Chapitre 17 • Chantage

La semaine de cours touche à sa fin, nous sommes vendredi soir, je travaille au café dans une heure et, sur un coup de tête, j'ai décidé de ne pas prendre la route de la maison en quittant la fac. Au lieu de ça, j'ai pris un bus direction les quartiers huppés, et me voilà maintenant devant l'Imperial Palace.

Depuis mon déjeuner sur l'herbe avec Fallon et Raphaëlle avant-hier, je n'arrête pas de me remuer les méninges à propos de Victoria et Gabriel. Certes, je le faisais déjà avant, mais mon esprit penchait plus pour un mensonge du blond sorti dans un moment d'excitation pure pour réussir à me mettre dans son lit. Sauf que, depuis les confessions des filles, cette hypothèse ne me parait plus être si évidente que ça.

Alors en traversant le campus après mon dernier cours, j'ai eu une réflexion des plus intelligentes : autant demander au principal concerné, non ?

C'est comme ça que je me suis retrouvée devant cet immeuble luxueux, encore dans mon uniforme d'élève modèle, à regarder la façade d'un blanc éclatant en me demandant si c'est vraiment une bonne idée. Après tout, il m'a laissée pantelante sur un trottoir parce que je me mêlais de ses affaires et je n'ai rien trouvé de mieux à répondre que le traiter d'allumeuse. Je ne suis donc pas certaine qu'il ait envie de me voir, surtout qu'il ne m'a pas adressé un seul regard le peu de fois où je l'ai croisé à Bayford.

En résumé, je ne sais absolument pas quoi faire, entre rentrer sagement chez moi ou continuer sur ma lancée en allant lui réclamer des explications.

— Fait chier !

Je râle contre moi-même et plaque mes mains sur mon visage, exaspérée par ma propre indécision. Il est temps de faire un choix, je ne vais pas rester planter là éternellement, surtout que les portiers commencent déjà à me regarder d'un œil méfiant.

— Je peux vous renseigner ?

Je me fige à l'entente de cette voix et retire lentement mes paumes de mes yeux. Les portiers, je disais ? Et bien désormais, c'est le prioritaire de l'hôtel lui-même qui me dévisage en plissant le front. J'aurais mieux fait de partir incognito tant qu'il était encore temps.

Je me racle la gorge avant de parler parce que j'ai quand même Jack Prescott en face de moi. Autrement dit, l'un des hommes les plus riches de ce pays et sans doute le plus célèbre de cette ville.

— Monsieur Prescott. Bonsoir. Euh... Je viens rendre visite à votre fils.

Il fronce encore plus les sourcils. Oh, je vois. Il ne m'avait pas reconnue depuis le brunch et je viens de me tirer toute seule une balle dans le pied. Pitié, qu'il ne me demande pas lequel et qu'il me remette vite, parce que je serais incapable de mentir à un homme aussi impressionnant.

— Je me souviens de vous. Vous êtes une amie d'Edward, non ?

Merci mon Dieu !

— Oui. Je ne me suis pas officiellement présentée. Je m'appelle Hailey Clark.

Il me regarde de la tête aux pieds d'un œil qui semble analyser tout mon être, aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur, et j'ai le sentiment qu'il lit en moi comme dans un livre ouvert. Dans ses yeux de riche homme d'affaires, je me sens comme l'imposture que je suis dans cet uniforme, celui d'une fac de l'Ivy League. Comme si son odorat était si habitué à renifler des billets verts qu'il sentait la pauvreté émaner de tous mes pores.

— Edward est au penthouse, il rentre tout juste des cours.

Sur ces mots, sans se présenter en retour, il me dépasse et continue sa route. Je me retourne, la bouche entrouverte, choquée par sa capacité à voir à travers le mensonge vivant que je suis devenue et flippée à l'idée que ses conclusions reviennent aux oreilles de l'un de ses fils, quel qu'il soit.

Comme si je n'étais pas déjà prise d'une violente angoisse, mon regard croise celui du chauffeur qui ouvre à Jack la portière d'une Bentley somptueuse. Bob m'adresse un hochement de tête entendu pour lequel je le maudis.

— Heureux de vous revoir, Mademoiselle.

Je me retiens de toutes mes forces de ne pas replonger mon visage entre mes mains. Je suis foutue.

Bien sûr, Jack hausse un sourcil étonné face à ce bref échange entre le chauffeur de Gabriel et moi, et j'essaye de ne pas laisser transparaître mon trouble. Par chance, il finit par se détourner, et je le regarde s'assoir à l'arrière, une mallette à la main, juste avant que Bob referme la portière sur lui.

Je me dis alors que mon passé est la dernière préoccupation d'un magnat de l'immobilier qui gagne plus d'argent en une journée qu'il ne peut en dépenser toute l'année. Du moins, c'est ce que j'espère.

Quand la plaque d'immatriculation disparaît de mon champ de vision, je prends mon courage à deux mains pour entrer dans l'hôtel. Le pire des scénarios vient déjà de se produire, de toute façon.

Tandis que je suis dans l'ascenseur, en route pour l'avant-dernier étage, là où se situe la suite qui sert d'appartement à Gabriel, je danse d'un pied sur l'autre, à la fois stressée par le moment que je viens de vivre et celui qui m'attend. Mais plus rapidement que je ne le pensais, trop rapidement, un tintement retentit et les portes s'ouvrent.

Moi qui pensais galérer à trouver la bonne porte, une pancarte à son nom est fixée sur la première devant laquelle je passe, comme si c'était un appartement normal dans un immeuble normal.

Je souffle un bon coup et frappe. Les quelques secondes qui passent avant que la porte ne s'ouvre durent une minute chacune.

— Hailey ?

Gabriel commence par hausser un sourcil, étonné de me trouver sur le pallier, mais il se remémore vite la fin de notre dernière conversation. Son interrogation est alors remplacée par un agacement profond.

— J'ai pas le temps, désolé.

Et il referme la porte. Il va me la claquer au nez ? Hors de question ! Ni une ni deux, je cale mon pied dans l'embrasure.

— Tu n'as vraiment pas intérêt à finir ce geste.

Il pousse un soupir déjà exaspéré.

— Sérieusement, je ne vais pas tarder. Rentre chez toi.

— Pas avant qu'on entame une vraie discussion. Je viens en paix, si ça peut te rassurer.

Il me dévisage un long moment et finit par secouer la tête. Il ne me croit pas.

— La paix, c'est pas notre truc.

— Et c'est quoi, notre truc ?

L'incertitude dans ma voix est accentuée par la crainte de me faire pousser dehors. Et par le simple fait de revoir Gabriel, aussi, si proche et si loin à la fois. Il est beau dans son jean et son tee-shirt coloré, je fonds devant ce look branché.

— Ça.

Alors qu'il me jauge de la tête aux pieds, moi et cette détermination flagrante à entrer malgré son refus, la chaussure entre le mur et la porte, je ne trouve rien à balancer pour le contredire.

— Et bien... Ne faisons pas de la conversation pour laquelle je suis venue un énième duel.

Je pose la main sur l'écriteau « Gabriel Prescott. Suite 404. », ouvre la porte en grand, puis entre sans demander une quelconque autorisation. Il ne se rebelle pas, ce que je vois comme un abandon et donc une permission.

— Je ne sais pas pourquoi, commence-t-il avec sarcasme quand je passe devant lui, mais je ne suis pas très optimiste.

Il referme derrière moi et je découvre sa suite privative, aussi curieuse qu'impressionnée. Le sol est couvert d'une moquette qui fond sous mes chaussures tandis que j'arrive dans le salon, où le velours bleu des canapés et des fauteuils est assorti.

Plus que la magnificence de chaque élément, la première chose qui me surprend est que l'appartement de Gabriel ne ressemble pas à celui d'un garçon, encore moins de vingt ans. Je suppose que son pedigree et les femmes de ménage expliquent cette impression.

Des vases aux tableaux en passant par les rangements en bois massif, toutes les décorations me laissent admirative. Avec la vue sensationnelle que je devine entre les rideaux et les multiples autres pièces, une nuit là-dedans coûte largement 10 000 dollars, presque une année de travail. Le blond qui y vit gratuitement ne doit même pas en avoir conscience.

Bien que je ne sois pas invitée par le maître des lieux à prendre mes aises, je m'installe sur le canapé. Quant à lui, il opte pour un tabouret devant le mini bar, laissant un espace sécuritaire. Je me demande si Gabriel ne le fait pas exprès, craignant d'être tenté et de rejouer la scène post Midnight Madness. Personnellement, la distance ne change rien, j'ai envie de le toucher quand même.

— Qu'est-ce que tu fais là ? Un besoin urgent de te faire allumer, peut-être ?

Il se prépare un verre d'eau, marqué par la dernière fois qu'il a choisi une boisson alcoolisée, à savoir du champagne, et je pince mes lèvres. Gabriel a vraiment mal pris cette insulte.

— Promis, si tu ne me chauffes pas ou si tu le fais mais que tu ne détales pas juste après, je n'utiliserais plus le terme « allumeuse ».

Il tique et relève aussitôt les yeux vers moi, scandalisé par ma version.

— C'est toi qui as stoppé net. Tu me l'as demandé verbalement, puis tu m'as repoussé ensuite. Ce que je n'aurais pas fait. Jamais.

Des frissons me parcourent tout entière, je les sens de mes orteils à la racine de mes cheveux, ils font durcir mes tétons et se contracter mon bas-ventre. Mon corps a de lancinants regrets.

— Je songeais à Victoria, ce que tu fais rarement en ma présence.

Il émet un rire bref et sans joie. Je suis incapable de lui trouver une signification.

— Je n'ai strictement aucune raison de le faire.

— Parce que tu n'as pas de copine ? C'est ça ?

Il boit une longue gorgée en me contemplant par-dessus son verre.

— C'est ça.

J'attends que Gabriel continue, le sujet étant lancé, mais non. Il me dévisage comme si une fois encore il hésitait à se montrer franc. Au bout de quelques secondes, je perds déjà mon calme.

— Dis-moi ce que tu entends par là.

Je suis tellement impatiente que j'en deviens autoritaire, ce qui lui donne un rictus moqueur. En même temps, ça fait deux semaines que je languis une explication.

— Sinon quoi ?

— Sinon je m'en vais. Et quand tu regretteras d'avoir gardé le silence, ce que tu feras, je ne serai plus disposée à t'écouter.

Je suis déjà bien gentille de venir lui réclamer une confrontation. Quoi que, bête est un meilleur adjectif. Je ferais mieux de me tenir éloignée de cette histoire plus que louche, mon instinct en a conscience mais je suis malheureusement guidée par mes hormones.

— Qu'est-ce qui te fait croire que je vais le regretter ?

Dans ses iris couleur océan, il y a une lueur qui me défit.

— La façon dont tu me regardes, là, maintenant, comme si tu avais envie de me voir nue. Ça serait dommage que tu n'en aies jamais la possibilité, non ?

Je penche la tête de côté, accentuant le ton interrogatif et un brin provocateur de ma voix. Ça a sur Gabriel l'effet recherché, car il gigote sur le tabouret de bar.

— Voilà pour quelle raison tu es ici : me faire chanter. Je n'appelle pas ça venir en paix.

Il plisse les yeux, suspicieux. Bien que ce n'était pas ma tactique initiale, jouer de mes charmes pour lui faire cracher le morceau est une stratégie qui a du potentiel.

— De base, non, le chantage ne faisait pas partie de la manœuvre, mais puisque tu le dis...

Pour accompagner mes insinuations, j'ôte la veste de mon uniforme, restant avec ma simple blouse devant lui.

— Hailey.

Il gronde en suivant du regard le vêtement, que je lance à un bout du canapé. J'ignore son avertissement en toute connaissance des risques.

— J'ai chaud, pas toi ?

L'air de rien, je fais sauter plusieurs boutons de ma chemise. C'est suffisant pour que mon décolleté apparaisse et que Gabriel se morde la lèvre inférieure, un geste de retenue infiniment sexy.

— Si tu poursuis, je vais effectivement avoir très chaud.

C'est de la folie. Mais étant donné son accueil plus que froid, je suis certaine qu'augmenter la température peut être utile.

— La question est : as-tu envie que je continue ?

Mes yeux ne quittent pas les siens, dans lesquels je repère sa faiblesse purement masculine.

— Uniquement si tu n'arrêtes pas.

À l'entente de cette voix rauque, gorgée par un désir flagrant, je me lève et avance vers Gabriel. Mon attirance pour lui est trop forte, à l'instar de ma curiosité.

Tandis que je m'approche, il respire plus vite et plus fort. Outre son excitation, il se demande ce que je fais, appréhendant mes prises d'initiatives.

Une fois à quelques centimètres de lui, ayant pour seul objectif celui de résoudre le mystère qu'est son couple avec Victoria, je pose effrontément mes mains sur ses genoux.

— Tu as une seule chose à faire pour ça.

Aussi déterminée que tentée par son corps magnifique, je fais glisser mes paumes sur les cuisses de Gabriel, qui remontent très lentement jusqu'à la bosse dans son pantalon. J'ai des picotements sur chaque parcelle de ma peau, tant ses yeux sont rivés sur moi avec intensité. Ils me brûlent, à l'intérieur, à l'extérieur, partout.

— Laquelle ? Que veux-tu, Hailey ?

Je me penche vers son oreille et, mon Dieu, il sent terriblement bon. Un parfum boisé, tellement viril que je perds mon objectif de vue une seconde, enveloppée par cette odeur divine.

— Des réponses à mes questions.

Il se raidit. Je ne sais pas à quoi est dû ce mouvement imperceptible : mon souffle qui l'effleure, mes mains près de son sexe, ou mon aveu sans détour.

— Et je gagne quoi, à te les donner ?

Je recule pour arrimer de nouveau mes pupilles aux siennes.

— Moi.

D'un léger incendie, son regard passe à une explosion grandiose.

Motivé par ces trois lettres, Gabriel écarte ses jambes pour me coller à lui, une paume ferme sur mes reins. Je retiens un cri de surprise.

— Tu insinues que si je dis la vérité, je peux t'enlever ces fringues ?

Je tressaille quand ses doigts libres frôlent mon genou. Ils me caressent la jambe, allant tout doucement sous mon uniforme, et je frissonne de la tête aux pieds.

— Exactement.

Ma gorge est sèche, ma voix plus qu'un chuchotement fébrile.

Je tente de reprendre l'ascendant en posant ma main sur son entrejambe. Bonne idée, puisque la respiration de Gabriel se coupe instantanément.

— Apparemment, une partie de toi serait aussi ravie que moi d'entendre tes justifications.

Je commence à le toucher par-dessus ses habits et il pousse un grognement douloureux, haïssant cette barrière de textile.

— Tu vois de laquelle je parle ?

Je continue mes provocations, espérant le faire céder. Il est dur sous le jean rêche mais, bien que son cœur batte extrêmement vite, il est toujours lui : malin, têtu et dominant.

Il essaye de me rendre folle à son tour, remontant plus haut ses mains aventureuses sous ma jupe. J'étouffe un gémissement quand il trouve ma culotte déjà mouillée.

— Parlons de celle que j'ai sous les doigts plutôt.

Gabriel caresse ma fente qui rend davantage humide le sous-vêtement, juste un bref instant. Et le plus naturellement du monde, il écarte le tissu trempé et plonge deux doigts en moi. Je ferme les paupières alors que mon corps entier tremble violemment.

— Non, celle dans laquelle j'ai les doigts, en fait.

Totalement prise au dépourvu, je geins à voix haute cette fois, si fort que j'ouvre les yeux. Horrifiée par ce retournement de situation, narguée par son expression fière mais surtout bouleversée par les va-et-vient qu'il commence à faire, je sens le désir grandir entre mes jambes. Bordel, comment le pousser dans ses retranchements, maintenant ?

Toujours assis sur la chaise de bar, il a les mâchoires contractées et une goutte de transpiration entre les sourcils, ressentant comme moi un plaisir intense. Pourtant, je suis incapable de poursuivre mes caresses, il me rend aussi molle qu'une poupée de chiffon entre ses bras.

— Tu es devenue bien silencieuse. Tu ne voulais pas conclure un marché ?

Je fusille Gabriel du regard. Du moins j'essaye, car il me stabilise, une main puissante sur la hanche, et accélère le mouvement. Aussitôt, une décharge électrique remonte ma colonne vertébrale. Je suis proche de la jouissance, si proche que je vois des étoiles.

Ma bouche ne tarde pas à s'entrouvrir. À ma grande horreur, je lâche :

— Je veux que tu continues. Rien d'autre.

Mais c'est vrai. Sur le moment, je me fiche de tout, sauf de l'orgasme qui arrive.

Je me mords la lèvre, agrippant son épaule pour me retenir de tomber, les chevilles instables. Je suis en train de tout perdre, mon équilibre, ma détermination à le faire parler, ma supériorité dans cet échange...

Soudain, alors que mes battements de cœur sont effrénés, nos souffles haletants et les mains de Gabriel insatiables, une sonnerie de portable retentit, comme un appel de la réalité.

J'entends le téléphone qui vibre à côté de moi, posé sur le bar. Au bord d'un précipice merveilleux, je compte lui ordonner de ne pas répondre, voire même le supplier, mais je n'en ai pas le temps. Déconcentré, il retire ses doigts, puis ses yeux repèrent le nom du contact et il jure.

— Merde !

Il attrape son téléphone d'un geste brusque et le porte à son oreille. J'essaye alors de comprendre, régulant mes inspirations saccadées. Pourquoi est-ce qu'il décroche ? Cette parenthèse magique est... finie ?

— Qu'est-ce que tu fous, mec ? Le bus est censé partir dans 5 minutes. Bob n'est pas notre chauffeur, à ce que je sache.

Je suis tellement près que je reconnais la voix agacée de Tyler au bout du fil. Le bus ?

Gabriel se lève d'un bond, me faisant reculer au passage. Il s'affaire dans la pièce, visiblement à la recherche de chaussures, et je le regarde faire sans un mot, trop chamboulée par les récents événements.

— Désolé capitaine, je me suis endormi. Je suis là dans 10 minutes grand maximum. À tout de suite.

Et il raccroche. Mais pour autant, je suis toujours invisible, car il vaque tranquillement à ses occupations, entrant dans une chambre et ressortant un sac de sport à l'épaule.

— Tu me racontes ce qu'il se passe ou... ?

— On joue contre les Brown Bears à 21h. Le car part dans quelques minutes direction Providence et je suis en retard. (Il récupère son chargeur branché.) La première chose que je t'ai dite était : « j'ai pas le temps ».

Ce n'était donc pas un argument bidon, inventé pour que je fasse demi-tour ?

Je lisse frénétiquement mon uniforme, réalisant peu à peu ce que leur match imminent signifie. Il va me laisser dans cet état ? La chemise entrouverte, les jambes flageolantes, le sexe trempé et les joues rouges ? Sans avoir parlé de ce qui m'intéresse ? Oui, surtout ce dernier point !

— Mes explications, alors ?

Gabriel attrape une bouteille dans le frigo et se tourne vers moi.

— Je ne me rappelle pas te les avoir garanties. Pour être honnête, je ne suis pas certain que le jeu en vaille la chandelle.

Je suis bouche bée. Que veut-il dire au juste ?

— Tu peux être clair, s'il te plaît ?

Près du canapé, il arrête enfin de gesticuler pour me faire face. Nos places d'origine sont maintenant inversées.

— Je ne sais pas encore ce que je préfère entre regretter d'avoir gardé le silence et regretter de t'avoir parlé.

Un seau d'eau glacé, voilà ce que sont les paroles du blond.

Mes interrogations en suspens, le fait que je sois venue ici et que j'ai croisé Jack devant le palace, mon enquête auprès des filles, les préliminaires qu'on vient de faire... Tout ça pour rien ?

— Tu te fiches de moi là ? Je dois faire quoi pour gagner ta confiance ? Signer un contrat peut-être ?

Son rire est amer, comme si en voulant faire de l'ironie, je visais en plein dans le mille.

— Je dois y aller. Claque la porte derrière toi.

Il me tourne le dos et part, sans même un « c'était sympa » minable. Je me sens furieuse.

— J'espère que tu as bien profité du moment ! Parce que c'est la dernière fois que tu me touches mais aussi la dernière fois que tu m'adresses la parole !

— Après le chantage, des menaces ? Revois ta définition de la paix, Hailey !

Frustrée comme je ne l'ai jamais été, je me laisse tomber sur un canapé, allongée de tout mon long. C'est définitivement une allumeuse !

Peu importe le secret inavouable de Victoria et Gabriel, il est si compliqué à découvrir, si lourd à porter, que je ne veux plus être mêlée à leurs histoires. Elles ne me causeront que des problèmes et je me suis battue assez longtemps pour obtenir une vie tranquille.

Je vais donc appliquer les fameuses menaces qu'il sous-estime. Je ne m'approcherai plus jamais de lui.

~~~~~~

Les scènes commencent à être hot 🙈

Hailey a sorti le grand jeu mais Gabriel est dur en affaires... Va-t-il finir par craquer ?

Charleen,
🖤

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