chapitre 29
Pdv Galdaë
À la piscine depuis une heure environ, je n'avais même pas de mots pour décrire à quel point je m'emmerdais. Seul, assis contre le bord d'un bassin d'une quarantaine de centimètres de hauteur (oui, oui, dans le bassin qui servait aux gamins qui ne pouvaient pas aller où il n'y avaient plus pied) j'étais vraiment impatient que Lilliputia arrive. Entouré de mômes de un à cinq ans ainsi que de leurs parents respectifs, je me faisais fixer par quelques parents inquiets de savoir qu'un homme pouvait observer leur progéniture. Une mère semblait même à la limite d'alerter la sécurité ou une connerie dans le genre.
J'étais plongé dans mes pensées et remuais l'eau doucement avec mes mains quand une balle tenta un suicide contre mon visage. Elle aurait d'ailleurs réussi si une petite main ne l'avait pas saisi au vol à quelques centimètres de mon visage. Je restais quelques secondes bloqué sur les motifs colorés de la balle avant que la personne qui l'avait arrêtée ne la rende au petit garçon qui l'avait jetée.
-Reste vigilant quand tu es dans les bassins pour enfants, souffla la voix de Lilliputia alors que sa main se posait sur mon épaule pour lui permettre de s'assoir plus facilement, provoquant des frissons tout le long de mon échine.
Je lui répondais d'un simple hochement de tête en continuant de fixer les gamins.
J'étais heureux de constater qu'aucun malaise n'était présent entre nous depuis ce matin mais ne pouvais nier que ce baiser me tournait en boucle dans la tête et que je n'arrivais pas à me l'enlever. Je savais qu'elle s'en souvenait vu sa réaction du matin mais elle semblait avoir réussi à faire impasse rapidement, ce qui n'était malheureusement pas mon cas. J'avais tourné dans tous les sens et je ne m'étais endormi qu'à quatre heure.
-C'est passionnant ce que tu fais, mais de un, tu as l'air d'un psychopathe à fixer ces gosses et de deux, arrête de broyer du noir et viens t'amuser avec moi, putain !
Pourquoi je vois un sens caché à cette phrase moi ?
Je secouais la tête et elle se releva. Sa main tendue vers moi, elle s'attendait sans doute à ce que je la saisisse, et c'est ce que je fis après quelques secondes d'hésitation, quelques frissons délicieux que je me prenais à apprécier plus que je n'aurais dû accompagnant ce contact.
À ma sortie du bassin, je pus presque entendre les parents, soulagés, respirer à nouveau.
Soudain, un détail auquel je n'avais pas fais attention jusqu'à présent (ou plutôt auquel ma santé mentale n'avait pas voulu faire attention) l'attira.
Un tout ridicule mini détail.
Qui faisait surchauffer mon système.
Le maillot de bain.
Lilliputia avait choisi un maillot de bain deux pièces noir, qui, je devais l'avouer, mettait son corps bien (beaucoup trop bien d'ailleurs) en valeur. Je détournais rapidement les yeux, à la recherche d'un truc qui occuperais momentanément mon cerveau. Truc, que j'aperçus un dizaine de mètres plus loin. J'interrogeais donc Lilliputia:
-Ce ne serait pas rouquine là-bas ?
Elle tourna la tête dans la direction que j'indiquais et acquiesça :
-Si, effectivement. Tu veux qu'on aille la voir ?
Je haussais les épaules, signe de je n'en avais rien à carrer, et elle me répondit en s'orientant vers elle:
-On va aller lui dire bonjour, c'est la moindre des politesses.
Oui, et ça occupera mon cerveau sur autres chose que toi.
-Salut Ilyana, comment vas-tu ?
Rouquine se retourna et nous sourit légèrement en semblant nous interroger du retard:
-Qu'est-ce que vous faites là ?
-On vient s'amuser.
Elle hocha la tête et compléta d'un petit "cool" puis elle se tourna vers Lilliputia et lui demanda:
-Avec Enaël ça se passe bien ?
Lilliputia sembla tiquer, me jeta un petit regard qu'elle pensait sans doute discret mais qui ne m'échappa pas puis lui répondit:
-Moui... Et toi avec avec Yaël ?
Le sourire narquois qu'elle lui lança était tellement visible qu'un aveugle ne serait pas passé à côté.
-Et vous deux ? Répliqua Rouquine pour détourner la conversation.
-Oh... Nous ? Je fixais Lilliputia, curieux de ce qu'elle pouvait vouloir exposer. On va se marier et on a prévu d'habiter ensemble. Un léger rictus apparu sur mes lèvres. À non, merde ça déjà le cas. Alors (elle se mordit la lèvre inférieur affolant ainsi les battement de mon idiot de coeur sans même en avoir conscience), ensuite, on a prévu de kidnapper les gosses à qui j'enseigne et de voyager en caravane pour le restant de notre vie poursuivis par les flics. Bon programme, non ?
Après quelques secondes, Rouquine éclata de rire et Lilliputia la suivit, tandis que je les observais.
Je ne savais pas ce qu'aurait été ma vie si je n'avais pas atterri ici, ci je n'étais pas mort. J'aurais sûrement continué de déambuler dans différents bars à me morfondre et à me demander ce qu'elle était devenue sans jamais parvenir à la retrouver. Il avait bien joué son coup, et avait effacé tous les détails.
Tellement bien effacés qu'à certains moments, j'avais même douté qu'elle n'ait jamais existé.
J'aurais continué à être ce mec désespéré mais qui le cachait. À être celui qui le haïssait sans jamais passer à l'acte, celui qui déambulait, essayant de trouver un but à sa misérable existence. Sans être l'homme le plus lâche de la terre, je n'avais jamais été le plus courageux non plus, parce que il me faisait peur et je n'osais l'affronter. Mais maintenant que il n'était plus là pour guider ma vie, je ne m'étais jamais senti aussi libre que maintenant.
Ne plus avoir son ombre constamment sur les épaules était quelque chose de merveilleux.
-Encore dans tes pensées ?
Je fermais doucement les paupières pour me ramener à la réalité et les rouvrais alors que Lilliputia me fixait.
-T'étais où là ?
-Très... Très loin.
-J'ai bien vu, répliqua-t-elle. Je remarquais alors que Rouquine n'était plus à côté de nous. On va se baigner ?
Je hochais simplement la tête et la suivais le long des bassins. Lorsqu'on arriva au grand bassin elle m'adressa un clin d'œil et avant d'avoir compris quoi que ce soir, elle passa derrière moi et me poussa à l'eau. Je poussais un cri absolument pas viril et me retrouvais rapidement la tête la première dans la piscine bien plus fraiche que ne l'était celle des gosses.
Je remontais rapidement en injuriant ma chère colocataire de tous les noms et ne me retenais absolument pas lorsque l'air s'infiltra de nouveau dans mes poumons.
-Connasse ! Elle rit et je poursuivis. Putain, je te jure que je vais me venger ! Son rire redoubla et elle failli même tomber à son tour à l'eau. À la place, elle s'assit et se retrouva donc sur le bord de la piscine à me fixer tandis que je nageais vers elle. Une fois arrivé à côté d'elle, je repris:
-Imagine si je ne savais pas nager, hein ?
-On ne vient pas à la piscine si on ne sait pas nager. Ou alors on reste là où on a pied. Comme tu m'as suivi, je savais que tu savais.
-Même ! On. Ne. Pousse. Pas. Les. Gens. Dans. Une. Piscine ! Dis-je en détachant bien les mots. Enfin, Lilliputia ! Ou est passée ton éducation !
Elle fixa quelques secondes le temps de chercher une réponse, puis me dit:
-Elle a disparu le jour où je suis née. Avant, je te promets, j'étais bien fournie à ce niveau là. Mais...
Elle passa son index le long de sa gorge avec un sourire.
-C'est pour ça que tu es une Dictatrice, c'est bien connu, tous les dictateurs manquent d'éducation.
-Tu sais quoi ?
Je secouais la tête.
-Ce surnom m'avait presque manqué. J'ai dis presque, rajouta-t-elle en voyant le sourire que je lui adressait. Celui qui vous disait "je sens que je vais passer le reste de mon temps à t'appeler comme ça".
-Dommage... Je m'approchais doucement d'elle. Toute façon, tu vas être destituée de ton rôle.
-Pourquoi ?
-Parce que...
Je l'attrapais vivement par la taille et, m'aidant de mes pieds, je me soulevais légèrement pour réussir à jeter son petit corps plus loin. Elle cria que j'étais un connard juste avant que sa tête ne disparaisse sous la flotte et lorsqu'elle remonta, je finissais ma phrase:
-Qui t'écouteras après ça ? Ta réputation de Dictatrice est morte, ça y'est !
Elle s'approcha de moi en nageant et me cracha brutalement l'eau qu'elle avait dans la bouche dessus.
-Putain ! T'es dégueu !
Elle m'adressa un grand sourire avant de faire de nouveau disparaître sa bouche sous l'eau mais je fus plus rapide qu'elle et elle reçut de l'eau sur la gueule plus rapidement qu'il n'en faut pour le dire.
Elle disparut ensuite sous l'eau et le temps que je ne la cherche, elle agrippait mes pieds et je me retrouvais la tête sous l'eau, buvant au passage la tasse. Lorsqu'on remonta et après une bonne quinte de toux, j'agrippais à mon tour sa jambe mais ne procédais pas de la même manière. Je me mettais à nager, l'entraînant avec moi. Je l'entendis me crier en riant de m'arrêter mais continuais tout de même. Ce ne fut qu'une vingtaine de mètres plus loin que je m'arrêtais et alors qu'elle toussait je ne pouvais pas m'empêcher de rire à mon tour. Pour le coup, j'étais assez fier de ma blague et ce n'était pas une tasse qui allait la tuer.
Enfin, la tuer de nouveau.
***
(quelques jours plus tard)
Un cri strident résonna dans toute la maison et je souriais alors qu'un gros fracas suivait. Lilliputia sorti de la salle de bain entourée d'une serviette. Mon esprit n'eût pas le temps de se déconcentrer qu'elle me cria dessus:
-Mais c'est une blague ! Tu as coupé l'eau chaude !
-Oui, mon capitaine. Pourquoi, un problème ?
Je sentais qu'elle se retenait de venir me casser en deux et je souriais carrément de voir l'état dans lequel ma blague la mettait.
-Je t'avais dis que je me vengerais, non ? Dis-je en faisant allusion à ma mise à l'eau de la piscine.
-Mais. Tu t'es DÉJÀ vengé, je te rappelle ! Tu m'as jeté aussi ! Et oui, j'ai un problème ! J'ai envie de prendre ma douche, je me caille et tu m'énerve !
Mon sourire s'agrandit encore plus ce qui eut le don de l'énerver. Aussi, je me levais et lui dis:
-Je vais te la remettre ton eau chaude. Pas la peine de péter un câble.
***
-Action ou vérité ?
Le garçon fixait celui qui lui faisait face alors qu'une bande d'adolescents l'entourait. N'ayant aucun doute sur le fait que la question soit pour lui, l'adolescent répondit "action" car, lors des vérités, il craignait que les questions ne soient trop personnelles.
-hum... Ok. Tu dois embrasser une fille du groupe. Sur la bouche, bien entendu !
Tout compte fait, il aurait du choisir vérité. Tous ces défis d'adolescent l'exaspéraient au plus au point et il en avait marre que chaque défi consiste en "va draguer la fille là-bas", "embrasse la" ou encore "va chopper le 06 de machine". Mais action ou vérité semblait comme une tradition dans la tête des adolescents et, peu importe avec qui il trainait, cette punition finissait toujours par tomber à un moment ou à un autre.
-Mec, j'ai aucune envie de...
-Tant pis, c'est le défi.
Il soupira et se tourna vers la fille la plus proche de lui. Après un hochement de tête pour signaler son accord, le défi fut rapidement accompli et il se tourna vers celui qui avait lancé le défi
-C'est bon, satisfait ?
J'entendis soudainement Lilliputia renifler, me ramenant violemment à la réalité. Elle essayait d'être discrète mais après quelques secondes, je compris ce qu'il se passait: elle pleurait.
Et ça me fait chier.
Parce que depuis mon arrivée, ce n'était pas la première fois. Mais la troisième. Et d'habitude, je n'osais pas intervenir, par inquiétude de ne pas savoir quoi faire.
-Lilliputia... Chuchotais-je tout de même. Qu'est-ce qui se passe ?
Elle sursauta à l'entente de ma voix et renifla à nouveau.
-Rien, sanglota-t-elle. Ça va.
Je soupirais. Depuis mon arrivée, elle faisait tout pour paraître joyeuse, pour me montrer les bons côtés du globe afin que je décide de rester.
Parce que, oui, le quatorzième jour, c'était aujourd'hui. À partir de demain, je pouvais faire ce que je voulais.
Mais je savais qu'en réalité, elle n'allait pas spécialement bien. Son regard s'éteignant lorsqu'elle m'avait donné son prénom le jour de mon arrivée ou encore la rage qu'elle mettait dans ses coups lors des combats le prouvait.
-C'est vrai que tu pètes la forme là.
-Je suis désolé si je t'ai réveillé....
Sa phrase était la même que celle que je lui avais dis, notre première nuit ensemble. Et j'allais lui répondre exactement ce qu'elle m'avait dit. Parce que nous partagions la même chose d'un côté. J'avais mes démons et elle avait sans doute les siens, ils ne nous frappaient juste pas de la même manière.
-Ce n'est pas grave, je ne dormais pas.
-Tu ne dormais pas ? Alors, tu m'as...
-Entendu ? La coupais-je doucement. Oui, mais comme je te l'ai dis, ce n'est pas grave.
-Je suis désolé. Mais maintenant, tu peux dormir, ça va.
Menteuse.
Ça n'allait absolument pas. Il fallait plus que trois pauvres phrases pour calmer une crise de larmes. Je le savais bien, à cause d'elle. Je ne comptais plus le nombre de fois où j'avais du désobéir à mon père pour aller la consoler. Le nombres de baffes que je m'étais pris parce que je m'étais absenté, mais rien n'aurait put ternir ma joie. Parce que lorsque je repartais, elle souriait.
J'acquiescais tout de même et faisais mine de me rendormir, laissant mes pensées vagabonder, sans pour autant m'endormir.
Je me voyais, ado, volant dans les placards pour lui apporter à manger. Je me voyais, rentrant et me faisant engueuler et frapper par mon père parce que j'étais sorti plusieurs heures sans qu'il sache où j'étais et que j'avais volé dans les placard. Plus important encore, je me voyais arriver vers elle et je voyais son regard bleu s'illuminer alors qu'il était d'ordinaire terni. Lorsqu' elle avait un peu de force, elle se levait et venait m'enserrer avec ses petits bras. J'étais alors le mec le plus heureux de la terre parce que je savais que si elle pouvait le faire c'était grâce à moi.
Les sanglots de Lilliputia reprirent.
Je fis tout mon possible pour la laisser pleurer sans qu'elle ne sache que je l'écoutais mais rapidement je craquais. Je savais qu'elle ne voulait pas que sa "faiblesse" soit visible et que le mieux aurait été que je la laisse. Mais je ne pouvais pas. Ce bruit écorchait mes oreilles et je n'aimais pas l'entendre. Il me ramenait trop en arrière.
Pour la première fois depuis mon arrivée, je franchissais la barrière que nous avions instauré au milieu de lit et passais un bras autour de sa taille tandis qu'elle sursautait. Elle était dos à moi, aussi me collais-je contre celui-ci.
-Qu'est-ce que tu fais ? Chuchota-t-elle.
Je ne répondais pas et passais l'autre bras autour de sa taille puis la serrais contre moi, essayant de lui apporter le plus de réconfort possible.
-Galdaë, souffla-t-elle en tentant de se détacher de mon étreinte.
Mais je l'en empêchais et lui dis:
-Tu as besoin d'un calin, donc je t'en fais un. Tu sais que tu peux me dire ce qui ne va pas.
-hum...? Elle hésita quelques instants. Vraiment ?
-Bah oui, répliquais-je aussitôt.
-Tu vas me trouver ridicule...
Je secouais la tête:
-Mais non, tu ne vas pas être ridicule.
Lilliputia se retourna alors en me faisant face et j'essuyais ses larmes à l'aide de mon pouce.
-Ma vie d'avant me manque. Je... les soirées avec mes parents me manquent, Josh aussi... Et même Lily alors que je ne l'ai pas connue longtemps.
Elle reprit son souffle puis reprit:
-Je n'étais pas heureuse mais j'étais entourée. Depuis que je suis ici, je ne me suis jamais senti aussi mal au niveau de la solitude. Enfin, j'avais Ilyana et Yaël mais je me sentais tout de même seule. Maintenant que tu es là ça va mieux mais là encore tout pourrais basculer.
Pour la première fois, ses yeux s'accrochèrent aux miens et je fus soufflé par leur couleur. Du doré faisait apparition dans ses yeux bleus m'hypnotisant au passage.
Mais lorsque je me remémorais ce qu'elle venait de dire, mon cerveau se reconnecta. Il était temps que je la rassure.
-Je reste.
Ses yeux s'écarquillèrent et je lui adressais un sourire.
-Tu a eu raison de me faire passer ce marché quand je suis arrivé. Je me sens mieux.
La culpabilité était encore là mais je pourrais vivre avec, j'en étais persuadé. J'avais passé ma première vie à culpabiliser et à avoir peur de mon père, mais j'en avais plus qu'assez.
Ses petits bras passèrent autour de ma taille et elle se rapprocha de moi en soufflant un "merci" que je cru à peine entendre.
La tête posée contre mon torse, Lilliputia semblait s'être endormie alors que ça m'était impossible, je me concentrais donc sur sa respiration.
Et sans m'en rendre compte, je finis par m'endormir.
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Bonjour !
Bonne année !!! Bonne rentrée ! Joyeux anniversaire ! Bon 14 juillet ! Et ainsi de suite (je souhaite toutes les fêtes d'un coup comme ça s'est fait)
Je ne vais pas faire de nda trop longue parce que j'ai vraiment hâte de vous publier le chapitre !
Donc comment vous allez ?
Personnellement, le brevet blanc arrive (doucement mais sûrement)
Alors, ce chapitre ? Qu'en avez vous pensé ?
Aller, je ne parle pas plus, je suis vraiment trop pressé parce que ça fait longtemps que j'avais ce chapitre en tête donc je crains vraiment vos réactions.
À bientôt !
Byzzz
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