10. Prospections

Bang your head ! Metal Health'll drive you mad

Metal Head - Quiet Riot

* * *

Le brouhaha tonitruant emplissant la cafétéria m'était devenu habituel, au point que cela ne me dérangeait pus, contrairement aux premiers jours. Installé face à moi, Joe prit une énorme bouffée de spaghettis à la carbonara. Au fil du temps qui s'écoulait, cet homme me surprenait de plus en plus. Je m'interrogeai sur l'endroit où toute cette nourriture était stockée, alors qu'il était fin comme un haricot. Quel thon.

Suite à la visite surprise d'Ellie, trois jours plus tôt, je n'avais toujours pas trouvé l'occasion de questionner mon ami concernant cette idée de groupe de musique. Hors, cet instant me sembla être le meilleur moment pour connaître le fond de sa pensée.

— Joe, qu'attends-tu de la musique ?

Tout en aspirant un spaghetti qui projeta une minuscule tache de sauce sur son front, le jeune homme m'adressa un froncement de sourcil. Soit, ma question n'était pas formulée de manière assez claire, soit, elle pouvait être mal interprétée. Ou soit, cet imbécile ne possédait pas l'intelligence suffisante pour comprendre mon interrogation

— Je veux dire, pourquoi joues-tu de la guitare exactement ? Pour le plaisir, pour séduire des filles...

Un ricanement amusé interrompit ma phrase. Je compris que les nanas ne représentaient pas l'objectif principal de ce thon.

— Un groupe de musique ?

Ces mots furent prononcés avec une certaine réticence que je ne pus camoufler. Cependant, à l'entente de mes derniers mots, les prunelles de Joe s'ouvrirent de manière immédiate, marquant un réel intérêt de sa part. Ainsi, j'avais enfin obtenu ma réponse. Cette idée lui trottait donc dans l'esprit depuis un certain moment, déjà.

— Ce n'est pas ce que tu veux ?

Sa question me confronta à mes propres attentes, des expectations que je n'avais jamais vraiment pris le temps d'analyser. En réalité, j'ignorais ce que j'attendais réellement de la musique. Bien qu'elle représentât une échappatoire, tout comme Joe, je n'avais aucune idée précise de mon but.

Quelques années auparavant, Ellie m'avait soufflé cette possibilité. Cependant, je ne l'avais jamais prise au sérieux, persuadé de ne jamais pouvoir intégrer un groupe à cette époque. Désormais, mon avenir prit une autre direction, face à des opportunités, autrefois inexistantes.

— Disons que j'ai toujours cru que je n'étais pas assez bon pour ce niveau.

Je venais de lâcher cette vérité que je refusais d'admettre moi-même. En dépit du fait que la basse était un instrument que je maniais à la perfection, je ne cessais de me sous-estimer, contrairement à ma sœur et Joe qui me trouvaient un talent inné.

— Mitch, il faut que tu prennes confiance en toi. Sinon, tu n'avanceras jamais dans la vie. Aies des rêves, des objectifs et mets tout en œuvre pour y arriver. Il n'y a que comme ça que tu pourras progresser dans la vie et réaliser l'évolution parcourue.

À l'entente de ces paroles si sages, dégageant un certain aplomb, je me laissai attraper par le silence. Il n'avait pas tort. Je ne cessais de me défiler devant mes propres capacités, comme si j'avais honte de les admettre. Alors que ce devait être tout le contraire, je devrais en être fier, les assumer, les montrer aux yeux de tous.

Pour toute réponse, un sourire gratifiant se marqua sur mes lèvres.

— C'est ainsi que l'élève en vient à dépasser le maître.

Joe poussa un gloussement amusé, avant de reprendre une bouchée de spaghetti. Depuis notre rencontre, j'encourageai le guitariste à s'affirmer, à se construire un masque pour le protéger de toute violence extérieure, notamment devant Alan. Il faisait des progrès encourageant.

Néanmoins, cela ne suffisait pas afin que Roberts lui fichât la paix. En dépit de cette résistance soudaine, il s'acharnait à poursuivre son martyr sur sa victime. Cette dernière devenait plus fort à chaque jour qui s'écoulait.

— On le cherche quand ce batteur ?

Ma question laissa place à un blanc qui dura quelques secondes. Derrière ce dernier, se dissimulait une tornade d'interrogations, de doutes. Hors, nous n'avions pas le temps de nous attarder dessus. Tous deux, nous voulions créer un groupe, ainsi, il était hors de question de laisser cette hésitation faire office de barrage dans notre parcours. La détermination étant montée en flèche, il ne nous était, désormais, plus possible de nous freiner dans notre quête.

— Maintenant ?

* * *

— Tu as fini de trembler comme une feuille, petite nature ? lança Joe avec une moue moqueuse.

Enfermés dans la salle d'informatique, nous avions emprunté l'un des postes d'ordinateurs afin de créer un flyer d'annonce pour notre recherche de batteur. Le guitariste avait eu cette idée folle de préparer, dans l'immédiat, ces documents afin de débuter au plus vite notre prospection.

Le côté rendant cette mission délicate était de notre interdiction à fréquenter les salles, en dehors des heures de cours. Ainsi, si l'un de nos professeurs faisait irruption, nous surprenant par la même occasion, ceci nous mettrait dans une bien fâcheuse posture.

— Je suis en train de craindre pour ce qui va nous arriver, si jamais ça se passe mal, soufflai-je, tout en guettant la porte d'entrée qui menaçait de s'ouvrir à tout moment.

Mon ami lâcha un ricanement amusé. Dès l'instant où il lança l'impression des copies, mon cœur commença à s'alléger, faisant descendre de manière progressive mon appréhension me mettant dans un état d'alerte. Il ne nous restait que peu de temps dans la salle d'informatique, ainsi, nous pouvions déguerpir avant de nous faire prendre.

— Voyons, Mitch. Tu crois vraiment que les professeurs vont perdre leur temps à contrôler si chaque salle de classe est vide ?

Mon regard se planta dans le sien. Il sembla prendre tout ceci avec un détachement qui ne me laissait pas indifférent. Or, je refusais que ma mère apprenne ce dérapage de ma part. Depuis qu'Ellie avait quitté la maison, je mettais tout en œuvre afin de ne pas envenimer son humeur électrique.

— Ils pourraient très bien le faire.

Ma réponse procura un nouveau gloussement de sa part. Joe s'abstint de répliquer, puis se leva afin de récupérer les impressions. C'est enfin fini !

Le guitariste épingla une feuille à chaque panneau d'informations, avec cet espoir que nos actions portent ses fruits, ainsi que quelqu'un allait bientôt se présenter à nous, nous annonçant qu'il était notre batteur tant convoités.

— Mais Mitch, ne le met pas à côté des annonces de studios ! râla Joe, à mes côtés.

Pour toute réponse, je lâchai un soupir las.

— Qu'est-ce que ça change ?

— Personne ne verra notre annonce, rétorqua-t-il.

Il arracha la feuille, afin de l'épingler dans un autre endroit.

— Mais bien sûr qu'ils la verront ! Ces temps-ci, pas mal de monde sont à la recherche de studio, surtout les terminales, pour l'université

Joe se tourna vers moi, une expression exaspérée imprimée sur son faciès.

— Je le sais bien. Cependant, le candidat que l'on recherche doit être sans cesse disponible. Je n'ai pas envie qu'un futur universitaire intègre le groupe pour se tirer quelques mois plus tard, parce que monsieur veut se consacrer à ses études.

Tout en me pinçant la lèvre inférieure, je devais admettre qu'il était loin d'avoir tort. À quoi bon recruter un batteur qui ne serait que temporaire parmi nous ? Si nous voulions atteindre notre rêve, il nous fallait une personne partageant les mêmes passions, le même désir que Joe et moi.

Tous ces éléments ne faisaient que compliquer notre convoitise. D'avance, je devinai qu'il allait nous falloir une bonne dose de patience afin de trouver ce que l'on recherchait.

— On se dépêche, il ne nous reste qu'un quart d'heure avant la reprise des cours.

J'émis un râlement, accompagné d'un coup d'œil dans la direction de mon ami. Ce groupe, il sembla le prendre tant à cœur. Ainsi, je redoutais que notre échec éventuel concernant notre recherche ne l'anéantisse pas de déception.

Alors que je me déplaçai dans une autre zone pour afficher nos annonces, je m'interrompis dans mon élan avec mon cœur qui fit un bond dans ma cage thoracique. Elle était là, à quelques mètres devant moi. Ses longs cheveux blonds volaient dans le vent provoqué par sa démarche pressée. Immobilisé, je cessai toute activité afin de me perdre dans cette superbe vue. Elle seule était une beauté infinie.

L'estomac noué, je fus partagé entre le désir de l'aborder, puis la crainte qui me clouait sur place. Tétanisé, j'étais incapable d'extirper le moindre son de ma cavité buccale. Si je me retrouvai devant elle, muet comme une carpe, j'allais certainement passer pour le roi des idiots à ses yeux. Or, il s'agissait de la dernière chose que je désirais.

Elle possédait toujours cette élégance, cette grâce qui lui procurait ce charme me rendant dingue. Cette fois-ci, elle était accompagnée de ses amies, bien moins jolies qu'elle. Oh, ce qu'elle était magnifique.

— Bon, tu te bouges pour finir d'épingler ces annonces, ou tu te secoues le fion pour aller lui parler, s'exclama Joe, surgissant à mes côtés.

Il prononça sa tirade bien plus fort que je ne l'eus voulu, attirant ainsi toute l'attention sur nous. Découvrant le regard de la blonde posé sur moi, avec une expression intriguée, je sentis le rouge me monter aux joues, le malaise grimper en flèche dans mon organisme.

C'était trop à supporter. Envahi par la honte, je balançai les feuilles à Joe, puis pris la fuite afin d'éviter tous ces regards braqués sur moi. Si Joe avait espéré vouloir m'aider en hurlant à haute voix mon manque de courage pour parler à cette fille, il avait fait tout le contraire. Quel enfoiré !

Je le redis, Joe tu es un sale gamin !

Peut-être qu'il a eu raison de le faire, mais non ! Me foutre la honte comme ça en public ?

Bref, j'espère que ce chapitre vous aura plu.

A plus, bande de vieunes !

Mitch

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