Chapitre 1
Réveil chez Bob et Patrick
Monica
Les couvertures ondulent sur moi doucement, me réveillant petit à petit jusqu'à ce que je puisse observer la lumière du jour sous mes paupières. On doit être dimanche pour que mon stupide réveil ne m'alerte pas en hurlant dans mes oreilles qu'il est temps de bouger mon petit cul et faire quelque chose de ma vie.
C'est le pied.
Je change de côté pour me réveiller en douceur mais à mon plus grand malheur, mon lit — que je pensais plus grand que ça — est en fait un lit une place. Déstabilisée par le bord trop proche et mon corps encore engourdit de sommeil, j'essaye d'éviter au maximum la chute mais elle est inévitable. Je me rétame au sol comme un sac, entraînant ma couverture avec moi.
— Punaise !
Je ne me suis pas fait mal — à mon plus grand bonheur — et je commence à me dire que le sol n'est pas si inconfortable en fait... Je piquerais bien un petit somme...
— AHHH ! Se met à crier quelqu'un dans ma chambre.
Mon cœur se met à tambouriner dans ma poitrine en sentant la proximité de cette présence dont je ne peux rien voir comme ma couette est sur mon visage. Comme à chaque fois que j'ai un peu peur du noir ou d'un bruit qui survient dans la nuit, je ne bouge plus d'un pouce. Dans ma tête, seul mon pouls résonne bruyamment dans mon crâne tandis que mon cerveau me hurle de ne même pas bouger un seul orteil. Si je ne bouge pas, la personne s'en ira. C'est un peu comme être un caméléon sans l'animal.
Je suis le sol et le sol est moi...
— Tu... Tu es réveillée ? Demande la femme avec hésitation.
C'est une fille, j'en suis presque sûre même si parfois il y a des voix qui portent à confusion, et sa voix me dit quelque chose, comme si je l'avais déjà entendue quelque part. En fait, je suis tellement dans le brouillard qu'on dirait un rêve un peu bizarre.
— Je sais que tu es réveillée.
Ah, tiens, plus de conviction. N'empêche, elle ne me fera pas changer d'avis quant au fait de bouger ou non. Je ne sais pas ce que cette personne fait chez moi — ou plutôt chez mes parents — mais on est dimanche et je tiens à ma tranquillité avant de reprendre les cours. Plus que deux petites années avant d'aller à l'université, je ne compte pas me faire tuer ou je ne sais quoi si proche du but.
— Hé ! Je te parle !
Des pas se rapprochent de moi puis d'un seul coup je sens une main s'emparer d'un bout du drap et tirer dessus de toutes ses forces. Agacée mais aussi parce que je n'ai pas envie de devenir aveugle à cause de la luminosité, j'attrape un pan et tire aussi pour garder ce qui me protège de l'inconnue.
— Je savais que tu étais réveillée ! Arrête de te comporter comme une enfant et lâche ce truc !
Je tire de plus belle, elle aussi. L'une comme l'autre, nous sommes vraiment déterminées à gagner cette mini bataille personnelle. Elle tire, je tire et elle profite de l'élan que je lui donne pour fondre sur moi. En deux temps trois mouvements, je me retrouve avec un corps sur moi, deux jambes de part et d'autre de mes hanches.
— Ce n'est pas du jeu ! Lâché-je à contre-cœur, étonnée de sa technique.
— Elle parle ! Youhou, on avance ! Lâche cette couette...
Je la prends au mot, lâche brutalement ma prise ce qui la fait basculer en arrière comme je me redresse au même moment, mettant toute ma force dans mes abdos inexistants. La lumière pique ma rétine au point de me faire pleurer légèrement mais j'ignore ce mal, trop concentrée à m'éloigner le plus possible de la femme qui se bât avec ma couverture sur le sol. Je me redresse bancalement sans quitter des yeux la créature de tissu, et je constate quand même que j'ai gardé de vieux vêtements sur moi. Où est passé mon pyjama Winnie l'Ourson ? Pourquoi j'ai gardé mon vieux t-shirt avec une photo même de Leonardo DiCaprio avec mon vieux t-shirt à manches longues rayées en-dessous ? Et ce jean noir... pourquoi il est tout sale comme ça ?
Mon cœur bât la chamade et de vraies larmes me montent aux yeux quand je me rends compte que je ne suis pas du tout dans ma chambre, mais plutôt dans une espèce de vieille chambre vintage de très mauvais goût où quelques posters et photos tentent tristement de redonner un peu de gaieté. Le lit sur lequel je me reposais est tellement immense qu'il me fait penser à ceux qu'on voit dans les films de princesse, en plus sombre. En face, un autre se dresse à trois ou quatre mètres, comme un dortoir d'école mais deux fois plus grand. Les murs aussi sont plutôt sombres, avec un papier peint d'un bleu profond qui se fond avec le bois brun des moulures.
J'ai l'impression d'être dans un manoir en fait, un vieux manoir habité par un encore plus vieux monsieur qui n'avait pas de goûts.
Un mouvement me redescend sur Terre, mon interlocutrice est presque arrivée à bout de son combat avec la couverture. Essoufflée et rageuse, elle arrache le tout de son corps, balançant la couette jusqu'au deuxième lit avec une puissance étonnante. Nous suivons toutes les deux la trajectoire de l'objet avant de lentement reporter notre intention l'une sur l'autre.
Ses yeux trouvent les miens, un hoquet de surprise m'échappe quand je remarque ses iris jaunes. Oui, elle a réellement les yeux jaunes comme si elle portait de drôles de lentilles. Je ne peux pas m'empêcher de reculer sans lâcher son regard, étonnée de voir quelque chose de si beau et perturbant à la fois. Ses cheveux gris coupés courts me disent fortement quelque chose... Elle est vraiment super jolie, dans un autre contexte j'aurais pu tomber amoureuse mais... Attend, c'est quoi sur ses joues ? Et derrière elle ?
— AHHHH !
— AHHHH !
Je recule plus encore jusqu'à sentir quelque chose se caler dans mon dos. La douleur vive que je ressens est de courte durée car je devine aisément qu'il s'agit d'une poignée de porte, tout ce qu'il me faut actuellement. Les mains tremblantes, je les glisse dans mon dos jusqu'à sentir le froid de la poignée dans ma paume et le dur du mur derrière moi. Lentement, je la presse en espérant pouvoir m'enfuir face à cette chose aux points bleus et à la drôle de queue, mais rien ne se passe. J'appuie plus fort mais toujours rien.
— J'ai... J'ai fermé à clé, m'explique la fille qui ne doit finalement pas être plus vieille que moi. Je ne voulais pas que tu partes comme ça sans rien dire, tu pourrais avoir des problèmes.
— Pourquoi ? J'arrive à peine à dire tellement mon corps est secoué de spasmes.
— Tu n'es pas d'ici, n'est-ce pas ? Je l'ai deviné tout de suite en te voyant.
Ma main reste agrippée à la poignée comme si c'était la dernière chose qui me rappelle que je ne rêve pas, que je suis bien encrée dans le réel et non dans ma tête. J'ai déjà eu des épisodes psychotiques au point d'avoir des hallucinations, mais jamais au point de voir une femme avec une queue pointue et des branchies sur les bras.
Des branchies...
Mais oui ! Je n'ai pas rêvé ! J'ai déjà vu cette femme dans mon rêve, quand j'étais sûr du sable pour je ne sais qu'elle raison et... Et quoi... Je fronce les sourcils en voyant que ma mémoire me fait défaut, mais je n'arrive pas à extorquer quoi que se soit à mon cerveau.
— Je ne vais pas te faire de mal si tu me promets de ne rien me faire, murmure-t-elle en baissant les yeux, sa queue battant de droite à gauche derrière elle. Je n'ai rien demandé... Ça tombe toujours sur moi ce genre de conneries...
— Je suis où ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi mon pantalon est plein de sable et... pourquoi j'ai rêvé de toi ?
— Oula ! Calmos l'albinos ! On peut se poser... en paix ? Moi non plus je ne comprends pas grand-chose, ne t'en fais pas. Au fait, je m'appelle Romary mais tu peux m'appeler Rom'.
Elle me tend la main par politesse même si plusieurs mètres nous séparent, et je n'ose pas aller la saisir. Une partie de ma conscience me souffle de me poser et de lui faire confiance quand l'autre partie me hurle qu'elle a une queue de poisson qui agit comme un chien. Je ne sais pas ce que mon oncle m'a fait prendre comme drogue, mais c'était de la bonne...
William...
Un mal de crâne intense éclate dans mon lobe frontal, m'obligeant à fermer fort les yeux pour chasser les points noirs qui apparaissent sous mes pupilles.
— Tu vas bien ?
Je m'oblige à rouvrir les yeux pour voir le visage inquiet de Romary me dévisager avec bienveillance. Pourquoi penser à mon oncle me fait avoir mal comme ça ? Je n'arrive pas à me souvenir de ce que je faisais hier ou avant-hier, juste que j'étais avec lui et... rien d'autre.
— Viens t'asseoir, je vais te donner un verre d'eau t'es aussi pâle qu'une peau de Nedin !
— Une peau de Nedin ?
— Laisse tomber, viens là.
Romary s'approche pour prendre avec délicatesse mon bras de sa main, et elle m'escorte jusqu'au lit dénudé. Je m'y pose doucement, un peu étourdie par mon crâne qui me joue des tours et accepte le verre d'eau que la fille me propose. Ses branchies bougent en s'ouvrant à chacun de ses mouvements, c'est perturbant.
— Est-ce que je rêve ? Demandé-je en trempant mes lèvres dans le liquide.
Punaise, j'ai l'impression de ne pas avoir bu depuis des années !
— Si tu rêves ?
Elle ricane en attrapant une chaise d'un des deux bureaux à notre droite pour se poser face à moi.
— C'est moi qui aie l'impression de rêver. Tu n'es pas du tout du coin, je me trompe ?
— Du coin, c'est-à-dire ?
— Eh bien, de chez nous quoi. À Coral.
— Coral ?
— Bah, oui... Je ne vois pas où tu veux que ce soit. D'une autre région peut-être ? Je n'ai jamais été très douée en géographie, surtout pour les autres fonds marins.
— Les fonds marins ?
Romary hausse un sourcil, à la fois choquée et intriguée par mon ignorance totale. Ou peut-être qu'elle se fout de moi en racontant n'importe quoi, c'est possible aussi. Mon oncle William est tellement tordu qu'il serait capable de me faire une blague énorme en déguisant Romary avec ces... trucs qui bougent de partout. Plus rien ne m'étonne avec lui.
Elle semble voir que je ne plaisante pas du tout et que je suis réellement perdue car son expression change, reprenant un peu de sérieux.
— Ici, tu es à la Coral Oak School, m'explique-t-elle. On a repris la semaine dernière mais c'est la première fois que je te vois même si je suis ici depuis un an. Je faisais mon jogging de la soirée quand je t'ai vue sur le terrain d'athlétisme, allongée par terre.
Qu'est-ce que je foutais sur un terrain de sport ?
— Tu t'es réveillée, tu as eu peur et moi aussi parce que c'est la première fois que je vois quelqu'un comme toi... Désolée de t'avoir piquée d'ailleurs.
Ça commence à me revenir. Le sable devait être à cause du terrain, et je me souviens d'elle, puis plus rien, gros trou noir. Quelque chose m'a piqué mais quoi, impossible de m'en souvenir.
— Piquée ? Je relève avec la bouche pâteuse.
— Oui, avec ma queue.
Pour illustrer ses propos, elle ramène sa queue entre nous. Celle-ci est toute fine, mais surtout très pointue en son bout. En fait, je pense que ce truc est réellement capable de transpercer quelqu'un tellement c'est une aiguille.
— En fait, le bout est empoisonné, m'explique-t-elle avec les joues rouges. On apprend à la maîtriser dès jeune donc je peux doser tout ça. Je t'ai piqué parce que j'ai paniqué et ça t'a endormie. Comme je culpabilisais et que j'avais peur pour toi — et de toi j'avoue —, je t'ai ramenée comme j'ai pu dans ma chambre d'internat. Tu dors depuis deux jours... j'y suis allée fort, sorry.
— Attends, je dors depuis deux jours parce que ta queue de poisson empoisonnée m'a piqué ?
— En gros, oui.
J'éclate de rire tellement cette conversation est lunaire.
— Je ne sais pas où mon oncle est parti chercher cette connerie, mais c'est bien fait on pourrait y croire.
— Ton oncle ? Tu étais seule pourtant...
— Tu peux arrêter de faire semblant, j'ai cramé que c'est une blague de mauvais goût. Par contre, j'aimerais bien comprendre comment tu arrives à faire bouger cette queue, et ses branchies... c'est super réaliste.
Romary me juge clairement, ça se lit sur son visage. Elle me regarde de haut en bas avec ses yeux jaunes, comme les meufs chiantes de mon internat. Limite il manque le chewing-gum à mâcher bruyamment pour qu'elle soit pleinement dans le personnage.
— Euh... Zut, je ne sais pas ton prénom... Mais... Tu n'as jamais vu un Alopian de ta vie ?
Un quoi ? Non mais mon oncle est totalement fou, la blague va durer combien de temps ? Je l'aime énormément malgré tout, et je donnerai tout ce que j'ai pour rester chez lui le plus longtemps possible, mais la blague commence à être redondante.
— On dirait que non du coup. On apprend ça quand on est encore des têtards, tu sais.
— Mais têtard de quoi, Romary ! Je ne comprends rien là.
— Les différentes espèces de Coral voyons ! Non mais c'est hallucinant de ne pas savoir ça à ton âge. Enfin, je suppose que tu dois avoir le mien soit seize ans, donc oui c'est hallucinant.
Elle est tellement choquée et emportée par ce qu'elle me dit qu'elle se lève de sa chaise pour marcher en parlant avec les mains.
— Chez nous on a plusieurs espèces, comme moi qui suis une Alopian. Il y a ensuite les Drecean, les Osilid, les Charingers, les Nedin, les Arorot et les Lomunes !
Ma mâchoire tombe toute seule. C'est à mon tour de la dévisager comme Christelle Bazooka. Son visage se décompose de plus belle.
— T'as inventé des mots là ?
— Donc tu ne viens vraiment pas de là... Merde ! C'est ouf !
Elle prend se tête entre ses mains, comme si j'étais le plus gros casse-tête de son univers. J'ai l'impression d'avoir trop bu ou je ne sais quoi parce que je suis de plus en plus perdue. Avec le recul, je suis quand même dans un lieu inconnu avec une femme qui ressemble à un poisson humain. Heureusement que l'odeur ne suit pas.
— Écoute, euh...
— Monica. Monica Shelton.
— Monica ? C'est joli. Du coup, Monica, je ne sais pas qui tu es et pourquoi tu es là mais je crois qu'on a un gros problème parce que même si tu ne me crois pas pour le moment, je te promets que ce n'est pas une blague. Je ne sais pas ce que tu fous ici, mais si tu es ce que je pense ou ce que j'ai pu lire dans mes manuels, tu n'es pas la bienvenue ici. Beaucoup de personnes en veulent à ta race ici, et je n'ai aucune idée de comment te renvoyer d'où tu viens.
— D'où je viens ? Mais qu'est-ce que tu racontes, Romary ? Je sais que je ne te ressemble pas... physiquement, mais j'ai juste à sortir, prendre mon téléphone pour Google Maps et hop, je rentre chez mon oncle.
— Hein ? T'as inventé des mots ?
— Quels mots ?
— C'est quoi un téléphone ?
Non mais où j'ai atterri ? Plus jamais je ne m'endors chez mon oncle sans penser à m'enfermer à clés. Ça devient lourd sa vanne, j'ai autre chose à faire de ma vie, surtout que le nouvel album de Yungblud va sortir...
— Monica ?
— Oui ?
— Tu es humaine ?
— Bah... oui ? Comme tout le monde, non ? J'estime que ça se voit...
Déjà que Romary n'est pas bien foncée, elle pâlit encore plus, d'une ou deux teintes.
— Non, non, non... Moi qui espérais encore que tu sois une Drecean grâce à ta cicatrice... Merde !
La pauvre se met à tourner en rond, sa queue fouettant l'air avec dangerosité. Par réflexe ma main se porte à mon sourcil gauche où une plutôt grosse marque de passage de la principale de l'internat s'étend, fendant mon sourcil en deux jusqu'à descendre près de l'extérieur de mon œil. Romary tourne et tourne encore jusqu'à ce qu'elle s'arrête, sûrement en ayant le tournis. Son visage est terrorisé.
— Explique-moi, Rom'... Je ne comprends pas tout là.
La fille se redresse légèrement, les yeux brillants et perdus. L'air grave sur son visage n'a rien de rassurant mais je ne suis pas dû genre à paniquer facilement, il en faut beaucoup plus pour que je perde mes moyens. C'est tellement perturbant pour les autres que beaucoup me pensent sans cœur. C'est faux, moi aussi je me sens mal quand j'écrase un escargot sans faire exprès.
— Tu n'as pas l'air de comprendre en effet, souffle-t-elle avec émotion. Tu n'es pas chez toi ici, Monica. Tu es chez nous, à Coral.
— Oui, je comprends ça, mais pourquoi tu paniques, je vais appeler un taxi et...
— Monica, tu n'es pas vraiment sur Terre. Enfin si, mais là nous sommes sous l'eau.
— Sous l'eau ? Mais non, on respire et il n'y a rien autour de nous...
— L'école comme toutes les habituations de Coral sont protégées par des bulles magiques. Nous avons la capacité pour la plupart des espèces — à l'exception des Drecean — de vivre et dans l'eau, et sur Terre. Pour le confort de tout le monde, nous avons ces bulles mais en vrai, je pourrais être dans l'eau ça ne changerait rien. Mais en réalité, même si tu as l'impression qu'il fait jour, que nous sommes sur un continent quelconque, nous sommes sous l'eau.
— Où ça ?
Romary plante ses iris jaunes dans les miennes, hésitante. Elle se mord la lèvre puis soupire en détournant le regard, gênée par la situation.
— On habite dans la fosse des Mariannes, sous les continents. Les humains ignorent notre existence depuis toujours je crois. Notre peuple prépare une révolte contre vous, le climat est plutôt tendu en ce moment, c'est pour ça que tu n'es pas la bienvenue même si moins je m'en fous totalement et...
— Attends. On est dans la fosse des Mariannes là ?
— Plus ou moins, un peu plus sous un continent et les bulles magiques nous permettent d'être invisibles...
William ne m'a pas fait de blague. Je le vois dans le regard de Romary, dans son attitude anxieuse et dans ses mimiques tendues. Romary existe et c'est réellement une Alopian ou quelque soit l'espèce dont elle m'a parlé. Et moi je suis ici, sous l'eau, coincée.
— Comment on remonte à la surface ?
Les questions se bousculent dans ma tête mais j'essaye de garder mon calme pour demander l'essentiel. Il faut que je rentre, c'est ma principale mission.
— Eh bien... Je ne sais pas... Je ne suis jamais allée à la surface en fait. Tu es la première humaine que je croise.
Le choc est dur à encaisser, mais hormis toutes ses questions qui se bousculent, je ne ressens pas réellement d'émotions en moi. Si ça a toujours été un trait de caractère chez moi, c'est quand même à un haut niveau là. J'apprends que je suis coincée sous l'eau à des dizaines de kilomètres de la surface avec un peuple qui veut ma mort, mais j'hausse les épaules. Romary est aussi étonnée que moi, mais elle ne dit rien de plus. Au fond, nous n'avons pas besoin de parler pour comprendre. Je suis coincée ici, et nous n'avons aucune idée de comment me sortir de ce bourbier dont je ne sais même pas comment je m'y suis mise.
L'histoire de ma vie, finalement.
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