Prologue
Je me souviens encore de la première fois où il est apparu...
Assise sur l'une des nombreuses marches de l'escalier en bois de la maison de vacances, je fermais les yeux et laissais le vent caresser mon visage. Je profitais de cet instant car je savais que c'était peut-être le dernier. A douze ans, j'étais loin d'être idiote. J'avais bien vu mes parents se disputer, entendu des verres se briser contre le sol de la cuisine. Je savais que ma maman allait bientôt craquer. Elle était même peut-être en train de préparer sa valise en ce moment même. Donc, je profitais. Je rouvrais les yeux et faisais face au lac. J'aimais regarder sa surface briller à cause des reflets du soleil. Il devait être 18h ou quelque chose du genre. Je n'avais pas pensé à mettre ma montre.
Je tirais sur un fil qui dépassait de mon débardeur lorsque qu'un léger clapotis se fit entendre. Je relevais brusquement la tête. Je regardais les environs mais je n'apercevais rien de suspect. Je me reconcentrais sur le fil et essayais de l'arracher mais le bruit revint, plus fort. J'eus, cette fois-ci, le temps d'apercevoir une pierre ricocher dans l'eau, elle semblait venir de l'autre bout du lac. Nous étions pourtant la seule maison à des kilomètres à la ronde. Peut-être des voyageurs étaient-ils passés par là ? Ce serait la première fois. Je fronçais les sourcils et tentais de voir plus loin malgré le soleil qui tapait.
Un clapotis, un bruissement de feuilles, du vent, une ombre.
Je l'avais vu. J'avais vu l'ombre. J'avais vu quelque chose dans les arbres bordant le lac. J'en étais sûre.
Nouveau bruissement de feuilles, plus fort, plus proche.
Suivant mon instinct, ma tête se tourna vers la droite. Et je l'aperçus. Pas l'ombre. Lui.
Je n'avais pas paniqué. Je n'avais pas crié. Je l'avais juste regardé. De la même façon qu'il me regardait. Ça avait dû durer une bonne minute. Je le détaillai de la tête au pied. Il avait de quoi faire peur pour une fille de douze ans comme moi. Tout de noir, des cheveux, en passant par les yeux, jusqu'aux boots. Pourtant sa beauté était frappante. Je lui donnais 18 ans tout au plus. Nous ne rompîmes pas ce contact visuel jusqu'à ce que j'entende mon prénom.
- Sacha ?
Ma mère. Il fallait évidemment qu'elle choisisse ce moment pour m'appeler. Tout compte fait ce n'était pas plus mal. L'étranger ne se trouvait qu'à quelques mètres de moi. Dieu seul savait ce qu'il aurait pu faire. Il continua de me dévisager comme si rien d'autre ne comptait que moi. Je ne tournais pas la tête non plus.
- Sacha !
Ma mère insistait. Je me retournai.
- J'arrive !
Je revins sur ce garçon mais il n'y avait plus que le vide que la forêt ne pouvait combler. Juste le vent qui continuait de souffler et juste moi, stupéfaite.
Je scrutais alors les horizons mais ils restaient silencieux. Tout était redevenu calme.
Ma mère apparut sur le pas de la porte.
- Voyons, Sacha ! Qu'est-ce que tu fais ?
Je jetais un dernier coup d'œil au lac puis suivais ma mère à l'intérieur de la maison.
Cet après-midi là, ma mère m'avait annoncé qu'elle quittait mon père. Pour de bon. On est parties toutes les deux en Californie, loin de lui. Je ne le voyais que quelques fois par an. Mais ça ne me dérangeait pas. Il y avait quelque chose qui m'obsédait. Enfin, pas quelque chose, quelqu'un. Lui. Cet étrange garçon. Ce qui me fascinait le plus chez lui, c'était qu'il ne vieillissait pas. Il avait toujours le même visage que la première fois que je l'avais vu, à 12 ans. Ça faisait cinq ans qu'il en paraissait 18. Et ce qui m'intriguait aussi, c'est qu'il était toujours présent. Que ce soit à mon seizième anniversaire ou au mariage de ma mère avec Christian, mon beau-père. Jamais il n'a été absent.
Pas une seule fois, il ne m'a laissé l'approcher. Pas une seule fois, je n'ai pu connaître ne serait-ce que son nom. Je me contentais simplement de le détailler. De contempler son exceptionnel beauté.
Et puis, un jour,
Il a débarqué.
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