Chapitre 39 • Attitude étrange
Tandis que la sonnerie annonce midi, je sors de TD en vitesse, guidée par la faim, et rédige un texto pour Edward.
Tu veux manger où ?
Je reprends tout naturellement mes anciennes habitudes et ne lui demande même pas si on déjeune ensemble, comme avant. Mais c'est tout à fait logique, non ? Comme on s'est réconciliés...
J'ai soudain un moment de panique. Peut-être que non finalement et que je suppose mal ? Heureusement, je n'ai pas encore verrouillé mon téléphone que je reçois déjà une notification. Pas besoin de stresser longtemps.
Rendez-vous à la cafétéria ?
Je pousse un soupir et mes lèvres s'étirent bêtement. Ouf !
— Quel enfoiré te fait sourire avec un message ?
Je sursaute et réalise que Gabriel lorgne par-dessus mon épaule. Quelle commère... Accompagné par Tyler, il me suit à travers le couloir et avec leur taille impressionnante de basketteurs, ils me font sentir toute petite.
— Ton demi-frère. On se rejoint pour manger !
Je parle avec beaucoup d'enthousiasme, ce qui semble lui déplaire. Il lâche sur un ton de reproche :
— Cette idée te rend heureuse, visiblement.
— Oui, je suis très contente ! Je retrouve officiellement mon ami et notre train-train quotidien.
En lui jetant un coup d'œil, je remarque que Gabriel fait la grimace.
— Pourquoi ce froncement de sourcils ?
— J'en sais rien. (Il hausse les épaules.) Sûrement parce que tu déjeunais avec moi quand il te faisait la gueule et que tu es « très contente » que cette période soit révolue.
Arrivée en haut des marches, je m'arrête net et me tourne vers lui. C'est quoi, une crise de jalousie infondée ou bien un problème avec son égo ? Face à sa moue boudeuse, je ne peux m'empêcher de rigoler. C'est ridicule ! Même Tyler roule des yeux.
— Mec, sérieux...
Puisque nous sommes en public, je me retiens de caresser sa joue en avouant :
— Tu dis n'importe quoi. Passer les midis avec toi était plaisant, mais c'était aussi... toute une organisation.
Aller me cacher dans les bâtiments les plus reculés du campus et mettre un quart d'heure à le traverser sous zéro degré alors que je suis en collants, ça ne va pas me manquer.
— Et samedi, juste après ta conversation avec Edward, c'était « toute une organisation » pour descendre un étage et passer la nuit avec moi ?
En mimant les guillemets, il continue à reprendre mes paroles, encore une fois contre moi. C'est mon procès, là ?
— Je devrais certainement me boucher les oreilles, intervient le brun.
— Je t'ai envoyé un message. J'étais fatiguée et je voulais rentrer dormir.
Raconter ma vie avait été bouleversant, sans oublier que j'avais travaillé. Je ne me sentais pas de le rejoindre puis faire comme si de rien n'était.
— On aurait pu simplement dormir.
Je ne sais pas quoi répliquer, ne pouvant donner les justifications nécessaires, alors je fuis lâchement. Je recommence à marcher et descends les escaliers.
Les deux me suivent de près et voyant que je ne compte rien ajouter, Tyler change de sujet.
— Si ça peut te rassurer, moi je suis ravi qu'on déjeune à nouveau ensemble.
Il passe un bras autour de ses épaules mais Gabriel ronchonne toujours.
— Merci, mon pote. Il existe une personne qui m'aime, au moins.
Tyler enchaine, ainsi je ne relève pas son utilisation incongrue du verbe aimer. Il est vraiment bizarre ce matin.
— C'est surtout que pendant ton absence, je trainais avec Kyle qui lui-même était greffé à Brad, et voir le mec de Raph chaque midi était devenu insupportable. Notamment quand il parlait de cul, putain.
— Ah ça y est, ils sont ensemble ?
On sort du bâtiment et aussitôt un vent glacial me fouette toute entière, de mon visage rougie par le froid à mes jambes presque nues. Satané uniforme et satanée jupe !
En s'allumant une cigarette, Gabriel nuance mes propos.
— Non, Tyler dit ça parce qu'il a le seum. Raph a toujours peur de l'engagement, ils restent donc plan cul mais c'est plus régulier et il y a une exclusivité maintenant.
— D'accord mais... Où est la différence avec un couple, du coup ?
— Je sais pas. Où est la différence entre notre relation à tous les deux et un couple ?
— Oh pitié... marmonne le capitaine des Green Sharks.
Je manque de trébucher sur un gravier. Ouais, un caillou minuscule, tellement je suis choquée par la question. Il lui prend quoi aujourd'hui ?
— Pardon ? (Il crache un nuage de fumée et devant son air sincèrement interrogateur, je choisis de rétorquer.) Un mec en couple ne peut l'être avec deux filles en même temps, si ?
Tyler ricane et me tape dans la main.
— Bien dit, Hailey !
Gabriel lève ses yeux au ciel.
— En parlant de ça, je renfile mon costume préféré demain soir, celui de petit ami modèle. (Sa voix est pleine d'ironie.) La famille de Victoria est déjà arrivée pour Thanksgiving et je suis invité à diner.
Je serre les dents. Encore ces obligations pourries... Elles me gavent autant que lui, par compassion et sans doute aussi par jalousie.
— Au fait, vous faites quoi jeudi ?
Tyler répond en premier :
— Moi comme toujours, je vais regarder le foot avec mon père. À Thanksgiving on délaisse notre NBA chérie pour mater la NFL, c'est une tradition et la seule exception.
— Perso je fais un tour aux enfers, déclare Gabriel avant de tirer sur la clope. D'habitude avec Jack on se force à manger ensemble au resto du palace mais cette fois double peine : Edward sera autour de la table.
Je lui mets un coup avec mon bras.
— Arrête, tu en fais des caisses.
— Tu rigoles j'espère ? Pour rappel, je l'évite depuis notre bagarre au East Waves, quand son poing a fini dans ma tronche. À cause de toi.
— Et toi, Hailey ? Ta mère revient en ville pour l'occasion ?
Tyler essaye une nouvelle fois de ramener la paix. Elle se barre vite, celle-là !
— Oui et mon grand-père vient du Texas. J'ai plus que hâte de le revoir, ça fait un bout de temps.
M. O'Connor serait énervé que je le vieillisse mais tant pis. J'avais envie de partager la bonne nouvelle et de toute manière il ne le saura jamais.
Nous atteignons le croisement où il faut que je tourne pour rejoindre Edward à la cafétéria. Comme il est temps pour moi de les quitter, je me stoppe et prends le risque d'interroger Gabriel, bravant sa mauvaise humeur flagrante :
— Vu que tu dînes avec ta belle-famille mardi et que mon grand-père arrive mercredi, on se voit quand ? Il reste pour le week-end de quatre jours, je risque d'être pas mal occupée.
En réalité, c'est surtout parce que je vais bosser. Autant de temps libre, ça me permet de bien augmenter mon salaire, même si j'aurais préféré le voir et me reposer.
Ma question détend le blond, il a soudain les épaules moins contractées et les traits moins fermés. Formidable !
— Ce soir ? L'entraînement démarre à 19h mais on peut se retrouver dans le gymnase avant.
— Tu sais que baiser avant un effort physique réduit fortement les capacités ? Je te le déconseille, après tes performances seront nazes, j'ai testé et pas approuvé.
Gabriel et moi ignorons royalement son capitaine. Ce n'est pas un match et personne a dit qu'on « baiserait ».
Mes cours finissent exceptionnellement tôt, ça me fait revenir à Bayford que pour lui, mais il semble avoir besoin de ce moment. Pour une raison très obscure d'ailleurs... Quant à moi, j'ai très envie de lui voler quelques baisers et de le sentir tout contre moi.
— Ok pour 18h30 au gymnase, Green Shark numéro 1.
Et sur ces mots, je pars manger avec le deuxième frère Prescott, toute guillerette.
~~~~~~
Un Gabriel possessif et une Hailey de plus en plus douce, ces deux-là ont bien évolué depuis le début !
Rendez-vous au gymnase pour le prochain chapitre 😉
Charleen,
🖤
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