Chapitre 37

Pdv Jerry

-Alors comme ça tu sors avec Galdaë ?

Milo s'approcha de moi en souriant puis il reprit:

-Je savais bien que vous finiriez ensemble, y'a comme une force qui vous pousse l'un vers l'autre.

Je soupirais. Qu'est-ce qui m'avait prit d'accepter cette foutue non-étiquette ?! Bien qu'il avait raison, dans notre relation actuelle, il n'y avait pas de règles et ça me plaisait bien. Je n'était pas encore prête à une relation sérieuse et cette règle permettait de croire qu'il n'y avait rien de sérieux. Le seul terme qui me gênait était "ami".

-On ne sort pas ensemble.

-Comment ça, vous ne sortez pas ensemble ?

Je soupirais de nouveau, désirant à la fois mettre fin à cette discussion, rentrer à la maison et me serrer contre mon grand brun.

-On est... amis.

Le mot m'écorchait à un point incroyable la gorge.

-Amis ?

-Ouais...

Il me fixa dans les yeux avant de partir en fou rire.

-Tu plaisantes ! Il fit mine d'essuyer une larme sur sa joue. Vous êtes tout sauf amis ! Y'a une tension sexuelle entre vous tout le temps, c'est limite pas croyable !

Je baissais la tête, gênée.

-Et puis, tu tiens la main de ton "ami" et tu l'embrasses sur la joue pour lui dire au revoir.

-Oui, d'ailleurs, je vais te dire au revoir aussi.

Au moment où je tournais les talons, il demanda:

-Je n'ai pas le droit à un bisou, moi ?

-Tu n'es pas mon ami, dis-je en sortant de ma classe.

Après être resté figé de ma répartie soudaine, il couru derrière moi pour me rattraper.

-Je suis désolé, je croyais qu'après notre sortie commune en boîte on était devenus potes.

-Tu plaisantes ?! Je braquais un regard sévère sur lui. On est arrivés et vous m'avez abandonnés direct.

-Ce n'est pas vrai ! En réalité, on ne voulait pas te perdre en route mais tu es trop petite, on t'as perdu dans la foule.

-Je t'emmerde.

Légèrement en rogne, je traçais mon chemin en ignorant ce débile qui me suivait toujours. Nous sortîmes enfin du bâtiment et l'air frais me fit un bien fou. Je prenais une grande inspiration et accélérais le pas, à la fois pour rentrer plus vite et pour essayer de l'épuiser afin qu'il arrête de me suivre.

-Je vais m'arrêter là.

Intérieurement, je souriais.

-A demain, me dit-il.

Je répondais brièvement et continuais sans me retourner.

Lorsque j'arrivais devant chez moi, quelque chose attira mon attention. La porte d'entrée de chez Lily était ouverte. Ne pouvant m'empêcher de m'inquiéter, je me dirigeais vers la porte et la poussais.

Avançant dans le salon, je trouvais Lily, emmitouflée dans une couette avec une tasse remplie, sans doute de chocolat chaud, entre les mains. Elle fixait le vide, l'air profondément bouleversée.

Je m'approchais doucement et son regard se tourna finalement vers moi.

-Est-ce que tu vas bien ?

Elle acquiesça alors que ses yeux me criaient le contraire.

-Tu n'étais pas censée être avec Galdaë ?

Elle tressaillit à l'entente de son nom et saisit ma manche, sans pour autant me toucher, afin de me forcer à m'asseoir.

-Il est parti. Sans doute rentré chez lui. Enfin, chez... vous, se reprit-elle alors que je fronçais les sourcils, ne comprenant pas le moins du monde le trouble dont-elle semblait victime.

-Qu'est-ce qui s'est passé ?

Elle renifla discrètement avant de détourner la tête. J'avais une telle envie de la toucher pour la réconforter et alléger sa peine que mes mains me démangeaient.

-Il m'a touché les mains... souffla-t-elle.

Mes yeux s'écarquillèrent et je restais muette face à cette information. Je comprenais mieux pourquoi elle était comme ça. Lire la vie entière d'une personne devait laisser quelques séquelles. Après tout, elle connaissait maintenant une vie entière, en plus de la sienne et elle devait gérer les deux sources sans pour autant les mélanger. Ne pas croire que certains souvenirs sont à elle alors qu'il ne le sont pas.

-C'est atroce, gémit-elle. Je n'arrive pas à freiner le flot de souvenirs qui entrent dans ma tête.

J'avais mal pour elle.

-Pourquoi il t'as touché ?

Il savait pourtant qu'il ne fallait pas. Je soupirais avec pour ambition de passer un savon à mon colocataire.

-J'avais mal... Et... D'un coup je me suis recroquevillée sur moi même. Il... Il voulait sans doute soulager ma peine.

-Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Elle leva les yeux vers moi.

-Je n'en ai pas la moindre idée.

Parler semblait occuper son esprit qui passait outre des méandres de pensées qui s'imposait à elle.

-Qu'est-ce que tu fais ici ?

-La porte était ouverte, je me suis inquiétée. Comment cela se faisait-il qu'elle l'était ?

-Il est parti en trombe après que je lui ai hurlé dessus.

-Quoi ?

J'avais l'impression que mon corps n'était qu'une masse informe de questions.

-Avant que tu ne le demandes, ce n'est pas à moi de te dire pourquoi. Elle prit une grande inspiration. Méfies-toi, il n'est pas celui que tu crois. J'ai vu à quel point il pouvait être amical et empathique avec toi, mais aussi la face sombre de son âme, dont tu n'as même pas vu la surface. Celle qu'il ne se révèle peut être même pas à lui même. Elle attendit quelques secondes que ses paroles fassent route dans mon esprit et continua. Je n'ai pas envie qu'il t'arrive quelque chose.

Elle commençait réellement à m'inquiéter de part ses paroles dont je ne comprenais pas la moitié.

-Mais qu'est-ce qu'il a pu faire à la fin !?

Elle secoua la tête.

-Ce n'est pas à moi de...

-Est-ce que lui m'en parlera ? La coupais-je.

De nouveau, elle secoua la tête et je désespérais de sa réponse.

-Pourquoi ...?

Je n'avais plus que ce mot à la bouche aujourd'hui.

-Il le fera sans doute un jour.

Un silence plana au dessus de nous avant qu'elle ne le brise, d'un ton hargneux.

-Il le fera.

Bien qu'inquiète pour Lily, je me doutais qu'elle allait à présent mieux, et qu'il allait maintenant falloir que je pense à retrouver mon protégé.

Et je n'avais pas la moindre idée de l'état dans lequel j'allais le retrouver. Parce que si mon amie disait la vérité et qu'il avait tant de secrets que ça, alors savoir que quelqu'un savait tout ne le mettrait sans doute pas en forme.

Je me levais en lui demandant si je pouvais la laisser et lui demandais qu'au moindre besoin elle m'appelle.

-Si toi, tu as besoin, appelle moi.

Les mains tremblantes, je m'avançais vers la porte.

-Il me fait peur, fais vraiment attention à toi Caren.

Le fait d'entendre mon ancien prénom dans sa bouche ne faisait qu'accentuer l'impression d'appréhension qui m'habitait à présent et la terreur dans sa voix me faisait à mon tour paniquer. Fermant la porte avec attention, mes pas se firent plus lents, au fur et à mesure de mon avancée.

Sans rien m'expliquer, Lily avait réussi à me terrifier de le voir. C'était la première ( et j'espérais bien que ce serait la dernière ) fois que j'aurais peur de mon protégé. J'ouvris la porte et soupirais presque de soulagement en voyant qu'il faisait assez sombre et qu'il n'y avait aucun bruit.

Il n'était pas là...

Décidant tout de même de vérifier chaque pièce, je jetais un coup d'œil au salon et à la cuisine puis me dirigeais vers notre chambre.

Allongé dans le lit, mon brun était sur le dos, en plein centre et son bras droit était derrière sa tête. Me mordant la lèvre inférieure, je l'observais en m'appuyant contre le chambranle de la porte. La plus silencieuse possible, j'hésitais encore entre prendre mes jambes à mon cou pour revenir plus tard ou bien à rester silencieusement l'observer comme une psychopathe.

Finalement, la deuxième option l'emporta.

Bien que ses yeux fussent fermés, son souffle assez rapide ainsi qu'autre chose que je n'arrivais pas à définir m'indiquaient qu'il ne dormait pas. Restant donc sur mes gardes, je me préparais mentalement à fuir au moindre mouvement.

En restant quelques minutes comme cela, je me fis ensuite la réflexion qu'il ne m'avait pas l'air plus dérangé qu'à la normale. Et que d'habitude, je ne me méfiais pas. Les secrets étaient là, la "dangerosité" énoncée par Lily aussi. La seule donnée qui changeait, c'était cette dernière.

Il ne me faisait pas de mal en temps habituels, il ne m'en ferait pas aujourd'hui.

Je m'insultais mentalement de débile, ne sachant pas réellement quelle partie de moi-même j'insultais: celle qui se dirigeait vers mon protégé, sans aucune peur, et qui pourrait bien taire les accusations de Lily, ou bien celle, qui, terrifiée, priait cette autre partie, dominante, de s'enfuir à toutes jambes.

Arrivée au bord du lit, je réfléchissais quelques secondes avant de m'allonger à ses côtés. Il sursauta, sentant enfin ma présence, et se tourna dans ma direction.

-Est-ce que ça va ?

Le désarroi que je lisais dans ses yeux rendait ma question totalement abrutie et je me fustigeais presque mentalement de l'avoir posée.

-J'ai vu Li... Azraël.

Ses yeux s'écarquillèrent et il recula légèrement, sa tête se braquant vers le bas. Ses épaules se crispèrent et en l'observant attentivement, je pouvais dire que son corps tremblait. Le cœur au bord des lèvres devant ce spectacle, ma main s'étendit jusqu'à sa chevelure pour la caresser doucement. Il se crispa encore plus et eut un mouvement de recul impressionnant, semblant avoir oublié que c'était moi, et non quelqu'un d'autre.

Se libérant du peu d'emprise que j'avais eu sur lui, il se recroquevilla comme s'il avait peur d'un coup que je pourrais lui porter. Il essayait de prendre le moins d'espace possible, effaçant presque sa présence.

Et soudain, j'eus peur de connaître un bout de ce qu'il souhaitait me cacher.

-Est-ce que... Tu...

Ses tremblements s'accentuèrent et, le cœur au bord des lèvres, je décidais de le rassurer:

-Elle n'as rien voulu me dire...

Ses iris se relevèrent, pleines d'espoir, et je répétais ma phrase, achevant de le convaincre.

-Rien du tout ?

Je secouais la tête, pour une fois contente de ne pas avoir cherché à creuser à cause de ma curiosité.

En cette situation, j'avais l'impression que ne rien savoir me serait bénéfique.

-Azraël a maintenu que ce n'était pas à elle de m'en parler et que tu le ferais un jour.

Il tressaillit à ma parole et je sentis que me dire quoi que ce soit le rebutais. Malgré tout, il m'adressa ensuite un sourire lumineux qui m'aurait presque fait oublier notre discussion et s'approcha pour poser fiévreusement ses lèvres sur les miennes.

Ses bras glissèrent sur ma taille pour m'attirer plus à lui et je le surprenais en me servant de mes jambes pour me retrouver sur lui. Une jambe de chaque côté de sa taille, je le surplombais de ma petite taille. Décollant mes lèvres des siennes alors qu'il grognait de mécontentement, je l'observais me fixer, sentant comme palpable son envie de m'attirer de force à son visage.

Orientant mon visage vers son cou, je déposais une ligne de baisers de sa mâchoire au col de son t-shirt et remontais vers son visage, consciente que j'allais sans doute briser ce moment qui commençait à peine.

-Je peux te poser une question ?

Son corps se crispa, son visage se figea en un sourire qui je le savais était forcé, et il tenta de tout son être de détendre ses muscles, n'y arrivant pas réellement.

-Si je te dis non, tu vas la poser quand même ?

Je réfléchissais quelques secondes avant de murmurer:

-Non.

-Et si tu la posais et que je ne voulais pas répondre ?

-Alors tu ne répondra pas.

Je tentais un sourire empathique qui malheureusement, ne me semblait pas très bien réussi. La terreur d'avoir raison me brûlait soudainement les entrailles et je savais que si je n'avais pas de réponse, alors je m'inquiéterais sans relâche.

Sa tête se pencha sur le côté, évitant de croiser son regard, mais j'attrapais son menton pour le diriger vers moi.

-Vas-y.

Empêchant une danse de la victoire de jaillir de mon corps, je me raclais la gorge, sachant que le plus dur n'avait pas encore débuté.

-Est-ce que tu... Ma voix se bloqua au milieu de ma gorge et mon courage s'effrita en quelques secondes. Tu détestes ton père, c'est bien ça ?

Ce n'était pas la question que je voulais poser, mais elle restait cohérente. Ses doigts passèrent sous mon t-shirt et il sembla se concentrer avidement aux frissons qu'il provoquait à mon corps.

-Oui, je le détestais.

C'était ce moment où le célèbre "ça passe ou ça casse" entrait en jeu.

-Pourquoi ? Demandais-je d'une petite voix.

Son regard, concentré sur la peau de mon ventre, se releva brusquement vers mes yeux et s'y accrochèrent, inquisiteurs.

-Tu es sûre qu'elle ne t'as rien dit ?

-Elle m'a dit de... Me méfier de toi et que tu n'étais pas seulement celui que je connaissais. Mais non, rien de plus.

-Et tu ne te méfie pas ?

Je souriais tendrement, sentant la douleur de ses propos.

-Au début, si.

Pdv Galdaë

-Mais, je suis idiote, peu importe que quelqu'un le sache aujourd'hui, ça ne change rien de ce que tu as pu faire dans le passé. Tu n'es plus forcément la personne que tu étais alors que tu es toujours celui que j'ai connu hier. Je ne dis pas que je n'en ai rien à faire, parce que le passé modèle la personne que nous sommes à présent, mais ce n'est pas ça qui impactera la façon dont je te vois.

Elle ne pouvait pas savoir à quel point ces paroles me réconfortaient, même si je savais qu'elle ne voyait pas dans quoi elle s'emportait. Sentant le besoin de la contredire, je répliquais:

-N'en sois pas si sûre. Je ne suis pas celui que tu vois en moi. Je suis faible, lâche, égoïste, et un tas d'autres défauts que tu n'as jamais remarqué en moi.

-Une personne faible n'aurait pas accepté le marché que je t'ai proposé en arrivant, répliqua-t-elle immédiatement. Une personne faible se serait suicidée sans aucun remord. Je ne dis pas que le suicide est un acte de lâcheté parce qu'il faut du courage, mais c'est de la lâcheté envers cette vie que l'on nous propose. Par la suite, une personne lâche et égoïste ne serait pas allée voir Lily, elle n'en aurait rien eu à faire et ne serait pas allée jusqu'à dévoiler sa vie entière pour aider quelqu'un d'autre. Alors, dis-moi, est-ce que tu es faible, lâche et égoïste Galdaë ?

Je la voyais venir avec sa psychologie à deux balles. Me faire répéter quelque chose pour m'en convaincre. Ça aurait pu marcher...

... si elle connaissait tous les facteurs de l'équation.

-Non, murmurais-je.

Sa petite main se posa derrière son oreille et elle me sourit, d'un sourire qui me donnait envie de la rapprocher de moi et de l'embrasser jusqu'à la fin de nos vies.

-Pardon, j'ai pas très bien entendu.

-C'est parce que tu n'es pas assez proche.

-Très drôle...

Elle mit une légère tape sur mon torse, à l'endroit de mon cœur.

-Aller, répète !

-Répéter quoi ?

Jouer l'idiot ne m'avancerait à rien mais j'adorais voir Lilliputia faire semblant de perdre patience.

-Ce que... Tu... Raghh ! Tu m'énerves !

-Tu m'énerves ? C'est moche de me faire répéter ça, Lilliputia.

Je lui adressais le sourire du parfait idiot et elle soupira.

-T'es qu'un abruti...

-C'est pour ça que je suis génial !

Elle se pencha au dessus de moi et posa ses lèvres sur ma joue:

-Je vois parfaitement ce que tu fais, tu fais l'idiot pour changer de sujet. Mais ça ne marche pas.

Elle se pencha encore encore plus, collant sa poitrine à mon torse. Mes mains se serrèrent dans son dos, de façon imperceptible, pour l'empêcher de se lever ensuite.

Sa bouche se colla à mon oreille et je frissonnais:

-Je veux te l'entendre dire.

-Non.

-Non quoi ?

Ma bouche s'assécha.

-Je ne le dirais pas.

-Et je ne lâcherai pas.

Voulant se relever, mes bras l'en empêchèrent et elle me fixa, surprise:

-Je ne lâche pas non plus.

Elle soupira et laissa tomber sa tête sur l'oreiller, à côté de moi, son corps sur le mien.

-Tant pis. Ça ne me dérange pas.

Jerry sembla réfléchir quelques secondes, peser le pour et le contre de quelque chose, et finalement, déterminée, elle planta ses yeux bleus et dorés dans les miens.

-Je peux te demander autre chose ? En réalité... (elle baissa les yeux) c'était ma question de base, mais je n'ai pas osé la poser.

Je craignais le pire, mais acquiesçais tout de même.

-Est-ce tu... Tu n'es pas obligé de me répondre si tu ne le souhaites pas bien sûr ! Ce n'est qu'un question, je ne... Enfin... Heu...

Ma main se posa sur sa joue et elle se tût.

-Arrête de t'emmêler les pinceaux et pose ta question.

L'assurance que je montrais était totalement feinte, en réalité, mon cerveau semblait parti en vacances et mon cœur faisait de si grand bonds qu'à chaque fois, il bondissait de mes pieds à mon crane à présent vide. Elle s'élança et je compris dès les premiers mots que j'avais le droit de m'inquiéter.

-Est-ce que ton père... Elle prit une grande inspiration. Est-ce qu'il te... battait ?

Son regard n'était plus sur le mien et ne m'apportait plus le soutien dont j'avais besoin. Mon cœur s'agitait dans tous les sens, passant par tous les organes non faits pour cela et ma tête semblait avoir décidé que tout bougerait autour de nous.

Mon point d'ancrage, seule chose qui ne bougeait pas ne me fixait plus. Son regard bleu me manquait cruellement, bien que je l'ai croisé ne serait-ce que quelques secondes auparavant. Il était là, ce moment où elle se rendait compte que je n'étais pas si fort qu'elle le croyait, bien qu'elle ne sache pas encore le plus important de l'histoire.

Celui pour lequel elle finirait par me détester.

Il était trop tôt, pour qu'on soit déjà à ce moment où elle s'éloignerait de moi, où elle se rendait compte que je n'étais pas quelqu'un de bien. Bien qu'elle l'avait démenti, j'étais certain qu'Azraël lui avait dit des choses, ses questions ne seraient pas si ciblées, si ce n'était pas le cas.

-Qu'est-ce qui te fait penser ça ?

J'espérais presque qu'elle me dise qu'Azraël était la source de ça, contradictoire mais vrai. Parce que si c'était le cas, alors, je ne m'étais pas grillé seul. Ce n'était pas mes réactions qui l'avaient mises sur la voie.

-La haine que tu as pour ton père, tout d'abord.

Ne semblant pas remarquer qu'elle me brisait morceau par morceau, elle continua:

-Ensuite, cette façon que tu as de détester être en situation d'infériorité, comme si tu l'avais été toute ta vie et que maintenant, tu voulais juste crier au monde entier que tu ne le serais plus jamais.

C'était cruellement juste. J'avais l'impression d'être un livre ouvert à ses pieds.

-Je n'avais pas fait attention à ces détails jusqu'à tout à l'heure. Jusqu'à ce que tu te recroqueville comme si tu avais peur d'être frappé.

Elle inspira:

-Prendre le moins d'espace possible pour moins se faire remarquer.

Mes yeux s'écarquillèrent. Cette phrase, c'était moi qui lui avais dite...

-Est-ce que j'ai raison ? S'il te plaît, dis le moi.

...Des années auparavant.

Mon esprit, bien loin de se soucier de la conversation actuelle, semblait rentrer de vacances et m'imposaient des images des années précédentes.

Lui, fier, car il ne me frapperait plus.

Mon sentiment de désarroi lorsqu'il m'avait montré pourquoi.

Ses cris, à elle, qui n'avait pas la moindre idée de ce qu'elle faisait là.

-Galdaë ?! Tu me fais mal !

La voix de ma blonde me ramena à la liberté. L'étreinte que j'exerçais sur elle s'était fait, de part mes souvenirs, beaucoup plus importante. Je la relâchais, surpris de la pression que j'avais.

-Désolé, m'excusais-je. Je... j'étais parti dans... des souvenirs.

M'éloignant d'elle, elle fronça les sourcils, ne comprenant pas pourquoi je le faisais.

Ce qui était logique, comme elle ne devait rien à voir avec.

-Ce n'est pas grave.

Jerry s'approcha et passa un bras autour de ma taille pour m'empêcher de fuir de nouveau.

-Tu... n'as pas répondu à ma question. Même si je pense connaître la réponse.

Elle ne me regarderait plus jamais comme elle le faisait en ce moment si je lui avouais un truc pareil.

Un bout de la vérité...

Je commençais tout de même:

-Mon... père n'a jamais été quelqu'un qu'on pouvait qualifier de "gentil", ou encore "sympathique", mais... Je croyais lorsque j'étais petit que c'était normal. Ma mère était là pour calmer ses colère et pour me consoler lorsque j'étais terrifié. Elle s'occupait tellement bien de moi que j'arrivais à adoucir la vérité dans mon esprit d'enfant.

Prenant une grande inspiration, je continuais:

-Il la frappait. Elle subissait tout cela parce qu'après je ne sais quel procès, c'est à lui que ma garde était revenue. Alors, elle subissait pour m'éviter de rester seul. Un jour, elle est partie. Je ne l'ai pas vu et je n'ai pas pu lui dire au revoir, mais elle m'avait laissé un mot où elle m'expliquait qu'elle n'en pouvait plus et qu'à présent j'étais capable de me débrouiller sans elle.

-Quel âge est-ce que tu avais ?Me demande Lilliputia, d'une petite voix en posant sa main sur ma joue.

-Je ne sais plus exactement. Sept ans, peut être huit.

Sa main se glissa dans ma nuque et je savourais ce contact comme si c'était le dernier.

-D'un côté, je peux comprendre que ta mère n'en puisse plus, mais ça n'excuse pas le fait qu'elle t'ai abandonné.

-Je n'y ai jamais songé, mais si ça se trouve, il a fini par la tuer et m'a fait croire qu'elle était partie avec toute cette mascarade. Après ça, je ne sais pas réellement si j'ai juste ouvert les yeux sur ce qu'il était en réalité ou s'il était devenu fou, mais mes journées ont virées à l'enfer. J'avais peur de rentrer chez moi après l'école, de peur d'être la cible d'une de ses colères. Des bleus se trouvaient sur tout mon corps et à l'école, ils se sont inquiétés de savoir s'il se passait quelque chose chez moi. J'ai menti, de peur des représailles. J'étais une simple marionnette entre ses bras et il pouvait faire ce qu'il voulait de moi. Je serrais fortement les mâchoires. Ma vie a continué comme ça jusqu'à ce que j'ai l'âge de me défendre par mes propres moyens.

-Ta mort n'a rien à voir avec lui ?

Réticent à répondre, je disais tout de même:

-Si... C'était un homme mauvais et j'étais obligé de le suivre partout où il allait pour qu'il ne fasse pas... de conneries. Ne m'interroge pas sur quel genre, s'il te plaît.

Elle acquiesça alors que son regard n'était pas rempli de pitié comme je m'y serai attendu.

-Je te remercie de me l'avoir dit. J'avais raison, ma vision de toi ne change absolument pas.

Ses paroles me soulageaient à un point qui n'était pas permit, la masse qui écrasait mes organes se soulevait au fur et à mesure de ses paroles, et mon cœur reprenait un rythme de battement acceptable.

-Tu es toujours le même Galdaë, avec tes petites faiblesses et tes cassures, mais c'est elles qui font en partie ce que tu es. Tu prétends ne pas être fort, mais pour me raconter tout ça sans ciller, sache que pour moi, tu possèdes beaucoup de ce qu'on appelle "courage".

Si seulement elle pouvait réagir comme cela lorsqu'elle saurait l'histoire entière... Mais je ne me faisais pas d'illusion, la femme courageuse qui se tenait presque dans mes bras et qui me consolait serait irrémédiablement brisée dans peu de temps.

Si elle avait ressorti une phrase que j'avais dit il y a longtemps, alors ça voulait dire que, même inconsciemment, des brides de souvenirs lui revenaient. Je ne savais pas combien de temps il lui restait avant de tout découvrir mais ce jour là, elle ne voudra pas de moi pour panser ses plaies à vifs.

Elle se releva et me tendit une main que je saisissais après l'avoir fixée quelques secondes et me relevais à mon tour.

-Programme de la soirée ! S'exclama-t-elle joyeusement, tentant sans doute de me changer les idées après ce moment confession. On mange, parce que j'ai faim et je pense que toi aussi, et ensuite, on se fait l'une des soirées films dont on parle depuis si longtemps !

_______

Et boom !

Ça fait des chocapics !!!

Contente AmbreLolaSteph ?

Un chapitre de 4054 mots alors que j'avais prévu de m'arrêter dans les 3000 ça fait toujours plaisir, n'est-ce pas ?

Profitez de ces chapitres aussi longs et aussi fréquents, je ne sais réellement pas combien de temps ça va durer. Je viens d'écrire 4000 mots en deux jours (2000 hier et de même aujourd'hui) et je dois avouer que je suis assez fière de mon avancée d'écriture en ce moment. Je vous présente des choses qui me rendent fière de ce que j'écris et de ce que je vous présente en un temps record ! Que demander de plus, sérieusement.

(D'ailleurs je suis désolée ma sœur chérie d'amour que j'aime chloevolley03 je passe mon temps à t'en parler)

Bon, ce chapitre ?

Le passage avec Milo ? (J'en parle parce que je me suis éclatée à écrire le "tu n'es pas mon ami")

La discussion avec Azraël ? Vous attendiez-vous à ce qu'elle balance tout ou qu'elle réagisse comme elle l'a fait ?

La discussion avec Galdaë ? Ses confession ? Aviez vous compris tout ce qu'il a énoncé ? Et qu'avez vous compris du lien qui unit nos protagonistes ? (Même si je pense avoir été assez évidente) Galdaë qui se rend compte que Jerry alias Caren se souviendra de tout à un moment ou à un autre aussi !?

D'ailleurs, sa réaction à cette nouvelle ?

Comment voyez vous la suite ?

Je pense que je vais maintenant vous laisser, et vous dire à bientôt !

Byzzz

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