- Chapitre Trente-et-Un -
ON EST BIENTÔT AUX 9K DE VUES OMFG, merci infiniment. Jamais j'aurais cru que cette histoire pourrait plaire autant... Merci, vraiment. Je vous souhaite une bonne lecture :) xxx
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« Premier arrêt : Lillesand. » déclara Even en se tournant vers son petit-ami qui grimpait côté passager.
Isak sourit. C'était un sourire si large et si éclatant qu'Even vint à se demander si ce n'était pas plutôt les couleurs orangées de l'aube qui se reflétaient sur ses dents. Quoi qu'il en fût, il aimerait pouvoir admirer ce sourire chaque minute.
Il n'était que huit heures du matin et tout était déjà prêt : la voiture avait été louée pour la semaine par Isak, leurs sacs à dos, dont un plus petit et vide, étaient rangés dans le coffre, l'argent retiré à la banque était bien précieusement caché dans une poche intérieure de leurs manteaux respectifs. Il ne leur restait plus qu'à partir.
« Prêt à passer trois longues heures et vingt minutes coincé dans une voiture avec moi ? » demanda Even.
Isak rit doucement. S'il continuait à être aussi mignon, jamais il n'arriverait à se concentrer sur la route.
« Plus que prêt. » sourit-il sincèrement en enlaçant ses doigts avec ceux d'Even, posés sur son accoudoir.
Even tourna la clef et le moteur se mit à gronder ; le frein à main retiré et un pied sur la pédale suffit pour les mettre en route.
« Au fait, tu m'avais jamais dit que tu avais le permis, remarqua Isak après cinq minutes de silence, relaxant si tôt dans la matinée.
— C'est parce que je l'ai pas.
— Quoi ?! »
Le garçon se tourna brusquement vers son copain, les yeux écarquillés et les sourcils atteignant presque la racine de ses cheveux blonds. Even ne fit que rire.
« Je rigole. Je l'ai passé avant de venir vivre ici pour l'université mais j'ai jamais eu les moyens de me payer une voiture.
— Me refais plus jamais ça. »
Isak lâcha un soupir de soulagement en passant ses mains sur sa figure ce qui poussa l'étudiant à rire davantage. Comme s'il allait conduire une voiture sans permis avec son petit-ami à bord. Il n'en serait jamais capable.
De nouveau, le silence s'installa. C'était agréable, de n'entendre que le bruit du moteur qui vrombissait. Even se risqua à jeter un rapide coup d'œil au blond à ses côtés, et il le vit affalé contre le dossier du siège. Le dos de son crâne était collé à l'appui-tête et, comme ça, il semblait réfléchir. Était-il en train de remettre en question ce petit voyage à travers la Norvège ? Isak pouvait être si spontané, parfois, que ça ne l'étonnerait même pas s'il se redressait subitement et lui disait de faire demi-tour, de le ramener chez lui.
Il ne le fit pas.
Isak avait fini par s'endormir. Ce ne fut que quand Even arrêta la voiture un instant, après une paire d'heures de route, qu'il se réveilla.
« Qu'est-ce qui se passe...? marmonna-t-il en étirant mollement ses jambes en dessous du tableau de bord.
— Je vais me dégourdir les jambes, tu viens ? »
Après avoir baillé, il hocha la tête. Even sortit de l'auto aussi vite que possible et courut ouvrir la portière à son petit-ami, qui avait à peine eu le temps de se redresser. Isak pivota sur lui-même pour sauter du véhicule en riant doucement.
« Monsieur se fait gentleman, à ce que je vois, sourit-il d'un air tout somnolant en s'écartant légèrement.
— Tu aimes ça. »
Even claqua la portière et, doucement, s'approcha de lui. Quand il arriva à sa hauteur, il prit ses mains dans les siennes et laissa ses doigts presser délicatement les siens, puis ses lèvres tendrement embrasser les siennes. Tout semblait trop beau pour être vrai. Était-il en train de rêver ? Si c'était le cas, Even souhaiterait que jamais ce mirage ne prît fin.
****
« Allez, Even, viens ! »
Even attrapa son petit sac à dos et cliqua sur un bouton pour fermer les portières à clef – il ne voudrait pas se faire voler une voiture qui ne lui appartenait même pas. Ils étaient déjà arrivés à Lillesand, après presque quatre heures de trajet en comptant leur petite pause. Ce ne fut donc pas une surprise de voir Isak partir en courant, carnet à la main, à travers les fleurs colorées de la clairière où ce dernier l'avait supplié de s'arrêter.
Le garçon courut à la poursuite de l'adolescent pendant un moment entre les buissons et les arbres dont les feuilles recommençaient à pousser avant de finalement trouver Isak. La vue fit sourire Even. Son petit-ami, emmitouflé dans son manteau, allongé sur le ventre dans l'herbe verte, un crayon à la main et une petite palette sur sa droite, les yeux fixés sur les fleurs dont les pétales commençaient à s'écarter en face de lui. Son regard resta un instant sur le garçon qui bougeait le poignet pour dessiner sur un petit carnet épais. Il remarqua ses pieds frapper le sol de leur pointe en rythme, comme si une chanson jouait dans la tête du blond. À quelle chanson pensait-il ? Un, deux, trois, quatre. Un, deux, trois, quatre. Un rythme rapide. Peut-être était-ce une chanson qu'ils avaient écouté ensemble pendant la fin du trajet, à la radio ? Even tourna la tête, regardant alors le paysage qui l'entourait. Le soleil brillait plus que d'habitude, aujourd'hui. Apparemment, ils avaient bien choisi leur jour. Il n'y avait même pas une once de vent. Ses yeux atterrirent sur un buisson garni de fleurs mauves qui contrastaient avec le vert foncé de ses feuilles. Ses jambes se plièrent sous sa masse pour qu'il finît accroupi, visage pile en face des couleurs éclatantes des plantes. De ses doigts, qui tremblaient légèrement tellement il les bougeaient lentement, il attrapa la tige d'une de ces petites fleurs et la cueillit. Even se redressa en sortant son téléphone de sa poche. Une fois l'application de l'appareil photo ouvert, il se mit en tête de photographier Isak. Il prit plusieurs photos, s'approchant de plus en plus à chaque prise, pour finir à une dizaine de centimètres de son visage. L'artiste se retourna vers lui en riant doucement.
« Qu'est-ce que tu fais, là ? » demanda-t-il en désignant d'un hochement de tête le téléphone portable.
Even ignora sa question et coinça la fleur derrière son oreille gauche, sans oublier de prendre quelques clichés par la même occasion. Isak sourit doucement en retirant immédiatement la fleur, l'observant de plus près.
« C'est une aubriète, déclara-t-il en caressant les doux pétales du bout de son pouce. J'en avais jamais vu, avant.
— Tu t'y connais, en fleurs ? demanda Even en s'étalant aux côtés de son petit-ami.
— Pas tant que ça, reconnut-il. Je connais juste quelques espèces. »
Il replaça la fleur entre son oreille et ses cheveux blonds avec un sourire qu'Even ne manqua pas de capturer, dans son téléphone ainsi que dans sa mémoire.
« Je t'offrirai toutes les fleurs du monde, promit le plus grand en posant sa joue contre le dos de sa main, regardant Isak dans les yeux.
— C'est horriblement cliché, mais d'accord. » rit-il en détournant la tête pour reprendre son œuvre.
Even se débarrassa du sac qui trônait toujours sur ses épaules et l'ouvrit pour en sortir les salades qu'ils avaient achetées lorsqu'ils s'étaient arrêtés, une bonne heure plus tôt. Il posa celle d'Isak à la gauche de son dessin qui ressemblait exactement – à quelques traits près – au parterre de fleurs multicolores en face d'eux, puis il ouvrit la sienne afin de la manger.
Pendant plusieurs heures encore, ils restèrent allongés là, silencieux quelques fois, riant et discutant d'autres. Ils mangèrent, aussi. Et discutèrent de nouveau. Isak finit le croquis des fleurs puis les teignit d'aquarelles de toutes les couleurs. Even pensa que ce qu'il avait produit là était mille fois plus beau que le véritable parterre. C'était fou, ce que ce garçon pouvait faire de ses mains. Ce qui l'était encore plus, c'était que jamais auparavant Isak ne lui avait montré ce talent. S'il n'était pas venu chez lui la veille, il n'en aurait certainement toujours pas connaissance.
Puis, Isak finit par se redresser, prenant Even par surprise.
« T'as fini ?
— Euh... oui ? On dirait pas que c'est terminé ? s'inquiéta le garçon.
— Quoi ? Non ! Si c'était moi, je l'aurais fini depuis une heure, admit l'étudiant, ce qui fit rire son petit-ami.
— Il y a une heure, il manquait des tonnes de nuances de couleurs, Even.
— Je te crois, je te crois. » capitula-t-il.
Isak rangea tranquillement ses ustensiles et sa peinture dans une petite boîte noire tâchée de quelques points de couleurs plus ou moins larges alors que son aquarelle séchait à l'air libre. Even se redressa sur ses coudes pour le regarder faire. Il adorait le voir ainsi. Il était beau. Il l'était toujours mais, là, à cet instant, en dessous du soleil qui dégageait une légère chaleur, à faire ce qu'il aimait le plus, il le trouvait beau, authentique. Even décréta qu'aucun poème, qu'aucune chanson, qu'aucun tableau, qu'aucune histoire ne pourrait être aussi magnifique qu'Isak à ce moment précis.
« Viens, j'aimerais te montrer un endroit. »
Isak afficha un air perplexe sur son visage mais décida de faire confiance à son petit-ami. S'ils avaient quitté la capitale, c'était avant tôt pour vivre à cent pour cent, sortir de leur petite routine. Il n'allait pas gâcher cet objectif en refusant tout ce qu'Even lui proposait pour la seule et unique raison qu'il ne savait pas à quoi s'attendre.
Il le suivit jusque la voiture où il rangea ses affaires de peinture avant de s'installer côté passager. Sans un mot de plus, apparemment bien décidé à ne rien révéler de l'endroit où ils se rendaient, Even démarra le moteur et fit rouler la voiture le long d'une route déserte. Où l'emmenait-il ? Isak resta collé à la vitre, observant le paysage défiler pour se donner une idée de ce fameux lieu que le blond désirait tant lui montrer. Le problème, c'était qu'il n'y avait que des arbres. Partout. Seulement des arbres. Le chemin qu'ils empruntaient se mit alors à pencher : ils gravissaient une colline, sûrement. Ce n'était pas pour autant que la vue changea un tantinet. Au contraire, il y avait encore plus d'arbres qu'avant.
Une trentaine de minutes s'écoula, minutes pendant lesquelles la voiture avait monté, monté, et encore monté, en rythme avec les chansons commerciales qui passaient à la radio. Toujours en virage, ce qui faisait monter l'appréhension d'Isak. Quelle était la hauteur de ce machin ? Even avait-il prévu de le jeter par-dessus bord une fois qu'ils atteindraient le sommet ? Y en avait-il même un, de sommet ? Cette question trouva bien vite sa réponse ; la voiture ralentit avant de s'arrêter totalement, sur ce qui était visiblement un parking.
« Tu m'emmènes où ? demanda Isak.
— Tu verras, rit l'étudiant. Un peu de patience. On y est presque. »
Even ouvrit sa portière et sortit de l'auto, rapidement suivi de son petit-ami qui ne pouvait attendre une seconde de plus pour savoir ce qui l'attendait. Il ne savait pas trop s'il s'agissait de stress ou bien d'excitation – voire les deux en même temps – mais, ce qu'il savait, c'était qu'il n'aimait pas ça.
Isak suivit le garçon le long d'un sentier. Si l'on oubliait ce petit chemin de graviers, il n'y avait que des végétaux : partout, des arbres coiffés de quelques feuilles vertes aussi grands que l'immeuble où habitait Even, des buissons parsemés de fleurs colorées parfois semblables à celle qu'il portait derrière l'oreille, de l'herbe plus ou moins haute selon les endroits. Isak adorait ce genre d'environnement. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'il avait commencé à se rendre au parc quotidiennement en premier lieu – avant que la fameuse raison ne devînt l'envie de revoir le bel inconnu qui était aujourd'hui son petit-copain. Tout était si paisible.
Isak sentit des doigts s'entremêler délicatement aux siens, et il se mit à sourire automatiquement. Ce genre de petits gestes, de petites attentions, c'étaient ce qu'il aimait le plus dans cette relation. Après Even lui-même, bien sûr.
Ça fit tilt dans sa tête : il aimait Even... Il l'aimait vraiment.
Le couple marcha quelques temps encore. On pouvait voir le soleil décliner à mesure que les minutes passaient. Mais, finalement, Even s'arrêta.
« On y est. Et pile à l'heure. »
Isak lâcha la main de son petit-ami afin de tourner sur lui-même, observant le paysage qui s'offrait à eux. Derrière lui, les mêmes arbres, les mêmes buissons. Mais de l'autre côté, une petite colline avec, à son sommet, un banc. Isak était perplexe : tout ce chemin pour lui montrer un banc ? Even rit, comme s'il avait entendu les pensées du blond, et reprit sa main pour l'entraîner au haut de la colline. Il n'allait quand même pas le pousser, si ?
Il ne le poussa pas. En fait, il le fit asseoir sur le banc avant de s'asseoir à son tour, juste à la droite du garçon. Isak repéra sur le bois quelques tâches de mousses qui laissaient penser que ce banc n'avait pas vu une paire de fesses depuis une éternité. Leurs doigts entremêlés, ils se regardèrent un moment, puis Even sourit.
« Regarde. »
Et il regarda. Le soleil se couchait sur l'horizon, créant des lueurs orangées qui se diffusaient dans le ciel comme de la peinture dans de l'eau.
« Hier, ça a fait une semaine que je t'ai embrassé, alors qu'on était allongés sur une colline, à Oslo, sous le soleil couchant, déclara Even sans quitter le crépuscule des yeux.
— Je m'en souviens... Je m'en veux d'avoir été si idiot, admit Isak. Le truc, c'est que j'avais tellement peur que tu t'attaches à moi, tellement peur que mes sentiments pour toi prennent une ampleur monstre que... Enfin, ça n'a plus vraiment d'importance, maintenant.
— Qu'est-ce que tu veux dire ? »
Isak tourna la tête pour voir que son petit-ami le regardait. Il resta un instant comme ça, sans rien dire, simplement à observer chacun des traits de son visage qui portait un aspect presque irréel sous la lumière du soleil.
« Je t'aime, Even. »
Un sourire prit possession des lèvres de ce dernier. Avec une once d'hésitation, le plus vieux s'approcha du garçon qui venait de lui confesser ses sentiments. Il amena ses lèvres près des siennes, de sorte à ce qu'elle ne fussent séparées plus que par quelques millimètres.
« Je t'aime, Isak. »
Sa voix sortit en un murmure. L'adolescent n'eut pas le temps de réfléchir à cet aveu : Even l'embrassait déjà, bougeant ses lèvres contre les siennes. Isak ne mit pas longtemps pour répondre à ce baiser.
Il l'aimait.
Ce garçon allait rester dans ses pensées pendant un long moment, on dirait.
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