- Chapitre Neuf -

« Hey, Isak. »

La voix d'Even fit lever la tête au petit bond, qui lui sourit légèrement, comme à son habitude, mais ce genre de sourire suffisait à Even.

« Hey, Even. Qu'est-ce que tu fais ici, à cette heure ?

— Je me disais que j'aurais pu venir un peu plus tôt aujourd'hui, pour qu'on puisse rester plus longtemps ensemble. Ça ne te fait pas un peu plaisir ?

— Si, bien sûr que si, sourit le jeune Isak. Je... J'attends juste un coup de fil important, il ne devrait pas tarder, alors je suis déso- »

Isak ne put terminer sa phrase car la sonnerie de son téléphone retentit. Il marmonna un « pardon » avant de se lever brusquement du banc mousseux pour s'écarter de l'étudiant. Qui était-ce ? Il avait dit que c'était important. Important dans quel sens ? Even espérait que cet appel ne fût pas important dans le sens extrêmement grave. Il préférerait que ce fût son partenaire de biologie qui l'appelait pour lui dire quelle note ils avaient eu au dernier projet. Quoiqu'Even ne fut même pas sûr qu'Isak aillât à une quelconque école — il fallait dire que ce n'était pas vraiment le sujet dont ils parlaient le plus.

Even n'entendit que de petites bribes de conversation. Ça ne lui permit pas de comprendre grand chose à la situation mais, en observant les traits de son ami changer au fur et à mesure que les minutes passaient, il déduit qu'il ne pouvait pas s'agir que d'une note de biologie.

Si le grand blond avait un super-pouvoir, ça serait définitivement lire les pensées. Non pas pour savoir si quelqu'un fantasmait secrètement sur lui, mais pour découvrir ce qui se tramait avec Isak. L'étudiant ne lui avait jamais demandé la raison de sa tristesse permanente, il n'en avait jamais eu le courage. Mais il aimerait savoir. Ça éviterait les gaffes et les disputes qui pourraient s'en suivre. Even ne voulait absolument pas s'embrouiller avec Isak, ça non. Premièrement parce que ce petit avait assez de problèmes comme ça. Mais aussi parce qu'il était précieux aux yeux du plus vieux, un être à préserver de la cruauté du monde extérieur.

Il ne savait pas exactement combien de temps ce fichu appel avait duré mais, quand Isak revint vers lui, il ne lui dit qu'une seule chose, qui brisa l'étudiant tout entier :

« Even, on ferait mieux d'arrêter de traîner ensemble. »

Le grand blond ne comprenait pas. Non ! Non, il ne voulait pas, il n'accepterait pas ! Pourquoi ne voulait-il plus être son ami ?!

« Je n'en ai pas envie, dit-il de sa voix la plus calme.

— Et si je te disais que c'est mieux pour nous deux ? insista Isak.

— Je te répondrais que je ne te crois pas, parce que tu me rends plus heureux et je sais que je te rends un peu plus heureux aussi.

— Va-t-en, Even. »

La mine d'Isak s'affaissa. Even aurait juré qu'il était au bord des larmes. Il n'avait qu'une envie : le prendre dans ses bras. Et c'est ce qu'il fit : il le prit dans ses bras.

« Non, Isak, je ne veux pas, chuchota le plus grand des deux blonds en le serrant.

— Très bien. (Isak se défit de l'étreinte de son ami et recula de deux pas.) Dans ce cas, c'est moi qui m'en vais. »

Après ces mots, Isak traversa le portail rouillé qui grinça quand il tira dessus, et il marcha. Even ne tenta pas de le rattraper, ça ne lui avait même pas traversé l'esprit. Ça ne ferait qu'aggraver les choses et il le savait. À la place, il ne fit que le suivre du regard jusqu'à ce qu'il fût hors de portée.

Puis, il se leva et marcha à son tour.

À ce moment précis, Even aurait vraiment aimé pouvoir lire dans les pensées.

Peut-être que ça lui aurait évité ces longs moments de torture qu'il avait passés et passerait encore à penser à ce garçon. 

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