Chapitre 38
Pdv Jerry
Enaël m'avait surprise en débarquant à midi à l'école pour m'ordonner un entraînement à quatorze heure.
Il m'avait aussi surprise à débouler à treize heure alors que j'étais en plein repas avec Galdaë, afin de s'assurer que je ne serais pas en retard.
Ce qui ne m'avait, à contrario, pas surprise du tout, c'était qu'il m'ait passé un savon pour me blâmer de tous les rendez-vous que j'avais raté.
Il m'avait néanmoins surprise de nouveau en m'expliquant qu'un entraînement par semaine serait suffisant au vu de la façon dont je gérais mes capacités.
Capacités que je ne sentaient plus, entre parenthèses.
Et qu'il n'était pas surpris non plus d'apprendre que je n'irais pas aux cours de Laïa mais préférais lire le bestiaire de mon côté. Il signifia qu'il trouvait ses cours "chiant à crever d'ennui" et qu'il avait détesté assister au peu qu'il avait suivi.
Puis, sans plus de cérémonie, il m'avait ordonné de mettre quelque chose de plus confortable et qui ne craignait pas, adressé un bref signe à Galdaë, et m'avait embarqué tel le pantin que je semblais être devenu, vers notre lieu d'entraînement en forêt, bien que je n'en voyais plus l'utilité. Après tout, il n'y avait plus de nouveau auprès desquels se cacher.
Je lui posais donc la question:
-Les loups ont une connexion avec la nature. Être dans la forêt renforce encore plus nos capacités qui sont plus faciles à utiliser.
Arrivés au lieu, je remarquais plusieurs poids posés à terre et deux barres en fer un peu plus loin.
-On va se concentrer sur les capacités physiques que tu possèdes sous ta forme humaine. Il te sera sans doute plus facile de faire appel à ta partie louve lorsque tu te rendras réellement compte qu'elle existe et que tu n'es plus l'humaine faible que tu étais.
-Je le sais !
Son regard, inquisiteur, revint se poser sur moi:
-Je pense que si tu le savais consciemment, tu aurais eu plus de problème avec ton côté animal. Notamment lors des moment où tu ressens des émotions fortes comme la colère ou le désir... Et d'après ce que j'ai pu entendre au niveau des rumeurs, il semblerait que tu aies eu l'occasion d'expérimenter cette seconde option.
Son regard, sérieux, me mettait foutrement mal à l'aise.
-Ce.. Je n'ai pas... Enfin... Je m'emmêlais les pinceaux et ne savais plus quoi exprimer lorsque je me répétais sa phrase. Quelles rumeurs ?!
-T'es avec Galdaë maintenant, non ?
-Heu...
J'hésitais. Techniquement oui, nous étions ensemble, mais pas de la manière conventionnelle. Si part "avec", il sous entendait "en couple", alors la réponse serait non. J'acquiesçais tout de même, me sentant le besoin de préciser:
-Nous sommes amis.
Son visage impassible ne m'indiquait rien de ce qu'il pouvait penser et je maugréais dans la barbe que je n'avais pas. Maintenant, il allait penser que nous étions des amis qui nous envoyions en l'air, alors que c'était bien plus compliqué que ça.
Galdaë avait été frappé par son père. Quelque part, j'avais toujours su qu'il cachait quelque chose (et il semblait que ce soit encore le cas) mais même si ma théorie s'était avérée exacte, je n'avais pu rester que sidérée de celle ci. Je n'avais pu que le consoler et lui remonter le moral, lui montrer que j'étais là pour lui et que je ne le repousserais pas.
Même si ce qu'il cachait encore m'inquiétais un peu. Après tout, il avait assez confiance en moi pour m'avoir révélé une part aussi importante de son passé et pas encore ce qu'il me cachait. Ce devait être vraiment sombre.
-Tu as compris ?
Je sursautais, sortant de mes pensées. Qu'avait-il dit ? Compris ? Mais compris quoi ?
-Pardon, tu peux répéter s'il te plaît ?
La double politesse de ma phrase le garderait peut être calme...?
-Tu n'as pas écouté un traître mot de ce que j'ai dit ?
Timidement, je secouais la tête, en fixant le sol. Je l'entendis soupirer puis s'éloigner lentement.
Soudain, mon instinct me cria de relever la tête, ce que je m'empressais de faire. Une des deux barres de fer volait en ma direction et je l'aurais prise dans la tête si mon instinct ne m'avait pas crié de la saisir au vol.
-Qu'est-ce que je vais...
Enaël me balaya les jambes et je me retrouvais à terre, le fixant, interloquée.
-Est-ce que tu peux m'expliquer ce que...
-Debout.
Sa voix glaciale me fit me relever vivement et je m'éloignais d'un bond lorsqu'il essaya de nouveau de me faucher les jambes.
-Est-ce que tu peux m'expliquer pourquoi tu m'agresses ?!
Il posa un bout de la barre sur le sol et son menton sur l'autre.
-Tu es venue pour t'entraîner, non ? C'est ce que je fais.
Je mordais ma lèvre inférieure en testant la barre. En fer, solide, et épaisse, j'avais peur des ravages que je pourrais faire si un coup était mal placé.
Ou que lui pourrait me faire.
Ne semblant pas plus que ça faire attention aux dommages, Enaël se déplaça vers moi puis mit rapidement un coup dans mes côtes, me projetant quelques mètres plus loin.
Il ramassa la barre que j'avais lâché et la jeta à mes pieds:
-Dans une bataille, ton arme est l'une des choses les plus importantes que tu possèdes. Lâche la et tu es déjà à moitié morte.
Je me relavais, récupérais l'arme, et lui demandais:
-Donc il n'y a pas de consigne, tu m'attaques et moi je me demmerde pour ne pas me retrouver avec une barre en fer dans le ventre ?
-Ta consigne, c'est de rester en vie. Défends toi comme tu peux, essaye de me voler la barre et de me mettre par terre.
J'acquiesçais et il précisa:
-Ne retiens pas tes coups, je ne le ferai pas avec les miens. Les loups guérissent vite, je n'aurai pas de remords à te faire mal.
Ma respiration se bloqua et j'avalais ma salive. Pliant ensuite les genoux pour me donner plus d'impulsion et positionnant ma barre en avant, je me préparais à l'attaque.
-Écarte un peu plus tes jambes, tu seras plus à l'aise.
Appliquant son conseil, je baissais la tête vers mes jambes, jaugeant quel distance serait la meilleure. Grossière erreur. Enaël en profita pour frapper violemment mon bras droit, l'égratignant jusqu'au sang.
Je criais, à la fois de surprise et de douleur, et lâchais donc de ce bras la barre, plus très stable de ce fait. Relevant les yeux, je remarquais sa barre filer vers mon autre bras. Me déplaçant sur le côté et m'éloignant de quelques pas, je pensais être tranquille mais il s'approcha et sans me laisser de répit, réitéra son geste. Passant outre la douleur, je la saisissais de nouveau à deux mains et bloquais le coup.
Son regard brièvement surpris me déconcentra et une seconde après, il m'avait de nouveau fauché les jambes. Criant de frustration, je me relevais aussi vite que possible, tout en évitant les coups qui ne cessaient de pleuvoir.
Je jaugeais ensuite ses compétences: il était rapide, agile, maîtrisait ses coups, était fort... Je n'avais aucune chance. Parce que si j'étais agile et rapide, je ne maîtrisait pas le moins du monde cette arme que je connaissais à peine et la force faisait toujours partie des choses que je ne possédais pas. Bref, je n'avais pas la moindre chance de l'emporter.
Il m'attaquait sans relâche, ne s'épuisant pas le moins du monde alors que mon souffle se faisait court et que j'avais l'impression de cracher mes poumons à chaque inspiration. Parant comme je le pouvais ses coups puissants qui me faisaient reculer à chaque fois de quelques pas, je ne pouvais pas me permettre d'attaquer. Mes forces s'amenuisaient sans que je ne puisse rien faire.
Ne semblant pas forcer plus que ça, il envoya un coup dans mon ventre qui me fit m'effondrer à plusieurs mètres de l'impact. L'air présent fut expulsé de mes poumons et je m'accrochais à l'herbe, fermant les yeux et tentant vainement de reprendre mon souffle.
Je le sentais approcher. Il pointa son arme sous mon menton, le relavant vers lui. Un courant d'air salvateur s'infiltra finalement dans mes poumons et je toussais vivement, crachant un peu de sang par la même occasion.
-Tu es morte.
Je relevais les yeux vers lui et me retenais fortement de lui montrer mon majeur.
-J'avais raison, tu n'as toujours pas réalisé que tu n'es plus humaine. Autrement, tu n'aurais pas eu de mal à arrêter mes coups, ils n'étaient pas forts.
Interloquée, je me remettais comme je le pouvais sur mes jambes tremblantes, appuyant de tout mon poids sur la barre.
-C'est une blague ! M'exclamais-je, sentant le gout métallique de sang.
-Pas du tout. Il serait temps que tu observes les capacités que tu possèdes.
Sans attendre, il enfonça sa barre dans mon épaule droite, produisant un craquement sinistre. Je criais de douleur alors qu'il m'envoyait de nouveau bouler à terre.
-Mais t'es malade ! M'éciais-je.
Mon épaule me faisait atrocement souffrir -bien que moins que ce à quoi je me serais attendue-, du sang glissait le long de mon bras, venant d'une plaie qu'il avait ouvert, et il m'était impossible de bouger tout le bras.
-Tais-toi, et observe.
La blessure se refermait d'elle même sous mon regard ébahis, la douleur s'estompait et je récupérais doucement les sensations dans les doigts.
-Tu vois ? Lorsque je te disais que je n'aurais pas de scrupules à te blesser, c'était pour ça. Nous avons tous, ici, des capacités améliorées, mais les loups sont au dessus. Cette blessure aurait mit quelques minutes à disparaître sur quelqu'un d'autre, mais sur toi, elle a mit une dizaine de secondes. Notre vitesse, notre force, notre agilité, toutes ces choses là sont, sur nous, encore plus décuplés qu'à la moyenne. Il suffit de savoir les maîtriser.
Il me laissa méditer sur ses paroles avant de m'ordonner de me relever. Doucement, je faisais rouler mon épaule pour tester sa solidité. Je grimaçais lorsque je me rendais compte que ce con avait raison. Bien qu'un peu plus sensible que d'habitude, mon épaule était dans un parfait état.
Me baissant pour saisir ma barre, je sentais la cacahuète arriver et me baissais pour éviter celle qu'il avait brandit en ma direction.
-Toujours sur tes gardes.
Je profitais de ses paroles pour lui balancer dans les chevilles, pensant qu'inconsciemment il aurait baissé sa garde. Il me prouva le contraire en esquivant et répliquant aussitôt. Il m'envoya bouler à terre de nouveau.
Je grognais et me relevais, bien décidée à le toucher au moins une fois. Pas à l'envoyer par terre, non, je ne m'en sentais pas encore capable. Au moins lui envoyer un coup bien placé.
***
Passé un quart d'heure, j'avais l'impression d'avoir bouffé toute la poussière de cette putain de plaine, mes muscles me faisaient souffrir à un point qui n'était pas permit et je n'avais plus qu'une seule envie: rentrer chez moi, me rouler en boule dans la couette et hiberner.
Je n'avais pas réussi à le toucher ce qui me déprimait et m'épuisais deux fois plus.
-On peut arrêter là... S'il te plaît ?
Ma détermination s'était amenuisée au fur et à mesure du temps qui passait, du sol qui semblait m'attirer de plus en plus et de la fatigue qui augmentait.
Il m'envoya de nouveau à terre et je maugréais à peine, hésitant à rester allongée et à dormir. Je décidais finalement de m'asseoir.
-Si tu veux. Je voulais juste te foutre une dernière fois par terre.
-Enfoiré.
- Je n'arriverai plus à rien tirer de toi dans ce domaine de toute façon.
Il s'éloigna quelques secondes et se réapprocha de moi, tendant une bouteille d'eau. Prenant avec bonheur le présent, j'en buvais la moitié avant de lui rendre. Il me laissa quelques minutes de repos avant de reprendre.
-On va essayer de voir quel poids tu peux porter puis ce sera fini.
Je me relevais et le suivais.
-Je pense que tu te bloques en pensant que tu n'en es pas capable alors je ne te dirai pas combien tu as sur les bras.
Il me tendit d'abord un petit poids. Je le saisissais et le portais sans mal. Il m'en tendit un autre qu'il posa sur le premier. Légèrement plus lourd, je ne forçais pas non plus énormément. Au troisième, je dus déplacer ma première jambe vers l'avant pour garder l'équilibre. Au quatrième, je faillis me casser la figure, alors il le reprit puis dit:
-Maintenant, on va voir combien de temps tu tiens.
Calant mieux mes jambes, j'acquiesçais.
-La confiance en toi, c'est tout ce qui te manque. Pour une première fois, c'est assez impressionnant.
-Je porte combien ?
-Tu crois que je vais te le dire ?
-Bah... De toute façon, qu'est-ce que ça pourrait changer ? Je les ai dans les bras les poids.
Il ne prit pas la peine de me répondre et je me concentrais sur la masse que j'avais dans les bras qui se faisait plus lourde à chaque seconde qui passait.
Sachant que je ne tiendrais plus longtemps, je lui demandais:
-Je ne tiendrai bientôt plus, dis moi ?
Légèrement agacé, et sans doute parce qu'il savait que je continuerai de lui demander jusqu'à ce qu'il lâche l'information, il dit:
-Pour un loup, quelque chose devient dur à porter à partir du moment où il est plus lourd que lui. Sache qu'un poids fait vingt-cinq kilos.
Quoi ?!
J'étais en train de porter soixante-quinze kilos ?! Mon corps, arrivé à sa limite, me dit stop et je m'effondrais, attirée en avant.
Mangeant une fois de plus le sol, je soupirais en relevant la tête. Mes habits en sale état et pleins de boue ainsi que de sang séché témoignait de l'entraînement rude que je venais de subir.
Enaël ramassa les poids que j'avais fait tomber et les empila aux autres.
-Soixante-quinze kilos ?! J'ai réellement porté soixante-quinze kilos ?!
-Il semblerait... J'en ai fini avec toi pour aujourd'hui. rentre chez toi et repose-toi. Je voulais te faire grimper à l'arbre, mais je n'ai pas envie de te tuer dès le début.
Soulagée que ce soit enfin terminé, je me levais, ayant pour ambition de m'en aller rapidement pour ne pas lui laisser le temps de changer d'avis. Il m'appela tout de même alors que j'étais déjà loin.
-Toi qui es prof, c'est à mon tour de te donner des devoirs. Je veux que tu viennes t'entraîner durant la semaine pour perfectionner ce que tu veux. Je constaterai ton avancée dans une semaine.
J'acquiesçais avant de m'élancer entre les arbres.
_______
Bonjour à tous !
Comment allez vous ?
Je vous retrouve donc avec un chapitre plus court que ces derniers mais qui sert un peu à vous montrer les progressions de Jerry, ce qu'elle pourra améliorer ou non.
J'ai à la fois bien aimé et pas trop l'écrire. J'ai bien aimé pour l'ambiance qu'il dégage mais je ne le trouve pas hyper intéressants et les événements vont peut être un peu trop vite...
Bref, je n'ai pas vraiment de questions à vous poser, ou peut être une ou deux:
Que pensez vous de la capacité de guérison des loups ? impressionnant, non ?
Et Jerry qui porte 75 kilos sans trop peiner, on en parle ? Jusqu'à combien pensez vous qu'elle puisse aller ?
Je vais vous laisser ! A bientôt !
Byzzz
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