Je marche seule dans la nuit noire. La ville m'enveloppe, bruyante et légèrement effayante. J'aime bien la nuit, elle me correspond. Le bruit des talons aiguilles sur le béton et les cris des klaxons se brouillent en une symphonie inharmonieuse. Les allées sont silencieuses, couloirs de la solitude et de la peur. Mais moi, je marche, baignant dans la peur. Lorsque je me tourne, je vois mon ombre sur le sol, Némésis de moi-même. Me voici.
La nuit tout change, on entre dans un autre monde, un monde où chaque bruit attire, où les folies se déchaînent. Et je veux faire partie de ce monde. Le jour est trop pur, trop innocent, mais aussi trop faux. La nuit, il n'y a plus de filtre, plus d'artifice.

J'arrive chez moi. Je m'allonge sur le sol froid, et j'observe la ville par la fenêtre. Les immeubles conversent avec le ciel, mastodontes lumineux. Les voitures, les gens, sont si petits d'ici. La lune me sourit, elle est mon guide à travers la nuit.

Une heure passe. Puis deux. La nuit va bientôt se terminer. Je n'arrive pas à dormir, attirée comme un insecte par le monde des lumières et du bruit. Les néons lumineux m'appellent, ils crient mon nom, il m'attirent dans les ténèbres, dans la pénombre effrayante mais ô combien attirante.

Je me décide. J'ouvre la porte à nouveau, talons hauts au pieds et rouge à lèvres au visage. Je m'enfonce à nouveau dans le monde de la nuit, papillon du monde.