Obéir à celui qu'est un peu tout puissant

Texte écrit dans le cadre de la 28ème joute de @EidolonJouteur sur le thème "Obéir au maitre".


  Madeleine s'assit sur le sofa légèrement miteux, tout comme le reste de la pièce. Elle avait connu bien entendu mieux. Mais, pour le coup, elle s'en moquait. Aujourd'hui, rien de ces choses matérielles n'avaient d'intérêts. Aujourd'hui, elle avait un rendez-vous avec un homme qu'elle aimait. L'homme qu'elle aimait. Et qu'elle savait prêt à tout sacrifier pour elle. Car, pour une fois, c'était bien pour elle, ce qu'elle était, et non son beau corps usé par la bringue, qu'on la désirait. Il ne la considérait pas comme un objet, ni même comme une professionnelle, au métier sordide mais pratique. Aujourd'hui, elle ne serait pas payée. Aujourd'hui, elle ne serait même pas considérée comme une putain. Alors rien d'autre que Lui n'avait d'intérêt.

 Oui... Mais non. Moi, je suis pas d'accord. Quelle idée d'avoir un rencard dans cette espèce de... Petite pièce contiguë pleine de bazar ?! C'est sérieusement comme ça que le gamin compte emballer ? Non, franchement, vous méritez mieux. Enfin, toi, là, j'en sais rien, et j'en ai un peu rien à battre. Mais lui, il mérite mieux. Voyons... Qu'est-ce que je peux faire ? Pleins de trucs sûrement. Je suis un peu tout puissant.

 Le décor se transforma soudain, bien que la jeune femme ne parut se rendre compte de rien. Elle semblait n'avoir jamais été autre part que dans l'immense et luxueuse chambre où elle séjournait à présent. Tout scintillait, tout luisait, tout était coloré. C'était divinement beau. Le grand lit moelleux était drapé de soie, les fenêtres ornées de fins rideaux. Il y avait une vue plongeante sur la mer. Le cadre était inimaginable, indescriptible, inconcevable.

 Oui, je sais, je sais... Mais, y aurait pas un truc qui cloche ? Comme cette guenon habillée en roturière au milieu de mon paradis des amants ? Oh, franchement, ce garçon m'étonnera toujours. Déjà, quelle idée de choisir cette fille ? Sérieusement... Une pute ! Et ce n'est pas comme si elle était belle ! Les humaines sont pas terribles, certes, mais il aurait pu faire un effort, non ? Bon, on va éviter la chirurgie esthétique, ça va encore me retomber dessus. Mais il paraît qu'on fait des prouesses avec du maquillage...

 Comme la première fois, le changement s'opéra sans témoin. Madeleine jeta un coup d'œil à son reflet dans le miroir. N'était-elle pas brune avant ? Parce que, maintenant, une longue crinière dorée lui faisait office de chevelure. Elle secoua la tête. Bien sûr qu'elle était blonde. Quelle drôle d'idée que de croire le contraire ! Tout comme ce maquillage : elle se souvenait avoir passé des heures à se préparer. Il faudra qu'elle fasse attention de préserver son teint pâle. Hors de question qu'il brunisse un tant soit peu. Elle se leva avec lenteur. Elle sourit en voyant sa robe se défroisser. Elle portait une magnifique toilette, tout en couleurs, qui s'accordait parfaitement à son rang.

 Et surtout, me remerciez pas, hein... Je n'ai absolument rien fait ! De toute manière, c'est pas pour elle que je l'ai fait, c'est pour le gamin. Sinon, je l'aurais rendue un peu moins cruche... Mais ça changerait pas grand-chose pour lui. Tiens, d'ailleurs...

 La porte s'ouvrit sur un homme d'une trentaine d'années, aux cheveux bruns mi-longs et bouclés, légèrement barbu. Madeleine se précipita pour l'accueillir. Aucun de ses sentiments n'avait été changé. Elle ne se souvenait plus trop pourquoi elle ressentait tout cet amour, mais elle savait qu'il était là, dans son cœur, dans son sourire, dans ses bras qui entouraient son cou. Elle s'étonna de le voir si peu enthousiasme. Il la repoussa légèrement. Il regardait tout autour de lui, l'air extrêmement perturbé. Qu'est-ce que...

 Il sourit et passa sa main devant son visage en riant légèrement lorsqu'il comprit. Madeleine fronça les sourcils et demanda :

 - Est-ce que ça va, Jésus ? Tu es tout bizarre...

 Il se contenta de lever les yeux vers le ciel, un sourire amusé et miséricordieux sur les lèvres.

 - Papa... Je t'ai déjà dit que je pouvais me débrouiller tout seul... Tu sais que t'as pas besoin d'en faire des caisses, tout le temps ? On l'a compris, que t'étais un peu tout puissant...

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