Chapitre 43 • Thanksgiving (3/3)

Point de vue Gabriel

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— Désirez-vous boire quelque chose, Monsieur ?

Je détache les yeux de mon téléphone et me tourne vers... un serveur que je ne connais pas. Alors pour servir la table des Prescott, soit les propriétaires de cet hôtel, ils envoient maintenant les nouveaux ? Étrange choix managérial.

— Un Sazerac, s'il vous plaît.

Il repart et me fichant de connaître son nom, je ne le retiens pas pour le lui demander avant. À part Bob bien sûr et Roger depuis cette fameuse embuscade contre Edward dans l'ascenseur, je ne sais rien des employés. Je ne cherche pas à y remédier, ils sont tous pour moi dans l'équipe « Jack » — normal, il est celui qui les paie — donc je préfère garder mes distances.

En parlant de ma famille, si on peut la définir ainsi, je l'attends depuis vingt minutes, seul à une table du restaurant, et je commence à m'impatienter. Ils foutent quoi ? Plus vite ce repas débutera, plus vite il se terminera. Qu'ils bougent leurs culs !

Le retard de Jack peut s'expliquer, il revient de... Je ne me rappelle plus. La Nouvelle-Orléans ? Ou peut-être Ford Lauderdale ? Bref, quelque part dans le Sud Est, une ville au nom composé. Son vol a pu être repoussé ou mieux encore, se crasher. Edward, en revanche, je ne lui trouve pas d'excuse. À moins que, comme moi, il ait souhaité très fort éviter ce dîner, et que lui son vœu de choper une gastro fulgurante soit miraculeusement exaucé.

Pour m'occuper, je me remets à traîner sur Instagram et like une story de Fallon qui montre son jumeau dans le Vermont au milieu de paysages orangés, les Montgomery ayant quitté la ville pour Thanksgiving, lorsque mon demi-frère arrive enfin. Je vérifie l'heure. 20h28, il était temps.

— Mais regardez qui nous fait l'honneur de sa présence !

Il m'adresse un regard blasé et s'installe en face de moi, se posant lourdement. Même s'asseoir, il ne sait pas le faire correctement...

Il semble fatigué. Mais mentalement, pas physiquement. Ça ne m'empêche pas de jouer les relous.

— On fait partie de la haute société. Ok, tu es ici « chez toi » et ce restaurant se trouve dans le même bâtiment que ton appart, mais ça reste un établissement huppé. Puis on le représente, on doit montrer une bonne image à la clientèle.

Pour me faire chier, il relève les manches de sa chemise, dévoile ses tatouages aussi nombreux que colorés, et pose ses coudes. Oui, sur la table. Jack pèterait un câble s'il le voyait faire.

— Moi et mes mauvaises manières, on t'emmerde.

— Le langage est aussi à revoir...

Il lève ses yeux au ciel avant de pointer sa tenue avec une certaine fierté.

— Les habits par contre, tu ne peux rien critiquer.

Je me penche, analyse ses fringues en détail et suis obligé de reconnaître avec étonnement que oui, c'est un sans faute. Chemise noire Tom Ford, pantalon noir également Brunello Cuccinelli, montre Hublot sans doute offerte par Jack car j'ai reçu la même un Noël. Bon, les pompes, c'est des baskets, mais il a fait de gros efforts sur les vêtements. C'est indéniable.

— Bethany a joué les relookeuses ? Ou tu en avais juste marre que les gens te regardent avec mépris ?

— Je cherchais à me taper une vendeuse de Bloomingdale's donc je suis resté longtemps en boutique.

Je pince mes lèvres, retenant difficilement un sourire. Alors ça, je ne m'y attendais pas.

— Et tu as réussi ?

La question part toute seule. Pourquoi je m'intéresse à sa vie ? En tout cas il ne me le fait pas regretter :

— Dans la cabine d'essayage.

Je laisse cette fois échapper un petit rire. Bien joué, voici ce que je prononcerais si je ne le détestais pas.

Le serveur revient avec mon cocktail et prend sa commande. Il demande la même chose, ce qui me pousse au sarcasme.

— C'est une boisson de gentlemen, fais-je remarquer en la goûtant.

— Alors pourquoi tu la bois ? Puis le niveau zéro en bienséance, ce n'est pas attendre que la tablée soit servie ?

Je pose mon verre. Un point pour lui.

— Le béaba, c'est quand même la ponctualité.

Il hausse les épaules, insensible à mon énième réprimande, mais prend le temps de se justifier.

— Un appel qui s'est prolongé. Une de mes amies avait besoin de parler.

Dans son intonation, je sens une envie de me piquer, et avec une telle info il ne peut que réussir. Edward a une seule pote meuf et qu'elle préfère se confier à lui me rend vert de jalousie. Ma mâchoire se serre. Je veux être celui que Hailey appelle quand ça ne va pas bien. C'est moi son... Son quoi, Gab ? Tu es son quoi ? Merde, aucune idée.

— Un problème avec Hailey ? me contenté-je de lancer, penaud.

Il fait « non » de la tête. Ce simple geste me rassure et je me persuade que si ça avait été grave, elle me l'aurait dit. Évidemment.

— Les repas en famille, ça part facilement en vrille. (Il bloque sur l'épaisse nappe, semblant réfléchir intensément à leur discussion. Malheureusement, il n'assouvit pas ma curiosité et change de sujet.) Pas le moindre double appel ou même texto de Jack qui me demandait de vite rappliquer. Il est où ? T'as eu des nouvelles ?

À mon tour de répondre par la négative.

— Aucune. Avec un peu de chance, il est mort dans une catastrophe aérienne et demain on sera plus riches que Crésus.

Il ricane et bizarrement ça me fait plaisir. Peut-être que lui aussi, sa relation avec notre père est bancale. Je réalise soudain que j'en sais foutrement rien. C'est dingue, non ?

— Ne l'est-on pas déjà ?

— Par procuration, seulement. C'est différent.

Il acquiesce et plein d'interrogations me viennent. Comment s'entendent-ils ? Est-ce froid ? Ou pas forcément mais juste cordial, comme entre un père et un fils qui n'ont jamais vécu ensemble ? Edward a-t-il également une liste de reproches gigantesques ? Si oui, lui en fait-il part ou comme moi, c'est un dégonflé qui garde tout pour lui ? Est-ce qu'il aime Jack ?

Putain, je ne m'étais jamais posé toutes ces questions. En même temps, quel intérêt ? Leurs réponses diminueraient-elles ma haine pour Edward ? En vrai... C'est possible. Je crois que s'il détestait notre paternel, ouais. De un, ça nous ferait un point commun. Dieu sait qu'on en a pas beaucoup ! Et deuxièmement, je me sentirais épaulé. C'est bête, hein ? Mais j'ai toujours été seul contre lui et cette guerre perpétuelle elle-même autant que ma solitude dans chaque bataille sont deux choses extrêmement pesantes au quotidien. J'aurais le sentiment que mon fardeau est partagé. Avoir Jack Prescott comme géniteur, voilà déjà une charge mentale énorme, mais se battre contre un ennemi aussi puissant ? C'est harassant. Il faut le vivre pour comprendre.

Réveillé par le tintement du métal sur un verre, quelqu'un portant un toast non loin, je secoue la tête et me reconcentre sur l'instant présent. Il faudrait que j'en parle avec lui. Un jour. Ça se trouve il l'adore, le surnomme « papa » et l'idolâtre, comme tous les habitants de Wealthshire. Mais désormais, j'ai envie de savoir. Voire même besoin. Au pire, ça me fera juste une raison supplémentaire de le haïr.

Le nouveau serveur débarque et met définitivement fin à ces pensées sans queue ni tête. Il apporte le cocktail d'Edward.

— Merci, Steven.

Je roule aussitôt des yeux. Il sympathise avec tout le personnel ou quoi ? Je vais passer pour un connard, à force.

— Tu fais trop le mec du peuple.

Cette observation le fait marrer.

— J'en ai toujours fait partie. Avec lui, j'ai grandi, suivi mes cours, joué dehors, fait toute sorte d'expériences. Le « peuple », c'était mes profs, mes amis, mes petites copines, mes plans culs, mes connaissances, ma mère...

Sa voix est ironique et il mime les guillemets, se foutant ouvertement de ma gueule, jusqu'à la mention de Katherine. Je ne relève volontairement pas. Pour notre bien et maintenir cette paix relative — d'ailleurs elle sort de nulle part, les miracles de Thanksgiving ont remplacé ceux de Noël —, le sujet de nos mères est à bannir.

— Toi, tu recevais chaque mois une pension généreuse.

— Et je vivais dans une grande maison achetée par Jack, oui. J'ai cependant pas eu ton mode de vie, encore moins des employés. Chauffeur, femmes de ménage, cuisiniers... C'est nouveau pour moi.

— Tu n'as pas de chauffeur.

Il se laisse tomber contre le dossier, s'affalant presque dans la chaise. Une position nonchalante qui lui ressemble et prouve qu'il se détend légèrement. Moi aussi, je crois.

— Non. J'aime trop la moto pour ça.

— Plutôt canon ta bécane au fait.

Un vrai sourire étire ses lèvres. C'est la première fois devant moi.

— Merci. Quand je me la suis payée, j'ai compris pourquoi on disait que l'argent faisait le bonheur.

Je ne peux m'empêcher de rigoler. Je comprends sa réflexion.

— Et les tatouages, c'est pour te donner un style biker ?

Il pousse un long soupir.

— Qu'est-ce que vous avez tous, avec ça ? Vous n'avez jamais rencontré de personnes tatouées ?

— Dans un milieu comme le nôtre, aussi guindé et qui mise tant sur les apparences, c'est rare. Ça ne va pas avec un tel rang social.

Edward écarte ses doigts immaculés, les regarde. Il paraît songeur.

— Je n'en ai pas sur les mains, ni dans le cou. J'ai fait en sorte de pouvoir les cacher. Je ne suis pas fou, je souhaite devenir avocat, ils auraient pu entraver ma carrière. Par contre, je n'imaginais pas que ça me serait utile à Wealthshire, avec tous ces puristes. (Il se remémore brusquement un truc et fait un geste avec son menton, comme pour me défier.) Et d'abord, Hailey aussi est tatouée. Ça te dérange sur elle ?

Je me raidis. Il a trouvé un de mes points faibles et décidément il kiffe l'utiliser. J'ai conscience de le mériter, il ne fait que rendre les coups, mais ça me gonfle.

— Hailey en a un, pas une centaine. Puis il est discret, et joli. (Tout à coup, je marque une pause, me rappelant son emplacement.) La phrase est sur l'une de ses côtes. Comment tu es au courant pour le tatouage ?

Je ferme les poings, envahi par la colère, une angoisse familière et surtout des images salaces. En prime, son rictus ne fait qu'accentuer tout ça.

— Bah quoi ? Tu la baises habillée, toi ?

Maintenant, je vois rouge, une colère incandescente prenant le dessus. Je me redresse, prêt à lui mettre une beigne, mais il lève hâtivement ses paumes.

— Du calme ! Je plaisante. On en a parlé, c'est tout. (Il prend un air narquois.) Je te rappelle que se battre en public, c'est très mauvais niveau image. Je croyais qu'on se trouvait dans un établissement huppé et qu'on le représentait ?

Je me rassoie. Il reprend mes paroles et à juste titre. J'ai déjà dérapé dans le hall, je ne vais pas remettre le couvert ici. Jack me défoncerait.

— On est à 1-1 pour les coquards reçus, dis-je en retrouvant mon calme. Ça serait mieux de rester à égalité. Alors s'il te plaît, je te le demande comme une faveur, arrête de t'en servir pour me faire chier. Impliquer Hailey me fait dégoupiller.

Il continue d'afficher un sourire moqueur, l'enfoiré.

— Depuis quand on échange des faveurs ? Et justement, ça t'atteint facilement, du véritable pain béni. (Il se rapproche de la table, se penche vers moi, et je sens direct l'indiscrétion arriver.) Qu'on soit clairs, votre pseudo couple me dégoûte, mais je suis curieux... Tu as des sentiments pour elle ?

Je ne réfléchis même pas à la question.

— Oui. Bien sûr que oui. Ça se voit pas ?

Pourquoi éluder ou nier ? Je n'ai pas honte de mes sentiments, juste la trouille qu'ils ne soient pas réciproques, raison pour laquelle je les avoue devant mon demi-frère et pas la concernée.

Étonnement, il est satisfait de ma réponse.

— Si. Bordel, si. (Il se pince l'arête du nez.) Trop pour que je puisse t'en vouloir, en réalité. J'en désirais simplement une confirmation.

— L'amour ne se contrôle pas, comme on dit.

Il arque un sourcil. L'utilisation du terme « amour » me surprend, moi aussi. Dans un élan de bonté inattendu, il ne me charrie pas là-dessus.

— Si tu fais de la merde avec elle, on passera à 2-1 en matière de raclées, tu es prévenu.

— Je ne lui ferai aucun mal. Ce qui peut lui en faire, à long terme et malgré moi, c'est ma situation. Mon faux couple et toutes les obligations qui vont avec. J'y réfléchis beaucoup en ce moment.

Je m'interromps tout seul. J'étais prêt à continuer, m'épancher, me confier... Puis je me suis rappelé qui est l'interlocuteur. Je ne me confesserai pas à Edward. Hors de question. Il pourrait le retourner contre moi et ça serait trop chelou. Bien que notre conversation le soit déjà pas mal, particulièrement sa durée infinie.

Il fait tourner le liquide dans son verre, pensif.

— J'étais halluciné quand elle a tout balancé. Jack ferait vraiment n'importe quoi pour son entreprise.

Un pli barre son front, ce constat semble fortement lui déplaire. Normal, il signifie que Jack est un grand malade. Il n'a pas de limite.

— Fais gaffe, il a un nouveau fils disponible, à portée de main et célibataire. Prépare le costard et les faire-part, un mariage arrangé peut vite être organisé. Attends, j'ai une idée de génie ! Victoria ne te plaît pas ?

Je feins un enthousiasme débordant, comme si j'avais trouvé la solution à tous mes problèmes. Il explose de rire.

— Arrête tes conneries. Ce n'est pas mon style et sérieusement, tu permettrais que je marie une ex à toi ?

Je fais la moue. Vu de cette façon...

— Non, effectivement. On a le même sang, le bro code s'applique. (Je songe à Victoria et ma langue se délie naturellement.) Au-delà de ça, je la porte dans mon cœur. Notre relation a beau être compliquée, à cause de la prison qu'elle représente et nos rêves de liberté, enfin surtout les miens, Vic est une véritable amie. La plus chère à mes yeux. On se connaît depuis la maternelle et on vit cette galère ensemble. Je l'adore.

— Tant mieux, si tu dois l'épouser et lui faire des gosses.

Je lui décoche un regard noir.

— Vas-y, enfonce le clou...

— Pardon. (Il ferme les paupières, réalisant son manque de tact.) Et l'accord de confidentialité ? C'est quoi le délire ?

Ah, le fameux contrat qui régit ma vie sexuelle !

— Tu sors encore avec Bethany ? Ta sauterie avec la vendeuse de Bloomingdale's me ferait dire que non mais sait-on jamais.

Il m'observe avec suspicion.

— Pourquoi ? Quel rapport ?

— Pour déterminer si je rajoute une anecdote.

Sa méfiance devient une réelle inquiétude.

— Non, c'est fini. On n'avait pas les mêmes valeurs. Ses agissements envers Fallon... Impossible de passer outre.

Son explication me plaît, il a une certaine morale. Se taper un gars en couple, c'est ignoble. Qui plus est, Oscar n'était malheureusement pas le seul. Avec moi non plus, ça ne l'a pas dérangée.

— Pour te la faire courte, je couchais avec Bethany lorsque notre père est rentré. Il m'a surpris et depuis, il craint que mes prétendues infidélités s'ébruitent et mettent en péril son business. Elles compromettraient ma relation, du moins publiquement car Vic s'en tape, et par conséquent les deals avec sa mère... Elle ne va pas la fiancer à un salaud et lui faire une réputation de cocue. Je fais donc signer un contrat. T'as envie de ma queue ? Dégaine ton plus beau stylo, chérie.

Ma conclusion tout en ironie ne le fait pas rire. Dommage, je commençais à penser que Edward avait un humour pas trop naze. À moins que ce soit l'évocation de Bethany qui pose souci. J'aurais peut-être dû éviter cette mention.

— Je pourrais avoir un exemplaire ?

D'abord, son interrogation me prend au dépourvu, puis je le mate avec dégoût.

— Je suis branché ni hommes, ni inceste. Je peux te filer le numéro de Kyle, en revanche...

Enfin, il se déride et montre un rictus amusé.

— T'es con ! J'étudie le droit. Ça m'intéresse.

À cet instant, mon portable vibre sur la table. Edward sort le sien de sa poche et je comprends qu'on a reçu la même notification.

Un message de Jack. Je l'avais presque oublié.

Bien arrivé mais retenu sur le tarmac. Fouille du jet en cours. Appel anonyme pour drogue. Incompréhensible. M'attendez pas.

Je lâche un souffle qui détend carrément mes épaules, soulagé d'esquiver cette réunion familiale gênante. Ils m'ont entendu, là-haut !

— Moi, j'appelle ça une bonne nouvelle. Il n'est pas mort mais il finira peut-être derrière les barreaux, ça me va.

— T'emballe pas, ricane Edward. La fouille ne donnera rien. Il ne se drogue pas et ne fait aucun trafic.

Un gros rabat-joie, ce type.

— Laisse-moi espérer que cet appel anonyme vient d'une source bien renseignée.

— C'est moi, la source.

Quoi ?

Je recule mon visage sous l'effet du choc. Ça n'a pas de sens, néanmoins il paraît tout à fait sérieux.

— Sans déconner ? C'est toi ? (Il valide et je fronce les sourcils, ne captant que dalle.) Mais pourquoi t'as fait ça ?

Il hausse les épaules.

— La soirée allait être bizarre. Nous trois, ensemble pour Thanksgiving ? Ça ressemble à une blague. Et je me suis dit... (Il cherche visiblement ses mots.) Ça serait pas mal qu'on discute, juste toi et moi. On a plus de vingt balais et ça n'est jamais arrivé.

Je reste sur le cul un moment avant de parler. Déjà par rapport à son initiative, et ensuite car il a raison, on n'a pas eu une seule vraie conversation. Avant, il y avait comme excuse la distance, mais depuis son retour en ville... Que des piques, des embrouilles, rien de constructif. Avec un passif si compliqué, si douloureux, si marquant, il fallait s'y attendre. Pourtant, ce soir, on a réalisé que c'était faisable de juste bavarder, rester en surface, jusqu'à être prêts, un jour, à plonger dans nos souvenirs. Je suis étrangement apaisé par cette découverte.

— Il suffisait de venir toquer. Je ne suis qu'un étage plus bas.

— Mon cul, oui ! Je me serais pointé et j'aurais reçu ta porte dans la gueule. Ne fais pas genre. (Je baisse les yeux, plaidant coupable. Toutes les probabilités vont dans ce sens.) Je n'ai pas voulu te faire le même coup et te coincer dans un ascenseur. J'ai préféré innover.

Et quelle innovation ! Jack en dommage collatéral, je suis plus que fan.

— Elle te vient d'où, cette subite envie de papoter avec moi ?

— Hailey. Si elle t'apprécie, il doit bien y avoir une raison, voire même plusieurs. Surtout la connaissant. Tu n'as pas eu cette réflexion, toi ?

J'hésite à être honnête. Mais à ce stade, inutile de mentir. Lui il s'est ouvert.

— Si. Mais je n'en ai rien fait. C'est resté une simple pensée, égarée parmi beaucoup d'autres.

Il boit une gorgée tandis que je finis mon cocktail. Le silence vient, s'installe, chacun menant sa propre introspection, lorsque soudainement il déclare :

— Avant de monter commander le roomservice, parce que je meurs de faim et qu'on ne va pas forcer en mangeant tous les deux, trinquons.

Ouais, c'était mon plan aussi, faut pas abuser.

— À quoi est-ce qu'on trinque ? Pitié, ne dis pas un truc beauf genre à nous ou à Thanksgiving.

Il rit en secouant la tête, puis lève sa boisson.

— À Hailey, pour ce rapprochement inattendu.

Un sourire éclaire aussitôt mon visage et j'imite son geste, brandissant mon verre vide.

— À Hailey.

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Une autre scène que j'attendais avec impatience, la première vraie conversation des frères Prescott !

J'espère que ce chapitre vous aura plu, je ne savais pas réellement comment le tourner mais au final je suis contente du résultat. Il leur ressemble 👬

Charleen,
🖤

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