Chapitre 4
Les deux brigadières municipales se rendent dans plusieurs commissariats.
Malheureusement, les policiers répondent toujours négativement dès qu'elles abordent une plainte déposée au nom de Jeanne Tellier.
- Ça ne nous arrange pas. Il faut s'entretenir directement avec la victime. Déclare Catharina
- Nous savons où la trouver. Répond sa collègue
Elles se garent près d'un lycée au moment du retentissement de la sonnerie.
Une foule d'adolescents sort en un rien de temps de l'établissement scolaire.
Les policières restent concentrer à analyser les visages des lycéens.
Quand la blonde intercepte une jeune fille aux cheveux roses, elles se dirigent vers le portail au quart de tour.
- Madame Jeanne Tellier ? Demande Lissbell
La lycéenne sursaute prise de nervosité.
- Heu... Oui c'est moi.
- Nous sommes de la police municipale.
- Que se passe-t-il ?
- Pardon de vous importuner. Nous souhaitons éclaircir une affaire liée à un éventuel viol. L'accusé faisait parti de notre équipe. Explique Catharina
Immédiatement Jeanne frissonne entièrement, le regard fuyant.
- Je ne... Vois pas de quoi vous parlez.
- Vous ne semblez pas si sûre. Veuillez nous suivre s'il vous plaît, il est préférable d'en discuter dans un espace calme.
À contrecœur la jeune fille s'exécute sans riposter.
Toutes les trois rentrent dans un petit café au centre-ville.
Lorsqu'elles s'installent une serveuse reçoit leurs commandes, puis les distribuent. Cette dernière repart après des remerciements.
Lissbell démarre l'enregistrement audio avec son smartphone.
Catharina se racle la gorge avant de débuter son interrogatoire d'un ton doux.
- Commençons. Est-ce que vous reconnaissez cet homme ?
Elle sort une photo d'une chemise plastique et la pose sur la table.
Jeanne mélange son soda avec une paille horrifiée.
- Oui.
- Comment ?
L'interrogée reste volontairement silencieuse.
- Écoutez je sais à quel point c'est éprouvant pour vous. Mais votre réponse reste primordiale. Nous devons connaître la vérité et vous seule la détenez Jeanne.
La lycéenne inspire profondément. Ses yeux gris deviennent vides.
- Il m'a violé.
- Nous avons malheureusement besoin d'entendre de votre version complète des faits. Allez-y à votre aise rien ne presse, se remémorer un incident si douloureux requiert beaucoup de courage.
Lundi 30 août
Jeanne Tellier a décidé de fêter son anniversaire en boîte de nuit sans en informer ses parents.
Malgré qu'elle soit majeure, tant qu'elle vivra sous leur toit rien ne lui sera permis.
De plus la jeune fille s'est attirée des grosses foudres en annonçant le redoublement de sa terminale.
Elle a juste hâte de quitter la maison familiale comme ses grands-frères.
Après s'être échapper en douce, Jeanne profite enfin d'une soirée arrosée entourée de ses merveilleux amis.
La musique bat son plein, les verres d'alcool s'enchaînent. Tout le monde danse d'une manière déjantée.
La lycéenne quitte l'endroit à 2h30 du matin avec une amie. Elles sont complètement en état d'ivresse.
Marchant maladroitement dans la rue, les deux jeunes filles chantent à s'en casser la voix.
Les habitants du quartier dérangés dans leur sommeil appellent la police furax.
Elles finissent rapidement embarquées et placées en cellules de dégrisement.
Cette nuit-là Gérard Guibert effectue des heures supplémentaire, le chef de service lui a ordonné d'achever du travail administratif. Lissbell n'est donc pas présente à sa grande déception.
Il se lasse de son statut civique actuel : célibataire sans enfants.
La brigade de nuit exclusivement masculine surveille régulièrement les personnes en état d'ébriété enfermées. Notamment Jeanne et son amie.
La fille aux cheveux roses ressent soudainement une envie pressante d'uriner. Un policier la libère et lui indique les toilettes.
- On devrait vraiment recruter des membres féminins. Surtout pour les problèmes de femmes. Pourquoi personne ne postule ? Grommelle-t-il
Elle se débrouille seule pour trouver son chemin puis se soulager.
En sortant d'une cabine Jeanne tombe nez à nez avec Gérard qui l'observe d'un air pervers.
- Hahahahaha ! Un champignon humain me mate ! Rigole-t-elle amusée
- Tu ne vas pas rire longtemps.
Le quarantenaire l'avait dans son champ de mire depuis son arrivée. Il a profité du manque de vigilance de ses collègues pour s'infiltrer dans les toilettes des femmes.
Jeanne se fait brutalement plaquée au mur.
Comme à nouveau sobre, elle réalise maintenant la dangerosité du comportement de l'homme.
- Oh dégage ! Tu es malade !
Elle tente de le gifler cependant Gérard bloque son bras.
- Tiens-toi tranquille.
Il glisse une main baladeuse sous sa courte robe moulante. La jeune fille essaye de se débattre vainement sous la force du prédateur.
- Noooon ! À l'ai- S'écrie-t-elle désespérement
L'agresseur étouffe son cri le regard menaçant.
- Tais-toi ! Je suis excité à cause de ta tenue sale prostituée.
Il descend sa culotte.
Jeanne est paralysée de choc. Son sang se glace instantanément.
Elle ressent du dégoût au plus profond de son être qui lui donne envie de régurgiter.
L'individu ressemblant à une monstrueuse bête affamée l'utilise tel un vulgaire jouet bon marché.
Il arbore durant tout l'acte un visage sadique reflétant une pourriture intérieure, qui reste gravé dans la mémoire de la lycéenne.
Lorsque Gérard a terminé ce moment de torture insoutenable, ce dernier remonte sa braguette et reboucle sa ceinture.
Il quitte les toilettes satisfait ne daignant pas jeter un coup d'œil à Jeanne.
La jeune fille se laisse glisser le long du mur puis fixe un point invisible. Une partie d'elle-même a été volée en quelques minutes.
Le simple fait de pleurer devient impossible.
La lycéenne regarde par la fenêtre l'extérieur, absente.
Catharina ayant un caractère impulsif, contrôle ses émotions afin de poursuivre les questions.
- Avez-vous porté plainte ?
- Évidemment, pourtant...
Jeanne abandonne la cellule de dégrisement à 8 heures du matin. Son amie endormie sera relâchée plus tard.
La lycéenne a fait une insomnie et vomit sans arrêt, la scène de son viol repassant en boucle dans sa tête.
Elle se rend dans un premier temps en pharmacie acheter la pilule du lendemain.
Une fois le contraceptive d'urgence ingéré sans eau, Jeanne décide de porter plainte dans un commissariat différent.
Par peur de recroiser son violeur.
Une policière la reçoit dans son bureau écoutant son récit septique.
- Vous portiez les mêmes vêtements ?
- Hein...? En effet... Je ne me suis pas changée.
Elle la blâme sans aucune pitié.
- Une mini robe décolletée avec des chaussures à talons. Votre tenue est très provocatrice ne soyez pas étonnée d'avoir subi un viol. Je n'accepterai pas votre témoignage. Vous avez simplement été imprudente et irresponsable, quel homme ne vous sauterait pas dessus ?
Jeanne croit nager en plein délire.
- Q-quoi ? A-attendez-
- Retirez votre déposition. Vous êtes pathétique.
- Je ne peux pas faire ça !
- Bien sûr que si. Vous avez clairement cherché ce viol. Vous êtes la seule fautive dans cette histoire. On récolte ce que l'on sème Madame, bienvenue dans le monde des adultes. Aller assumez les conséquences de votre bêtise.
La jeune fille perd toute lueur d'espoir. Cette dernière sort du commissariat déboussolée, sans repère.
Lissbell grince des dents et Catharina se masse la tempe au bord des nerfs.
Une policière a manipulé la victime pour qu'elle garde le silence. Une femme encore plus grave.
Où est donc passée la solidarité féminine ?
La blonde reprend la parole d'une voix empathique :
- Un habit ne justifie nullement un viol. Je suis sidérée qu'une personne ingrate exerce cette fonction. Jeanne vous ne méritez pas de supporter un tel fardeau.
Celle-ci hoche la tête reconnaissante d'avoir une écoute bienveillante.
- Nous aimerions obtenir des preuves. Possédez-vous toujours la robe et les chaussures ? Poursuit Lissbell
- Oui elles sont restées dans un coin sombre de ma chambre. Je n'ai pas pris la peine de les nettoyer.
- Très bien. Récupérons vos affaires chez vous. La police scientifique les analysera.
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Au laboratoire, le docteur Lakoubov dévoile son verdict.
- Les empreintes proviennent bien de l'Agent Guilbert.
- D'accord. Merci de votre confirmation.
Lissbell s'apprête à partir sauf que l'homme l'arrête net.
- Ce n'est pas tout Agente Monchaõ.
- Qui a-t-il ?
Le policier scientifique brandit deux sachets.
Le premier contient des cheveux roses. Quant au deuxième une arme à feu.
- Ces cheveux appartenant à Jeanne Tellier erraient dans l'usine. J'ai aussi identifié ses traces de doigts sur l'une des armes stockées là-bas.
Un éclair de lucidité traverse les yeux verts du docteur.
Lissbell devine parfaitement sa pensée.
Est-ce que la sœur/cousine a participé de façon insoupçonnée au crime ?
- Voici une nouvelle inattendue.
La brune rejoint sa coéquipière et la nouvelle suspecte dans le couloir.
Elle file discrètement les sachets puis chuchote dans l'oreille de Catharina.
Jeanne utilisant son téléphone n'y prête pas attention.
Au même instant le Lieutenant Dupont débarque dans leur direction à toute vitesse.
- Lissbell emmène-la à la salle des visiteurs je m'occupe de lui.
Sa collègue escorte rapidement la jeune fille dans le sens opposé.
L'homme bombé d'arrogance interpelle la blonde.
- Agente Sjoeblad ! Qu'est-ce donc ce cirque ? On m'a informé que vous avez ramené une civile de nulle part.
- Cette personne a un rôle important concernant l'enquête.
- Vous ne pouvez pas faire ce que vous voulez sans mon accord ou celui d'un autre Officier de police judicaire. Votre mission consiste à nous se-con-der. C'est compliqué ?
- Nous, Agentes de police judiciaire Adjointes, ne sommes pas à votre service comme des gentilles toutous. Rétorque sèchement Catharina
Le Lieutenant Dupont croise les bras.
- Pourquoi avez-vous agi dans l'ombre sans m'en parler ?
- Au risque de vous décevoir nous ne formons pas un complot.
- Je préviens que ma patience présente des limites.
La suédoise soupire d'exaspération en roulant des yeux.
Pendant ce temps, Lissbell accompagnée de Jeanne s'assoient dans la salle des visiteurs.
- Vous allez informer mes parents de ma présence ici ? S'inquiète-t-elle
- Certainement. J'ai remarqué qu'ils étaient absents dans votre maison.
- Normal ils travaillent.
La jeune fille ronge son ongle tout en continuant la conversation.
- J'ai une faveur : envoyez mon violeur en prison.
- Impossible. Il est décédé.
- Décédé ?
- D'ailleurs vos frères Hugo, Antoine ainsi que vos cousins Sam et Valentin figurent parmis les principaux suspects du meurtre. Trois d'entre eux sont actuellement en garde à vue. Tous les éléments recueillis appuient nos accusations. Nous attendons leurs aveux.
Jeanne fond en larmes dévastée.
- Vous mentez... Pas ça...
Un Agent judiciaire ouvre la porte.
- Agente Monchaõ le quatrième complice a été arrêté.
La brune pénètre l'open space suivit de près par la lycéenne.
- Antoine !!!
Ce dernier menotté la regarde confus.
- Jeanne tu n'es pas censé te trouver là !
Un gendarme fait avancé le jeune homme fermement.
Elle sanglote de remords.
- C'est affreux... Je regrette...
Catharina arrive derrière la jeune fille sans avertissement.
- Vous êtes également en garde à vue Madame.
- C'est une blague j'espère ?
- Non hélas.
Durant l'altercation avec le Lieutenant Dupont plus tôt, la trentenaire avait expliqué l'implication de Jeanne dans l'affaire.
Celui-ci autorisa un réinterrogatoire immédiat.
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{Salle 4}
- Pendant le mois de Septembre, vous avez aussi bien émis que reçus beaucoup d'appels entrants et sortants. C'était souvent vos cousins, votre frère jumeau, ou votre sœur. Étrange pas vrai ? Dit une Agente judiciaire
- Pensez ce que vous voulez. Répond Antoine Tellier
{Salle 5}
- Jeanne il semblerait que vous nous cachez quelque chose. N'est-ce pas ? Affirme Catharina
- Vous étiez au courant du meurtre prémédité de Gérard Guibert. Car vous l'aviez planifié avec votre famille. Ajoute Lissbell
La lycéenne essuie les larmes sur ses joues ne cessant de couler.
- Je... L'avoue...
Mardi 31 août
- Pourquoi tu ne nous a pas demandé de te conduire et récupérer à la boîte de nuit ?! Tu es conne je le jure !
- Hugo tu la ferme salopard ! C'est pas en gueulant que tu arrangeras la situation !
L'aîné tourne en rond dans le salon du studio, tandis qu'Antoine câline et réconforte sa petite sœur en pleurs sur le canapé.
- Ces deux policiers... Je veux leurs morts... Murmure Jeanne enragée
Le cadet embrasse affectueusement son front.
- On va s'en charger sœurette. Te fais pas de soucis.
Hugo contacte ses plus proches cousins Valentin et Sam afin de leur communiquer le drame.
Les cinq membres de la famille se réunissent le lendemain pour préparer un plan de vengeance.
Ils optent comme lieu secret une usine abandonnée.
Phase une : tuer l'homme policier.
Phase deux : tuer la femme policière.
Les semaines suivantes tout se met en place.
Valentin achète une Peugeot noire sous un faux nom avec ses économies, Sam se fournit des armes et balles grâce à un trafiquant, Hugo se procure des cagoules et des gants n'oubliant pas un bidon d'essence, enfin Antoine prend des clichés de Gérard devant le commissariat d'après la description de Jeanne.
Mercredi 28 septembre
Il était prévu au départ de stationner à côté de l'établissement de police.
Leur cible s'étant montrée en avance, ils l'ont abattue sans se garer.
Lorsque les criminels essaient d'assassiner Lissbell qui représente une menace, Hugo est touché au bras.
Sam compresse et attache son écharpe autour de l'hémorragie.
Ils cavalent jusqu'à un champ campagnard en dehors de Toulouse.
Le quatuor délaissent leurs armes, gants, cagoules à l'intérieur du véhicule.
Sam sort du coffre un bidon d'essence qu'il asperge avec dextérité. Valentin allume un briquet qu'il lance.
- Courez ! Hurle-t-il
Quand ils s'éloignent de plusieurs mètres l'automobile explose.
- Houhou !!! On a réussi les gars ! S'extasie Antoine
Les quatre criminels échangent des checks.
Ils longent la route déserte à pied presque une heure. Finalement un arrêt de bus fait son apparition.
Désormais la phase deux commence.
Jeudi 29 septembre
- Hugo est blessé ?! Transportez-le aux urgences !
- On ne doit pas attirer l'attention Jeanne. Il va guérir ne panique pas. Assure Valentin
- Tu vois bien que je tiens toujours debout. Commente le jumeau aîné
La seule fille du groupe attrape une arme à l'intérieur de la caisse de stockage.
- Hé tu fais quoi ?
- Je te remplace.
- Tu as craqué toi ! Lâche ce flingue !
- Jamais !
Sam saisit son poignet puis récupère l'arme. Elle tape le torse de son cousin à répétition.
- Ça suffit ! Tu es incapable d'assassiner quelqu'un ! Ta sensibilité ferait tout foirer ! S'exclame-t-il
Le jumeau cadet calme Jeanne en caressant sa tête.
- Sœurette tu n'as pas un mental d'acier. Laisse-nous achever le travail pour ta dignité. On te promet de revenir sains et saufs.
- Antoine...
- Décris-moi celle qui t'as contrainte d'annuler ta plainte. Je la prendrais en photo demain.
Aujourd'hui, vendredi 30 septembre, un second meurtre prémédité a été déjoué de justesse.
Ils comptaient traquer et tuer la policière à son domicile la soirée du 3 octobre.
- Qu'ai-je fait...? C'est moi qui a inventé l'idée. Mes frères et cousins endosseront une peine moins lourde ? Je vous en prie. Supplie Jeanne
- Ce sont eux qui ont tués, pas vous. Conclut Catharina
Elle passe un stylo et un bloc de feuilles. La jeune fille est obligée de tout retranscrire.
- Maman, papa, je suis désolée... J'ai détruis la famille...
Plus tard, les quatre auteurs ainsi que la complice du crime sont transférés au Palais de justice.
Ils ont des entretiens avec la Procureure de la République.
Jeanne pourra attaquer en justice la policière qui l'a mal reçu après son viol.
Une jeunesse dorée gâchée pour l'amour des siens. Les liens étroits du sang engendrent le meilleur comme le pire.
- Santé !
Plusieurs verres de champagnes trinquent simultanément.
Le bureau de police est exceptionnellement animé ce soir. Les fonctionnaires s'offrent un peu de détente.
- La collaboration entre la police nationale et municipale a merveilleusement porté ses fruits. Je tiens à féliciter votre dur labeur. Se réjouit Lieutenant Dupont
Cette sincérité n'échappe pas aux brigadières.
- C'est très aimable de votre part. Nous partageons la même pensée. Aquiesce Catharina
Lissbell vérifie sa montre.
- Je vais y aller.
- Sérieux ? Quel dommage ! Prends des parts de pizzas à emporter ton ventre est vide. Peut-être qu'aucune saveur ne correspond à tes goûts ? Il faut le dire Lissbell !
La brune sourit légèrement face à l'attitude maternelle de sa coéquipière.
- Je ne suis pas ton enfant pour rappel.
- Heureusement, mes bambins m'épuisent déjà. Taquine la suédoise
- Moi aussi mes gosses sont infernaux. Dit Lieutenant Dupont
Ils portent tout deux des alliances.
En tant que introvertie, Lissbell a besoin de recharger ses batteries en s'isolant des autres.
Dans son appartement, elle se relaxe en pyjama devant une bonne série Netflix avec son chat à côté.
Vers minuit la jeune femme fatiguée éteint les lumières, puis s'allonge sous la chaude couverture de son lit.
Le marchand de sable l'endort rapidement.
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Honnêtement ce chapitre était compliqué à écrire. C'est aussi le plus long.
J'espère que vous avez aimé en tout cas ! Rendez-vous pour la partie 5 ! ☺️
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