Chapitre 22

Pdv Jerry

Il faut avouer que le coup des céréales était vraiment tordu. Mais pour ma défense, les nounours aussi ! Et j'aurai pu être vraiment fière de ma blague si Galdaë n'avait pas décidé de me coller aussi.

À vrai dire, je l'avais vu arriver. Mais mon cerveau avait mit trop de temps pour comprendre ce qu'il faisait, et le temps que je réagisse, c'était déjà trop tard.

Je baissais les yeux vers nos mains, toujours emprisonnées, alors que la quatrième heure allait s'achever dans quelques minutes. Ce n'était pas le fait d'être collé à lui qui était dérangeant en soit, mais de devoir attendre son accord pour me déplacer. Parce que, soyons honnêtes, lui pouvait me trimbaler comme il voulait alors que j'étais obligée de lui demander avant chaque mouvement pour ne pas forcer comme une malade.

Lorsque la cloche sonna pour annoncer ma pause déjeuner, je poussais un soupir.

Enfin !

J'avais été tellement heureuse de ma blague le matin, que je n'avais pas avalé grand chose. Erreur fatale car mon ventre criait à présent famine. Ce qui n'échappait bien sûr pas à Galdaë.

-Il y a un éboulement dans ton ventre, ou ça se passe comment ? Ou peut être un tsunami.

Je lui mettais un léger coup à l'arrière du crâne et lui intimais l'ordre de se taire. Il me tira la langue comme le gamin qu'il était et nous nous mîmes en marche.

***

Une assiette de pâte devant nous et les mains enfin décollées, nous délibérions sur le plus grand débat de tous les temps.

-Je ne vois pas pourquoi tu t'obstines à dire chocolatine ! C'est totalement illogique.

-Je ne vois pas ce qui est illogique ! Rétorquais-je. L'appellation pain au chocolat n'est pas logique. Ce qu'on appelle comme ça, c'est simplement du pain où on fout du chocolat.

-Mais t'es totalement à côté de la plaque ma vieille ! Et puis, c'est quoi ce nom ? Chocolatine ça ne veut rien dire !

-Tu me dis ça parce que tu n'as aucun argument valable alors que le mien l'est largement plus que tout ce que tu pourrais sortir.

-On a toujours dis pain au chocolat, je ne vois pas pourquoi on l'appellerais autrement. Le voilà mon argument. Et en plus, si je te mets un pain dans la gueule, tu vas appeler ça une gueulatine peut être ?

Je soupirais alors que l'envie de lui amener un dictionnaire et le faire chercher le mot "logique" dedans se faisait de plus en plus présente.

-Je n'arrive pas à croire que j'apprécie quelqu'un qui dis chocolatine !

Je balançais mes bras de manière dramatique en soufflant alors que ma saleté d'organe vital s'emballait étrangement à ce propos:

-Je ne vois pas non plus !

Je me levais et me dirigeais vers la porte de la chambre d'un bon pas, en emportant mon assiette.

-Ou est-ce que tu vas !?

Je ne prenais pas la peine de lui répondre et pénétrais dans la chambre.

***

Une fois rentrée du boulot, je me dirigeais vers la chambre et croisais Galdaë, affalé sur le canapé et des écouteurs dans les oreilles, qui fixait le plafond. Je me dirigeais, tout comme le midi, vers la chambre.

Alors que je m'aventurais pour la troisième fois dans l'hôpital, visitant au fur et à mesure, une douce mélodie se fit entendre. Je me concentrais pour savoir d'où elle venait et une fois à peu près localisée, je m'élançais dans sa direction.

Une jeune fille, châtain aux yeux verts, fixait la fenêtre en chantant et tapotant le rythme sur sa cuisse. Sa voix était douce et inspirait au calme. Légèrement plus jeune que moi, j'avais pourtant la forte impression que cette fille respirait la sagesse. Un calme olympien se peignait sur ses traits alors que les gouttes de pluie s'étalaient une à une sur la vitre dont le volet avait été légèrement baissé.

Je m'approchais du lit afin de lire ce qui était écrit sur la fiche en bout de lit «Lily Cooper, 18 ans, cancer».

J'allais m'asseoir sur le fauteuil des visiteur, attristé par l'état de cette fille. Je comprenais mieux la sagesse de ses traits: à force d'être là, elle devait s'être habituée à la mort, à ces murs blancs, et au défilé d'infirmières qui devaient lui rendre visite.

-Je m'appelle Caren, annonçais-je même si je savais qu'elle ne m'entendrait pas. 

Une chose étrange se produit alors. Elle tourna la tête vers moi -vraiment dans ma direction, et non à travers moi, comme le faisaient les gens depuis que j'étais là- et m'adressa un sourire.

Nous fûmes coupés par l'arrivée plus que dérangeante de Myriam.

-Bonjour, Lily. Comment vas-tu ?

Elle soupira en fronçant les sourcils:

-Quand arrêteras-tu de me poser la question ? Tu sais parfaitement que je ne la supporte pas, la plupart des gens la posent seulement par politesse et non par intérêt envers la personne.

-Et bien moi, je te demande vraiment comment tu vas ? Je ne m'attends pas à ce que tu répondes que ça va alors que ce n'est pas le cas.

J'appréciais beaucoup Myriam. C'était l'une des rares infirmières à ne pas nous parler comme si nous étions débiles. Elle n'avait pas peur d'énoncer une vérité et nous parlait comme si nous étions une personne normale et qu'elle nous croisait dans la rue.

-Dans ce cas, je me sens valorisée ! Fit Lily, ironique.

-Tu n'as pas répondu à ma question.

-Tant que ce cancer sera toujours là, je n'irai pas bien Myriam. Tu n'as plus besoin de me le demander.

Elle posa une main sur son bras, compatissante.

-Bien sûr que si. Et je vais continuer à le faire. Quand je te demande, je parle de toi, en dépit de ta maladie.

***

J'étais pour la troisième fois aujourd'hui, affalée sur le fauteuil des visiteurs de Lily.

-Des fois, j'aimerais tellement voir dehors, rien que me promener et sentir l'air frais.

Je relevais le regard vers elle alors qu'elle se levait de son lit et se collait presque à la fenêtre, les doigts posés doucement dessus.

-Rencontrer des gens, avoir des amis. Ça serait génial.

Elle soupira longuement et retourna s'allonger sur le lit.

-Mais je suis enfermée ici.

Et à ce moment là, je n'eus jamais autant culpabilisé d'avoir été malheureuse.

Galdaë se trouvait devant moi et soulevait l'un des bords de mon casque audio.

-Tu boudes ?

Je secouais la tête, sortant doucement de ce souvenir.

-Non, je réfléchis.

-Ce qui... Revient au même. Tu réfléchissais à quel point je suis génial et que tu as tord à propos des pains au chocolat ?

Je laissais échapper un petit rire et lui mettais un léger coup à l'épaule. Il m'arracha le casque des mains et le posa sur ses propres oreilles.

-Je connais mais j'arrive pas à savoir d'où.

Je le reprenais, éteignais la musique et répondais en haussant les épaules:

-One-T-Cool-T, the magic Key.

-Hum... Nan, toujours pas. Remarque, si. Y'a pas eu une reprise en français ?

-Si. Mais elle est clairement nulle. En tout cas par rapport à l'originale. Tu venais t'excuser pour ton sens totalement pourri de la logique ?

Toujours en face de moi alors que j'étais assise sur le lit, la tête contre le mur, il prit place plus convenablement sur mes jambes étendues sous lui.

-Eh !

-Tais toi, Lilliputia. Faut qu'on cause.

Je croisais les bras sous ma poitrine, boudeuse.

-Si je te dis qu'y a une maison qu'est apparue à côté, tu réagirais comment ?

-Quoi ?! Je remuais fortement les jambes pour me libérer et une fois fait, me levais. Pourquoi tu m'as pas prévenue plus tôt !

M'élançant à travers la maison pour sortir vérifier, bien que je ne doutais absolument pas de sa parole. Mais j'avais besoin de vérifier par moi même.

Comme il me l'avait dit, une nouvelle maison était effectivement présente.

-C'est... Normal ? Interrogea Galdaë en me rejoignant.

Je me passais la main sur le visage, consternée. Il n'était déjà pas la personne la plus à l'aise du globe, et les quinze jours n'étaient pas passés, j'allais me retrouver avec deux protégés, parce que Galdaë n'était pas du tout près.

-Il va y avoir un nouveau, annonçais-je. D'ici environ une semaine.

-À la fin des quinze jours...

Je hochais la tête. Exactement. Avec Galdaë, j'avais eu de la chance. Bien que ma transformation soit à peine achevée, j'avais tout de même une certaine expérience.

-Ça va être galère, non ?

Nous sursautions en même temps et nous retournions, faisant face à Regan. Milo, un peu plus discret, était adossé à un mur non loin.

-Désolé. On vous a vu observer la maison alors on s'est permis de venir.

-"Tu" t'es permis, corrigea Milo. J'ai suivis uniquement pour être sûr que tu ne ferai pas de connerie.

-Si tu le dis. Regan haussa les épaules. Alors, mes petits choux, vous allez bien ?

Il s'approcha de nous et se positionna au milieu, saisissant Galdaë par les épaules et moi par la taille. Mon colocataire se raidit à ce contact alors que je riais légèrement.

-Peu adepte des contacts ? Demandais-je, me moquant légèrement en me préparant mentalement à lui proposer des câlins tous les quart d'heure.

-Ça dépend avec qui, dit il la mâchoire serrée.

-Ah...

Mon plan «harcèlement de câlin» tombait clairement à l'eau si je faisais partie de l'autre catégorie, et je ne préférais pas tester pour l'instant.

Regan me libéra, j'en profitais pour m'éloigner. Il vint pincer la joue de Galdaë :

-Tu dis pas ça quand on est tous les deux mon chouchou !

Il se libéra sèchement et lui jeta un regard noir.

-Pas besoin de me jeter ce regard mon chou. En plus tu sais ce que tu m'as promis !

-Je t'ai rien promis, et arrête de m'appeler mon chou.

-Mais, si ! Tu m'as promis de venir en soirée t'éclater avec moi.

-Même pas en rêve ! Cracha-t-il.

J'avais vraiment l'impression d'être une simple spectatrice de ce tableau et de ne pas y avoir de place. Je pensais que Galdaë les connaissait mais pas au point d'aller en soirée avec eux ou quoi ce soit. Mais en même temps, ce n'était pas étonnant qu'il rencontre d'autres hommes. Il avait sans doute besoin d'une autre compagnie que la mienne même si cette pensée me provoquait un petit pincement au cœur.

-Mais je veux pas venir avec vous ! S'exclama Galdaë. Combien de fois faut que je le répète ?!

Peut être m'étais-je trompée et qu'il ne voulait vraiment pas venir avec eux. Mais de toute façon, même si c'était le cas, il faudrait qu'il reporte à plus tard. Nous devions discuter.

-Je sais que tu m'adores ! Pas la peine de faire semblant.

Alors qu'il allait enlacer mon colocataire, je glissais la main sur la taille de Galdaë et me collais presque à lui, en une supercherie qui, je l'ésperais, couperait court à la discussion et aux remarques perverses et regards appuyés auxquels j'avais le droit en cours.

-Je suis désolé, fis-je en une mimique respectant parfaitement le sentiment que je venais d'annoncer, mais on avait déjà prévu ce qu'on allait faire de notre soirée, si tu vois ce que je veux dire.

Je papillonais des yeux, le regard faussement innocent, et lorsqu'il comprit le sous-entendu, se recula légèrement, instaurant une distance plus que nécessaire.

-Fallait le dire plus tôt, mec ! Il plissa les yeux. T'as pas l'air très emballé, tu veux venir avec nous peut être ?

Galdaë, resté les bras ballants jusque là, réagit au quart de tour et passa un bras autour de mes épaules.

-Non. Donc on va vous laisser, je crois.

Alors qu'on arrivait à la porte pour rentrer chez nous, il lança :

-Profitez bien !

Je secouais la tête alors que Galdaë soufflait en serrant le point qui ne tenait pas mes épaules.

Une fois à l'intérieur, on se lâcha et il me remercia d'être intervenue, même si d'après lui, dès qu'ils reviendraient, ce serait pour connaître les détails.

-Il faut que je te dise un truc, reprit-il.

Je me dirigeais vers le canapé et lui fis signe de me suivre.

Alors que nous nous asseyions, il commença, à toute vitesse:

-Je sais que j'aurai du t'en parler avant mais je voulais pas t'inquiéter. Regan, Milo et toute leur bande de potes te suivent comme des putains de psychopathes depuis que t'es arrivée et un coup ils sont venus à ma rencontre parce qu'ils voulaient en savoir plus sur toi mais je leur ai rien dis et depuis ils me suivent et viennent m'emmerder dès qu'ils peuvent.

Extérieurement, je ne laissais rien paraître.
Intérieurement, c'était autre chose. J'avais envie de tuer ces mecs, d'une, parce qu'ils me suivaient tels des pervers, et je ne doutais pas des paroles de mon protégé, comme je l'avais déjà dis. Et de deux, parce que Galdaë ne m'avait rien dit à propos de ces petits cons.  J'avais vraiment envie de tester mes nouvelles capacités de louve sur eux.

Ce n'est que lorsque je sentis de légères douleurs que je me rendais compte de ce qu'il se passait. Je me transformais sans l'avoir vraiment décidé et qui plus est, devant un nouveau. Je m'élançais à travers la pièce et prenais la direction pour sortir de la maison, mais fus coupée dans mon élan.

-Où est-ce que tu vas ?!

Je ne retournais pas, voyant déjà des poils apparaître sur mes mains, et ma vue s'affiner.

-Je dois aller voir quelqu'un.

Je le sentis bouger, dans mon dos et je m'approchais encore plus de la porte.

-Je t'interdis de me suivre.

-Si tu veux aller voir Regan et Milo je vais te suivre pour éviter que tu y ailles seule.

-C'est pas là que je vais.

Un truc craqua dans la rue et je devinais que quelqu'un avait fait tomber quelque chose. Mes sens se développaient les uns après les autres et je n'arrivais pas à arrêter.

Il fallait que je m'éloigne.

Je me précipitais dehors et sans même observer mon environnement, me mettais à courir. Une dizaine de secondes plus tard, j'arrivais à la forêt et après une grande inspiration, m'enfonçais dedans.

Une violente douleur me fit me tordre et je tombais à genoux alors qu'un cri m'échappait. Je me roulais en boule alors que les poils se faisaient de plus en plus long sur tout mon corps et que mes vêtements disparaissaient par magie.

Quelques instants plus tard, je me sentais différente, comme la dernière fois que ça m'était arrivé. Plus libre, plus forte. Avec un instinct animal en plus. Je me relevais sur mes pattes et observais mon entourage. J'étais à moins de trois cent mètres de la bordure de la forêt ce qui représentait un léger risque. Je n'avais aucune idée de comment retrouver mon apparence humaine et savais qu'une solution devait être trouvée.

Je trottinais à bonne allure, me faisant au fur et à mesure à la sensation de l'herbe sous mes pattes, aux odeurs de la forêt, plus intenses que jamais, aux bruits que je pouvais entendre, même avec un grande distance et à la sensation de puissance que je ressentais. Je m'amusais, sautant de plus en plus loin en un challenge que je m'imposais afin de tester mes limites.

Alors que je m'amusais avec une souris qui n'avait rien demandé et qui devait être terrorisée à force d'être jetée de pattes en pattes, une pensée me fit relever la tête.

Ce n'est pas parce que j'avais du attendre la dernière fois, qu'il n'y a pas un moyen d'arrêter la transformation. Il faut que je trouve Enaël.

Le rongeur avait profité de mon moment d'inattention pour filer et je le regardais, les babines se retroussant en une mimique dégoutée, partir, me laissant sans compagnie.

Je me mettais en route essayant de me concentrer pour retrouver sa boutique de tatouage, seul lieu notable où je pouvais le voir.

***

Assise devant la porte arrière depuis cinq minutes, je fixais la fenêtre devant laquelle il n'arrêtait pas de passer, en espérant qu'il me voit.

Peine perdue.

J'approchais de la porte, me promettant mentalement de remplacer celle là après. Je passais doucement mes griffes dessus espérant qu'il entende le bruit et vienne m'ouvrir sans pour autant que j'ai à défoncer sa porte d'entrée.

Ce qui se passa une dizaine de secondes plus tard. Il me fixa bouche bée et reprit ses esprits, quelques secondes plus tard en secouant la tête.

-Salut Jerry.

Il s'adossa au côté de la porte, et croisa les bras sur son torse.

-Laisse moi deviner: transformation non voulue et tu sais pas comment redevenir normale.

Ce n'était pas une question mais une affirmation et je me sentais tout de même obligée de hocher la tête, confirmant ce qu'il avait dit.

-Tu peux parler, tu sais.

La gueule ouverte, j'essayais de former des mots, en vain. Enaël ricana à cette vue.

-Ferme la bouche Jerry. C'est pas comme ça.

-C'est ça, fous toi de ma gueule, petit con.

J'eus un mouvement de recul alors que cette voix, semblable et pourtant si différente -légèrement plus grave que la mienne- se faisait entendre. L'homme me faisant face eu un sourire en coin.

-Tu vois quand tu veux.

Ce qui était étrange, c'est que je ne comprenais pas comment j'avais fais. Ma bouche ne s'était pas ouverte et je n'avais pas eu la sensation de parler. Seule ma pensée l'avait décidée.

-J'aime le chocolat.

Je sursautais à nouveau, heureuse d'avoir compris le fonctionnement.

-Maintenant que t'as fais mumuse on peut passer aux choses sérieuses ? Me gronda Enaël.

_____

Rebonjour !

Comment allez vous ?

Perso, aujourd'hui c'est une journée tranquille, ce matin on a été au cinéma avec mon collège et cet après-midi je n'ai qu'art plastique.

Bref, j'arrête de raconter ma vie:

Alors ce chapitre ? Pour ma part je ne sais pas trop quoi penser, je n'arrive pas à décider si je trouve la réaction de Jerry parfaite ou vraiment exagérée: donner moi vôtre avis s'il vous plaît 🙏 ?

Et j'ai aussi un peu l'impression de l'avoir bouclé mais je ne trouve rien à rajouter quand je le relis... Bref....

La transformation non prévue ? Et la visite chez Enaël ?

Je vous souhaite une bonne journée et courage à ceux qui sont au boulot ou à l'école.

À bientôt !
Byzzz

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