Le vieillard qui me tenait compagnie
Il venait, tous les jours, pour me voir moi.
Il était si paisible. Quatre-vingt ans et toujours ce même intérêt pour moi.
J'étais sa seule amie, il était seul...
Ses amis ?
Tous partis, loin, très loin avec cette dame, cette dame habillée de noir qu'on appelle la mort.
Sa famille ?
Elle n'était pas là pour lui. Riche et égocentrique, elle avait fait fortune et n'avait pas le temps de s'occuper d'un octogénaire sans argent.
Et il y avait moi. Grande, mais plus petite que lui. À l'écoute, mais très silencieuse. La compagne parfaite.
Nous avions rendez-vous tous les jours dans le salon.
À huit heure, il s'installait dans son fauteuil, et lisais son journal. De temps en temps, il me glissait quelques mots.
Il revenait à une heure de l'après-midi, après avoir mangé. Il me demandait si j'avais soif. Trop polie pour dire non et trop timide pour dire oui, je restais à ma place en silence. Mais à chaque fois, il m'apportait ce verre d'eau, cette eau si claire qu'il gardait pour moi.
Le soir, il lisait des histoires. Dans sa jeunesse, il adorait lire des histoires à ses enfants, ces mêmes enfants qui aujourd'hui, ne daignent même pas passer chez lui pour lui dire bonjour.
Son histoire finie, il me souhaitait bonne nuit et allait se coucher.
Et les journées recommençaient, s'enchaînaient, sans jamais que l'un de nous ne se lasse, sans jamais que l'un de nous n'arrête d'aimer l'autre, de ce sentiment d'amitié sincère.
Mais le bonheur n'est jamais éternel.
Il m'a abandonnée, un jour.
Il ne s'est pas levé.
Il n'a pas lu le journal.
Il ne m'a pas glissé de mots.
Il n'a pas mangé.
Il ne m'a pas proposé de l'eau.
Il ne m'a pas lu d'histoire.
Abandonnée et seule, je mourais peu à peu, mes belles feuilles vertes devenant brunes, la terre à mes pieds devenant sèche.
Puis un jour, il était de nouveau là, à s'occuper de moi.
Nous aussi étions partis avec cette dame nommée la mort.
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