Chapitre 11

Et on rentre à la casbah — Thomas Deseur

Moon

Je dois partir. Pas demain ou après-demain, dans une semaine ou dans quinze jours, c'est maintenant que je dois m'en aller. La raison est simple : deux jours se sont écoulés depuis notre altercation avec la proviseure et je suis la risée de tous. Si on me laisse tranquille dans le sens physique, il ne se passe pas un instant sans qu'on chuchote à mon passage, ne me dévisage ou qu'on ne rit de moi pour un rien. J'ai essayé de surmonter ça, de me rappeler de ce que ça me faisait sur le continent quand on se moquait de moi à l'internat, mais rien n'est pareil. En fait, malgré toutes les différences de ce monde, son caractère dangereux et cruel, quelque chose faisait que je m'y sentais bien.

J'ai passé toute la nuit à cogiter, à tourner les questions dans ma tête pour essayer de comprendre ce qu'il se passe, ce qui change, et en effet, je crois que j'ai compris. Je pouvais avancer dans la cour sans qu'on ne se moque. Je pouvais m'habiller bizarrement — même si les vêtements de pirates ne sont pas mon truc — et personne ne disait rien. En fait, j'étais normale. Dans ma bizarrerie, évidemment.

Malheureusement, même si je ne m'en rends compte que maintenant, il est trop tard pour reculer. Comme dit le grand Faf Larage : « À chaque choix on parie contre le sort ; Pas le choix faut y'aller ; Dis-leur que j'ai pas le temps ; On fait des plans pour s'en sortir ».

—    Omg, Dexter m'a proposé de sortir !

Romary entre en furie dans la chambre comme une tornade, rouge tomate et totalement en transe. Surprise, je me redresse pour m'assoir sur mon lit, retire le livre dont j'ai à peine lu une ligne de mes jambes et lisse ma jupe noire à volants, courte sur le devant et longue à l'arrière. En fait, je me suis déjà préparée pour m'en aller ce soir, gardant les vêtements de la journée pour ne pas attirer l'œil, soit une sorte de robe en tulle avec le bas asymétrique et des manches bouffantes aux bras. J'aime beaucoup le col carré qui permet de cacher un peu mon corps, ça change des chemises un peu ouvertes qui dévoilent la raie de ma poitrine. Seulement, je n'ai pas pu échapper au corset qui est la base de toutes les tenues des Drecean j'ai l'impression... J'ai pris le plus pratique que m'a dégotée Romary, soit un en cuir brun avec des coutures blanches et quelques ornements dorés. Mon amie a tellement adoré mon combo qu'elle a tenue à me passer des tonnes de colliers que je porte autour de mon cou et de jolis bijoux pour cheveux qui, je l'avoue, rajoute un petit côté brillant à mon roux foncé.

J'ai décidé de ne rien emporter avec moi, si ce n'est quelques affaires propres et de la nourriture, un couteau volé au self que j'accrocherai à ma cuisse et... c'est tout. En fait, je n'ai pas de plan, et je suis morte de trouille. Si je reste là plus longtemps, je ne sais pas quel sort on me réserve mais si je pars, je vais mourir aussi. Pour le moment, je compte tout donner sur l'hypothèse qu'il y a des moyens de transport à l'avant du manoir, sur la partie que je n'ai jamais vue car, ça n'a pas changé, si je traverse la bulle d'air, je finis en canette de soda qu'on écrase.

—    T'es avec moi Moon ? me demande Rom' qui s'est approchée de moi en sautillant.

—    Oui, excuse-moi... C'est génial ! Vous allez vous voir quand ? Où ? Je ne sais pas trop si vous avez des weekends ici ou ce genre de choses.

—    Week-end ?

—    Oui, c'est plusieurs jours de suite dans la semaine où tu as des temps off, hors de l'école.

Elle fronce les sourcils sans comprendre ce que je dis. Décidément, j'avais remarqué qu'ils n'avaient pas de weekend comme nous mais ça devient épuisant d'avoir autant de différences.

—    On a des jours off, comme tu dis. Mais on ne quitte pas l'école.

—    Jamais ?

—    Rarement. Enfin, il y a des saisons pour ça, des périodes de l'année où l'on peut bouger. D'ailleurs, j'ai oublié de te dire parce qu'on fait pas mal de bouche à oreille ici, mais on a bientôt plusieurs jours sans cours.

Depuis que je suis ici, ce qui fait au moins deux bonnes semaines même si je ne vois pas le temps s'écouler, il me semble que nous n'avons eu aucun jour sans cours. Heureusement que ceux-ci ne sont pas denses dans la journée, mais ça reste étrange et soutenu comme rythme. Je me mets à la place des adolescents proches de leur famille, ça ne doit pas être simple.

—    Et pourquoi ça ?

Romary qui était si joyeuse d'avoir un rencard se renferme un peu sur elle-même, comme si je venais de dire une bêtise.

—    Hum... Eh bien... Tu te souviens, le bureau de Mme Rumsey ?

Entendre son nom fait naître un long frisson de dégoût dans mon dos. Évidemment, que je me souviens de ça. Ma main s'en souvient, elle aussi. Je n'ai toujours pas retiré le bandage mais je me suis promis de le faire ce soir. Je n'ai pas recroisé la directrice depuis cet incident, mais j'espère ne plus jamais la voir de ma vie. Dans pas longtemps, tout ça ne sera plus qu'un mauvais souvenir.

—    Je m'en souviens, oui.

—    En gros, ils n'ont toujours pas trouvé ceux qui ont vandalisé son bureau. Elle convoque les parents pour en parler donc...

—    Attends, les parents ?

Elle hoche la tête, hésitante et mal à l'aise. La pauvre maltraite les peaux de ses doigts à s'en faire saigner.

—    Romary, tu sais que je n'ai pas de parents ici. Personne ?

—    C'est ça le problème... On a un peu de temps pour trouver une solution mais...

Mais on est dans la merde. Raison de plus pour que je m'en aille, mais ça, Romary n'a pas besoin de le savoir.

J'ai hésité à lui en parler, j'ai fait le pour et le contre mais au final, je pense ne pas être quelqu'un d'assez important pour l'embarquer dans ma connerie. Indirectement, je ne suis que de passage dans sa vie et un jour où l'autre, je m'en irai. Elle est la seule qui m'a aidé dans ce monde et je lui serai redevable à vie, mais je me dis que si j'arrive à rejoindre la surface, je trouverai un moyen quelconque de lui rendre la pareille. Dans l'autre cas, je serai morte.

—    Ce n'est pas grave ! je rebondis en descendant de mon lit avec une gaieté feinte. On a tout le temps d'y penser mais pour le moment, explique-moi ton date !

Romary, tellement excité d'avoir enfin été invité, m'explique plus ou moins les exceptions au couvre-feu, ce que Dexter compte faire comme démarche pour ne pas être punis et qu'ils puissent vivre leur vie le temps d'une soirée. Je l'écoute d'une oreille, planifiant de l'autre tout ce qu'il me faut pour ne pas me faire cramer ce soir. On débat pendant des heures sur si elle doit s'épiler ou non — évidemment non, elle fait comme elle veut —, ce qu'elle doit porter — elle doit être à l'aise avant tout — ou encore sur sa coiffure qui peut la rendre trop « masculine » — faux, elle adore sa coupe de cheveux c'est juste le stress qui parle —. Je la prépare, Sally nous donne un coup de main avant de retourner jouer aux échecs avec je ne sais qui puis je me retrouve une dernière fois devant mon amie, radieuse dans une combinaison bleu nuit à manches courtes qui fait un beau rappel avec les tâches qui parsèment son corps.

J'ouvre la bouche pour lui souhaiter une bonne soirée en tentant de cacher ma gorge qui se serre, mais je n'ai pas le temps de dire quoi que se soit que Romary se jette un mon coup, m'enlaçant fort contre elle. Tendue comme jamais par ce contact physique inattendu, j'essaye de détendre mes muscles et de poser mes paumes contre son dos. Mon nez me pique.

—    Merci, chuchote-t-elle avec sérénité. Je suis heureuse d'avoir une amie comme toi.

Nous restons ainsi quelques secondes, elle me transmettant un peu de chaleur et moi au bord des larmes que je tente de retenir. Romary s'écarte sans remarquer mon émotion, puis attrape son petit sac et me salue de la main avant de disparaître dans le couloir en pierres sombres. Mon coeur me fait étrangement mal, comme si cet adieu était définitif.

Tant pis. Je renifle, passe le dos de ma main sur mes yeux mouillés et ferme la porte de la chambre en même temps. Je dois me concentrer car, après manger, je m'en vais, et je ne fais pas marche arrière.

***

Je referme doucement la porte derrière moi pour ne prendre aucun risque. Je me doute que Romary ne tardera pas à rentrer la tête pleine d'amour et des anecdotes de sa soirée à foison, mais je m'en vais ; si elle revient, je n'aurai plus la force de faire ce que je dois faire.

Je longe le couloir en tenant nerveusement mon sac à bandoulière devant moi pour faire le moins de bruit possible. Mes bottes n'ont pas de talons ce qui me permet de glisser contre la pierre jusqu'à l'escalier, telle un ninja un peu bancal. Mon cœur bât la chamade quand je descends cet escalier en tourbillon, jurant que si je croise quelqu'un en sens inverse je me fais pipi dessus de peur mais non, personne. L'univers semble être avec moi car il n'y a pas un chat, pas une seule personne susceptible de me dénoncer et d'annoncer par la même occasion ma mort.

Mon instinct ne me trompe jamais, je sais que si je revois cette directrice une dernière fois, elle me démasquera. Et seule, sans ressource, face à ces êtres aux pouvoirs encore inconnus, je suis terrifiée.

Je tourne dans l'angle pour trouver la porte qui mène à l'extérieur du dortoir. À cette heure-ci, il n'y a pas encore beaucoup de surveillants mais il n'y a pas non plus d'élèves dehors — sauf exceptions comme Dexter et Romary —, c'est donc le moment parfait pour ceux qui veulent faire les rebelles. J'accélère le pas quand je suis un peu trop à la porte de la lumière, puis sprinte pour atteindre le grand manoir, côté cafétéria. Je donne tout sur un court instant qui semble durer des lustres, puis me fond dans l'ombre du bâtiment quand je l'atteins. Un coup d'œil dans les alentours mais toujours personne. La direction ferait bien de revoir le personnel dans l'école, parce que la Coral Oak School est de loin l'école la plus propice à enfreindre le règlement sans soucis.

Je vérifie que je n'ai pas laissé de traces susceptibles de trahir ma présence, et pour une fois, au lieu de longer le bâtiment par l'intérieur du U, je longe l'extérieur. Je l'ai fait une fois, lors de ma malencontreuse rencontre avec Lee et Chase qui taguaient je ne sais quoi mais nous n'étions pas bien loin de la cour, donc bien loin du débouché qui donne sur l'entrée du manoir, soit la face que je ne connais pas.

En cherchant un peu, Romary a pu m'expliquer que nous n'y allons jamais comme il n'y a pas de besoins en terme d'espace ou de bâtiment. Le seul moment où ils foulent ce sol mystérieux, c'est quand ils arrivent à l'internat pour le début de l'année ou pendant les périodes de vacances. Sinon, jamais de la vie.

J'inspire et me lance mon périple minutieux. À gauche, le bâtiment. Je ne risque rien, les fenêtres sont beaucoup trop hautes pour qu'on puisse me voir et de toute façon, personne n'est dans cet endroit à ce moment de la journée — soit en pleine nuit —. À droite, le mur transparent. À l'heure actuelle, je ne sais toujours pas ce qu'il se passerait réellement si je le franchissais. J'hésite à tenter, mais d'un autre côté, l'idée de mourir ne me dit rien qui vaille.

La traversée est longue, interminable même. Concentrée comme jamais pour ne pas trébucher, je n'en peux plus ! Depuis quand le bâtiment est si grand ? L'aile Ouest n'a jamais mesuré cinq kilomètres ! Heureusement que je ne me suis pas encombrée...

J'arrive enfin au bout, essoufflée mais toujours aussi sûre de moi. Je pensais qu'en progressant je n'irai pas au bout mais pas du tout : je suis plus convaincue que jamais.

J'arrive à l'angle mais me retiens. Je ne connais pas ce qu'il y a devant moi, autant prendre quelques secondes pour observer la zone. Malgré la nuit, je reconnais l'énorme fontaine un peu plus loin, exactement comme me l'avait décrite Romary. Grande et majestueuse, elle reflète parfaitement l'ambiance de l'internat. Je n'arrive pas vraiment à discerner les motifs qui la décorent mais tant pis, un autre jour peut-être.

Hormis la grande place ornée de la grosse fontaine, il n'y a pas un chat. L'accès est plutôt compliqué en contournant les bâtiments donc il faudrait passer par le hall, les surveillants ne doivent pas se douter que des personnes peuvent venir ici. Je ne sais pas s'il existe des alarmes dans ce monde, alors pour le moment je me contente d'observer avec le peu d'éclairage que j'ai. Au fond, en face de moi, il y a de grosses masses sombres qu'on prendrait pour des voitures sur le continent mais qui, je m'en doute, ne doivent pas en être. Si c'est un moyen de transport comme je le pense, c'est peut-être mon ticket de sortie.

Avant de partir, je me pose sur le sol, toujours cachée par le bâtiment puis commence à retirer le bandage sur ma main. Les bandes blanches s'enlèvent facilement mais quand j'arrive à l'algue médicinale dont m'a parlé Rom', je suis obligée de froncer le nez à cause de l'odeur nauséabonde qui s'en dégage. Je déroule et déroule encore, retenant les hauts le cœur qui me retournent l'estomac jusqu'à apercevoir enfin ma main... mais pas ma peau. Paniquée, j'enlève plus rapidement pour pouvoir enfin voir ma brûlure mais il n'y a rien de tout ça. Ce que je découvre est bien plus surprenant et totalement incompréhensible.

Au lieu d'observer des cloques postulantes et ma peau rouge vive, ma main est noire. Pas noire comme si elle avait cramé ou comme si ma couleur de peau avait changé, non, elle est noire comme l'univers quand on observe le ciel la nuit tombée. Des centaines de milliers de paillettes la décorent, si bien que je me demande si je ne l'ai pas trempée dans quelque chose sans m'en rendre compte mais non, c'est bel et bien ma peau qui est comme ça. Pas une trace de brûlure, juste la nuit profonde apparu sur mon membre.

Un peu choquée, je reste quelques secondes à observer doucement chacun de mes doigts pour vérifier qu'ils vont bien mais rien ne change, ma main est fonctionnelle. Un petit craquement me fait sursauter alors j'arrête ma contemplation pour revenir à la réalité. Je suis quand même en danger, dans une zone interdite pendant le couvre-feu. Je dois me concentrer, je regarderai ma main plus tard.

Je me décide enfin à rejoindre les engins quand mon cœur s'emballe. Je reprends mon souffle, ferme les yeux quelques secondes, et c'est parti.

Je m'ancre dans le sol, m'avance un peu pour prendre mon élan mais quelqu'un m'empêche de basculer en avant dans la nuit. Une main ferme retient mon bras et je me retiens d'hurler, surprise de ce contact soudain. Je tente de me débattre pour m'extirper de la prise de mon agresseur mais celui-ci me lâche sans difficulté. Haletante, stressée aussi, je recule et dégaine la lame que j'avais coincée contre ma cuisse, cachée par un bijou. Devant moi, Peyton m'observe en levant les mains, ses deux antennes croisées devant elle pour se protéger. Sa peau rosée parait plus foncée dans la nuit tout comme ses cheveux bruns.

—    Wow, calmos !

—    Qu'est-ce que tu fais ici ? craché-je en reculant.

La menace de mon couteau est vraiment superflue quand on sait que les antennes qu'elle possède sont plus tranchantes que n'importe quelle arme. Je le tiens si fort que je sens mes phalanges blanchir. Hors de question de trembler, surtout devant une garce comme elle.

—    Je t'ai croisé, je voulais savoir ce que tu faisais alors je t'ai suivie mais pas besoin de te comporter comme ça, se justifie-t-elle sans baisser les bras.

—    Dégage et mêles-toi de ce qui te regarde !

—    Ah bah non, maintenant que tu sais que je suis là, je suis impliquée. Pourquoi tu as volé un couteau au self ? T'as dû mal à sortir tes griffes petite Drecean ?

Peyton baisse les bras, redresse le dos en signe de puissance mais aussi d'arrogance. Lentement, elle s'avance vers moi, sa peau colorée brillant avec les quelques lumières qui nous éclairent à peine. Je recule à mesure qu'elle avance, serrant de toute mes forces la seule chose qui me raccroche à la vie même si un geste de ses antennes et je suis morte.

—    Peyton ! Arrête !

Je tourne la tête à gauche, attirée par une voix grave que je connais, et c'est Lee qui déboule vers nous après avoir longé le même endroit que moi juste avant. Derrière lui, son fidèle acolyte Chase le suit, mais son sourire amusé se perd quand il se rend compte de la situation. Son regard tombe sur le couteau que je tiens entre mes doigts tremblants, et l'expression que je peux lire sur ses traits me laisse deviner le pire : il sait. S'il s'en doutait avant, je viens de lui confirmer que je n'ai rien d'une Drecean.

Occupé à raisonner Peyton, Lee ne semble pas avoir fait attention à ce détail tout comme la brune qui m'a perdue de vue pour observer le beau brun à la cicatrice sur le nez.

—    Moon ? Qu'est-ce que tu fais ici à cette heure ? Et... comme ça ?

Chase me désigne ma tenue, le sac en bandoulière que je porte sur mes hanches mais aussi mon air de guerre. J'avoue mettre barbouillée de quelques trucs de maquillages de Romary pour me fondre dans les ombres.

—    Allez-vous-en, laché-je tout bas en continuant de reculer.

—    Arrête tes conneries Moon, range ce... couteau à beurre ? Bref, range-ça et on rentre.

Je ne bouge pas d'un cil, terrorisée à l'idée que se soit une embuscade. Je n'ai plus confiance en rien ni personne, surtout quand je sais que quelqu'un me veut du mal.

—    Moon ? tente une nouvelle fois Chase mais il me tend la main.

Je ne la saisis pas, évidemment. Je recule un peu plus, pointant toujours mon couteau vers moi même si je sais pertinemment qu'il peut me désarmer en un claquement de doigt.

—    Ne fais pas de bêtise... Et qu'est-ce que tu as fait à ta main ?

Je ne réponds toujours pas mais profite pour jeter un coup d'œil à Lee et Peyton. Ses antennes se sont avachies, rétractées dans son dos tandis qu'elle s'embrouille vivement avec Lee qui semble sur les nerfs. Au moins, personne ne nous calcule.

—    Les pions doivent être en chemin, Moon... Décide-toi, vite.

Au fond, il sait que je ne bougerai pas. Je suis têtue, mais je sais surtout qu'il sait. Je ne suis pas une Drecean. Je suis humaine. Et s'il a pu le deviner en si peu de temps, d'autres personnes y arriveront aussi. Les yeux de Chase tentent de s'ancrer aux miens mais je résiste, alors comme il ne semble plus avoir le choix et que le léger rictus étirant sa cicatrice m'aide à deviner ce qu'il va faire, je recule à l'instant où il bondit en avant, lames en mains à la Wolwerine. Je l'évite alors qu'il fond à l'endroit où j'étais, puis pointe mon couteau en avant quand il revient à la charge. Seulement, mon instinct est plus fort, mes réflexes aussi. Au lieu de rester là, comme une idiote, à attendre de me faire trancher les membres par Chase, je fais un pas en arrière. Comme au ralenti, je sens mon pied buter sur un tas de sable, je glisse et me sens tomber en arrière. La lame toujours dans ma main, Chase qui arrive vers moi à la même vitesse, je tombe en arrière et traverse la bulle d'air protectrice pour arriver dans l'environnement hostile d'un océan abyssal.

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