Chapitre 30 • À la belle étoile

Point de vue Gabriel

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Je me sens vidé. Parler de mon enfance, tout déballer à quelqu'un, ça fait du bien et mal, les deux à la fois.

On reste silencieux un long moment, mes paroles flottant encore dans l'air. Elle mémorise les révélations faites pendant que je regarde le ciel devenir sombre et me concentre sur le bruit des vagues. En passant la chercher, je n'avais pas imaginé faire un tel monologue et me confier autant. Il me faut du temps pour reproduire la salive utilisée. Sans déconner, je suis plus à nu que dans un lit.

— Tu ne lui en veux clairement pas. À ta mère je veux dire, pour avoir laissé tomber. Je me trompe ?

La joue contre mon bras, elle brise le silence avec une question justifiée. Le suicide est tabou, pourtant chacun a son opinion dessus. Forgée par cette expérience, la mienne est pleine de tolérance.

— Non. Elle avait ses propres limites et souffrait beaucoup. Je ne trouve pas ça lâche, je le prends comme une dernière solution, pas un abandon.

Les antidépresseurs ne suffisaient pas, l'amour de son fils non plus, la fortune encore moins. J'ai peu de souvenirs et ils sont flous, toutefois je me rappelle ses pleurs constants. Contrairement aux humains, les anges ne peuvent que sourire.

— Votre père est un monstre. À chaque nouvelle info obtenue sur lui, je le hais davantage. En plus, il refait le coup du mariage forcé avec toi. Il devrait être le premier à savoir que ça rend malheureux.

Sa remarque est très pertinente. En prime, elle me permet un changement de sujet bienvenu.

— On est d'accord. Heureusement que Vic se fiche de mes aventures extraconjugales. Toi, en revanche...

Elle se redresse et me cogne avec son épaule. Je rigole en basculant sur le côté, amusé par sa curiosité malsaine.

— Tu fais bien de remettre ça sur le tapis ! Il s'est passé quoi avec Bethany ?

Elle saute tête la première. La conversation prend un ton léger et je respire mieux.

— Je t'ai raconté mon expulsion du penthouse ? Pourquoi je vis dans ma suite, un étage plus bas ?

— Oui. Jack t'a surpris en pleine coucherie. Tu sautais une fille qui n'était pas Victoria et il a pété un câble. Il a critiqué ta discrétion bancale et depuis tu fais obligatoirement signer un contrat.

Elle me regarde, attendant la suite, et je me contente de faire les gros yeux. Capte, s'il te plaît...

Sa bouche forme tout à coup un « o » énorme. Et bah quand même !

— Mais non ? Tu étais avec Bethany ? Ça vient de ta nuit avec elle, l'accord de confidentialité ?

Son expression abasourdie est juste hilarante.

— Il part de là, ouais. L'irruption de mon père a tout gâché. On s'est carrément jamais revus.

Quelle honte sur le moment ! Si Edward la fait venir au palace en journée, j'espère pour Bethany que Jack sera absent ou ne la reconnaîtra pas. Sinon, il fera à coup sûr une remarque déplacée.

— Elle a pour de vrai Tyler, Kyle et quasi toute la fac à son tableau de chasse ? Edward ignorait totalement son passif, il a bluffé samedi dernier.

Sans blague ? Je hausse les sourcils et le félicite intérieurement. C'était une belle initiative.

— C'est sa façon de résoudre les problèmes, fuir et oublier grâce aux coups d'un soir.

Bethany n'est pas méchante, nymphomane ou étrange, juste paumée. Son couple avec Edward ne va pas durer, elle a besoin de cette vie trépidante.

— Et si on faisait pareil ? Se changer les idées grâce au sexe ?

Avec une œillade malicieuse, elle passe un index sous mon col et tire dessus pour me rapprocher. C'est une proposition qui me tente bien, néanmoins je capture sa main pour la retirer. Pas tout de suite. J'ai montré une part vulnérable et je souhaite que Hailey en fasse autant.

— Avant, je mérite une confidence en retour. À quels démons tu souhaites échapper ? (Elle reprend aussitôt sa main, comme si la mienne était glacée ou brûlante.) Avoue-moi un secret, quelque chose dont tu n'es pas fière, sur ton passé ou ta famille.

J'insiste malgré sa réaction, ce geste vif et un regard perdu dans le vague. Ma demande est légitime, elle sait tout de mes fardeaux, je ne connais rien des siens. Cette nana est un putain de mystère. Ça m'attire et, dans le même temps, ça me fout la trouille.

Finalement, elle accepte le marché. Elle se tient plus droite, souffle un bon coup et révèle l'un de ses principaux tourments.

— Je hais l'un de mes parents aussi. Pas mon géniteur, je ne le connais pas assez pour, il est décédé avant ma naissance. Je parle de ma mère qui est alcoolique.

Comme moi plus tôt, elle fixe le paysage. L'océan devenu noir, le sable qui remplit ses chaussures, les flammes agitées... Tout sauf mon visage.

Je ne repère chez elle aucune tristesse, plutôt de la rancœur et une gêne mêlée d'angoisse. Pas habituée à se confier, elle tient ses genoux comme une enfant. Les allures de battante sont loin et voir son armure fêlée me noue le bide.

— Il y a une raison ? La mort de ton père ? Des horreurs vues en tant que militaire ?

Tant bien que mal, j'essaye de creuser. Ça n'excuserait pas sa mère mais ça justifierait son addiction. Par quoi se traduit-elle ? Des propos laborieux, de la fatigue permanente, de la négligence envers son foyer, des comportements violents, de la méchanceté gratuite ou des rires incontrôlables ? L'alcoolisme prend mille visages.

— Ses mauvaises fréquentations, c'est tout. Des relations sentimentales avec des hommes plus que craignos.

Je me raidis. Les types dont elle parle ont-ils approché sa maison ? Ou pire, elle-même ? Que ce soit de près ou de loin, je réfute cette idée. Imaginer Hailey entourée de gens malsains, en position de faiblesse, me semble irréaliste. Elle a un caractère bien trempé, ce n'est pas une victime, ni une personne influençable. Mais peut-être, juste peut-être, que ce mental de guerrière trouve son origine dans quelques batailles perdues ou un isolement volontaire. L'hypothèse me fait chier pour elle donc je secoue la tête. Sinon, c'est juste une sudiste avec un tempérament de cow-boy. Après tout, elle vient du Texas, un État où il y a plus de flingues que d'habitants. Ça doit être ça !

Retrouvant son objectif de vue, encouragée par mon absence de questions supplémentaires, elle passe ses doigts dans mes cheveux blonds.

— C'est bon, je peux avoir un orgasme maintenant ?

Je souris et approche ma bouche de la sienne, effaçant avec la distance nos problèmes respectifs. Contrairement à moi, elle ne fera pas de long monologue genre « je suis chez le psy », alors je vais me contenter de son aveu.

— Tu n'as pas besoin de demander, bébé.

Je me laisse volontiers distraire et au moment où nos lèvres se touchent, elle pouffe de rire contre les miennes. La vibration emplit immédiatement mon cœur de fierté. Elle rit si peu et si doucement, pas familière avec ce son, que je me sens puissant. Je suis capable de faire rire Hailey Clark, un véritable super-pouvoir que je compte utiliser régulièrement.

Excité à cette remarque, je force un passage vers sa langue et capture son visage entre mes doigts pour approfondir le baiser. Il est gracieux, envoûtant, comme le mouvement des vagues et la chorégraphie des goélands.

Elle commence à me toucher, glissant lentement de mes bras jusqu'à ma taille, et ses gestes traînants ne me rendent que plus impatient. J'adore et je déteste ce rythme, une délicieuse torture qui permet à mon cerveau de tout sentir. La pression de sa main, mon épiderme qui frotte contre le pull, la contraction des muscles qu'elle touche, une chaleur intense se diffusant partout ailleurs : je sens tout et ça influe direct sur ma queue. Il faut accélérer la cadence, j'en ai physiquement besoin. Je bande comme un malade et je ne connais qu'un seul moyen pour y remédier.

— Je vais te baiser ici, annoncé-je en me reculant légèrement. Sur la plage.

Je me fous que cet endroit soit public, que la température automnale soit fraîche, que la nuit soit tombée. Je désire faire un avec elle.

— Je n'en attendais pas moins.

Accompagnée par son regard joueur, sa voix exigeante me fait partir au quart de tour. Sans ménagement, j'attrape sa taille et couche son dos par terre. Hailey geint en heurtant le sable, dur sous le plaid.

— Tu sais quoi ? On va faire le contraire. C'est toi qui vas me baiser. (À l'entente de ces paroles, elle déglutit.) Mais d'abord, je vais faire un truc qui hante mon esprit tard le soir.

Ses pupilles curieuses me fixent à la recherche d'un indice.

— Qu'est-ce que c'est ?

— Plus vite tu seras déshabillée, plus vite tu auras la réponse.

Elle ne tarde pas à réagir. Elle soulève mon haut, je fais de même avec le sien, et les morceaux de tissu finissent jetés quelque part. Je déboutonne son pantalon, elle fait pareil avec le mien, et ils rejoignent vite les autres fringues. On se déshabille jusqu'à être nus, sans plus aucun dessous, peau contre peau allongés sur la fourrure.

Sur elle pour le moment, je force sur mes bras pour regarder l'ombre des flammes qui habille son corps, ses tétons durcis par le froid, sa cage thoracique montant et descendant. Le spectacle est magnifique.

Pour une fois dans ma vie, je me sens chanceux, et si une part absurde de moi veut savoir qui a déjà eu la même chance, qui l'a faite gémir et crier dans son passé, une autre rationnelle s'en moque complètement. Nos parties de jambes en l'air sont incomparables, elle le sait aussi bien que moi.

— J'ai la chair de poule.

Je reviens à son visage et affiche un rictus devant ses yeux implorants. Mordant sa lèvre inférieure, elle me supplie de faire quelque chose.

— Moi ou le froid ?

— Pour l'instant ? Le froid.

Exactement : pour l'instant. Je lui claque un rapide baiser.

— Laisse-moi arranger ça.

Je descends pour embrasser son menton, sa gorge, sa poitrine. Ses doigts retrouvent mes cheveux lorsque je prends un sein en coupe et suce avidement le deuxième, puis inverse les rôles. Ils sont tendres dans ma paume, doux sous ma langue. Je pourrais continuer des heures entières mais j'ai une idée bien précise des minutes suivantes. J'abandonne ses tétons qui humides se dressent encore plus afin de continuer ma progression vers le bas. Je traverse son ventre, le couvrant de bisous mouillés, et face à ma descente interminable, elle comprend mes intentions.

— Oh, je vois.

Sa voix est rauque tandis que sa poigne devient ferme, toujours perdue dans mes cheveux, son endroit préféré. Énième preuve de son impatience, les abdos de Hailey se crispent et je relève ces détails avec plaisir. Voir que mes gestes lui font un effet dingue, il n'existe rien de plus jouissif. Surtout que je n'ai pas vraiment commencé.

Une fois à destination, la tête entre ses jambes, je les écarte avec hâte. Elle brille sous le ciel noir, trempée pour moi, et je suis heureux comme un gosse à Noël. Je vais enfin connaître son goût, le meilleur des cadeaux.

— Oublie pas, c'est toi qui mènes la danse après, alors garde de l'énergie.

— Facile à dire...

Sa respiration est déjà laborieuse quand je passe les bras autour de ses cuisses. Les coudes au sol, les mains empoignant sa chair, je n'attends pas davantage, je fonds sur elle pour réaliser le fantasme qui habite mes pensées tardives : faire jouir Hailey avec ma langue.

À l'instant où ma bouche rencontre sa chatte, un gémissement suraigu fend la nuit. Elle se cambre, renverse la tête en arrière et appuie sur ma tête dans un réflexe incontrôlé. Dieu que c'est bon ! Mieux que bon...

Je lèche chaque parcelle rose offerte à ma vue, glisse de bas en haut cent fois sans me lasser. L'affamé que je suis dévore, il savoure jusqu'à plus faim et il crie actuellement famine. À plusieurs reprises, j'entre puis ressort aussitôt, juste pour la rendre folle. Ce petit jeu fonctionne terriblement bien puisque les yeux fermés et la bouche entrouverte, elle fait les plus séduisants bruits du monde quand ma langue pénètre son intimité.

J'attends ça depuis si longtemps que ma bite est collée à mon ventre, raide comme une barre de fer et presque douloureuse. Sans abuser, je suis aussi excité que si Hailey me taillait une pipe. Je deviens taré.

— Gab !

Elle hurle mon surnom lorsque je trouve un bouton déclencheur : le bout de chair qui réunit ses terminaisons nerveuses.

Son clitoris entre mes lèvres, je le suce violemment, tout à fait conscient des répercussions imminentes. Au bord de précipice, elle halète de plaisir, tire des mèches au hasard et serre les jambes autour de ma tête. Je continue à la pousser, répète les mêmes schémas en boucle, encore et encore, jusqu'à être recouvert de sa moiteur et les joues endolories. Avec un hurlement qui déchire le ciel, tremblante entre mes bras, elle finit par jouir sous ma langue et je regarde avec envie son corps tendu par l'orgasme. Il faut que ma bite se joigne à la partie et rapidement.

Bien que son vagin palpite toujours, je chope un préservatif, agrippe sa taille et renverse la tendance d'un simple mouvement. Je suis trop dur pour lui offrir un moment de répit.

— Maintenant c'est à toi de jouer. Tu vas me chevaucher et tu vas faire ça avec enthousiasme.

Couché sur le plaid, je déroule la capote en observant Hailey tanguer sur moi. Les genoux autour de mon bassin, épuisée par la jouissance, elle me considère sous des paupières lourdes. Elle intègre le changement de position et me laisse faire quand, toute pantelante, je la guide vers le bas et la fais asseoir sur moi.

Alors que je l'empale sur ma queue, tenant sa base, on émet tous les deux un son guttural. Son vagin est tellement mouillé que je la pénètre avec une facilité déconcertante. La sensation est phénoménale.

— C'est trop, avoue-t-elle dans un soupir. Je suis à bout de forces.

Elle reste immobile, ma bite enfoncée dans sa chair et les deux paumes sur mon torse, se retenant ainsi de tomber. La mettre dans cet état, pleine de fatigue et pas certaine d'assumer la suite, me donne un immense sourire. Son air défiant paraît loin voire imaginé.

— Tu ne fais plus la maligne, hein ?

Les ongles incrustés dans sa taille, je lui flanque un coup avec mon bassin. Hailey rebondit alors sur ma queue en couinant.

— Allez, vas-y. Baise-moi. Et s'il te plaît, fais-moi jouir.

Le souffle court, elle commence à faire bouger ses hanches. Je grogne et serre les fesses pour éviter de finir sur le champ. Elle dessus, faisant des va-et-vient sans rythme précis, remuant avec force ou non selon l'énergie du moment, voilà une perspective incroyable.

Cambrée à se briser le dos, trop exténuée pour garder les yeux ouverts, elle ondule sur moi d'une façon qui rend toutes les nanas de mon passé insignifiantes. Personne ne m'a jamais fait ressentir ça, une telle passion, de si vives émotions. Ma vie était si lisse avant, si plate, que je suis devenu obsédé par les montagnes russes. Et le putain de manège à sensations fortes, c'est notre relation.

— Tu es fantastique dans cette position. Continue, j'y suis presque.

Prêt à éjaculer, je prends un sein dans chaque main et presse à lui faire mal. Ses inspirations sifflantes, ses expirations saccadées, elle se balance plus fort et perd le contrôle total de ses gestes. Son corps prend le relais, il bouge frénétiquement et vibre autour de ma queue, sur le point de faiblir une nouvelle fois. Elle m'utilise pour avoir un second orgasme, ce qui déclenche illico le mien.

On explose dans une synchronisation parfaite, sous les étoiles, devant les vagues et l'un contre l'autre. Je tombe d'une falaise gigantesque et me brise en une centaine de fragments, pourtant je ne cesse de la regarder faire pareil. Même à cet instant, elle reste tout ce qui m'importe. Je suis fou d'elle, ça ne fait plus aucun doute.

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Être dans la tête de Gabriel pendant un moment intime : fait et j'espère que ça vous fait autant plaisir qu'à moi !

Bon, parlons peu parlons bien, on en est au moins à deux tiers de l'histoire. Qu'est-ce que vous aimeriez voir comme scènes dans les chapitres à venir ?

Je fais appel à vous car j'écris beaucoup en ce moment, je suis à fond dans mon délire sans forcément avoir de recul, donc ça m'aiderait beaucoup de lire vos envies ou hypothèses.

Merci d'avance pour votre aide

Charleen,
🖤

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