5 - Souvenirs passés
La nuit continuait de tomber, invisible mais pourtant présente. Le temps s'assombrissait peu à peu, approfondissant l'obscurité déjà présente. Le froid et la fatigue s'emparaient peu à peu de mon corps et de mon esprit déjà embrumé. Ma vue diminuait, me faisant ainsi voir des choses qui n'existaient pas. Mais quand une forme humaine apparut devant moi, ce ne pouvait pas être mon imagination.
Il se tenait là, le corps raide, le visage dissimulé par l'obscurité, sa respiration était haletante, tout comme la mienne, mais pourtant, il n'était pas menaçant. Le temps passa, aucun de nous deux n'osait bouger, entre la peur et l'incompréhension il n'y avait pas large frontière. Un rayon de lune apparut, illuminant légèrement son visage. Il était parsemé de bleus, de cicatrices, une plaie encore ouverte trônait à côté de sa tempe gauche mais il restait si beau, son expression était vide, dénuée d'émotion. Je le voyais s'avancer. Un pas après l'autre, il restait cependant loin de moi. Comme s'il me craignait. Une branche craqua au loin, il tourna la tête subitement, apeuré. Son attitude était pareille à celle d'un chiot, intrépide mais très peureux. Je fis aussi un pas dans sa direction, il ne broncha pas, il ne produisait aucun bruit, même sa respiration était silencieuse. Je le regardais encore et toujours, l'étudiant sous chaque angle. Puis je me lançai.
- Qui es tu ? Dis-je d'une voix aussi douce que possible. Sa réponse me laisse sans voix.
- Je...Je ne sais pas. Il murmure, sa voie est basse, enrouée.
Son corps s'affaisse, ses jambes flanchent, et puis d'un coup il tombe sur le dur sol de la cour. Je n'ai pas le temps de réfléchir, je fonce sur lui, il tremble, son état est catastrophique. Je l'étudie du regard comme je peux, il semble avoir perdu connaissance. Comme par réflexe j'attrape mon téléphone, je m'apprête à taper le numéro des urgences quand un message d'erreur apparaît. Pas de réseaux, transaction impossible. Putain ! Comme par hasard, quand j'ai besoin d'aide en plus. Je m'approche alors un peu plus, et d'un mouvement habile, l'attrape et le hisse sur mon dos. Je ne sais pas comment je me retrouve à transporter un demi-cadavre sur le dos mais je n'ai pas le choix. Mon pickup était garé non loin de l'entrée de l'asile et à mon plus grand soulagement, pas loin de nous. Je le met comme je peux assis sur le siège passager, l'attache, mais au moment où la ceinture touche son corps il commence à se débattre, son souffle s'accélère et il couine. Pourtant il ne se réveil pas. Intéressant...
Une fois arrivée dans le centre de Londres je fonçais vers l'hôpital le plus proche. Si il était bien la personne que je pense, il pourrait alors être un atout précieux. Les médecins arrivèrent, se pressant pour voir l'état de ce jeune homme. Il n'avait rien dit depuis sa perte de conscience, même réveillé. A présent il se reposait dans une salle prévue à cet effet. Et moi je devais répondre aux questions des médecins, je n'avais pourtant pas plus d'info qu'eux sur lui. Je leur raconta tout ce que je savais, ils jouaient aux détectives sans savoir. Tout passa dans mon récit, mais les infos concernant l'enquête étaient confidentielles, je me devais de mentir. Je dû alors patienter, attendant le verdict des médecins. Mon cœur battait la chamade, ce court incident avait réussi à me faire oublier ma fatigue. Je ne savais pas quelle heure il était, je ne savais pas quel jours on était. Mon cerveau ne se concentrait plus que sur l'enquête, j'étais obsédée par cette enquête, corps et âme impliquée. La salle d'attente de l'hôpital était plongée dans une atmosphère oppressante et lugubre. Le plafond, écaillé par endroits, laissait apparaître des fissures noires, comme des veines. Les néons clignotaient sporadiquement, projetant des éclats de lumière blafarde qui accentuaient les ombres, rendant chaque recoin encore plus menaçant. Le bourdonnement incessant des lampes ajoutait une note de tension, une menace sourde et omniprésente. Les sièges en plastique dur, alignés en rangées parfaites, demeuraient inconfortables et froids, leur surface étaient usée et tachée par les nombreux visiteurs qui y avaient laissé leur trace. L'odeur de désinfectant flottait dans l'air, mêlée à celle plus subtile mais persistante de la maladie et de la peur. Chaque respiration était lourde, chaque battement de cœur résonnait comme un tambour dans ce silence oppressant. Des posters décolorés sur les murs tentaient de rassurer les patients avec des sourires artificiels et des slogans apaisants, mais leur aspect fané ne faisait qu'accentuer le sentiment de désespoir. Un vieil horloge, fixée au-dessus de la porte de la salle de consultation, émettait un tic-tac sinistre, semblable au compte à rebours d'un destin inévitable. Les secondes s'étiraient, transformant chaque minute en une éternité de suspense insoutenable. Les murmures des autres patients et le cliquetis des stylos des infirmières ajoutaient une cacophonie angoissante, comme une symphonie de terreur orchestrée par l'hôpital lui-même. J'attendis un temps interminable avant d'entendre cette phrase bénie.
- Madame, le patient est réveillé, merci de rejoindre le personnel infirmier en salle de consultation pour l'analyse de la situation.
Sans attendre plus d'information je parti, me dirigeant rapidement vers la salle demandée. Les médecins en charge de ce garçon m'attendaient assis autour d'une table. Une expression neutre habitait leur visage impassible. Ils me firent signe de m'asseoir, ce que je fit avec empressement, et ils me tendirent une feuille. Mes yeux la parcourait, chaque ligne ajoutant une réponse à mon hypothèse.
Nom Prénom : Sam Walten
Sexe : Mâle
Adresse : Shoreditch Londres
Âge : Né le 18/01/2005
Statut : Porté disparu depuis le 18/01/2014 à 17h
Porté disparu... J'en était sure, Sam faisait parti des adolescents disparus. Tout colle, le jour de sa disparition semblable à son anniversaire, son âge, d'après les informations il est le deuxième adolescent à avoir été enlevé. Et sûrement le premier à avoir réussis à s'échapper. Malheureusement il est amnésique. D'après les médecins il ne sait rien d'autre que ce qui est maqué sur cette frêle fiche. Si je veux des réponses je devrais être patiente, très patiente. Sam resta alors la nuit à l'hôpital, il n'avait nul part où aller. De ce que j'ai compris, suite à sa disparition, les parents de Sam seraient mort d'un accident de voiture en revenant de son enterrement, le considérant comme mort. Cela faisait de lui un orphelin. Le peu de famille qu'il lui restait habitait bien trop loins, dans le Texas, pour revenir s'occuper de lui.
Les jours passèrent, je revenais voir Sam le plus souvent, résignée a lui soutirer des informations une fois son amnésie guérie. Si elle guérit... Et puis un jours, alors que je procédait à l'interrogatoire quotidien, il répondit pour la première fois.
- C'est la bas, dans l'usine...Ils sont tous là bas...
L'usine ? Il y en a bien une à Londres mais cela fait des années qu'elle est fermée et plus personne n'y va. C'est désert...Un lieu parfait pour mener des activités cachées de tous...
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N.D.A : Merci à tout ce qui votent, commentent ou juste lisent, je vous adore.
Chapitre publié le 15/12/2014
1183 mots
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