chapitre 6 (2)
Une pile énorme de bouquins dans les mains, je me dirigeais tant bien que mal vers la sortie pour rentrer.
Mais pourquoi j'avais eu l'idée de prendre tout ça bon sang !
Peut être m'étais-je surestimée ? Ou avais-je surestimée mes capacités et ma force toujours inexistante ? Ilyana avait beau dire que je gagnerais au niveau physique, je savais qu'elle se trompait cruellement. Je manquais, et manquerais toujours de force. Force était de l'admettre, justement.
Plusieurs rues plus tard, que j'avais mis une dizaine de minutes à parcourir, je n'avais toujours rien fait tomber même si j'étais sûre que je n'arriverais pas indemne chez moi. Surtout qu'avec mon mode tortue du dimanche matin, je n'étais pas assurée de rentrer avant la nuit. Cette simple pensée me fit sourire et je me mis au défi de réussir à tout ramener avant la nuit non abimé.
Plusieurs mètres plus tard, je glissais sur une pierre et basculais en arrière, laissant échapper ma précieuse marchandise. Je poussais un cri et me rattrapais au mur derrière, je ne sais comment, vu que j'étais au milieu de la rue. Ma tête partant donc en arrière, je remarquais mes livres s'envoler et sans que je comprenne comment, le temps fut comme ralentit. Je me relevais le plus rapidement possible et les rattrapais tous les uns après les autres.
Je comprenais ce qu'Ilyana sous-entendait avec des capacités hors du commun. Je pense que c'était plus moi qui gagnais en rapidité que le temps qui s'arrêtait. Et cela était terrifiant. De se dire qu'une telle vitesse était possible, tellement rapide que le temps était comme ralenti.
Je soufflais un bon coup et repartais, toujours en équilibre précaire.
À 500 mètres de ma maison, Ilyana fit apparition à mes côtés et proposa d'une voix moqueuse :
-Besoin d'aide ?!
Je ne lui jetais pas un regard et continuais mon chemin, concentrée pour ne pas tout faire tomber.
-Tu aurais du m'appeler. Je t'aurais aidée.
-Non, c'est bon, marmonnais-je.
Je rentrais chez moi et elle me suivit.
-Tu sais, je sais quand même me diriger dans ma propre maison, tu n'es pas obligée de me suivre partout.
-Je ne te suis pas Jerry. Il faut qu'on parle. Mais range tes livres d'abord.
-Oui maman ...
Je prenais tout mon temps histoire de la mettre en rogne puis allais me poser dans le canapé.
-Alors ?
Elle me fixa quelques instants:
-Ça ne va pas te plaire. Mais il faut, de un, que tu t'entraînes parce que si tu ne le fais pas, tu ne contrôlera rien, et deux, il faut que tu te choisisse une occupation.
-Une occupation ?
-Un métier si tu préfères. Mais ne t'inquiète pas, tu as le temps de choisir.
-Et si je n'ai pas envie de bosser, je fais comment ?
Elle pinça les lèvres, mécontente de ma réponse.
-Tu n'as pas le choix.
-Oh génial. Vive la liberté ! Répliquais-je d'un ton ironique.
-Eh ! Tu vas te calmer ma vieille. Tu choisis ce que tu veux, c'est déjà pas mal, non ? Et puis, tu fais ce que tu veux le reste du temps alors te plains pas. C'est beaucoup mieux que sur terre.
-Peut-être... Marmonnais-je. Mais c'est quand même nul...
Elle se radoucit:
-Imagine, si tu n'avais rien à faire. Tu resterai cloitrée chez toi et tu ne ferais rien. Personne ne rencontrerai personne. On aurait aucuns magasins, boutiques, écoles, et ainsi de suite. Aucune organisation. Et je peux te dire qu'au bout d'un moment, tu as besoin de t'occuper pour ne pas devenir chèvre. En plus, le globe nous fournit tous ce dont on a besoin et nous offre une seconde vie. Le moins qu'on puisse faire c'est d'aider un peu, non ?
-Je conçois. J'ai combien de temps pour décider ?
-Le temps qu'il faut, mais assez rapidement quand même, hein ? Parce que voyant déjà le caractère flemmard, tu prendras une décision dans dix ans et je préfère prévenir tout de suite: tu ne les as pas.
-Et toi, tu fais quoi ?
-Je m'occupe de la piscine.
Je hochais la tête avant de me lever pour chercher quelque chose à manger. Parce que mine de rien, j'avais tout de même passé plus de quatre heure dans cette libraire. Et je n'avais pas mangé depuis le midi. Donc en comptant la promenade dans la forêt, l'engueulade d'Ilyana, la recherche des livres et le chemin fastidieux pour rentrer, on pouvait dire que je crevais la dalle.
-Tu veux manger ici ? Criais-je depuis ma cuisine afin qu'Ilyana entende.
-J'osais pas m'incruster mais vu que c'est toi qui propose, je peux te le dire: j'ai la flemme de rentrer chez moi.
J'explosais de rire en mettant de l'eau à bouillir pour faire des pâtes. C'était un plat basique mais je n'avais pas envie de me casser la tête à faire mieux. En regardant les bulles que formaient l'eau, un souvenir me revint en tête.
-Josh ! Putain qu'est ce que tu fais ?
-bah je fais cuire des pâtes. C'est ce que tu m'as demandé non ?
-Oui mais il fait mettre de l'eau dans la casserole !
-Ah...
Je m'approchais de lui et levais le bras pour lui tirer la joue. Ça m'énervait car jusqu'à nos 14 ans, j'avais été plus grande que lui. Malheureusement, en deux mois, il avait prit presque vingt-cinq centimètres et me dépassait donc d'une bonne tête et demi. Et le pire, c'est qu'en plus d'être plus grand que moi, il était plus fort. J'avais l'air d'une limace essayant de voler sa coquille à un escargot à côté de lui et il aimait me le rappeler et mettre en avant sa virilité nouvelle, flattant ainsi son égo surdimensionné de mec.
-T'as peut être plus de force que moi, mais niveau cuisine t'es totalement nul, rigolais-je.
-En même temps, la cuisine, c'est un travail de femme, répliqua-t-il. C'est pour ça que je connais rien.
-Espèce de crétin sexiste ! Tu verra quand tu mourra de faim !
-Je ne mourrai pas de faim parce que je m'incrusterai chez toi et que je ferai peur à tes gosses !
-Mes gosses ? Alors tu vois un futur si lointain que ça ? Non parce que moi je parlais d'un futur proche. Genre si je décide de cuisiner juste pour moi, tu fera comment ?
Il me sourit légèrement avant de se mettre à me courir après. Je poussais un cri de surprise et m'enfuyais avant qu'il n'ai pu m'attraper. Bien que plus fort, sa carrure nouvelle l'empêchait d'évoluer aussi rapidement que moi. Il avait la force et était un bourrin quand j'alliais rapidité, habileté et finesse.
Dans la cuisine étroite de sa maison où chaises tables et meubles s'empilaient, il était difficile pour lui d'évoluer, alors que je passais sans problème entre tout ces encombrant ustensiles.
Je sortais de la cuisine et m'enfuyais dans les escaliers pour monter à sa chambre quand il m'attrapa par la taille. Je riais tellement que me défendre était une tâche bien compliquée. Josh, qui l'avait bien comprit me tira un peu plus vers lui et me fit descendre les marches. Je me laissais faire un instant pour éviter qu'on tombe tous les deux mais une fois en bas je me débattais et le frapper tant que je pouvais afin qu'il me lâche. Je ne retenais absolument pas mes coups sachant que dans tous les cas je ne lui ferais pas mal et essayais comme je pouvais de frapper les endroits spécifiques. Voyant mon pied se rapprocher dangereusement de ses bijoux de famille, il pinça mon nez, arrêtant de ce fait tout mouvement de ma part. Il fallait savoir que j'étais très sensible de cet endroit et que parfois, même une forte bourrasque me le faisait gratter. Alors, si quelqu'un le saisissait avec ses doigts et le tortillait dans tous les sens car je ne restais pas en place j'avais pour principe de m'arrêter.
J'ouvrais la bouche pour pouvoir respirer et m'exprimais avec une voix nasillarde:
-Lâche mon nez, espèce de macho sexiste. Ou je te promets que tes bijoux le payeront très cher.
-Oulaaa... J'ai peur... Et qu'est ce que tu vas faire lilliputienne ? Me jeter mes pâtes pas cuite à la figure ?
-Merde ! Les pâtes ! M'écriais-je
Je me précipitais dans la cuisine et éteignais rapidement le gaz. Elles avaient littéralement cramées dans la casserole et bousillées celle ci par la même occasion.
-J'espère que t'es fier de toi ducon. Tu viens de bousiller une casserole avec tes conneries.
-Oh... Carabistouille.
-Ouais. Comme tu dis. Bon. On en fait quoi du cadavre ? Non parce que si ta mère tombe dessus on est morts.
Il sourit à ma remarque et prit le cadavre dans ses mains avant de sortir vers le garage. Il prit une pelle et se dirigea ensuite vers le fond du jardin. J'avançais à côté de lui.
-Qu'est ce que tu vas faire ?
-On va l'enterrer. Comme ça, même si ma mère la voit on aura au moins gagné quelques jours et en plus, c'est pas tous les jours qu'une casserole à l'honneur d'être enterrée. T'imagines la joie pour elle !
Je riais. Franchement quel débile.
Il s'arrêta tout au fond et se mit à creuser en chantant la chanson des sept nains.
Une fois le trou assez grand, il mit la casserole et reboucha. Ensuite il se releva et baissa la tête comme pour honorer sa mémoire. Il essuya ensuite ensuite un larme invisible et se mit à parler:
-Merci à toi, gentille casserole. Tu nous a si aimablement servie. Il a malheureusement fallut que des pâtes diaboliques et une petite blonde aux yeux bleus croisent ta route. Excuse moi de ne pas avoir pu te sauver.
-Eh ! D'où ! C'est toi qui l'as tué ! Pas moi !!!
Il jeta un regard faussement noir et chuchota comme un secret:
-Chut, on ne se fâche pas devant les enfants.
-c'est ça...
Je me détournais de la tombe improvisée et me dirigeais vers la maison avant que maman Josh me rattrape.
-T'es partie d'un enterrement. Ça se fait pas.
-Peut être mais j'ai faim... Donc cette fois, c'est moi derrière les fourneaux. Et j'en fais que pour moi comme t'as été méchant.
-Quoi !? Mais non !
Il se mit devant moi et marcha à reculons en me suppliant avec un air de chien arrosé.
-Non, c'est non.
Ce jour là, je lui avait finalement laissé les fourneaux et il avait apprit -enfin !- à faire des pâtes. Bien que trop cuites, on pouvait considérer son essai comme une réussite.
Je mettais les pâtes dans l'eau et me dirigeais ensuite vers le frigo pour en sortir du jambon.
Ilyana entra et s'assit à une chaise.
-Pâtes aux jambon ?
-Ouais... J'avais pas envie de me casser les fesses.
Elle hocha la tête et me demanda:
-Tu es morte de quoi ? Enfin, tu n'es pas obligée de répondre si tu ne veux pas mais, j'ai une immense curiosité.
-Ce n'est rien. Je me suis pris une balle perdue lors d'une altercation entre un voleur et les flics. Et j'ai rien fais pour me réveiller. Et toi ?
Elle me fixa quelques secondes:
-Je suis désolé, j'ai pas spécialement envie d'en parler.
-Pas de soucis.
-En arrivant ici, j'étais comme toi. En colère. J'avais enfin réussi à mourir et on me donnait une deuxième vie dont je ne voulais pas. J'ai fais les bonnes rencontres, les combats m'ont défoulés et dès que j'ai découvert la piscine, je passais mes journée là-bas. Tu comprends donc mon choix de m'en occuper.
Une question que je n'avais pas encore en posé me vint en tête:
-Ici, la vie continue ? Enfin, je veux dire qu'on vieillit toujours ? Ou non ?
-Oui. C'est une vraie vie. On continu de vieillir et on meurt une fois vieux. Entre temps on a des gosses, on se marie et ainsi de suite.
-Ok. Et on peut arriver à n'importe quel âge ?
-Non. Ça se limite de cinq à... Je crois que le plus vieux à arriver avait cinquante ans. Il prennent quand même en compte que les places ne sont pas infinies et que si les personnes ont déjà eu des belles vies, ils ne viennent pas. Tu penses donc que c'est rare les plus vieux arrivants. Parce que la plupart ce suicident ou ont de quelconques accidents contre lesquels ils ne luttent pas vraiment. Donc le quota de jeunes à arriver est beaucoup plus important.
Je prenais les pâtes de ma casserole et les déposais dans deux assiettes avant de nous installer sur la table de mon salon.
-Je peux choisir n'importe quoi comme métier ?
Elle me sourit:
-Oui, peut importe ce que tu prends, le plus important c'est que ça te plaise. Tu voulais te diriger où avant de mourir.
Elle parlait de la mort avec une telle légèreté que cela en devenait troublant. Sans doute l'habitude, mais son manque de tact me dérangeait. Je répondais néanmoins:
-Je pensais plus dans l'enseignement ou un truc du genre. Dans un bureau de préférence. Je suis un rat de bibliothèque.
Elle rit à ma remarque et sembla réfléchir:
-Je suis presque sûre qu'il leur manque un professeur quelque part. Il y a tellement d'enfants que ça ne m'étonnerait pas que tu te retrouves avec une classe pleine assez rapidement. Surtout que les métiers d'enseignement ne sont pas les plus prisés, je dois l'avouer. On ira voir demain si tu veux.
Je faisais mine de réfléchir alors que mon choix était déjà fait. J'avais toujours rêvé d'enseigner et c'était une parfaite occasion de le faire.
-Oui je veux bien.
Elle sourit et finit son assiette.
-Alors c'est décidé. On ira voir...
________
Hello !!!
Comment vous allez ?
Alors, ce chapitre ?
Le souvenir de Jerry ?
Comment pensez vous qu'Ilyana soit morte ? Mystère mystère ! 😂
La soirée entre filles ?
Voilà c'était le deuxième bout du chapitre, le sept arrive en fin de semaine.
Byzouxxx à tous 😘😘😘
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