La découverte de Charleen🤭
Une nouvelle semaine commence et je n'ai qu'une seule envie, rentrer à la maison pour pouvoir lui parler au téléphone. On est pas mal occupé ces derniers temps et il me manque. J'essaye très fort de ne pas négliger mon travail, je dois rester pro même s'il occupe le trois quart de mon cerveau. J'arrive aux alentours de midi, une pile de retour m'attend déjà sur mon bureau. Je dépose mes affaires dans mon casier et je commence tout de suite mon travail le sourire aux lèvres. Je prends les livres pour les déposer sur mon chariot et je parcours les rayons.
C'est là que je le vis. Au tournant d'une rangée, Nate était assis plus loin. Il avait choisi un pouf immense dans lequel il était étendu n'importe comment. Dans ses mains, un livre qu'il feuilletait décourager, plus qu'il ne le lisait. Sur la table devant lui, trois autres bouquins de la bibliothèque et son sac à dos. Je ne l'ai pas vu entrer, ce qui veut dire qu'il devait être là avant mon arrivée. Je me dirige vers lui me disant que je peux le déranger puisqu'il ne semble pas vraiment lire de toute façon.
-Hey, qu'est-ce que tu fais là?
Il relève les yeux et les pose sur moi avant de jeter négligemment le livre sur la table à côté des autres.
-Je m'emmerde, ça parait pas? Je croyais que t'allais être là, mais tes collègues m'ont dit que tu commençais plus tard, du coup, elles m'ont conseillé des livres de merde. M'explique t-il en montrant les quatre livres sur la table basse.
Il se relève difficilement du pouf dans lequel il était installé et se dirige vers moi pour me voler un baiser.
-Maintenant que tu as commencé ton shift, je vais pouvoir te déranger ! Ajoute-t-il heureux.
-Ce n'est pas sympa pour les gens qui ont écrit ses livres. Je précise sans trop savoir pourquoi j'ai besoin de protéger ses auteurs.
Nate secoue la tête découragé avec un petit sourire en coin.
-Beaucoup trop de gens présume qu'il suffit de savoir écrire pour être auteur, mais c'est faux. Les belles phrases et les belles paroles ne suffisent pas à dire que nous avons écrit une histoire. Ça l'aide, mais ce n'est pas tout. Pour être un véritable auteur, il faut aussi captiver les gens. Être original. Tenter ce qui n'a jamais été vu.
Je l'écoute attentivement, curieux de savoir ou il voulait en venir. J'en oublie complètement ma tâche.
-Parmi ses rayons, j'ai vu trop de livres tirer en longueur, sans action ou avec beaucoup trop de description. Trop de livres clichés et manquant d'originalité. N'as-tu pas remarqué que tous les livres post-apocalyptiques se ressemblent ? Un peuple divisé en faction et désirant élargir leur horizon. Tous ceux qui parlent d'amour commencent et finissent généralement de la même façon. Si ce n'est pas un ennemi to lover, ce sera deux parfaits inconnus qui tombent sous le charme l'un de l'autre en quelques jours ou quelques semaines.
Je continue de l'écouter en plaçant les revues à leur place sur le présentoir.
-Mais moi je ne veux pas de ses livres banales. Je ne doute pas que ce que je considère comme de la merde fascine les jeunes femmes en manque d'amour, mais la gamme des lecteurs est plus large que cela. Vos livres devraient être classés par catégorie et non auteur. Livre cucul, livre intéressant. Me mime-t-il de ses mains avant de continuer son monologue.
-Ce que je cherche ce n'est pas le jeune orphelin ou garçon adopté qui l'ignorait, jusqu'à ce que des gens d'autre-monte viennent le chercher. Je ne veux pas d'un héros qui apprend à se battre ou maîtriser un pouvoir qu'il ignorait avoir jusqu'à maintenant en quelques semaines. Personne ne peut faire ça! Ce n'est aucunement réaliste.
Il prend une pause un moment en regardant par la fenêtre l'air absent puis il ouvre la bouche à nouveau et moi je l'écoute, pendue à ses lèvres.
-Je cherche un personnage principal qui va frapper le mur violemment. Celui qui n'en a rien à foutre de sauver le monde, tant et aussi longtemps que dans sa vie, les choses vont bien. Celui qu'on oblige à se battre, alors qu'il le précise qu'il préfèrerait être cacher et celui qui croit dur comme faire qu'il a résolu l'énigme du sphinx, mais se rend compte qu'il s'est gouré et doit fuir pour ne pas se faire dévorer. Mais si peu de livre parle de ceux-là. Conclu-t-il tristement.
-Est-il encore en train de critiquer tous les livres dans notre bibliothèque ? Demande Charleen qui arrive en arrière un sourire amusé et découragé à la fois.
-Je critique ce que je veux, ma jolie, lui répond mon copain en se retournant vers elle. Tes choix de littérature laissent grandement à désirer. Précise-t-il en désignant les livres sur la table.
Elle le regarde amusé plus qu'insulter.
-Tu devrais être critique professionnel. Tu es doué là-dedans.
-Et voilà un nouveau métier à rajouter à ceux qu'on me dit que je devrais faire. À mettre au côté de professeur, écrivain et mannequin. Voyez-vous le problème dans chacun de ses métiers est qu'il comporte tout un défauts. Je suis un bon professeur quand il s'agit d'un sujet qui me passionne et que j'ai réellement l'impression que les gens à qui je parle m'écoutent. Ce qui n'arrive jamais dans une classe remplie d'élèves obligés d'être là.
On éclate de rire et je continue de ranger mes livres.
-Pour ce qui est d'écrivain, j'ai plusieurs œuvres dans mon portable, mais aucune ne me rend assez fier pour que je tente de les publier. Moi, à la différence de d'autres auteurs, j'ai la retenu d'attendre pour offrir un chef d'œuvre au gens, même si ça implique que mon nom ne se retrouve que sur un seul bouquin dans cette immense bibliothèque. Je publierais quand j'arriverais à mon tour à répondre à mes critères de sélection.
J'enregistre ce qu'il vient de dire dans mon crâne. Évidemment qu'il écrit, il ne connaît pas autant sur les livres pour rien. Je souris en rougissant en me disant que peut être un jour, il me laissera lire ces travaux.
-Quant au mannequin... pourquoi vous ricanez? Vous croyez que je ne pourrais pas l'être? Effectivement, faire le beau pour des clichés n'est pas mon truc et j'aspire à être aimé pour autre chose que mon merveilleux profil.
J'en peu plus et j'éclate de rire dans cette bibliothèque un peu trop silencieuse. Charleen me suit et à voir son expression amusée, il n'est pas fâché.
-Pour terminer, critiquer est plus un trait familiale et je ne vous mentirais pas, je me tombe moi-même sur les nerfs chaque fois que je me mets à critiquer quelque chose, car je me rends souvent compte que je suis comme mes parents.
Puis il s'arrête contemplant le vide comme si sa vie entière n'était qu'un mensonge triste. Charleen secoue la tête.
-Je ne connais rien qui correspond à tes critères disproportionnés.
Nate fait mine d'être insulté et se retourne vers moi.
-Disportionné ? Tu trouves que j'ai des exigences disproportionnées, chéri ?
Je ricane en hochant la tête pour approuver ma collègue. Nate joue maintenant l'outré. Je sais que ce n'est qu'une comédie, car je vois son sourire mal retenu.
-Comment osez-vous ! J'essaie de vous inculquer des goûts, ce que vous manquez tous les deux grandement. Aucun respect pour ma personne. Vous ne me reverrez plus jamais ici !
Il fait mine de s'éloigner et Charleen l'observe faire en roulant des yeux.
-Il va revenir dans moins d'une semaine pour lire d'autres bouquins dans son coin. Me précise ma collègue comme si ce n'était pas une évidence.
-Ou m'embêter. Je réplique quand même un peu déçu qu'il ne reste pas plus longtemps.
J'ai cette envie de partir à sa poursuite pour le convaincre de rester et m'observer travailler, mais il ne ferait que me déconcentrer et j'aurais l'air désespéré. À moins que je trouve un livre qui le tiendrait tranquille pendant le restant de mon quart de travail. Lorsque je vois Charleen s'éloigner, je remarque que Nate est parti sans son sac à dos, ce qui me donne l'excuse parfaite pour le retrouver. Un peu étourdis mon petit-copain. Je le retrouve devant les portes de la bibliothèque, les fixant l'air préoccupé.
-Ça va ?
-J'ai l'impression d'oublier quelque chose d'important.
-Effectivement, tu as oublié ton sac. Je lui signale en lui brandissant sous le nez.
Son regard s'illumine et je le vois rougir en le reprenant.
-Oups, dit-il simplement en souriant.
-Un anti-héros.
-Pardon ?
-Ce que tu cherches c'est un livre avec un anti-héros comme personnage principal.
Il hoche la tête.
-Et tu en as un à me conseiller ?
-Je peux faire des recherches si tu veux.
-L'idée me plaît.
Il vient me voler un autre baiser rapidement avant de me sourire.
-Je dois quand même y aller. Mon cours de ce matin avait été annulé, mais pas celui de cet après-midi. On s'écrit.
-Oui. Pas de problème.
Il installe mieux son sac sur ses épaules et quitte finalement la bibliothèque. Lorsque je me retourne je vois avec horreur que Charleen me dévisage et à clairement vu se baiser offert.
Je fige, la regardant avec les yeux gros comme des billes baragouinant des mots incompréhensibles. Il faut que je lui explique que ce n'est pas ce qu'elle croit! Mais qu'est ce qu'elle croit au juste? Et si, ... et si elle étais homophobe? Parce que oui, c'est un simple geste qui pour moi me semble parfaitement normal, mais pour certain non et j'oublie... J'oublis que dans la vie les gens peuvent parfois éprouver de la haine envers ça. La peur du jugement m'envahit et je ne me sens pas très bien. Je me vois déjà lui sortir un tas d'excuses, mais.. je n'ai pas besoin.
-Je me demandais où tu étais je te cherchais. Nous avons reçu les nouveautés, tu viens?
Attendez quoi? Pas d'expression de dégoût, de remarque ou de changement de comportement? Je referme ma bouche parce que je viens de me rendre compte que je l'ai laissée ouverte et je la suit sans rien ajouter. Mais, plus les minutes passent, et plus sa non-réaction me tracasse. Est-ce qu'elle nous juge sans le laisser paraître? Peut-être qu'elle s'en fou aussi Mat. Ou elle ne vous à pas vue et tu paniques pour rien. Elle ouvre la boîte et nous vérifions l'état des livres.
-Charleen?
-Hum? Me répond-elle, occupée à lire le bon de commande.
-Ce que tu as vue dehors.. tu .. ça te fait quoi?
Elle dépose le bon de commande sur le bureau en ajustant ses lunettes sur son nez.
-Qu'est ce que je suis sensé avoir vue dehors?
Mon cœur bat plus vite et je joue nerveusement avec mes doigts. Je n'aime pas quand on me retourne la question je ne sais jamais quoi répondre.
-Bah.. moi et Nate .. on .. s'est embrasser.
-Oh ça, bah je me doutais bien qu'il se passait quelque chose entre vous deux.
Ce qu'elle me dit me rassure, mais pourtant cela ne me semble pas assez pour m'apaiser totalement. Je veux juste être sur que je ne la dégoûte pas.
-Et.. ça ne te fais rien?
Elle me sourit franchement en me regardant dans les yeux.
-Tu veux savoir ce que j'ai vue dehors c'est ça?
J'hoche la tête, plus trop certain de vouloir savoir la réponse.
-J'ai vue un couple qui s'aime.
Ma pression redescend d'un coup coup et je souris en rougissant. Je sélectionne quelques livre pour commencer leur traitement lorsqu'elle revient à la charge avec son sourir espiègle.
-Mais dis moi toi petit coquin. Ça fait combien de temps vous deux?
-Heu, quelques semaines. Presque un mois je pense.
-Oh je vois, alors est-ce que vous avez déjà passé à l'étape supérieure?
Je manque de m'étouffer avec ma salive et je deviens plus rouge qu'une tomate.
-Quoi!!? Hein heu... bah c'est que .. je.
Elle éclate de rire devant mon malaise. D'accord je vois, elle voulait seulement se moquer de moi, la vraie réponse ne l'intéresse pas vraiment.
-Alors? Vous l'avez fait?
-Non! Enfin... on à fait des choses.. mais pas ça.
J'ai l'impression de me planter à chaque mot qui sort de ma bouche. Alors je me tais et je commence à travailler en me concentrant sur autres choses que les images qui me viennent en tête de ce que nous avons fait moi et lui. Je l'entend rire derrière moi et je la remercie mentalement de ne pas continuer à me poser des questions gênantes. Cependant, je la remercie un peu trop tôt.
-Psttt Mathias, quelles genre de choses?
Et elle éclate de rire en se tenant l'abdomen. Une chance que notre patronne n'est pas là aujourd'hui, sinon elle nous aurait probablement grondé. Je rougis mal à l'aise en ricanant et je la vois s'essuyer les larmes du coin de sa chemise rayées. Les heures défilent et c'est le temps de prendre ma pause. Je m'isole dans la salle des employés, je m'écrase sur une chaise et je souffle un coup. J'ouvre mon téléphone pour voir si j'ai des notifications, et je saute de joie en voyant un message de Nate. Je l'ouvre avec empressement.
-Je n'aurais pas dû mettre mon nouveau pull en laine. J'ai les mamelons irrités, ça frotte.
Je relis son message plusieurs fois pour être bien certain de ne pas rêver, et c'est bien ce qu'il à écrit. Je pouffe de rire. Il n'est pas sérieux là.
-La laine ça gratte Nate🤣, t'est pas en cours?
-Oui, mais le prof s'en fou si on texte devant lui.
-Quel bon professeur.
-Le gars à côté de moi essaye de lire ce que je t'écris🤣🤣🤣. Back off dude.
-Il va être déçu c'est rien de très coquin. 😅
Et c'est à ce moment que nos échanges deviennent un peu plus spicy. Ma pause se termine et je rejoins Charleen un peu trop de bonne humeur.
On termine l'entrée des livres dans le système, c'est bientôt l'heure pour moi de rentrer. J'ai encore le temps d'essayer de lui trouver un bon roman. Je pars alors en mission de reconnaissance. Je dois trouver le livre parfait! Je fais quelques recherches en notant ISBN des livres ayant passé le test de sélection et je pars sillonner les allées. J'en trouve deux qui pourraient potentiellement lui plaire, considérant ses critères pas mal exigeants. Je recherche son dossier et je lui emprunte à son nom en repoussant sa date de retour.
Je ramasse mes affaires et je quitte en saluant Charleen, soulagé qu'il n'y ait aucun froid entre nous. Elle attend que je sois assez loin pour me lancer l'un de ses fabuleux conseils.
-N'oubliez pas votre casque de bain avant de plonger!
Je baisse la tête en marchant sans me retourner, affreusement gêné. j'espère qu'il n'y avait plus personne à la bibliothèque à part nous. Je referme les portes sur son rire et je sens enfin l'air de septembre me rafraîchir le visage. Vivement que les feuilles changent de couleur et qu'elles tombent par terre pour que je puisse marcher dessus. J'ai hâte de pouvoir me promener avec Nate dans les feuilles, boire les boissons chaudes infusées aux épices de citrouille et de cannelle. Je sers ses deux livres dans mes bras et je retourne à la maison en pensant à lui. Je lui écrirai plus tard que je lui ai trouvé deux livres.
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