27 : 𝙁𝙞𝙣𝙖𝙡𝙡𝙮 𝙐𝙣𝙙𝙚𝙧𝙨𝙩𝙤𝙤𝙙
C'est le lent bruit des moniteurs cardiaques qui la firent se réveiller.
Dike ouvrit ses yeux avec douceur et fut ébloui par la blancheur du plafond.
Elle regarda à ses côtés et vit un long fil de lits d'hôpitaux vides.La brune comprit : elle était à l'infirmerie.
Et c'est ainsi qu'elle se rappela pourquoi elle était ici.
La puanteur de l'odeur de la mort refit surface dans ses narines et les larmes embuèrent de nouveaux ses yeux rétrécit.
Jimmy était mort.Le garçon qui avait voulu l'aider en avait payer de sa vie.
Le moniteur cardiaque se mit à s'affoler.Dike tenta de détacher l'intra veineuse de son bras avec force jusqu'à qu'une femme passe la porte des chambres.
C'était une femme à la peau d'ébène et aux lunettes à montures épaisses.Elle devait être âgée dans la soixantaine et possédait de longues dreadlockes qui faisait un grand contraste avec sa blouse blanche.
"Ne bougez pas ! Ne bougez surtout pas ! Votre corps est beaucoup trop faible,vous allez faire une rechute ! Je suis le docteur Maria Smith,je m'occupe de vous." S'écria la femme en courant vers son lit.
Dike secoua la tête de gauche à droite.
"Il faut que je parte,je ne peux pas rester ici ! Sortez moi de là !" Cria en retour la belle brune.
La femme la regarda avec pitié.
"C'est impossible,jeune femme.Le sergent a spécifié que vous ne deviez en aucun cas sortir de votre lit tant que vous n'êtes pas pleinement en forme." Répond la doctoresse avant de se pencher sur son lit pour régler les moniteurs.
La prisonnière crie de détresse avant de regarder tout autour d'elle.Elle voit poser sur la table une paire de ciseaux et,sans même réfléchir, l'attrape et la pose sur sa propre gorge.
La femme la regarde avec peur tandis que les larmes se font plus nombreuses sur les joues creusées de la brune.
"Laissez moi partir ! Ou...Ou je me tue !" Elle bégaie follement.La femme en blouse blanche en face d'elle tend les mains devant elle,en signe de paix.
"Que pensez vous faire ! Que pensez vous gagner en vous faisant encore plus de mal !" Crie-t-elle en retour.
Un lourd sanglot à fendre le cœur sort de la bouche de la prisonnière comme un appel de détresse.
"Je veux la liberté...Je veux la liberté ou la mort.Je ne veux pas rester ici,je ne peux plus rester ici,je dois retrouver ma famille,je dois partir...Je dois partir !" S'étouffe de nouveau Dike,les larmes ne s'apaisant jamais.
Pourquoi lui faire tout ce mal ? Pourquoi elle ? Pourquoi ?
La doctoresse afficha une mine attristée à ces mots.
"Si je pouvais,je le ferai.Je l'aurai fait depuis longtemps,depuis la première fois où tu as passé la porte de l'infirmerie je t'aurai laisser fuir sans même réfléchir ! Mais je ne peux pas...Il me tuera." Lui explique la femme d'une voix pleine de remords.
Dike l'écoute d'une seule oreille,trop occupée à ressasser les évènements qui se sont produits.
Il était mort.Jimmy était mort.
C'était encore qu'un gosse.Il venait à peine d'avoir l'âge pour s'inscrire à l'armée,avec la belle foi de servir son pays.
Et on lui avait coupé les ailes.Il était mort en essayant de faire ce qu'il pensait juste.
À moins qu'elle n'ai eu tort, à moins que se soit elle le véritable coupable.Elle est prête à fuir, laissant derrière des innocents mourir par la conséquence de ses actes.Elle a le pouvoir de sauver le monde,mais elle est trop égoïste pour les laisser faire.
Elle est un monstre.
La doctoresse fixe la brune en panique et soudain,son regard se pose sur la manche quelque peu remontée de Dike.Là,sur sa peau pâle, peut-être vu quelques brûlures rondes, causées par des cigarettes.
"Et si on discutait plutôt ? Hein,Dike ?" Commence calmement la femme docteur,tentant désespérément de faire changer d'avis la jeune brune.
La femme en question la regarde avec hésitation.
"Dike,et si on parlez plutôt d'avant ? La souffrance,vous y êtes habituez,non ?" Continue-t-elle d'un ton bas,alors que son regard se fixe sur la manche relevé.
Dike suit son regard et voit,les cicatrices qui n'ont plus d'importance,celle d'avant,les anciennes.Car des bien plus fraîches décorent dorénavant son corps,et maintenant des invisibles.
Pourtant,elle n'aime pas le regard qu'on lui accorde,celui de pitié et,tel un animal piéger,son cœur s'affole et elle remonte rapidement sa manche sur son bras.
De peur que le peu d'avancée qu'elle a fait avec la captive ne s'efface,Maria remonta à son tour l'une des manches de sa blouse de médecin.
"Dike,la souffrance vous y êtes habituez...Mais vous n'êtes pas seule."
Le regard larmoyant de la jeune brune s'abaisse sur le bras bronzé de la femme aux dreadlocks et y voit marqué un tatouage.C'étaut très simple, minimaliste pour dire,mais l'impact qu'il a eu sur Dike fut lourd.
C'était un point virgule.Celui de la survie aux plus durs souffrance.Près du tatouage,Dike put distinguée une large balafre, s'effaçant peu à peu avec le temps.
"L'amour,rien n'est plus dur que lui.J'en est reçu des coups de mon mari que j'aimait plus que tout,des plus simples et ridicules aux plus violents et mortels.Pourtant..." Commence le docteur Smith avant d'être stoppée par Dike.
"Pourtant, malgré toute la souffrance physique,rien n'est comparable à la douleur incommensurable de l'Amour.Parce qu'aucun coup ne fait plus mal que de se séparer de cet amour empoisonné,accroché à toi comme les épines d'une rose.Parce que même si le corps à compris qu'il fallait fuir afin d'éviter un funeste destin,le cœur reste borné à demeurer là.Rien ne fait aussi mal que l'amour." Termine d'un ton engorgé de larmes la belle femme.
Malgré toutes ces années qui étaient passées,malgré le temps, c'était bien l'amour le plus dur à encaisser.
Seul l'amour pouvait blesser à ce point.
Dike n'avait jamais ressenti le sentiment qu'elle ressentait finalement aujourd'hui,celui de se faire comprendre, après des années de perdition.
Elle ne s'était jamais présentée aux réunions des femmes battues de sa ville,de peur d'être jugée pour ses sentiments encore persistant pour son bourreau.
Mais Maria l'avait compris.Elle avait su voir, derrière toutes les cicatrices.
Parce qu'il n'y avait que des femmes qui ont connu la même chose pour se comprendre.Aucunes des études comportementalistes de l'époque ne pourrait comprendre au fond toute la vérité du phénomène des violences conjugales.
Le médecin se rapproche de Dike, s'asseyant à ses côtés sur le lit médicalisé.Elle prit entre ses mains calleuses celles plus petites et douces de la brune.
"Et crois moi je te comprends Dike.Je comprends tous ces sentiments qui t'animent.Que tu sois passée d'une cage à une autre,que toute ta vie tu es rêvée de liberté et que tout ce qu'on est pu te proposer sont des chaînes rouillés.Je connais ce sentiment de faux survivant,la honte de survivre aux pires cauchemars et de rester enfermer dans une cellule sordide ou même simplement ta propre maison.Je comprends Dike,je comprends et je compatis pour toi,tu es si jeune..." S'émouvoi la femme dans la soixantaine,les larmes débordants de ses yeux plissés par le temps.
D'entendre ses mots plonge Dike dans un sentiment d'amertume qu'elle ne peut pas s'enlever.Tous ses mots,ce ne sont que la vérité.Elle est enfin comprise.
Elle est comprise.
La main calleuse de Maria se glisse sur sa joue blessée et la prend doucement en coupe.
"Mais il n'est pas trop tard pour toi.Tu as toute la vie devant toi.Ces fers que tu vois accrochés à tes poignets et tes chevilles,ils ne pourront pas t'arrêter plus longtemps.Tu vas vivre Dike,tu vas vivre." Dit-elle d'une volonté de fer.
Ces mots touchent profondément la brune,se sentant enveloppée dans un sentiment qu'elle n'avait connu qu'à l'époque.Celui d'être maternée,de se sentir encore enfant.
Les larmes se libèrent,et des sanglots bruyants sortent des lèvres gercées de Dike.Elle y croyait tellement,elle y croyait tellement...
Prise dans sa libération,elle ne remarque pas la doctoresse ajouter un liquide à la poche accrochée à son bras.
Et alors qu'elle sentait une lourde fatigue s'abattre sur elle,Maria reprit.
"J'ai étais à ta place aussi.Mon mari,bien que je l'aimais plus que tout, à méritait toute la souffrance de la mort qu'il a reçu de la part de l'apocalypse.J'ai enfin connu la liberté,elle est si bonne,on ne s'en lasse pas ! Alors ne t'en fais pas Dike,repose toi,tu n'es pas seule.Et tu verras..."
Les paupières de la prisonnière peu à peu se ferment,la laissant à un repos troublé mais pourtant bien mérité.
"La liberté n'est qu'à un pas."
La fatigue le guettait.
Il perdait peu à peu pied,le sergent qui menait la guerre au nouveau monde.
Ryan Collins ferma le dossier qui se trouvait sur son bureau d'un revers de main et soupira.
Depuis la mort des traîtres,il n'avait pas revu Dike.
La brune,bien que des plus rebelles, laissait un vide en lui qu'il ne trouvait pas la force de combler autrement.
Et sa présence devenait de plus en plus mystérieuse,avec les documents qu'il avait en main.
Alors qu'il allait jeter à nouveau un coup d'oeil sur la pile de documents qui l'attendait,sa porte s'ouvrit à la volée.
"S'en est trop !"
Il leva son regard charbonneux sur le nouvel invité dans son bureau et vit devant lui le docteur en chef de la base,Mme Smith.
La femme avait les yeux embués de larmes refoulées, cachées derrière ses lunettes à montures épaisses.
"Docteur ?" Demanda lentement le sergent,alors que la femme se jetait sur son bureau.
"Vous ne pouvez pas continuer ! Laissez cette femme tranquille ! Vous la tuez !" Hurla la sexagénaire,sous le regard froid de l'homme en charge du bâtiment.
Lentement,il rangea dans un tiroir le dossier sur le rapport de l'incendie de Solyrisa,puis un autre,et se concentra sur la femme furieuse.Il attendit quelques secondes,le temps que le souffle énervé de la femme se calme,avant de commencer à parler d'une voix maîtrisée.
"Dans cette base,le rôle de chef m'appartient.Les décisions sont miennes.Vous,votre rôle est de vous préoccuper de la santé de vos patients,rien de plus,rien de moins.Dike Walsh restera ici.Sa place est à mes côtés,et nul part d'autres." Répond calmement Ryan et le docteur laisse échapper une larme de frustration, entendant de nouveau dans ses oreilles les cris déchirants de sa nouvelle patiente.
La femme retire ses lunettes et essuie rageusement d'un revers de manche ses yeux rouges.Elle souffle,respire une bouffée d'air et remet ses lunettes.
Là, devant les yeux du sergent,la femme en détresse se métamorphose et revient à sa personnalité sérieuse,calme et posée.
Elle recule vers la porte ouverte,dans une démarche assurée et se retourne une dernière fois vers le chef.
"Vous voulez parler de rôle ? Bien.Mon rôle qui n'est pas le votre est de m'occuper de la santé de mes patients.C'est à dire physique et mentale.Dike Walsh est au plus mal,sa santé mentale a de tels répercussions sur son physique qu'elle dépérit.Il est de mon devoir de l'aider et l'aide qui lui est nécessaire serait de partir une bonne fois pour toute d'ici...La lumière n'a pas sa place ici,sergent."
La réponse de l'homme ne se fît pas attendre.
"Elle a bien sa place parmi nous, n'en doutais pas.Elle est peut-être brillante,mais ce brin de lumière ne peut cacher la part d'ombre qui existe chez elle."
Et sur ces mots froids de Ryan,la femme quitta la pièce,dans l'espoir de sauver ce brin de lumière.
L'homme installait à son bureau soupira une nouvelle fois.Il sentait la tempête arriver et son navire tanguer, faisant monter la tension chez l'équipage.
Étaient-ils prêts à passer à la mutinerie,ou le pouvoir qu'il détenait encore était assez fort pour vaincre tous leurs doutes ?
On toqua une nouvelle fois à la porte.
La colère sourde grandissant chez le sergent le fit taper du poing, faisant valser sur le sol quelques documents.
"Si c'est pour contester mon autorité à nouveau,VOUS POUVEZ ALLER VOUS FAIRE VOIR !" Il hurla la fin.
Un silence se fit.La porte s'ouvrit lentement et le bruit d'un tapotement sur le sol résonna dans la pièce.
"Heureusement,ce n'est que moi."
Les sourcils de l'homme se froncent à la découverte du,ou plutôt de la nouvelle invitée.
"Puma."
La rousse offrit à l'homme un grand sourire,qui pourrait paraître doux mais qui était plus effrayant que les morts dehors.
La scientifique fit glisser sa canne vers l'avant,marchant en parfaite coordination avec elle.Lorsque la canne en fer frappa le bureau,Puma se stoppa.
"Qu'est ce qui t'amène ici,loin de ta tour ?" Demanda Ryan alors que le sourire de la femme ne disparaissait jamais.
"Je vous ai en fait peut-être menti un poil en arrivant ici... J'ai contesté votre autorité."
Le doute prit place mais la femme enchaîna rapidement.
"Je me suis permis de prélever à Mlle Walsh une fiole de son sang afin de faire des analyses.Elle est parfaite." Conclua la scientifique en posant sur le bureau un épais dossier.
Le sergent le prit en main et le reconnu directement.C'était celui contenant tous les résultats des expériences menées.
Il passa rapidement les pages, voyant les profils de ses soldats dont Ayden Walsh,des cobayes mais aussi de lui même.Toutes ces pages avaient été tamponnées d'une couleur rouge vive, marquée "non concluant".
Il arriva à la dernière page,la nouvelle mise à jour du dossier.Le nom de Dike Walsh était marqué en gras tout en haut,avec toutes les informations que la base Paradise possédait sur elle.
NOM : DIKE WALSH
ÂGE : 29 ANS
TAILLE : 1 M 71
POIDS : 49 KG ( TROUBLE ALIMENTAIRE SÉVÈRE )
GROUPE SANGUIN : O +
AFFILIATION : AYDEN WALSH ( TESTÉ NON CONCLUANT )
CONSTAT : LA SOLUTION À BASE DU SANG DU PATIENT A ÉTAIT LE SEUL RÉSULTAT CONCLUANT ET N'AYANT PAS VU SUBIR UNE MODIFICATION DU GÉNOME.
RÉSULTATS : TEST CONCLUANT.
Les yeux du sergent s'écarquillèrent à la vue de la dernière ligne.
Finalement,Dike Walsh avait bien sa place parmi eux.
Un chapitre qui ouvre à un avenir bien sombre pour Dike...
En tout cas j'espère que ce chapitre vous a plu et n'hésitez pas à commenter !
Bisous Poutous 😘❤️
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