- Chapitre Cinq -

Even s'était réveillé en sursaut cette nuit-là. Il ne savait pas vraiment pourquoi, tout était assez confus dans son cerveau encore endormi, mais la première chose qui était venue à son esprit était d'aller voir le blond. Aujourd'hui. Avant de se rendre au café.

Aujourd'hui, l'étudiant avait décidé de ne pas aller en cours. De toute façon, il ne séchait qu'une heure, et un cours magistral de biologie, matière où il faisait partie des meilleurs, en plus de cela, donc il pourrait facilement rattraper ce qu'il aurait manqué. En réalité, il ne se sentait pas à aller à l'université. Il n'avait pourtant pas revu Sonja depuis l'autre jour, et elle n'avait même pas classe en ce samedi. Il y avait des jours comme ça, où il voulait juste rester là, sans être entouré de gens qu'il n'aimait pas (il n'y avait que Mikael qu'il appréciait un minimum). Pas d'université, pas de compagnie, juste lui, sa maison, ses pensées. Et son chat, Illyes. Il était roux avec quelques rayures blanches, et ses yeux avaient une couleur vert clair magnifique.

Le problème quand il faisait ça restait l'ennui. Ne rien faire de la journée, ce n'était pas trop son truc, à Even. Donc, généralement, il faisait le grand ménage chez lui. Ou bien il préparait un repas bien garni et invitait ses parents à manger le soir. Ça dépendait de son humeur. Mais, aujourd'hui, il n'avait la foi ni de nettoyer ni de cuisiner. Il n'avait pas envie de ça, aujourd'hui. Il voulait juste voir le garçon.

En fin de matinée, quand son ventre commençait à se creuser, Even sortit de chez lui. Il y avait un McDonald's pas très loin de son logement et il n'avait pas vraiment envie de préparer quelque chose aujourd'hui. Il n'avait en vérité envie de rien, excepté voir ce blond.

Il se sentait comme le bonhomme Michelin dans son survêtement gris beaucoup trop large pour lui et son sweat-shirt de la même couleur. Il aurait pu se changer avant de sortir mais, comme le disait si bien le slogan de McDonald's, il était venu comme il était.

Alors qu'Even n'était plus qu'à quelques dizaines de mètres du fast-food, il le vit. Lui. Le petit blond du parc. Le jeune homme plié en deux sur le banc mousseux. L'inconnu au visage triste. C'était la première qu'il l'apercevait dans un autre endroit que ce parc abandonné. Il parlait avec quelqu'un au téléphone. Sur sa tête, toujours la même casquette. Mais sur son visage, plus aucune trace de tristesse. Qui était cette personne avec qui il était en train de discuter pour qu'il eût l'air si heureux ? L'étudiant était content que l'inconnu aillât mieux, mais il désirait savoir qui était celui ou celle qui lui avait rendu le sourire. Avait-il une petite-amie, un petit-copain, un nouveau chien ? Qui que cette personne fût, Even lui en était reconnaissant. Il aurait aimé être cette personne, pourtant. Mais il supposa qu'il avait laissé passer trop de chances pour aller parler au blond et que quelqu'un d'autre l'avait fait à sa place.

Or, alors que cela devait faire une petite dizaine de minutes que ni l'inconnu au téléphone ni le grand blond en survêtement n'avaient bougé de place, l'un souriant et bougeant les jambes, l'autre regardant ce dernier, Tristesse réapparut. Subitement. Even ne comprenait pas. Le sourire du petit blond s'était évaporé, d'un seul coup. Que se passait-il ? L'étudiant avait envie de courir le voir, mais il n'avait pas envie d'aggraver les choses en essayant de le consoler. Il le vit raccrocher et ranger son téléphone dans sa poche avec rage puis partir en courant, frôlant le grand blond.

Even se retourna pour le suivre du regard jusqu'à ce qu'il ne pût plus le voir. Il avait encore manqué sa chance de savoir, de comprendre, d'aider. Il espérait que le blond et lui se retrouveraient le soir-même au parc. Ils devaient parler, aujourd'hui. Even voyait bien qu'il n'y avait plus de temps à perdre pour aider ce garçon. Et il avait décidé qu'il serait celui qui le ferait.

L'étudiant était resté planté là pendant quelques temps encore, jusqu'à ce que son estomac le rappelât à l'ordre, ramenant son esprit sur Terre. Il soupira un bon coup avant de reprendre sa route vers le fast-food dans le but d'enfin manger, même si le cœur n'y était plus trop.

Ce garçon allait rester dans ses pensées pendant un long moment, on dirait.

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