chapitre 9

Je courais, courais, et courais encore. Toujours plus vite. Les branches me lacéraient le visage, mais je m'en fichais. Je me sentais libre, forte.

Le brouillard m'avait enveloppé quelques minutes plus tôt et une profonde douleur s'était emparée de tout mon corps.

Je courrais encore plus vite. Les parfums de la forêt pénétraient mes narines. N'importe quelle odeur venait me titiller l'odorat et je savais précisément d'où elle venait.

Je m'étais sentie oppressée et à l'étroit dans cette salle, et je voulais sortir dehors. Mais cette fois ce n'était pas qu'un caprice, c'était un besoin viscéral et pressant qui ne demandait qu'à être suivi.

Ma vue s'était aussi exacerbée, je voyais n'importe quel mouvement à des centaines de mètres et chaque chose ressortait plus nette, plus colorée, plus perceptible.
J'apercevais au loin un écureuil et me mettais à sa poursuite. Quand il m'aperçu, il parti en courant. Il n'avait aucune chance d'échapper à mes griffes et il en avait conscience. Mais il courait quand même. L'énergie du désespoir sans aucun doute. Mais qu'il n'ai pas d'inquiétude, je ne comptais sur lui que pour me servir de motivation à la course. Je ne comptais pas goûter d'écureuil aujourd'hui après tout.

Courir pour oublier.

j'avais peur de faire plus de mal à Yaël si je restais parce que je ne savais pas ce qu'il se passait. La peur d'avoir blessé mon ami me terrorisait et je n'avais pas osé le regarder pour savoir dans quel état il était.

Maintenant, cela me tuait.

Il était allongé par terre à cause de mon coup et ne se relevait pas. J'avais lu la peur dans ses yeux quand je l'avais frappé. J'avais aussi vu ma main couverte d'un pelage noir ainsi que de griffes.

Je me sentais monstrueuse de lui avoir fait ça. Mais en même temps, c'était ce que j'étais.

Un monstre...

Une petite voix dans ma tête n'arrêtait pas de dire que je l'avais tué.

J'avais défoncé la porte et étais partie en courant, me dirigeant instinctivement vers la forêt. Je voulais m'isoler.

Je m'arrêtais et me roulais en boule la tête entre les pattes pour étouffer le son de cette voix. Je ne l'ai pas tué ! M'écriais-je contre celle-là.

***

Je me réveillais allongée dans les bois et la tête lourde. Mes yeux ne voulaient pas s'ouvrir et mon corps, pas bouger. J'étais épuisée physiquement et mentalement. Je me sentais de nouveau moi même, et non cet espèce de chose en laquelle je m'étais transformée.

Un loup.

Durant quelques heures j'avais été un loup. Incroyable. Je m'étais sentie belle et rapide. Je me propulsais à l'aide de mes pattes et elle me semblaient si fortes que je n'avais pas hésité à courir partout. La forêt, m'acceptait enfin.

Je réessayais de soulever les paupières et cette fois elle consentirent à m'obéir. La lumière du jour m'éblouit alors je fis battre celle-ci. Une fois habituée, j'observais au dessus de moi. Je trouvais ce spectacle magnifique. Les branches s'entortillaient au dessus de ma tête, des papillons passaient et une ambiance calme régnait. J'aurais pu rester ici durant des heures.

Lorsque je décidais enfin de me relever, une ou deux heures plus tard, la nuit était sur le point de tomber. Je me dirigeais donc chez moi.

Mes vêtements étaient réapparus en même temps que j'étais redevenue humaine. Même redevenue normale je pouvais sentir les effluves des parfums, entendre craquer une branche lointaine, et je savais aussi que ma vitesse avait encore augmenté. À l'inverse, niveau force rien n'avait changé.

Étrangement, je ne paniquais pas, la forêt était trop calme pour me permettre de le faire. Mais je savais qu'une fois sortie de cet endroit j'allais péter un câble.

Je me retournais rapidement, ayant entendu du bruit et tombais sur Yaël et Ilyana, assis sur une branche d'arbre à environ deux mètres du sol qui me fixaient en battant des pieds dans l'air.

-Alors ? Demanda Ilyana.

Je la fixais d'un air sceptique. Elle dût comprendre que je n'avais pas assez de matière pour répondre car elle précisa:

-Je parle de la transformation, comment c'était ?

-C'est étrange, reprit Yaël tout de suite après, sans me laisser l'occasion de répondre. Les loups voient leurs capacités physiques améliorées et poussées au maximum. Pourtant, tu manques toujours cruellement de force et ta... petite taille n'a pas été changée.

Je croisais les bras sur ma poitrine et plissais les yeux, sans faire, pour l'instant, grand état du fait qu'il ait mentionné le fait que j'étais un loup. Ce que en quoi, j'avais légèrement compris.

-Même si ça avait amélioré quoi que ce soit, je n'aurai pas voulus changer physiquement, bougonnais-je en reprenant mon chemin.

Ilyana rit de mon air, sans doute, et se plaça à côté de moi.

-Tu ne m'as pas répondu.

Je lui jetais un petit regard avant de répondre:

-C'est assez brumeux, et certains détails sont vraiment flous. Je me souviens du moment où j'ai... Je m'arrêtais instantanément de parler, me retournais et me précipitais vers Yaël qui nous suivait de loin avant de saisir son menton avec la main et le tourner vers le côté sur lequel j'étais sûre d'avoir tapé.

Il n'y avait rien. Niente. Nothing. Nada. Rien. Du. Tout.

-Comment c'est possible ? Bafouillais-je. Je t'ai frappé, je m'en souviens.

-Les loups ne sont pas les seuls à avoir des avantages, je te rappelle. Roh, louve depuis trois heures et voilà que mademoiselle met déjà son espèce en avant.

-Mais...

-Nous avons tous des capacités hors du commun, me coupa Ilyana. Que nous soyons un loup, une fée, un démon ou encore un elfe.

Je me remettais en route avec pour plan de m'enfermer chez moi pour le reste de ma vie et de m'éloigner au plus vite de ces deux timbrés. Il était totalement impossible que je me sois transformée en louve. J'avais du faire un malaise et ce n'était que le rêve que j'avais fais, rien de plus. Ilyana et Yaël n'étaient que deux psychopathes qui voulaient me tuer en pleine forêt, c'était eux qui m'avaient transportés jusque là et ils voulaient me faire disparaitre sans laisser de traces.

Ça y'est, là je paniquais.

N'importe quoi, me soufflais-je mentalement en essayant de m'auto-réconforter. Ils n'étaient pas méchants. Je n'étais pas dans un quelconque film de science fiction où le méchant se cachait toujours chez les gentils. Ab-so-lu-ment PAS !

-Est-ce que tu vas bien ? Interrogea Yaël.

Je lui jetais un regard. Je re-paniquais.

Tout un tas de théories plus délirantes les unes que les autres passaient dans ma tête. Dont une qui était que j'étais toujours à l'hôpital et que tout ce cirque n'était qu'un tour de mon esprit tordu. Ou bien encore que je m'étais faite enlever par des aliens qui faisaient un tas d'expérience sur moi.

-Oui, répondis-je tout de même la voix tremblante. Puis, avant d'avoir prévu quoi que ce soit, je partais en courant en lançant un bref "désolé" au passage.

Une dizaine de secondes plus tard, j'arrivais chez moi alors qu'en temps normal il m'aurait fallu plus d'une minute. Mais pour une fois, ces caractéristiques étaient pratiques, parce que les gens que je croisais étaient tous étranges, semblants s'être déguisés et avaient oreilles et canines pointues, ailes ou toutes autres choses anormales. Enfin, ça c'était ce dont j'essayais de me convaincre car je savais la vérité toute autre.

La porte à peine franchi, je la refermais et soufflais légèrement avant de poser mon dos dessus et de me laisser aller. Mes bras encerclaient mes jambes et je me balançais d'avant en arrière en essayant de réfréner le flot de larmes qui tentait de me submerger. Je n'avais pas craqué depuis que j'étais arrivée, mais là je n'en pouvais plus. Je ne comprenais pas pourquoi toute ma vie avait été triste. J'avais absolument tout gâché et par la même occasion je détruisais celle de Josh qui n'avait rien demandé. Pourquoi je n'avais pas pu rester la même que lorsque j'étais enfant ? Pourquoi j'avais tout foutu en l'air ? Une larme coula et je sus à ce moment que je ne pourrais pas empêcher les autres de suivre le même chemin.

Le truc, c'est que je n'avais aucun souvenir avant mes huit ans, je ne savais donc pas ce qui avait foiré, mais je maintenais que c'était moi. Le problème c'est toujours moi, de toute façon.

Le regard vide et rempli d'eau salée, je repassais ma vie en mode rapide et le nombre de moments où j'aurai pu changer me sauta aux yeux. J'avais envie de me baffer. Le pire dans cette situation, c'était Josh, qui avait passé autant de temps à essayer de me sauver alors qu'il aurait dut vivre. Vivre et ne pas s'occuper de moi.

Encore un exemple qui attestait le fait que j'étais un boulet: je me transformais en louve, nom d'un hamster nain en robe ! Et, Ilyana et Yaël qui n'avaient pas l'air si surpris que ça. Franchement, je me demandais ce qu'ils fumaient des fois...

-Jerry ! Ouvre cette porte immédiatement, cria une voix de femme en frappant contre celle-ci, me faisant rebondir dessus.

-Non.

-S'il te plaît. Je la sentis s'asseoir de l'autre côté. Je sais que tu penses que tout ça c'est juste une blague et que toutes les personnes dehors sont déguisées mais je te promets que c'est la vérité. J'ai vécu la même chose après ma transformation.

-Ah parce que toi aussi, tu te transformes en loup ? Demandais-je d'un ton moqueur.

-Non, mais...

-Vous auriez au moins pu me prévenir de ce qui allait se passer ! La coupais-je.

-Non on aurait pas pu. Tu ne te sentais pas encore parfaitement bien ici et tu n'avais pas été confrontée au problème de vouloir savoir la vérité, il fallait juste que tu sois prête. Imagine si tout cela t'étais tombé dessus à ton arrivée. Tu te serai juste suicidé une deuxième fois.

Je réfléchissais à ce qu'elle venait de me dire. Effectivement, elle disait vrai. Je me serai suicidée une deuxième fois. Mais une chose me fit tiquer:

-Comment peux tu savoir comment je suis morte ?

-C'est ce qui est arrivé à la plupart des gens qui sont ici.

-Toi aussi ? Questionnais-je, sans pour autant démentir le suicide: parce que j'étais au bord de la mort, je ne m'étais pas vraiment suicidée.

-Non. Ma vie partait totalement en cacahuètes avant ma mort. Mes deux parents étaient morts, et je dealais. Je me suis fais choper et, dans ce milieu, si tu te fais attraper, tu es mort. Ma première nuit de garde à vue, quelqu'un est rentré dans ma cellule et m'a tué.

-Tu t'es fais assassiner ?! M'exclamais-je une fois l'état de choc passé.

-Ouais... Mais tu sais, ça m'a plus rendu service qu'autre chose.

-Je me suis fais tirer dessus, reprenais-je. Y'avait un truc en ville et avec Josh et un groupe qui nous avait invité on était à côté. Je me suis pris une balle et j'ai tout fais pour mourir par la suite.

-Tu peux m'ouvrir s'il te plaît ? J'en ai un peu marre de parler à la porte.

J'hésitais. L'idée que c'était une psychopathe n'avait toujours pas disparue bien que j'avais compris qu'elle ne comptait pas me tuer. Étrangement, ma peur envers Yaël n'avait, elle, pas disparue.

-Pourquoi j'ai plus peur de Yaël que de toi ? Questionnais-je.

-Je suis ta gardienne, un lien spécial nous unit. Elle s'arrêta quelques instants. Bon, tu peux m'ouvrir la porte ?

Je souriais légèrement. Sans doute étais-je folle mais j'avais envie de lui ouvrir.

-Par contre, tu vas être un peu surprise. Ce que tu as vu dehors, ce sont les vraies formes des personnages. Mais jusqu'à présent, tu ne le voyais pas car tu n'étais pas encore transformée.

-Par curiosité, est-ce que tu as des grandes ailes dans le dos, des crocs ou encore une autre chose qui n'est pas normale ? Non, parce que j'ai préféré ne pas regarder trop tout à l'heure...

-Ouvre moi et tu verras.

Je soupirais légèrement: je ne jurais pas de ne pas lui refermer la porte au nez.

Je me relevais rapidement et tournais tout aussi vite la poignée avant d'avoir le temps de réfléchir.

A première vue, Ilyana restait Ilyana: ses mêmes cheveux roux, légèrement ondulés, ce même visage ainsi que son sourire. Mais des choses, elles, changeaient: son regard vert me semblait hypnotique, des bracelets... non, des serpents ?! des serpents remplissaient ses poignets, un autre lui servait de collier, et un était posé sur son épaule.

Je poussais un cri et reculais de quelques pas:

-Bordel, jurais-je. C'est quoi ça ?!

Elle me souria légèrement en prenant l'un d'eux dans ses mains puis me le tendit en rentrant chez moi.

-Les serpents auraient-ils disparus de la surface de la terre pour que tu poses cette question ?

Je lui fis signe de reprendre son animal de compagnie avant de répondre:

-Non, je sais ce que c'est. Mais je demandais ce qu'il faisait sur toi ? Et pourquoi tes yeux sont si... Attractifs ?

Elle sourit légèrement avant de détourner ceux ci pour que je ne me focalise pas dessus:

-Je suis une gorgone... Et avant que tu ne me poses la question, oui, comme le truc horrible des contes qui pétrifie ses victimes, sauf que, de un, je ne le fais que si j'en ai envie, et de deux, est-ce que tu me trouves si horrible que ça ?

Je secouais la tête comme simple réponse et allais parler lorsque elle reprit:

-Tu te souviens tout à l'heure, quand tu disais ne pas vouloir changer physiquement ? Et bien... Tu devrais aller te voir dans un miroir. Tu risque d'être surprise.

L'un de mes sourcil se haussa. Il semblerait que mon souhait n'ait pas été exhaussé. Je me précipitais vers ma salle de bain, Ilyana sur les talons afin de voir les dégâts infligés.

***

-Comment ça peut être si horrible !

-Ce n'est pas horrible, me rassura Ilyana tandis que je me laissais tomber sur le canapé. C'est juste... Hum. Spécial ?

-Spécial, ça tu peux le dire, soupirais-je. Comment c'est possible de changer autant en si peu de temps, bon sang.

Des mèches noires avaient fait leur apparition dans ma chevelure à l'origine blonde, dans mes yeux bleus, le doré avait fait prit la moitié de la place et mes lèvres avaient viré au rose presque bonbon. C'en était limite éblouissant. Un tatouage en forme de bracelet était apparu sur mon poignet droit et une rose sur mon épaule gauche. Bien que ces deux derniers points ne me gênaient pas spécialement, j'aurai préféré avoir le choix de ce qui serait gravé sur ma peau.

-La transformation fait toujours ça. Mais elle ne reflète que ce que la personne qui la subit veut. Tu as beau te plaindre, je suis sûre qu'au final, ça ne te déplaît pas.

-Je n'ai jamais dis que ça me déplaisait, simplement que ça changeait et que c'était beaucoup trop d'un coup.

-Ne t'inquiète pas, tu vas t'habituer.

Je m'installais plus confortablement dans le canapé tout en recroquevillant les jambes pour qu'Ilyana puisse s'assoir. Une mèche brune me passa devant des yeux et je la repoussais en fermant les yeux. Je les rouvrais en soupirant. J'allais décidément mettre un certain temps à m'y adapter.

-Un film, ça te dit ?

-Je te promets qu'il fait pas peur Caren !

-Ah oui ? C'est ça, et moi je suis une table basse !

-Mais si, je te promets.

C'était Halloween et nous avions décidé, comme chaque année depuis nos huit ans dans mes souvenirs, nous en avions cette année onze, de regarder un film. Mais aujourd'hui, il proposait hunger games. Et tout ce sang me rebutait, je connaissais le principe et avais lu le livre qui ne m'avait d'ailleurs pas déplu, mais voir tout ça en image n'était pas pareil.

-Non, Josh, je veux pas.

-Je l'ai vu caren et on voit rien.

-Je te crois pas !

Finalement, il avait réussit à me convaincre et nous l'avions regardé. J'avais été assez déçue par effie et avais eu envie de mettre des baffes à peeta pour son niveau de débilité, mais finalement, la peur que m'inspirait ce film n'avait aucun fondement.

-tu vois, j'avais raison !

-C'est bon, pas la peine de faire ton coq empaillé.

-Oui, je veux bien.

-Ok, choisis ce que tu veux.

Elle sembla fouiller dans son esprit avant de faire apparaître celui qu'elle voulait.

-Mafia: survival game. Elle joua des sourcils. Tu connais ?

Non. C'est quoi ?

-Tu verra.

Elle sourit avant de lancer le DVD.

________

Hello mis amigos !!

Alors ce chapitre ? Est-ce que vous vous attendiez à cela ?

Ilyana et Yaël, leur réaction ? L'approche envers Jerry ?

Le nouveau physique de Jerry ?

Personnellement, je l'aime beaucoup ce chapitre.

Bonne soirée à tous ! 😘

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