Chapitre 2

- Et enfin celle-là mesure aussi 9 mm. En visant la tempe le coup ne pouvait être que fatal. Cela fait sept balles reçues dans le corps au total. Constate le médecin légiste

- Merci pour les renseignements docteur Lakoubov. Répond Catharina

Les brigadières municipales sortent de la salle d'examination.

- On rentre dans une affaire de trafiques d'armes illégales, maintenant ça se corse. Dit la suédoise

Elle s'étire bruyamment les bras.

Sans un mot, Lissbell feuillette le dossier d'analyse en faisant un résumé mental.

Aucune trace d'adn n'a été retrouvé sur le lieu du crime.
En revanche il y a deux moyens de pister la voiture : grâce au débris de verre laissés sur le sol, et surtout aux témoignages des civils.

D'après le souvenir de Lissbell, le véhicule est une Peugeot 308 noire et la plaque d'immatriculation YZ-917-QR.

Pour finir, comme l'a mentionné Catharina, les ventes d'armes sont illégales en France. Il faut donc remonter jusqu'au fournisseur.

- Je pense que nous avons besoin d'une pause. Déclare la brune

- Pour une fois je suis d'accord avec toi.

Au distributeur de café, le duo croise un membre de la police nationale.

- Bonjour lieutenant Dupont.

- Bonjour agente Sjoeblad et agente Monchaõ.

Tandis que l'homme boit dans son coin, elles utilisent à tour de rôle la machine.

- Je suis contente que le café puisse me tenir éveillée. Dit Catharina

- De même. Ce n'est pas facile de tenir un rythme ardu. Affirme-t-il

Le lieutenant jette son gobelet à la poubelle et s'apprête à partir.

- Sur ce-

- Comment avancent les témoignages recueillis ? Coupe Lissbell sérieusement

- C'est pas toi qui voulais faire une pause ? Ironise sa coéquipière

- Échangeons les informations maintenant.

Une fraction de secondes de la colère apparaît dans les yeux de l'homme.
Il divulge les nouvelles avec une attitude hypocrite.

- Nous avons eu cinq dépositions, toutes quasiment similaires. Le véhicule a été vu pour la dernière fois à Croix de Pierre, il y avait à bord quatre personnes. Grâce au débris de verre, nous avons pu retracer une partie du chemin qu'ont pris les criminels.

- Par où sont-ils passés ?

- Ils ont traversés Rangueil. La voiture a sûrement été abandonnée hors de Toulouse en campagne, totalement typique. Nous avons également les noms des vendeurs et des fabricants.

- D'accord. Agente Sjoeblad et moi-même allons enquêter sur la source des armes. Vous avez déjà reçu une copie du dossier d'autopsie ?

- En effet. Je me rends sur le terrain avec mon équipe tout de suite. Communiquez-nous les nouvelles de votre côté.

- Bien sûr.

Le commandant s'éloigne d'un pas rapide.

Catharina jusque là silencieuse parle d'un air septique :

- C'est étrange que la police nationale ne soit pas rendue au laboratoire en même temps que nous. Ils veulent nous devancer.

- Oui. Si je n'avais pas demandé on aurait rien su.

Peu après, les deux coéquipière explorent les données d'archives avec une grande concentration.
Des feuilles sont éparpillés partout sur la table.

- Bon sang... On va jamais s'en sortir. Murmure la trentenaire

Lissbell soupire.

Ces modèles sont très répandus en général.

Il y a énormément de fournisseurs d'armes, mais lequel est concerné par cette enquête ?

L'inconnu de la station lui revient en mémoire. Si elle le retrouve il pourrait lui révéler des précieux détails sur les criminels.

Lissbell se remémore l'état pitoyable du jeune homme... Comme s'il s'était échappé de quelqu'un ou quelque chose ?
Cette fameuse nuit il est parti par la forêt mais a-t-il pu même en ressortir ?

- Catharina, je vais devoir m'absenter.

- Hein ?! Où tu comptes aller comme ça ! S'indigne sa coéquipière

- Écoute, je sais que ce n'est pas clair pour toi mais je te demande une seule chose : fais-moi confiance.

Les deux jeunes femmes se fixent longuement du regard.
La blonde est dans l'incompréhension
la plus totale, cependant elle sent que sa collègue doit accomplir quelque chose d'important.

- Pff ! Vas-y. Je devine jamais ce qu'il se passe dans ton cerveau de toute manière.

Lissbell esquisse un rare petit sourire avant de partir.

- Merci.

Cette dernière garde un visage surpris après son départ.

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- Les personnes portées disparues récemment ? Pourquoi en as-tu besoin ?

- C'est pour faire avancer l'enquête. La liste me rendrait grandement service.

La brune a décidé de passer au commissariat, sachant très bien que sa présence perturberait les membres de l'unité 4.

Son collègue imprime quelques documents avant de lui transmettre.

- Voilà. Il y a tellement de cas certains sont en attente.

Lissbell tourne frénétiquement les pages jusqu'à s'arrêter subitement.

Ces yeux verts mélancoliques, ces cheveux châtains décoiffés, et ce teint pâle.

Le jeune homme s'appelle Sullivan Kaech, 19 ans, il habite dans un logement universitaire à Toulouse. Aucun antécédent judiciaire.

Daël Ajelet, son camarade du campus, a rapporté sa disparition il y a à peine 1 heure. L'affaire est laissée de côté.

Lissbell ressent de la culpabilité : c'est en partie sa faute si le pauvre Sullivan a fui en pleine nature.
C'est le moment de réparer son erreur.

La policière municipale monte dans la voiture et roule jusqu'à la station-service.
D'un pas ferme, elle rentre dans la forêt veillant à laisser des repères à chaque progression.

Le temps s'écoule... Toujours pas de silhouette humaine en vue.
Le soleil ne va pas tarder à se coucher.

Soudainement un long cri rempli d'angoisse et de détresse fait écho. Un cri si... Déchirant qui envoie des frissons.
Les oiseaux pris de peur déploient leurs ailes puis s'envolent haut dans le ciel.

Lissbell se met à courir vers la direction sud-est.
Finalement, un jeune homme agenouillé au sol juste vêtu d'une chemise, apparaît dans son champ de vision.

- Sullivan Kaech !

Celui-ci se tire les cheveux et secoue brutalement la tête.

- Nooooon ! Laissez-moi !

Il semble en pleine hallucination. La brune se rapproche doucement et s'accroupit près de lui.

- Sullivan écoutez-moi ! Je ne vous ferai pas de mal. Je suis là pour vous aider.

Il la regarde sans vraiment la voir en murmurant d'une voix brisée :

- M'aider ?

- Oui je vais vous ramener en sécurité.

- Pourquoi ? Je veux mourir...

Lissbell l'observe interloquée mais continue son attitude professionnelle.

- Sullivan, partons d'ici. Vous êtes attendu.

Le jeune homme à bout de force perd connaissance d'un coup. La policière le rattrape dans ses bras.

Elle transporte son corps mince et particulièrement léger sur son dos.

20h00.

Un étudiant roux aux yeux gris ouvre la porte d'une chambre d'hôpital.

- Sulli...van.

Celui-ci s'assoit à côté du lit où son ami demeure allongé inconscient.

Daël Ajelet serre délicatement sa main, une série de larmes coulent sur ses joues.

Lissbell assiste à la scène au seuil de l'entrée.
D'après l'examination du médecin, le pronostic vital du patient n'est pas en danger.
Il souffre simplement d'anémie et de déshydratation. Les égratignures sur son corps devraient rapidement guérir.

Daël se tourne vers la vingtenaire les yeux larmoyants.

- Je ne vous remercierai jamais assez de l'avoir sauvé.

- Je n'ai accompli que mon devoir. Vous savez quand sa famille se présentera ?

Le visage de l'étudiant vire au sombre. Elle a touché un point sensible.

- Personne ne viendra. Sullivan est fils unique, mais on pourrait plutôt dire orphelin.

Le roux marque un temps de pause, se noyant dans une certaine tristesse. Il finit le cœur lourd :

- Il n'a jamais eu une vie facile...

Lissbell ne peut que bien imaginer.
Qu'est-ce qui pourrait pousser un garçon tout juste sorti de l'adolescence à mourir ?

- Daël, souhaitez-vous que je vous raccompagne ?

- C'est gentil de votre part, mais je vais rester à son chevet pour la nuit.

- Je comprends parfaitement. Si vous avez besoin de quoi que ce soit voici ma carte.

Il sourit poliment en la saisissant.

- Merci beaucoup.

De retour dans son appartement, Lissbell se déchausse puis s'effondre sur son canapé.

Un chat à fourrure blanche parsemée de tâches noires miaule.

Elle le porte et le caresse tendrement.

************************************

Le lendemain, Lissbell fait un détour à l'hôpital avant de se rendre au département de la police nationale.

Dans le couloir, elle croise un homme blond qui sort de la chambre de Sullivan.
Il est grand et semble trentenaire.

La policière tend sa main.

- Bonjour Monsieur. Lissbell Monchaõ, je suis brigadière municipale.

Ils s'échangent une puissante poignée.

- Bonjour Madame. Clément Fonteneau, je suis le psychiatre de Sullivan.

- Est-il en mesure de passer un interrogatoire ?

Les yeux bleus du docteur lance un sévère avertissement.

- Oui. Cependant mon patient présente deux troubles psychologiques : une dépression chronique et une anxiété sociale. Gardez cela en tête, il ne faut surtout pas le brusquer.

- Je ferai très attention en y tenant compte sérieusement.

- Bien, je vous confie Sullivan. Passez une bonne journée Madame.

- Pareillement Monsieur.

Lissbell pénètre dans la chambre prête à établir un contact ordinaire avec le témoin.

- Bonjour Sullivan. Comment vous sentez-vous ?

L'étudiant la fixe silencieusement.

- Vous êtes Lissbell Monchaõ ?

- En effet.

Il détourne le regard gêné.
L'italienne prend place près de lui, puis sort un bloc-notes avec un stylo.

- Que voulez-vous ? Demande-t-il nerveux

- Je souhaiterai vous posez quelques questions, concernant une affaire criminelle en cours.

- Vous interrogez la mauvaise personne.

- Ne mentez pas. Je sais que vous êtes témoin. Nous nous sommes rencontrés cette nuit-là.

Le châtain serre sa couverture parcouru de tremblements inarrêtables.

- Vous ne m'avez pas cru. À quoi ça sert ?

- Je m'en excuse sincèrement. J'ai réalisé par la suite que votre témoignage me serait très précieux.

- C'est à cause de vous si je suis à l'hôpital. C'est tout ce que vous avez à dire ?!

La nature impassible de Lissbell montre un gros défaut. Il doit penser qu'elle a zéro once d'humanité.

- Sullivan calmez-vous.

La respiration de ce dernier s'accélère.

- Vous m'avez laissé seul dans la forêt ! Vous étiez sûre que j'étais un criminel ou un fou ! Hurle-t-il agonisant

- Hé regardez-moi !

Le patient débute une crise de panique. Cela ne sent clairement pas bon.
Lissbell ne peut pas se permettre d'échouer maintenant.

Sullivan pose une main sur sa poitrine douloureuse en manque d'air.

- Inspirez et expirez profondément ! Imitez-moi !

La brune relève son menton pour qu'il puisse la voir.

- Ensemble Sullivan !

Elle effectue l'inspiration et l'expiration à répétition, l'étudiant la rejoint à son rythme.
Ils poursuivent leurs actions plusieurs minutes jusqu'à ce que la situation soit stabilisée.

Le jeune homme s'empourpre timidement.
Lissbell stoppe aussitôt le contact physique.

- Vous allez mieux ?

- O-oui...

- Vous savez, j'ignore si vous me pardonnerez un jour. Rien ne vous y oblige, votre rancœur est naturelle. Je regrette d'avoir mis en danger un civil par mon mauvais comportement. J'ai cruellement sali l'image de la police censée protéger les citoyens.

Le visage de Lissbell reste identique, malgré ça les mots employés et le ton de sa voix ont un impact fort.

- Madame, c'est assez... J'accepte l'interrogatoire mais à une condition.

- Laquelle ?

- Ne me jugez pas s'il vous plaît...

L'incertitude décrit cette demande subjective.

- Je vous le promets.

Sullivan déglutit en fermant les paupières.

- Je peux prédire... La mort...

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Chapitre 2 clos ! Plus d'un an plus tard je poste la suite 😂
J'ai rencontré une grosse panne d'inspiration, mais je reviens plus déterminée que jamais 😊

Malheureusement beaucoup de lecteurs/lectrices ont dû lâché l'affaire avec mon histoire 🙁

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