PDV Valentine

La nuit est tombée et mes jambes me font un mal de chien. Kiro toujours dans mes bras s'est endormi contre ma poitrine. Je souffle puis pose un genou à terre pour poser le petit au sol. J'enlève ma cape et le couvre avec. Je frotte mes mains contre mes bras essayant de me réchauffer le mieux possible, je regarde rapidement ma blessure sur mon flanc. 

-Nomon ? [Maman ?]

Je lève mes yeux et remarque que Kiro vient de se réveiller. Je me relève et m'approche de lui tout en baissant mon tee-shirt.

-Ai want ai nomon. [Je veux ma maman.] dit-il les yeux remplie de larme. 

-Ai know bilaik. [Je sais.]

Je l'approche de moi et le serre contre moi. 

-Where laik osir going nau ? [On va où maintenant ?] me demande-t-il. 

Je réfléchis quelques secondes, même si je voulais rentrer avec ceux de mon peuple, Kiro ne pourrait pas rentrer avec moi, bien le fait que ce ne soit qu'un enfant, il serait traité comme un Natif et je ne voudrais pas qui lui arrive malheur. 

-Ai don no houm. [Je n'ai pas de maison.] lui répondis-je.

-Ain tombom laik yun hou nau .[Mon cœur est ta maison maintenant.] chuchote-t-il en posant sa main sur ma joue.

Il sourit et prend la cape avant de couvrir mes épaules, il se place à mes cotés pour profiter de cette couverture improvisé. Je le laisse faire et le serre contre moi comme une petite peluche.

***

Le jour est maintenant levé et je reviens vers le petit camp improvisé en compagnie d'un lapin que j'ai capturé. 

Kiro est en train de faire du feu. On forme une bonne équipe tous les deux. Il est petit mais il se débrouille mieux que moi.

-Ai catch disha. [J'ai attrapé ça.] dis-je en désignant l'animal entre mes mains.

-Lapin ? 

Je souris en me souvenant de mon premier jour au village. Nyko m'avait dit que Kiro ne savait dire qu'une phrase dans ma langue et que c'était par apport au petit animal dans ma main.

Je dépose la nourriture au sol. 

-Ai hope yu're enti. [J'espère que tu as faim.] lui dis-je en souriant. 

Il répond à mon sourire tout en hochant la tête dans tous les sens. Je me met à rire alors que j'embroche le lapin à un morceau de bois assez épais pour le suspendre au dessus du feu à l'aide de deux autres bâtons. 

-Where laik osir going ? [Où est ce qu'on va aller ?] me demande Kiro tout en jetant un œil vers le feu.

-Osir beda go find Mila en Nyko. Emo will look pas yu better than ai would. [On devrait aller retrouver Mila et Nyko. Ils s'occuperont de toi mieux que je ne le ferais.]

-Ba ai want kom ste kom yu [Mais, je veux rester avec toi.]

-Kiro, yu know em's nou possible. Ai laik hurt, ai nou know disha planet en ai laik nou gon your kru. [Kiro, tu sais bien que ce n'est pas possible. Je suis blessé, je ne connais pas cette planète et je ne suis pas de ton peuple.]

-Ba yu're skaifaya, nothing can happen kom me kom yu. [Mais tu es Skaifaya, rien ne peux m'arriver avec toi.]

-Ai know yu want osir kom ste teina ba ai can nou protect yu every second, ai don kom find Skaikru. [Je sais que tu veux qu'on reste ensemble mais je pourrais pas te protéger à chaque seconde, il faut que je retrouve le peuple du ciel.]

-Yu gonna bants ? [Tu vas partir ?]

-Ai would nowe be far away en yu're nowe be alone, ai promise yu. [Je ne serais jamais loin et tu ne seras jamais seul. Je te le promet.]

Il hoche la tête tout en regardant ses mains. Ça me fait de la peine de devoir le laisser mais je sais que je fais le bon choix. Il ne pourra pas rester éternellement avec moi, il faut que je retrouve mon peuple, je veux retrouver Bellamy et pouvoir le serrer dans mes bras et l'embrasser mais est ce qu'il voudra encore de moi lorsqu'il me verra ? Je ne suis plus la même, je le sais. Physiquement, j'ai l'air d'une Native avec mes cheveux tressés, mes yeux entouré de noir, la longue cape dans mon dos et la capuche sur mon visage. Je ne ressemble même plus à la fille qui a mis un pied sur Terre il y a quelques semaines. Quand à psychologiquement, je crois que nous ne sommes plus les mêmes. J'ai tué 17 personnes depuis le début, j'ai enduré des journées de convalescence, j'ai survécu à une fièvre hémorragique ainsi qu'à plusieurs rencontre avec les Natifs, pour ce qui est de ce dernier détail. Je pense que le surnom de Skaifaya m'a plutôt bien aidé pour survivre. Parlant de ça d'ailleurs, ça fait des jours que je n'ai pas entendu mon vrai prénom. J'ai même pris l'habitude de me retourner lorsque l'on m'appelle par mon surnom désignant la couleur de mes cheveux. J'espère seulement que Bellamy ne verra pas en moi cette facette native qui a pris le dessus mais le coté qu'il connait depuis que nous sommes sur l'Arche. 

Je souffle alors que j'attrape le lapin désormais cuit. J'en arrache rapidement un morceau tout en évitant de me brûler puis tend le reste à Kiro qui mord dans la viande. 

Je ne pensais pas m'attacher autant à ce petit garçon mais depuis que je le connais, il est là. Il m'a appris les principales bases de sa langue comme les différentes conjugaisons et grammaires et je me rend compte que leur langue n'est pas si compliqué que ça ce qui explique que je me débrouille dans la compréhension de ce langage. Pour revenir à Kiro, ça me fera mal lorsque je devrais le laisser partir mais je dois le faire. Pour lui mais surtout pour moi. 

Après avoir annoncé à Kiro que nous partions et que ce dernier me dit qu'il a mal aux jambes, nous nous préparons pour reprendre la route.

Je place mon sac dans mon dos et éteint le feu de camp que nous avions allumé avant de prendre Kiro dans mes bras. Sa tête est posée sur mon épaule alors que je commence à marcher. Il faut que je trouve Mila, c'est la plus proche d'ici. Dans quelques heures nous devrions arriver à un village, là où Mila devait se rendre pour chercher mes points de suture. Lorsque je l'aurais retrouvé, je lui confirais Kiro avant de retourner à la navette et de chercher des traces de vie. Lors de la bataille contre les Natifs, j'ai aperçu l'Arche tomber du ciel. J'espère qu'ils ont survécu mais même si ce n'est pas le cas, je pourrais trouver quelques matériaux utiles pour mon usage personnel. 

Je vérifie bien où je marche ne voulant pas m'écraser au sol à cause d'une racine. Tout ça me fait penser à Bellamy, il était pratiquement toujours là pour me rattraper. 

Il me manque putain. J'aimerais tellement l'avoir devant moi et lui dire que je suis désolé d'avoir été si bipolaire avec lui depuis que nous nous sommes revus. Je crois que c'est en partit à cause de mes 11 mois d'isolement, j'étais tellement énervé et je ne pouvais rien faire, je ne pouvais pas déverser ma haine sur quelqu'un alors quand je l'ai vu, toute cette rage est remontée et je me suis défoulé sur lui. 

Je crois que j'étais jalouse dans un sens. Il n'avait rien eu alors qu'il était en partit responsable de mon emprisonnement. Je sais que c'est dure de penser ça étant donné qu'il n'a jamais su pourquoi j'étais emprisonné mais j'étais en colère. 

Soudain, je m'arrête en entendant un bruit derrière moi. Une branche cassée. Je me retourne lentement et aperçois le buisson derrière moi bouger. D'une main, j'attrape mon couteau attaché à ma ceinture. 

-Qui est là ? hurlais-je. 

Je sens Kiro remuer contre moi. Je le serre contre ma poitrine tout en reculant en marche arrière. Je ne pourrais pas me battre et le protéger. Il se réveille et me regarde avant d'observer la scène autour de nous. Je lui fais signe de ne rien dire et de ne pas s'inquiéter. 

-Je suis armé et je sais me battre. 

On ne sait jamais peut être que ça pourra dissuader l'individu. J'entend un rire venir du fameux buisson et voit un Natif en sortir. Des tatouages ornent sur son visage me rappelant rapidement Lincoln. 

-Qu'est ce que vous me voulez ? 

Je recule mais sens quelque chose de pointu contre mon dos. Je déglutis. 

-Beja teik osir bants.[Laissez-nous partir.] les suppliais-je. 

Je vois l'homme en face de moi froncer les sourcils, sûrement surpris que j'utilise son langage. 

-Chon yu bilaik [Qui est-tu ?]

-Ai laik Skaifaya. [Je suis Skaifaya.]

L'arme dans mon dos se rapproche et je sens ma peau s'entailler légèrement. 

-Yu spichen [Tu mens !] s'exclame le Natif derrière moi.

De la main qui tient mon couteau, j'enlève ma capuche qui cachait mon visage et mes cheveux. Ces derniers dévoilés, le Natif devant moi s'agenouille. 

-Skaifaya.

Je souris, contente que cette appellation me serve à rester en vie de temps en temps.