Chapitre 10
Petite raclette chez les Lomunes ?
Moon
Je suis plutôt de nature tranquille. Si on considère que faire quelques bêtises de temps en temps ne porte pas préjudice au fait d'être de nature tranquille, je suis quelqu'un qui l'est. Pas sage, pas forcément obéissante selon les situations, mais je suis quelqu'un qui ne s'énerve pas rapidement, qui est indifférente au monde qui m'entoure le plus souvent, et qui ne fait pas de cas la plupart du temps.
Par contre, s'il y a une chose qui me met hors de moi, c'est le fait qu'on me réveille en pleine nuit.
Deux Charingers révoltés ont toqué puissamment à la porte, ignorant le fait que nous dormions comme des bébés avec Romary, juste pour nous lever encore plus sauvagement. Actuellement, je suis coincée sur l'épaule d'un des surveillants qui a pris les devants comme je refusais de bouger de mon lit. Il faut me comprendre : une haleine à faire peur, un pyjama peu glamour, les cheveux gonflés et le cerveau dans le coaltar. Si Romary a un peu protesté — surtout quand ils ont retiré sa couverture —, elle n'a pas tenue bien longtemps, trop flippée face aux dents pointues des deux hommes.
Ce n'est pas mon cas.
— Mais lâchez-moi, merde !
Le Charingers soupire bruyamment avant de tenir plus fermement mes jambes. Perchée sur son épaule, portée comme un sac à patate, je me sens impuissante mais surtout ridicule. Une grande partie du dortoir s'est réveillée en entendant le raffut dans notre chambre, ce qui me vaut une haie d'honneur de moqueries et de chuchotements. Comme je suis dans le sens inverse de notre progression, je vois Romary qui avance doucement, la tête baissée, les joues roses. La pauvre semble vraiment prendre à cœur les chuchotements de nos camarades et se taper la honte de ma vie alors que moi je m'en fiche royalement. En soit, je ne connais personne ici, ou pas assez pour être atteinte par leurs paroles. Par contre, malgré ce qu'elle dégage de positif et de déterminé, Rom' est le genre de personne qui adapterait son apparence pour se plier aux exigences de son entourage alors qu'elle a tout pour elle.
La voir dans cet état me met encore plus en rogne.
Pris d'un élan de colère que je ressens vibrer jusque dans mon thorax, je donne un coup de genou puissant vers le torse du surveillant — la seule chose que je puisse faire dans cette position. Si c'est une tentative que je pensais vaine dans mon cas, il ne semblait pas s'y attendre car je touche son corps, lui arrachant un gémissement plaintif. À peine il a le temps de parer un autre coup que je relance mon genou et cette fois, je le fais flancher par la puissance de mon attaque.
Quelques bruits de surprises s'entendent autour de nous alors qu'on arrivait à l'extérieur, et je comprends vite pourquoi : le Charingers me lâche, tombe au sol sur les genoux. Plus du tout maintenue, mon corps roule de son épaule pour atterri brusquement sur le dos. Une douleur vive et brûlante me transperce les omoplates mais je serre les dents avant de me forcer à me redresser pour voir ce qui m'entoure. Le Charingers tient son nez en gémissant, du sang s'échappe abondamment de celui-ci. Romary s'est figée dans le couloir, les yeux choqués, le surveillant qui l'escortait arrive en courant mais ignore royalement son collègue pour venir vers moi.
Il est immense, son aileron gris bien redressé sur sa tête entre ses cheveux bruns coupés courts, son corps athlétique comme propulsé vers moi. Je peux lire la rage dans ses yeux. J'ouvre la bouche, tente de me protéger en voyant la vitesse à laquelle il plonge sur moi, mais j'ai à peine le temps de dire ouf qu'il me baffe. Une baffe violente, claquante et brutale qui atteint ma joue avec surprise, me faisant basculer sur le côté.
J'ai l'impression que ma mâchoire est sortie de mon corps.
L'homme souffle comme un taureau, frottant ses deux mains ensembles avec satisfaction, apaisant la brûlure de sa paume. Celle de ma joue, elle, ne cesse pas. Je suis coincée sur le côté, les bras tremblants plantés dans le sol froid du dortoir, ma joue en feu. J'entends Romary pleurer, j'entends des chuchotements très bas autour de nous sans voir personne, celui à qui j'ai pété le nez rit de bon cœur et l'autre me regarde avec un plaisir malsain.
Quelque chose me dit que ce qu'il vient de se passer n'est pas normal. Mais en même temps, je ne suis pas chez moi, qui me dit que les punitions sont les mêmes ici que sur le continent ? Qui me dit que sortir la nuit était un délit mineur tandis que frapper un surveillant mérite un châtiment corporel ? Je ne sais plus rien. La seule chose qui me donne la rage, c'est la larme silencieuse qui coule le long de ma joue sans que je puisse la retenir.
— C'est bon, on arrête de jouer les grandes ? me dit avec insolence le pion qui m'a frappé. Lève-toi, on doit aller voir la directrice.
Son ton sec ne me fait pas peur. En fait, même si à cause de lui je vais avoir un hématome sur la joue, il ne me fait plus peur. Les démonstrations de supériorité me donnent envie d'être plus insolente encore. Je ne suis pas une petite fille sur qui tu peux te défouler. Je peux être pire encore.
Lentement, sans lâcher son regard noir, je me redresse. Ma joue a doublé de volume mais je l'ignore, mon pouls pulse dans mon visage mais je m'y désintéresse, concentrée sur l'homme qui m'a blessée. Je ne compte pas l'oublier, je lui ferai payer peu importe le moment et la façon.
Qui a dit qu'une humaine ne pouvait pas battre un requin humanisé ?
***
La directrice me dévisage un instant, demande des explications du regard au seul surveillant qui est resté avec nous — l'autre avait vraiment le nez cassé, je ne pensais pas avoir autant de force — mais celui-ci hausse les épaules ce qui contente Mme Rumsey.
Son bureau est sans dessus dessous. Les jolis livres reliés qui remplissaient sa bibliothèque légendaire sont tous au sol, ouverts, déchirés et malmenés. Son bureau est retourné, ses documents administratifs volent dans tous les coins, abandonnés en feuilles volantes froissés. Avec nous, je remarque Lee qui semble encore dans les vapes, baillant aux corneilles sans paraître choqué de ce qu'il voit. Il y a aussi Dexter et sa troupe de sportifs qui sont plus nerveux que les Drecean, tous torse nu avec un bas de pyjama porté bien bas sur leur hanche. C'est la première fois que je vois la tâche ronde sur leur poitrine jusqu'à disparaître vers leur pubis, blanche peu importe la couleur de leur peau. Il me semble que Romary m'avait dit que les femmes en avaient une grise, ça doit être joli. Je ne suis même plus étonnée de voir des branchies sur leurs côtes et bras en plus des petits ailerons qui leur aident à nager plus vite. Trop de détails morphologiques que j'ai envie d'étudier, de regarder de près, mais le moment n'est pas le bon.
Romary ne dit rien, coiffant toutes les deux secondes ses cheveux courts, démêlants les ondulations qu'elle n'a pas pu coiffer avant de partir, tout comme Sally qui semble un peu perdue et triste, tripotant nerveusement ses longues mèches brunes.
Et il y a Chase. Son regard bleu ne quitte ma joue malgré les mètres qui nous séparent. Je sens ses interrogations d'ici, comme s'il était capable de télépathie semblable aux Arorot. Contrairement aux sportifs, il est en débardeur blanc et en pantalon à carreaux, mais j'essaye de ne pas le regarder malgré mes yeux qui n'en font qu'à leur tête. Ce n'est pas le moment.
Après qu'on ait tous observé le bureau vandalisé et croisé le regard brillant de la directrice, on nous amène dans le hall froid et silencieux en pleine nuit. Mme Rumsey est en tailleur coupé sur mesure pour épouser ses formes à la perfection. Ses cheveux blonds et courts sont coiffés avec soin, tout comme son visage maquillé à la perfection. Elle n'a pas l'air d'avoir été tirée du sommeil il y a quelques minutes comme nous tous réunis.
— Qui a fait ça ? finit-elle par demander calmement quand tout le monde est en arc de cercle devant elle.
On baisse la tête, on croise les regards pour essayer de trouver le coupable, mais personne ne dit rien. La présence des surveillants derrière nous nous met une pression de dingue, mais il n'y a rien à dire. Personnellement, je sais que je n'ai rien fait tout comme Romary : je l'aurais entendue quitter le logis plus tôt. Sally serait incapable de faire ça et les garçons, ça ne peut être qu'eux.
— Je vais me répéter, qui a vandalisé mon bureau ? Comme on dit, faute avouée à moitié pardonnée. Je sais que c'est l'un d'entre vous, alors crachez le morceau.
Personne ne parle, une fois de plus. La directrice perd patience, la lueur sous son coup est d'un blanc plus puissant d'un seul coup, mes poils s'hérissent sur mes bras. Je ne le sens pas. Mon instinct me hurle de fuir, comme si un danger imminent arrivait mais je suis coincée, figée ici, entourée de personnes qui ne me veulent pas du bien, au contraire.
Mme Rumsey bouge, comme si elle était sur un tapis roulant, fluide et carrément flippante. Les Lomunes sont de loin les créatures les plus étranges que j'ai rencontré.
— Monsieur Kabinsky, s'exclame-t-elle d'un ton clair et presque... joyeux ? Je peux vous appeler Noah ? Évidemment, c'est moi qui fais les lois ici.
Je me penche légèrement en avant pour voir le garçon, un Charingers très fin et grand aux cheveux d'un noir de jais époustouflants. Ses cils sont interminables, sa peau mate trahirait des origines indiennes chez nous, mais ici je ne sais pas trop. Il déglutit péniblement face à notre supérieure, son aileron s'affaisse.
— Madame Rumsey... dit-il doucement en penchant la tête pour montrer son respect.
— Dites-moi, est-ce que c'est vous ?
— De qui madame ?
— Qui avait vandalisé mon bureau évidemment !
Il secoue négativement la tête avec assurance, mais un rictus qui ne me dit rien qui vaille apparaît sur le visage de la blonde.
— Alors, peut-être que vous savez qui a fait ça ?
— Non madame.
Rumsey soupire d'une tristesse feinte, puis prend la main de Noah dans la sienne avant de la poser sur le dessus de son avant bras à elle. Noah devient blanc puis se met à hurler de douleur ! Il se débat, tente de retirer sa paume du bras de la prof mais elle le tient fermement, un sourire malsain sur les lèvres. De là où je suis, je vois à peine les petits points jaunes sur lesquels elle a posé la main de son élève. Dans mes souvenirs, Romary m'a dit que c'était venimeux.
— Toujours rien ? lâche-t-elle d'un ton cinglant.
— Noonn, gémit Noah en pleurant toutes les larmes de son corps. S'il-vous-plaît...
Son visage est tordu de douleur, les veines de son cou ressortent et ses yeux sortent presque de leurs orbites. Tout le monde est figé d'horreur, me faisant comprendre que ce qu'il se passe n'a rien d'anodin. Rumsey soupire puis libère la main du pauvre Noah qui la récupère en vitesse, titubant en arrière en reniflant. Sa main est rouge, pleine de cloques comme si on l'avait brûlé. Quelques personnes lâchent un gémissement d'horreur en voyant sa main blessée, reculent mais se font remettre dans le cercle par les surveillants.
Je crois que Sally pleure à son tour.
La directrice se recule pour avoir une vue d'ensemble de la troupe, mais je sens qu'elle cherche sa prochaine victime. Comme en classe quand les professeurs posaient des questions, nous évitons son regard, mais elle ne cherche pas sa prochaine victime : elle sait déjà qui elle va choisir. Son regard carnassier me trouve, puis elle me sourit. Elle me sourit et des frissons de dégoût remontent le long de mon échine.
Et dire qu'elle avait l'air sympa quand je l'ai rencontré.
Elle s'approche à pas de loup, guettant la moindre de mes réactions, mais comme avec les surveillants tout à l'heure je ne montre rien. Ma joue ne me fait plus mal mais je sais que j'ai une sacrée marque, je la sens. Tout en moi est terrifié face à cette créature capable de bruler une main sans effort, mais je dois rester de marbre.
— Moon Shelton... Est-ce que c'est vous ?
La tête penchée sur le côté, elle me dévisage. Je réponds par la négative avec assurance, de toute façon je n'ai rien fait. Mais malgré mon assurance et ma bonne fois, sa mine étrange me confirme qu'elle ne me croit pas un seul instant.
— Ça serait regrettable de finir dans l'état de votre ami...
J'ai envie de reculer, j'ai envie de fuir d'ici et de laisser toute cette folie dans cette école, mais je ne peux pas. Fuir serait me trahir. Trahir ma nature. Et dans tous les cas, même avec la meilleure volonté du monde, je n'irai pas bien loin.
La proviseure s'avance comme un loup traquant sa proie, prête à me brûler je ne sais quelle partie de mon corps. J'expire doucement, ferme les yeux et tends ma main à la femme qui veut faire de ma vie un enfer. Je sais qu'elle est surprise mais ça n'empêche pas sa main froide de saisir mon poignet. Les battements de mon cœur sont encore plus violents que dans mes gros moments d'adrénaline, mais je me rassure en me disant que ce n'est qu'une passade, qu'un mauvais souvenir que je raconterai à mes enfants pour Halloween.
Je la sens amener ma paume sur le pli de son coude, où les points venimeux sont le plus proéminent. Je me laisse faire, détends chacun de mes muscles jusqu'à sentir les bouts rugueux sur sa peau. Au début, je ne sens rien de plus que sa peau rugueuse contre la mienne. Interdite, je réouvre les yeux pour être sûre de ne pas être morte instantanément, on ne sait jamais, mes mon regard trouvé celui de Mme Rumsey sans soucis. Elle lâche ma main qui reste étrangement collée à son bras, puis elle touche du bout du doigt la cicatrice qui barre mon sourcil, mon œil jusqu'à ma pommette. Légèrement tremblante, elle suit le tracé en s'humectant les lèvres.
Elle est folle.
— Tu... ne changes pas d'avis ?
— Non, je vous dis la vérité.
Mince, je voulais être sûre de moi mais au dernier mot, ma voix s'est éteinte. Même si j'aimerais être infaillible, son air particulier qui me détaille me rend malade.
— Dommage.
Pas le temps de dire ouf qu'une douleur fulgurante traverse ma paume, alertant la moindre de mes terminaisons nerveuses d'une mort imminente. Mon cerveau sature et j'ai vraiment l'impression de mourir. Un cri que je pensais impossible sort de ma gorge, m'arrachant les tripes tellement je ne peux pas y échapper. La douleur dans ma paume est indescriptible, mais j'ai beau tirer de toutes mes forces, ma main ne se décolle pas du corps de la professeure. Je vois flou mais je suis sûre qu'elle se marre. Je sens qu'on bouge autour de moi, que des personnes se font retenir par les surveillants mais je hurle de plus belle. J'ai envie qu'on me coupe le membre pour en finir avec cette douleur.
Mes jambes cèdent sous mes tremblements, et je me retrouve à genoux, en pleurs, à hurler mais personne ne m'aide. Je n'ai pas les mots pour supplier, juste assez d'énergie pour crier ma peine et ma douleur.
Au bout de ce qu'il me semble des heures, ma paume se décolle comme une peau morte du bras de Mme Rumsey, et je me laisse tomber en arrière comme un chiffon. La douleur ne persiste pas mais elle est bien présente. J'ai l'impression d'avoir la main calcinée.
J'aimerais être aussi forte que je le montre, mais je vois de plus en plus flou. Mon cerveau ne sait plus où donner de la tête, je ne sais même pas si ma main répond encore. Honnêtement, sur le moment, je veux juste fermer les yeux et imaginer un monde différent, où mes parents seraient inquiets pour moi, mon oncle William me rechercherait corps et âme et où j'arriverai à m'échapper d'ici. Une petite vague de paix me pénètre, j'accepte de fermer les yeux et d'imaginer ce monde où l'on m'aimerait, où je compterais pour quelqu'un. La douleur dans ma main n'est plus qu'un picotement, et les ténèbres s'emparent de moi.
Venez.
***
— Elle se réveille !
J'entends la voix de Romary, lointaine mais en même temps très proche de moi. Quelques personnes se pressent autour, viennent à mon contact, je sens quelques mains sur mes jambes ou mes bras, douces et bienveillantes.
— Moon ? Tu es là ?
Sally, elle semble réellement inquiète mais en même temps, la naïveté de son ton me donne envie de sourire.
— Mmh, répondis-je doucement pour montrer que je les entends.
— Comment ça va ? s'empresse de demander Rom', inquiète.
— Mmh...
— Laisse-la respirer ! s'énerve Sally en poussant notre amie car je sens des mains se décoller de mon corps.
Pendant plusieurs minutes, les filles me laissent me réveiller en douceur, tirant même les rideaux pour ne pas m'éblouir avec les rideaux. J'arrive à me redresser de mon lit, la première chose qui me vient à l'idée est d'observer ma main. Un gros bandage l'entoure, donc impossible d'un jeter un coup d'œil.
— On l'a enroulée dans une algue médicinale puis bandage, m'explique Romary avec douceur. C'était pas très joli...
— Brûlé ?
— Pas vraiment... C'est... indescriptible.
Je ne dis rien de plus. De toute façon, je vais devoir composer avec. Déjà, la douleur est partie, ou alors elle est présente mais tellement moindre que celle précédemment que je ne la sens pas.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé ensuite ?
Romary ouvre la bouche mais la referme aussitôt. Elle a de grosses poches sous les yeux, comme si elle n'avait pas dormi depuis des jours. C'est finalement Sally qui déboule du fond de la pièce pour m'expliquer à peu près ce qu'il s'est passé pendant mon mini coma.
D'abord, la directrice m'a fait mal et vu ma réaction, tout le monde à vite compris que c'était dix fois plus grave que ce qu'elle avait fait subir à Noah. Les Charingers et les Drecean ont alors voulu bondir sur elle quand j'ai posé le premier genou à terre, les surveillants les ont retenus. Au bout de deux minutes, elle m'a libéré puis a ordonné à tout le monde de retourner dormir. Chase et Lee se sont portés volontaires pour me porter jusque dans mon lit, Dexter a des parents médecins donc il a fait mon bandage et tout le monde a rejoint sa chambre. Romary a veillée sur moi toute la nuit.
Mes deux amies pensent toutes les deux que quelqu'un a fait le coup du bureau en sachant pertinemment que nous serions les premiers soupçonnés. Jusque maintenant, personne ne sait qui a fait le coup mais vu les commentaires qu'elles ont eu dans la journée, Felicity et Peyton semblent y être pour quelque chose.
— Attendez, la journée ?
Romary se tourne vers moi, gênée que je rebondisse là-dessus.
— Hum... Tu as dormi toute la journée.
— Quoi ?!
— Ça va, ce n'est pas grand-chose...
— Tu rigoles ? Je viens de perdre une journée en plus ! Puis j'ai la main en vrac, je suis terrifiée parce que j'ai été faible devant trop de gens, et tu me dis que je viens de me rendre vulnérable pendant une journée entière !
Mon amie fronce ses sourcils, comme si je disais des choses totalement absurdes.
— Je ne comprends pas, Moon.
— Je ne suis pas Moon punaise ! Je m'appelle Monica ! Je ne suis pas de ce monde et en me laissant si vulnérable face à cette prof, tout le monde peut comprendre que je ne suis pas ce que je prétends être ! Si Chase avait des soupçons, maintenant c'est évident que je les ai confirmés.
Sally ne dit rien, validant dans son silence ce que je raconte. Au moins, elle est de mon côté elle.
Romary semble vexée, des larmes perlent dans le coin de ses yeux. Quand elle voit que je m'en rends compte, elle se détourne et retourne vers son lit sans un mot. Honnêtement, je ne comprends pas sa réaction. C'est ma vie qui est en jeu, on ne parle pas d'un simple secret. Ma vie est en jeu, je le répète.
De toute façon, c'est décidé. À l'instant où j'avais l'impression que ma paume fondait comme de la cire, mon choix a été fait. Pas question que je reste plus longtemps ici à risquer de me faire démasquer. J'aime ce que j'ai découvert, les gens que j'ai rencontré, mais j'ai un minimum d'instinct de survie, et celui-ci me hurle de partir. Alors c'est ce que je vais faire.
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