Amour, rancœur, amour

Ecrit pour le concours de noël 2019 organisé par les profils  @lgbtqFR @FictionUrbaine et @RomanceFr


J'avance à grands pas, la neige crissant sous mes chaussures. Elle a depuis longtemps perdu son éclat blanc si caractéristique, salie par les allées et venues des passants et des voitures. Le froid me mord les doigts, je souffle dessus afin d'apaiser leur souffrance. Je retiens un frisson, et souhaite arriver au plus vite. Je meurs déjà de faim, le restaurant où je me rends a intérêt à être sacrément bon.

J'atteins un tournant qui est aussi ma première destination. Là m'attends un profil que je connais bien ; celui d'un homme que j'aime tant, trop peut-être : Emilien.

J'arrive face à lui, non sans esquisser un sourire. Lui affiche une moue boudeuse :

─ Tu es en retard, remarque-t-il.

Je lui fais une grimace en guise de réponse. Il est trop sérieux, ça pourrait presque me contaminer. Les opposés s'attirent, dit-on. Je passe une main rouge et tremblante dans ses cheveux et l'embrasse près de l'oreille. Il se dégage de mon étreinte en douceur, sans que je ne lui en veuille. C'est quelqu'un de relativement tactile, mais en public... Ce serait trop lui demander. Il est beaucoup plus pudique que moi, j'ai toujours eu envie de lui retirer cette carapace... En même temps que ses vêtements, pour ne pas se mentir. Alors je me contente d'entrelacer nos doigts, invisibles soldats de tendresse au milieu de la nuit noire, à peine découverts par les lampadaires et les décorations de Noël qui fleurissent le long de la route.

Nous arrivons près d'un restaurant à la vitrine animée et lumineuse, dégageant une chaleur indéniablement attirante. Nous avons rendez-vous avec une collègue d'Emilien, afin de fêter le réveillon dignement. J'avoue n'avoir pas vraiment envie de passer cette soirée avec un couple d'inconnus, au lieu d'un cercle de proches ou tout simplement un dîner aux chandelles ─ perspective particulièrement attrayante à mes yeux, mais ça faisait plaisir à mon homme, alors j'ai accepté sans réel enthousiasme. Mais tant que je peut être à ses côtés, tout me parait réjouissant ─ ou presque, faut pas abuser non plus.

Nous entrons dans l'accueillant refuge, la chaleur ambiante me saute tout de suite à la gorge, et me brûle, moi qui tremblait tel un glaçon quelques instants plus tôt. J'apprécie cette moiteur étouffante qui réveille soudainement mes nerfs et me rappelle que je suis toujours en vie d'une douleur salvatrice.

Je suis bêtement mon aimé, tanguant presque, mes sens déboussolés et mes jambes fatiguées, gardant le regard rivé sur ce petit homme à la démarche sûre et à la tête haute, avec l'envie folle de perdre mes doigts entre ses boucles châtaines, presque rousses, et de goûter la chair de sa nuque d'un baiser glacé. Je réprime d'un lèvement d'yeux au ciel mes élans et garde cette passion dans un coin de mon coeur.

Nous arrivons dans un coin du restaurant, et une grande brune se retourne vers nous au même moment. Elle salue mon homme avec un sourire. Comme au ralenti, je vois son visage se tourner vers moi, ses boucles marron encadrant son visage dans un tourbillon de cheveux, et aborder peu à peu une expression d'hébétement tandis qu'Emilien me prend le bras et ajoute :

─ Fabien, mon compagnon.

Sa collègue papillonne des yeux quelques instants, médusée, la bouche entr'ouverte, un peu perdue, un peu désappointée. Je m'étonne et m'amuse toujours de voir à quel point Emilien ne semble pas auprès de ses proches qui ne me connaissent pas du genre à sortir avec... Un homme, quoi. Un homme qui se maquille légèrement, qui plus est. Rien de très marquant, certes, un trait noir pour souligner mon regard, tout au plus. J'ai juste la fâcheuse tendance de lever haut mon majeur à chaque fois que je croise une convenance. Ces mêmes convenances qui voudraient m'empêcher d'être avec celui que j'aime. Comme si j'allais leur accorder si ce n'est qu'un regard. Quoique ce n'est pas vrai ; je les regarderais avec tout le mépris qui m'habite si j'en avais l'occasion. Je ne dis jamais non lorsque se présente l'occasion d'être dédaigneux.

Mais la brunette se ressaisit. Elle secoue ses boucles et m'affiche un sourire plus ou moins forcé, le sourire qu'on accorde à ceux qui ne nous plaisent pas mais qu'on ne peut pas publiquement dénigrer. Je lui sers fermement la main, le visage impassible. Sans doute s'attendait-elle à me voir me déhancher et agiter mes mains tout en parlant d'une voix fluette et efféminée, mais, quitte à décevoir ses préjugés, je m'assois sans froufrous et demande de mon timbre grave quel est le plat du jour. Je n'ai à ce qu'il me semble jamais été maniéré, et ce n'est ni une plainte ni une fierté, juste mon caractère. Et mes goûts en matière de partenaires n'ont aucun rapport avec mon comportement en société ; je ne vois même pas pourquoi ils seraient liés ─ sauf quand il s'agit d'attirer un beau garçon entre mes bras, évidemment. Convenance & clichés : 0 ; Fab' : 2. Je propose que le gagnant aille casser la gueule aux deux loosers à la fin de la manche. On verra qui c'est la tapette après.

Mettant de côté mes délires et décidé à essayer de passer une bonne soirée malgré tout ─ je ne peux pas en vouloir à la demoiselle de sa première réaction, on ne contrôle pas sa bêtise et moins encore l'indéfectible influence que la société a sur soi ─ je décide d'écouter et même de participer à la conversation qui a lieu, Emilien ayant eu le tact de ne pas relever le malaise et d'aborder un autre sujet.

─ Mon petit ami nous rejoint bientôt, nous prévient-elle.

Je m'amuse à imaginer un vieil homme à la moustache proéminente, fumant un cigare, qui ajouterait avec une voix forte : "D'nos jours, l'problème, c'est qu'on r'connait pas les pédés des gens normal, ils s'font passer pour nous, et ça, ça me débecte !". J'avoue, c'est une personnalité fortement inspirée de mon géniteur ; j'exagère, certes, il n'a en effet absolument pas cet accent et dit tous les mots qu'il pense d'une manière claire et ferme. Il a au moins le mérite de faire explicitement comprendre lorsqu'on le déçoit. Je le sais d'expérience. En plus, il n'a même pas de moustache.

J'ai tout de même un peu de peine pour la jeune femme, prénommée Lucie m'apprend-on, de lui fournir, bien que ce ne soit que par mon imaginaire, un si piètre amant. Après tout, elle est jeune et plutôt attirante ─ pour une femme, dois-je préciser ─ j'imagine que son petit ami est lui-même assez attrayant... Non pas que la question m'intéresse aucunement, je suis un homme rempli des grâces de la vie et particulièrement aimant. Simple curiosité personnelle.

Je n'ai pas à attendre longtemps, le voilà qui nous a rejoint. Je me tourne vers lui.

Mon cœur rate un battement. Je déglutis avec difficulté. Je ne m'attendais pas à... Lui. Je lève la tête et croise les yeux de ce géant que je connais bien ─ si bien ; géant contre lequel je me blottissais l'année dernière encore.

Lui non plus ne me lâche pas du regard. J'y lis principalement de l'étonnement, mais je suis trop pétrifié pour réfléchir ou analyser.

─ Marc ! se réjouit Lucie. Ta journée s'est bien passée, mon chou ?

Cela met un terme à l'échange statique de regard et pousse le grand dadais à s'asseoir. A la seule place libre restante, soit à côté de moi. J'ai un frisson en sentant nos bras s'effleurer. Non, vraiment... Pas maintenant, pas aujourd'hui. Plus jamais, même. Oui, j'aurais préféré ne plus jamais le recroiser.

En tant normal, je me serais demandé comment réagirait la salle si j'appelais Emilien mon chou à travers la salle, et je l'aurais sans doute fait pour voir si mes prévisions étaient exactes ─ je ne m'intéresse à la sociologie que lorsqu'il s'agit d'estimer le taux d'homophobie des gens présents autour de moi ─ mais revoir Marc a ravivé en moi pleins de souvenirs. Marc... L'homme que j'ai aimé avant Emilien. Homme que j'ai tout autant détesté par la suite.

Il faudrait tout un roman pour décrire mon histoire avec lui, et ce serait tout aussi inintéressant que douloureux. En un mot, le connaître le rend particulièrement séduisant ainsi que extrêmement agaçant ; un peu un mélange entre Emilien et les convenances, j'ai envie de l'embrasser et de lui casser la gueule en même temps.

Je fulmine un peu de le voir ici. Il m'agace, je ne l'apprécie plus vraiment depuis plusieurs mois. J'ai du mal à mettre de côté ma rancœur. Une rancœur absurde, qui plus est, vu qu'elle ne repose sur... Rien, en fait. Le fait de le supporter au quotidien a juste fini par me donner la haine contre lui, et de le rendre plus insupportable encore qu'il ne l'est vraiment.

Je décide de mettre tout cela de côté, et m'oblige un sourire. Je pose mon regard sur le visage d'Emilien, qui parait si loin, en diagonale de moi, et m'apaise à la vue de cette face d'ange. Mon cœur se réchauffe et je m'autorise à esquisser un réel sourire. Ce soir, je ne connais pas Marc, je ne l'ignore pas non plus, je fais juste en sorte de paraître affable et pas trop méprisant. J'essaye, en tout cas. La conversation est relativement agréable, nous arrivons tout de même à nous entendre malgré nos différents.

─ D'ailleurs, remarque ce grand idiot, comment en êtes-vous venu à sortir tous les deux ? Quels atouts t'ont permis de le séduire, Emilien ? Pour être honnête, Fabien m'avait habitué à des petits amis d'un style... Différent.

Je me redresse d'un coup et le foudroie du regard. Son petit air goguenard et méprisant, ses insinuations tordues... Il me fait clairement comprendre qu'il me trouve trop bien pour Emilien. Allons, mon chou, tu m'as quitté, pour... ça ? J'ai envie de lui casser la gueule avant de lui arracher les dents une à une. En plus je sais pertinemment qu'il a peur du dentiste. Mais le principal concerné par la question répond, d'un rire timide :

─ A vrai dire... Je sais pas trop. Fab' est génial, il est fier et extraverti, il n'hésite pas à se dresser pour ce qu'il veut. Et... Il m'aime, c'est fou, n'est-ce pas ?

Il me regarde de ses yeux bleus quelques secondes, tandis que mon cœur se met à fondre.

─ Peut-être... Qu'il s'est rendu compte que je valais la peine, que je pouvais le rendre heureux, parce que moi, je l'adore et que je ne veux que le meilleur pour lui. Même quand il parle de casser la gueule de ma sœur.

Un silence tombe suite à cette déclaration. Marc est estomaqué. Il ne sait plus quoi rétorquer après cette déclaration. Peut-être comprend-il enfin qu'il ne me récupèrera jamais ? Pour le coup, c'est la dernière chose dont je m'inquiète. Je regarde mon amour avec de grands yeux et un sourire béat. Mon cœur bat. J'ai envie de le serrer dans mes bras et de l'empêcher de s'éloigner de moi. Et d'aller casser la gueule à tous ceux qui oseraient le critiquer. Même si c'est sa sœur. Mais je reste juste admiratif, perdu dans son regard clair.

Lucie, de son côté, a l'air assez mal à l'aise.

─ Quelqu'un veut un dessert ? ose-t-elle finalement.

Soudain conscient du malaise, Emilien rougit jusqu'aux oreilles et cache son visage entre ses mains. C'est clairement pas son genre de faire des déclarations d'amour en public. Peut-être qu'au fond je sers moi aussi à quelque chose. A le pousser à hurler son amour au monde. Et j'avoue ne pas en être peu fier.

─ Je prendrai une tarte à la fraise, s'vous-plait... répond-il en essayant de masquer sa gêne.

J'en connais un qui va avoir les oreilles qui sifflent au boulot, ne puis-je m'empêcher de remarquer d'un sourire narquois. Le reste du dîner se passe sans réel incident, même si je peux sentir une tension entre Marc et moi. J'avoue y participer beaucoup en évitant tout contact visuel, et en gardant un sourire méprisant à chaque fois qu'il ouvre la bouche.

De plus, cette assemblée d'hypocrites m'énerve un peu ─ je suis assez prompt à la colère, si vous ne l'aviez pas deviné. Okay, difficile d'être une assemblée quand on est quatre, que je m'en exclu et retire au passage Emilien à qui je ne peux littéralement rien reprocher ─ même quand il m'oblige à faire notre lit le matin alors que clairement, ça ne sert à rien, c'est dire ─ que Marc n'ouvre presque pas la bouche ─ flûte, j'ai encore perdu une raison d'être méprisant ─ et qu'on ne peut pas vraiment reprocher à Lucie de faire du lèche-botte à son supérieur ─ gngngngn, que vous avez bon goût, gngngn, quel sympathique choix de restaurant, gngngn... Même en sachant parfaitement que l'idiotie et les femmes ─ les deux n'allant aux dernières nouvelles pas toujours de pair ─ n'ont jamais eu beaucoup d'effet sur mon Emilien. D'ailleurs devrais-je peut-être ajouté que je ne suis absolument pas jaloux, seulement en pleine contemplation de la nature profonde des êtres humains. De ma nature profonde de gros rageux, entre autre.

Je pousse un soupir et espère que la soirée touche à sa fin. Je serais mauvaise langue de dire qu'elle a été désagréable, surtout en la comparant aux interminables dîners de famille que j'ai déjà subi. Mais il y a quelque chose de fiévreux et de méfiant entre nous, qui donne à tout cela une odeur poivrée et amère. Même, si, personnellement, le poivre me fait éternuer.

Un dernier café commandé par Marc ─ il m'aura donc embêté tout du long, celui-là ─ et le dîner touche à sa fin. Emilien se propose d'aller régler le tout au comptoir. Lucie en profite pour, je cite, "aller se repoudrer le nez". Je la regarde s'éloigner d'un air sceptique. Est-ce même légal d'utiliser cette expression aujourd'hui ? Mes amies de sexe féminin ont plutôt tendance à se justifier d'un très classe "J'vais pisser".

Je me retourne légèrement vers Marc, seul avec lui à présent. Et flûte, il a retrouvé son arrogance. Réflexion débile et inappropriée dans 3, 2, 1...

─ Vraiment, tu me fais de la peine, remarque-t-il, condescendant. Ta vie doit être bien pourrie en ce moment.

Je lui lance un regard noir. Le mépris, c'est mon truc. Je lève un sourcil et réplique :

─ Ah bon, et pourquoi donc ? C'est pas moi qui sort avec une petite bourgeoise mal fagottée aux dernières nouvelles.

Il m'adresse un regard dur avant de répliquer avec férocité :

─ C'est drôle, y avait pourtant quelqu'un qui me plaisait bien, mais il s'est tiré sans plus d'explications.

Je déglutis avec difficulté. J'ai toujours cru que Marc été du genre à se foutre de tout et de tout le monde. Du genre à ne pas avoir de sentiments.

─ Et maintenant, il se balade, plus fier que jamais, au bras d'un...

Il cherche un mot pour finir sa phrase, mais sa lèvre se tord avec un mépris bien plus fort que des mots. Je reste pétrifié, à le regarder vomir sa rancœur. Il a finalement laissé tomber ce masque qu'il n'avait pourtant semble-t-il jamais quitté.

─ Mais, suis-je idiot, monsieur l'aime ! Monsieur a trouvé le grand amour ! imite-t-il avec une voix de cartoons, avant de rugir : Que c'est beau, l'amour, n'est-ce pas ?!

La colère de son regard s'apaise avant d'être remplacée par un mélange de peine et d'incompréhension.

─ Comment peux-tu... Comment ce type peut-il te rendre fier ? Comment peut-il t'amuser ? Il est tellement... Banal. Ennuyeux.

Ses yeux déambulent quelques secondes autour de lui avant de se poser de nouveau sur les miens.

─ Tellement... Faible.

C'est la goutte qui fait déborder le vase. Il a eu l'esprit et le chic de ne pas lever la voix le long de son monologue, aussi je surprends toutes les attablés autour en me relevant d'un coup sec et en le saisissant par le col. Je le toise d'un regard sombre. Ces remarques, ces insultes même, me semblent aussi injustifiées qu'intolérables.

─ Marc Robert Alphonse Diener, tu es l'homme le plus idiot que porte cette terre.

Je le lâche et me recule d'un pas, comme saoul. Saoul de rancœur ou saoul d'amour, qui sait.

─ Emilien n'est ni ennuyeux, ni banal, encore moins faible. T'as juste tord sur toute la ligne.

Je me penche vers lui, et reprends, le cœur serré de souvenirs :

─ Et si tu te demandes pourquoi je me suis tiré, c'est à cause de cet amour dont tu te moques : je ne me suis jamais senti aimé, auprès de toi. Pas un mot, pas une attention, pas un signe. Juste une éternelle solitude.

Je me relève et me retourne, le laissant encore pétrifié par mes propos. J'ai juste envie de fuir. Il y a eu tellement d'amour entre nous, mais, là, je ne vois plus que de la rancœur. Je ne ressens plus que de la rancœur.

Je m'éloigne à grands pas, étouffant mon ressentiment qui se transforme vite en détresse, avec l'envie butée de frapper ma tête contre les murs. Au comptoir, je saisis Emilien par le bras, sans prendre même la peine de saluer Lucie avec qui il était en pleine discussion, et le gratifie d'un "On s'en va" à peine articulé.

Dehors, l'air froid et vivifiant me réveille brutalement. Il fait sombre, les rues sont vides ou presque. Après s'être un peu éloigné du restaurant, se perdant dans l'obscurité, je me tourne vers mon compagnon, et esquisse finalement un sourire fade. Puis je le prends dans mes bras, j'ai tellement besoin d'un câlin de réconfort. Je me sens profondément idiot de me mettre dans de tels états pour ces broutilles, mais les souvenirs ont une marque inaltérable et une douleur à laquelle on ne peut échapper. Ce soir, je me suis rappelé le sentiment de désespoir et d'abandon qui m'étreignait jusqu'à m'empêcher de respirer quelques mois, quelques jours semble-t-il, avant. Et ça, ça fait mal.

Emilien comprend ma peine, bien qu'il n'en sache ni l'étendue ni la cause. Il passe ses mains froides sur ma nuque, et me chuchote des "ça va aller, calme-toi". Sa voix murmurée me berce avec douceur, et entre ses bras, je peux me relâcher et me sentir bien, tout simplement. J'effleure de mes lèvres ses boucles avant de réfugier mon visage dans sa chevelure, respirant l'odeur de l'amour à plein poumons.

Je m'éloigne un peu, cherchant dans l'obscurité la lagune de ses yeux. Une fois perdu dans son immensité bleue, j'entrouvre la bouche et lui déclare :

─ Toi... J't'aime. Du style, énormément.

Je prends une inspiration. A se demander lequel de nous deux est le plus habitué aux déclarations d'amour.

─ Je t'ai jamais trouvé, et je ne te trouverai jamais... Agaçant, ou lassant, ou pas drôle... T'es la meilleure chose qui me soit jamais arrivée, à chaque fois que je suis à côté de toi, c'est comme s'il y avait un feu d'artifice dans mon coeur. Je ne m'ennuie jamais, alors que clairement je suis pas patient, et je pourrais passer des heures à rien faire, si c'est avec toi. Je...

Il pose son index sur ma joue, avant de murmurer, les yeux brillants :

─ Je sais.

A ces deux mots, mon cœur explose. Je suis tremblant et presque fiévreux malgré la température avoisinant le zéro. Je continue à fixer ces deux pupilles claires, comme des phares dans la nuit.

Puis, avec douceur, je me penche doucement vers son visage, redécouvrant dans le noir la sensation de mes doigts entre ses boucles, de mes lèvres contre ses lèvres, de nos langues enlacées, de notre amour réuni et éternel.

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