en plus du sac qu'elle portait déjà. Elle s'arrêta finalement de marcher.
— Nous n'avons pas une relation comme toi et Maddy. D'ailleurs, pourquoi la défends-tu ?
Simon s'arrêta également, haussant innocemment les épaules.
— Je suppose que j'essaie juste de comprendre. Je suis assez proche de ma famille, alors j'ai juste pensé-
— Eh bien, chaque famille est différente, trancha Eleanor.
Elle devenait très défensive. La conversation tournait au pire et elle en avait marre. Son attitude agaça Simon, et il se remit à marcher sans prendre la peine d'attendre qu'elle le rattrape. Eleanor ressentait toujours de la douleur dans ses membres à cause du match de volley-ball de la nuit précédente, et elle ralentissait de plus en plus derrière Simon. Quand Simon se retourna finalement pour voir à quel niveau elle était, il a dû crier pour qu'elle l'entende.
— Essaie de me suivre si tu veux qu'on rentre avant le coucher du soleil, lui cria-t-il.
— Je vais aussi vite que je peux, répondit-elle essoufflée en resserrant son sac. Et arrête d'exagérer, il n'est même pas encore midi.
Elle essaya quand même de se précipiter pour le rattraper, mais dans sa hâte, elle trébucha sur une racine et se tordit la cheville.
— Parfait, murmura-t-elle pour elle-même. Comme si les choses n'allaient pas assez mal.
— Est-ce que ça va ? hurla-t-il à nouveau.
Elle leva le pouce, sachant que sa voix tremblerait si jamais elle tentait de lui répondre. Sa cheville commença à palpiter et elle n'était pas sûre de pouvoir continuer. Elle se leva malgré tout et essaya de marcher, mais dès qu'elle avança d'un pas, elle grimaça de douleur et se laissa tomber, mais fit mine de refaire ses lancets pour ne pas angoisser Simon.
— Pourquoi ne continues-tu pas sans moi, suggéra-t-elle. Je vais souffler un peu ici, puis te rattraper après.
— Sérieusement ? demanda Simon inquiet, en se mettant à marcher rapidement vers elle.
— Il y a une chute d'eau à proximité, je ne voudrais pas que tu la manques, marmonna-t-elle.
Simon passa une main dans ses cheveux, puis s'agenouilla devant Eleanor en lui présentant son dos.
— Monte, ordonna-t-il.
— Quoi ?
— Monte, je te file un coup de main.
— Pas nécessaire.
— Écoute, tu l'as dit toi-même la cascade n'est pas loin, alors allons-y.
Eleanor sembla réfléchir un instant, mais finit par céder.
— Bien dit-elle, plaçant ses mains sur ses épaules et enroulant ses jambes autour de sa taille.
Simon la porta avec aisance et, en quelques minutes, ils se retrouvèrent devant une magnifique cascade.
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