Chapitre 13: trouble

16h02. Je ris. Loan et moi sortons de notre dernier cours du mardi, et je n'ai qu'une hâte, me changer et aller à son spectacle. La journée a été rapide, j'ai mangé avec la bande et je n'ai pas eu trop mal aux mains. A part Noa qui semble m'ignorer de nouveau, j'ai passé un bon moment. 

Plusieurs de mes camarades sont venus pendre de mes nouvelles, et ça m'a beaucoup touché. Nick n'est pas revenu en cours après l'incident, une rumeur circule comme quoi ses parents l'auraient envoyé dans un internat en Normandie. Je n'y crois absolument pas, je connais la vérité. Il est juste exclu trois jours. 

Je salue Loan avant de monter quatre à quatre dans ma chambre. Clarys est partie bosser avec le reste de la bande à la bibliothèque, je suis donc seule.

Après avoir apprit ma petite sortie de ce soir avec Loan, Max n'a pas pu s'empêcher de râler. Il m'a lancé un regard lourd de sous-entendu avant que je ne sorte de cours.

Je m'enferme dans la salle de bain et enfile mon t-shirt lykn avant de détacher ma longue chevelure brune. Je la sens descendre dans mon dos telle une cascade. Je ne l'ai jamais laissé libre comme ça. Je reste cinq bonnes minutes à peser le pour et le contre dans ma tête. Un enfant dans la foule serai capable de tirer dessus et se sera une galère à coiffer.

Je lâche l'affaire et remonte mes longues mèches sur mon crâne pour les enrouler en chignons.

Je sors ensuite de ma chambre et déboule dans le hall. Loan tient une grande discussion avec Chloé. Il semble plongé dans son débat. Sa peau sombre reflète à la lumière, et ses yeux noisettes brille de passion. Il porte un long t-shirt et un pantalon de danse extra-large. Ses ondulations dansent dans le léger vent que laisse entrer une fenêtre ouverte. Je ne peux le nier, il est à tomber. 

Il détourne légèrement le regard et le plante sur moi. Son visage se fend en un grand sourire et il me rejoint en courant: 

-Prête ? 

-Tu parles, j'attendais que ça ! Et cette tenue te va beaucoup trop bien. 

-Haha, merci ! Comment vont tes mains ? 

Je les lève devant ses yeux:

-Nickel ! Pas besoin de s'inquiéter pour ça. 

Il sourit encore avant de sortir son téléphone de sa poche. 

-Mes parents sont dehors, tu viens ? 

Je le suis et nous sortons. Je suis directe surprise par le froid mais heureusement, une voiture est garée devant l'entrée du bâtiment et nous courons nous réfugier dedans. 

Sur le siège conducteur, je remarque un grand homme de couleur et chauve, avec les mêmes yeux noisettes que son fils. Tandis que sur le siège passager, je remarque une jolie femme aux cheveux châtains ondulés. 

-Bonjour. Je chuchote d'une voix timide. 

C'est la première fois que je rencontre les parents d'un de mes amis en France. 

-Tu dois être Tinling. S'écrie la mère de Loan en me tendant un magnifique sourire, comme son fils. Tu es très jolie dit donc. 

-Merci beaucoup. 

-Loan ne nous avait pas menti alors. Ricane le père en faisant un clin d'oeil dans le rétroviseur. 

-Papa, tais toi ! Râle Loan. 

-Hooo ça va. 

Je ris. Ces adultes sont totalement à l'image de leur fils, joyeux et à l'aise. Ca me suffi à me détendre, et le chemin se passe dans les rire et les anecdotes. La salle de danse n'est qu'a 10 minutes en voiture du lycée. 

La voiture se gare devant un grand immeuble. Les murs sont recouverts de pancartes de pub pour les clubs, cours de sport, concours, spectacle... 

Une longue file de personnes attend l'ouverture. 

-Ne t'inquiètes pas, on a des pass. Nous passerons par les loges. Dit la mère, en me tendant un petit ticket. 

-C'est payant ? Je demande. 

-Non, c'est juste pour prouver le droit à l'accès des loges. 

Loan me fait un énième clin d'œil avant d'ouvrir la portière. Je fais de même et je me retrouve encore sous le froid cinglant du mois d'octobre. Je frissonne. 

-Tu n'as pas prit de veste Tinling ? Me demande la mère, Catie. 

-Heu, non. A vrai dire je n'ai pas l'habitude du froid. Ce n'est pas un automatisme pour moi de prendre une veste.

-A oui, Loan m'avait dit que tu venais de Thaïlande ! 

-Si tu as vraiment trop froid, je te passe ma veste. Me chuchote son fils 

Je refuse en secouant la tête, gênée, et nous nous dirigeons vers l'entrée, en doublant tout le monde.  

J'entre alors dans un grand hall. Une odeur de bois me fait plisser les narines. Je trouve devant moi un long escalier tournant recouvert de moquette rouge. Des cadres mettant en lumière de grands danseurs et groupes de musiques tapissent les mûrs.

Nous commençons l'ascension de l'escalier. D'après la discussion entre Loan et sa mère, nous devons nous rendre au deuxième étage. Je suis très excité ! 

Nous finissons par ouvrir une porte. Je suis happée par l'ambiance de stresse et de hâte que renferme les loges. Nous montrons nos pass au vigil avant de plonger dans la foule.

-Bon, je vous laisse, je vais rejoindre mon groupe ! Crie Loan à travers le bruit

-Okay, on part s'installer ! Répond son père. 

En l'espace de quelque minutes, je me retrouve à côté d'une grande scène. La mère de mon ami m'entraîne vers des sièges. 

-Bien, la représentation ne commence que dans 15 minutes. 

-D'accord !

Le monde commence petit à petit à remplir la salle, accompagné d'un brouhaha insupportable. Les lumières s'éteignent avant de se rallumer à plusieurs reprises. Et enfin, la musique se lance. 

https://youtu.be/MA_B8RU9BsQ

Plusieurs danseurs font leur entrée. Puis, je le remarque enfin. Il court avant d'enchaîner deux filps avant. A partir de ce moment, je suis comme hypnotisée. Il enchaîne les mouvements avec tellement d'énergie que je n'arrive plus à suivre. Il se place par moment devant la scène pour intimer au public de crier et d'applaudir. 

Une des danseuses se place au sol, ses jambes en l'air, tout son poids sur ses épaules. Le public crie de plus belle et je me surprends à le suivre. Loan pratique un magnifique salto avant de faire un head spin. Tout son corps tourne sur sa tête. J'entends le monde scander son nom. 

Il est connu. 

Je n'avais jamais vu de spectacle de danse. La sensation est juste incroyable. J'ai l'impression que tout mon être vit. Je me sens chez moi. Cette douce chaleur d'un domicile, d'une maison. 


C'est la fin. Cela fait 10 minutes que nous attendons Loan devant la voiture. Je n'ai pas dit un mot après la représentation. Mon âme est encore dans les gradins entrain de crier. 

Et puis il arrive, tout fier et souriant. Je ne peux plus me retenir. J'accours et saute dans ses bras. J'espère qu'il comprend à quel point je m'ouvre à lui, qu'il comprend qu'il tient ma confiance entre ses mains. 

Comment Maxime peut douter de lui ? 

-Tu as été génial ! 

-Haha merci, je ne t'avais jamais vu comme ça toi. Répond-il

-Comment ça ? 

-Tu criais tellement fort, je ne t'ai pas loupé. 

Je le lâche, le rouge me montant aux joues. 

-Tu as géré mon fils. Exprime sa mère. Tu peux être fier de toi. 

Nous montons tous dans la voiture. Je suis tellement heureuse que je m'étonne de ne pas sentir mon siège vibrer. 


21h24. Je suis explosée. Au lieu de partir manger comme tout le monde, j'ai appelé mes amis de Thaïlande et notre appel a duré trois heures ! Et dès mon retour, Clarys m'a bassiné pour que je lui raconte toute ma sortie avec Loan. 

Je décide d'écouter mon estomac et je sors de mon lit. 

-Tu vas où ? Me demande mon amie, enfuie sous sa couette. 

-Manger !

-Je t'avais dit de venir avec nous. 

Je ris et je sors de ma chambre. Le couloir est plongé dans le noir. 

J'aurais dû prendre mon téléphone.

J'avance et descends les escaliers le plus lentement possible, par peur de chuter. Je pose timidement mon pied sur le sol dur. 

Je me rends dans le réfectoire. Seul le distributeur est éclairé. Le reste n'est que noir et froid. L'ambiance est particulière. On dirait le début d'un film d'horreur. Je soupire, il faut que j'arrête de me faire des idées. 

J'insère une pièce pour un paquet de chips. Au moment d'attraper ma collation, je sens mes poils se hérisser. Quelque chose me frôle dans mon dos. Je déglutie. 

Je fais quoi dans ce genre de situation ? 

-Tinling ? Tout va bien ? 

Je me retourne pour tomber face à face avec Maxime. Je soupire de soulagement:

-Maxime ! Tu m'as fait super peur !

-Aaah, désolé. 

Je plisse les yeux. Il a les joues rouges et ses lèvres semblent avoir doublé de volume. 

-Tu fais quoi à cette heure ici ? Je demande

-J'ai envie d'un soda ! Répond-il vivement. 

Trop vivement. 

-Ok. Je remonte, à demain !

-A demain Tinling !

Je sors rapidement du réfectoire sans regarder devant moi. Erreur ! Je me prends un mur de glace en plein fouet. 

-Désolé ! Ca va ? Me demande William en se retournant. 

Il semble à bout de souffle et ses yeux brillent d'une lueur que je n'ai jamais vu chez lui. 

-Oui ça va ! Je vais dans mon dortoir, salut ! 

Et j'emprunte les escaliers, cette fois-ci, en courant. Qu'est-ce-qui me prend de zapper une discussion comme ça ?  Ce doit être à cause de ce court échange avec Maxime qui m'a troublé. Il ne m'a même pas posé de questions par rapport à Loan.

Je me faufile sans bruit dans ma chambre avant d'enfoncer mes écouteurs dans mes oreilles et de lancer mon bl, en tentant d'oublier ce qu'il vient de se passer.


*Pdv Maxime*

21h12. Je suis dans le réfectoire en compagnie de William. Au lieu de partir manger comme tout le monde, nous nous sommes attardés à la piscine. Nous avons enchaîné les brasses et les courses, avant de se couler mutuellement. Le temps est passé à une telle vitesse que je ne l'ai pas vu filer. Nous nous retrouvons donc à discuter en slalomant entre les tables, avec nos cheveux trempés et le corps encore humide. 

-Quel est ton plus grand rêve ? Me demande mon ami. 

-Voyager, sortir de ce trou perdu. Je veux voir les paysages du monde entier. Je veux que Tinling me montre la Thaïlande, et Ji-ho la Corée. Je veux me baigner dans l'eau claire des pays du sud, monter les montagnes des pays du nord... Bref, partir d'ici.  

-C'est un beau rêve ! 

-Merci !

Je m'assoie sur une table avant de lui retourner la question :

-Et toi ? 

Il marque un temps d'arrêt avant de tourner la tête vers moi. Les secondes qui précèdent sa réponse me paraissent longues, trop longues

-Ne plus avoir peur du jugement. 

J'ouvre les yeux, surpris. 

-Toi ? Avoir peur du jugement ? Je dis en riant. 

Mais mon sourire s'efface en voyant sa mine trop sérieuse à mon goût. Pourtant, il ose se montrer et faire parler de lui dans le lycée. 

-William, je t'avoue que je ne comprends pas. Tu as l'air si sûr de toi, tout le monde t'adore ! 

Il baisse la tête. 

-Maxime, ce n'est pas ça.

Et il plante ses yeux dans les miens. Et c'est comme un choque. Sa phrase tourne en rond dans ma tête, tandis qu'une réponse prend forme. 

Ca ne peut pas être ça.

Je déglutie. Je n'y crois pas. Je le vois se rapprocher de moi, lentement. 

-Maxime, sais-tu ce que ça fait de se mentir à soi-même ? De cacher ses véritables sentiments ? D'avoir peur de ce que les autres vont penser si on s'accepte ? 

Bien sûr que je comprends, je ressens ça chaque jour. Ai-je envie de répondre. Mais mes cordes vocales sont comme coincées. Aucun son ne sort de ma bouche. 

William se rapproche encore, s'arrêtant juste devant mes genoux. 

-Maxime, j'en ai marre de me cacher. D'avoir peur. 

Ses yeux sont embués de larmes qu'il ne veut pas laisser couler. Je comprends ce qu'il vit, je comprends son ressentit, je comprends tout

D'un geste hésitant, je m'empare de sa main et la caresse du pouce. Et c'est comme un déclic. Il écarte mes jambes et se place entre elles. Seulement quelques centimètres nous séparent. D'aussi près, il est plus beau que jamais. Ses cheveux de jais trempés brillent dans le peu de lumière que laisse échapper le distributeur et ses yeux reflètent ce sentiment que je rêvais de voir en lui. 

Il fond sur ma bouche. Ses lèvres effleurent les miennes avec une douceur que je ne pensais pas capable en lui. Je laisse mes mains se glisser sur ses reins, sur ses muscles contractés. Ses bras s'enroulent autour de mon cou. Je sens ses larmes couler sur mes joues délicatement, comme de la fine pluie. Il fait balader ses doigts sur mon épaule et se simple contact m'électrise la peau. 

Et puis tout s'écroule, notre bulle éclate. La chute est dur

Quelqu'un entre dans le réfectoire. William s'écarte le plus vite possible et se place derrière une des tables. J'ai envie de crier. Qui est le crétin qui nous dérange putain ? Qui que ce soit il va s'en prendre une. 

Je m'avance vers le distributeur et je regrette tout de suite mes mots. Je reconnais la fine silhouette de Tinling, avec son haut chignon si parfait. Elle insère une pièce dans la machine et je soupire. 

Elle ne peut pas m'avoir vu, il fait trop noir. 

Enfin j'espère. 

Je la vois se stopper brusquement. 

-Tinling ? Tout va bien ? 

Elle se retourne et elle soupire de soulagement en me voyant. 

-Maxime ! Tu m'as fait super peur ! S'écrie-t-elle 

-Aaah, désolé !

Je vois ses yeux se plisser:

-Tu fais quoi à cette heure ici ? Me demande-t-elle suspicieusement.

-J'ai envie d'un soda !

J'ai répondu beaucoup trop vivement. 

-Ok. Je remonte, à demain !

-A demain Tinling !

Et elle part rapidement en arrière.  Quand je suis persuadée qu'elle n'est plus dans les parages, je me dirige vers la table où j'étais installé. Aucune trace de William. 

Il est passé où ?


                                                                               ----------------à suivre----------------


Heyyy ! Le chapitre 13 est terminé, j'espère qu'il vous a plu !

Enfin le premier baiser pour notre couple secondaire ! Mais qu'en est-il de Noa et Tinling ? pourquoi Noa l'ignore-t-elle à nouveau ? 

je suis ouverte à vos théories !

Et ne vous inquiétez pas, après le chapitre 14, l'histoire sera de nouveau principalement centré sur notre couple FxF !! (même si on aura toujours des petites scénettes de notre couple secondaire)

On se retrouve au prochain chapitre !

Bisouuus<33

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