(Personnage, jeu de rôle) Aïdrian Araël
Histoire du personnage que j'incarne dans le jeu de rôle (Pathfinder, vous trouverez les cartes tout en bas de la page) fait avec mon frère, mon chéri et un ami au nouvel an.
Certains passages peuvent paraître raccourcis, mais sachez que j'ai déjà fait trop long ^^'. (Ce perso porte le même prénom que l'un de mes perso dans mon roman principal "Defreine", mais ils n'ont rien en commun.)
Aïdrian Araël :
Mes parents étaient les elfes les plus malhonnêtes de la capitale de Kyonin. Manipulateurs hors paires et voleurs habiles, ils embobinaient avec brio n'importe qui. Je trouvais ça fantastique, lorsque j'étais gosse, de les voir se jouer des plus riches et des plus influents de Iadara. À mes yeux, c'était de la magie, de l'art dont j'aspirais apprendre les moindres secrets, les moindres enjeux et les moindres règles au fil des années. Ils m'enseignaient leur métier de l'ombre, me convainquant que je ne vivrai jamais aussi bien d'une autre façon. Et pour tout ça, je les respectais plus que tout.
Les trouver infâmes de profiter des autres ? Jamais cela ne m'avait traversé l'esprit. Ils étaient mes modèles, ceux que je devais à tout prix égaler si ce n'est surpassé. J'aurais longtemps marché dans leur pas.
Mais j'étais qu'un enfant, et bien vite ma naïveté et ma confiance de gamin m'ont mené à faire la première plus grosse erreur de ma vie.
Il y avait une fille, à Iadara, pour qui mon petit cœur de bambin aurait brisé tous les interdits. Elle s'appelait Idrill Yuzu. Une petite blonde aux yeux tout verts avec qui je passais mon temps en dehors de nos leçons respectives. Je crois qu'on s'adorait sincèrement. Aussi sincèrement qu'un cœur d'enfant le puisse, en tout cas. J'eus le malheur de lui dévoiler le secret de mes parents, de lui dire qu'ils étaient de fantastiques escrocs. Moi je trouvais ça formidable, et je me baignais dans l'illusion qu'elle en penserait de même. On s'entendait si bien.
Le lendemain qui avait suivi cette confidence, Idrill m'avait trompé. Elle avait révélé mon secret à ses parents qui, bien entendu, ne voyait pas les manœuvres de mes géniteurs d'un bon œil. Bien au contraire.
Leurs manigances misent en plein jour, mes parents furent rapidement destitués de leur rang, de leur place dans cette cité elfique. Répondant de leurs crimes ils furent envoyés dans un endroit dont je n'ai jamais pu connaître le nom ni l'emplacement. Tandis que moi, enfant de charlatans, je me retrouvai sans domicile. Personne ne voulait s'occuper du gosse des Araël. Un gosse qui avait hérité des mêmes caprices cleptomanes de ses parents. De toute manière, j'aurais certainement fait la misère à quiconque m'aurait recueilli.
Ce jour-là, l'amitié que je portais pour Idrill s'envola en éclat. Je savais que j'étais particulièrement responsable de ce tournant de ma vie, mais la confiance que j'apportais à cette fille m'avait rendu aveugle. Et, après ça, je ne risquais pas de m'appuyer sur quelqu'un de sitôt. La haine que je portais pour elle et ses parents se transforma en force au fil des jours et des semaines que je passais à errer dans Iadara. Les voir se prélasser dans leur riche demeure pendant que l'enfant à qui il avait brisé la vie se gelait les miches dehors, éveillait en moi une colère qui m'aidait finalement à me tenir au chaud. Idrill n'avait plus jamais posé un regard sur moi et son indifférence m'avait longtemps anéanti.
Alors j'ai fini par partir de là. À Iadara, tout le monde me connaissait comme l'enfant-voleur. Il m'était impossible de rester auprès d'eux. Impossible d'inspirer de la confiance et donc impossible d'appliquer sur eux tout ce que mes parents m'avaient appris.
Après avoir quitté la si familière capitale Iadara pendant plusieurs longues années. Je ressentis le besoin de me détacher de mon pays. Kyonin n'était plus fait pour moi. Je faisais tache dans ce décor idyllique. J'allais donc sur ma vingtième année lorsque je quittai pour de bon ce pays qui m'avait vu grandir. Je n'avais encore que l'aspect d'un enfant prêt à entrer dans l'adolescence à cette époque, mais j'étais paré à vivre ma propre aventure.
J'ai erré de ville en ville, de pays en pays, peaufinant mes capacités d'arnaqueur pendant des décennies. J'ai volé et menti à des centaines de personnes, toutes races confondues, pour vivre et survivre. J'ai fini par ne plus manquer de grand-chose. L'avantage d'être nomade, c'est que l'on ne perd pas son temps et son argent dans l'immobilier et le mobilier. La richesse démonstrative des nobles ne m'intéressait pas. J'ai fini par comprendre que je prenais plus de plaisir à dérober, dépouiller, qu'à posséder — mis à part les pièces d'or et d'argent que comptait tous les soirs pour me prouver que j'avais rentabiliser ma journée.
Mon plus gros problème était la solitude. Ayant des activités difficilement compatibles avec l'esprit d'équipe et la solidarité, je manquais cruellement de compagnie. Passé une année de plus sans personne à qui parler — je veux dire réellement parler, sans tabou, sans barrière, sans mensonge — allait me rendre fou. Je pense que j'aurais fini par me causer à moi-même.
J'étais plutôt sociable en général. Je soignais aussi mon apparence et détenais un certain charisme et sens de la parlotte — indispensable dans le métier — qui me permettaient d'aborder les gens sans me faire rejeter d'un premier coup d'œil. Je savais quelle personne je voulais trouver. Un homme, car pour les femmes, j'avais déjà donné. Après Idrill, je ne pouvais tout simplement plus leur faire confiance. Alors un homme, et de préférence pas trop riche pour ne pas être tenté de le dépouiller à chaque fois qu'il me tournerait le dos. C'était mes deux seuls critères : un homme pas trop riche. Peu importe la race, pourvu que l'on se comprenne.
Le temps avait fait son travail et c'est dans un heureux hasard, a Korvosa (Sud-Est Varisie), que j'étais tombé sur la bonne personne. Larlan était un humain sans grande ambition, un peu rondouillard et pas particulièrement cultivé. La tâche qu'il effectuait avec le plus de minutie était celle de se raser le crâne à la lame qu'il affûtait pendant des heures. On s'était parlé sur plusieurs jours d'affiler avant de comprendre que lui et moi étions dans le même sac. Voleur et voleur ; nous faisions la paire. J'étais plus talentueux que lui dans le domaine et en échange de mes cours théoriques et des mises en pratique, il m'avait appris à manier le couteau et autre arme de jet. Il avait mis un certain temps à m'avouer que voler n'était pas son passe-temps principal — ce qui ne m'étonna guère. C'était en vérité plus un assassin qu'un voleur. Un chasseur de prime pas vraiment officiel et franchement pas recommandable. Ses tendances à quémander plus que le butin initial lui valait la fâcheuse réputation d'insatiable.
Malgré ses défauts qui ne le rendaient pas particulièrement discret, Larlan était devenu mon binôme. Le gars sur qui je pouvais compter en cas de pépin. Le pote que je retrouvais à la taverne en fin de journée pour boire un coup. C'est d'ailleurs en sa compagnie que j'ai appris que je ne tenais pas du tout l'alcool. Ouais, c'était mon gars, et j'étais le sien, sans aucun sous-entendu bidon.
J'ai vécu la belle vie de roublard en sa compagnie pendant cinq ans. On faisait les quatre cents coups ensemble. On avait dû escroquer et voler chaque habitant de chaque village au moins trois fois chacun. De Varisie à Nirmathas. On finissait par se faire un sacré petit pactole et une liste de criminels tués aussi longue que mon bras. Mais à force de nous mettre au défi de faire toujours plus, nous avons franchi le pas de trop.
Une demeure un peu trop gardée à Port-Egigme (Varisie) et des propriétaires légèrement tyranniques nous ont poussés dans une situation des plus chaotique. C'était un chalenge trop risqué, nous savions que nous avions plus de chance d'échouer que de réussir, mais la confiance qu'on s'accordait était trop belle. Trop belle. Et nous n'aurions pas du.
Ligotés et transportés sur la goélette du trop-riche, trop-bien-entouré et trop-tyrannique propriétaire, nous voguions en pleine nuit sur le Golfe de la Varisia. Le vent, bien discret, avait décidé de faire durer notre périple vers ce que je craignais être la fin de notre vie à Larlan et moi. Et j'avais à cinquante pour cent raison.
Ils nous attachèrent des poids aux chevilles qu'ils serrèrent bien trop fort. J'aurais juré qu'ils pesaient chacun vingt kilos. Tous deux bâillonnés, nous n'avions pu nous échanger un dernier mot avant d'être poussé à l'eau. Le lien qui couvrait nos bouches nous empêcha même de prendre une réelle aspiration avant d'être submergés. Le regard terrorisé que m'envoya mon compère avant qu'il ne disparaisse avant moins dans ce lagon noir et sans fond me fit comprendre qu'il n'avait aucune solution pour nous sortir de là.
Larlan était bien plus lourd que moi. De par sa nature humaine et son appétit qu'il était incapable de refréner, il pesait bien le double de mon poids. Il coulait beaucoup plus vite que moi.
Au-dessus de ma tête, la silhouette de la coque du bateau disparaissait lentement, tandis qu'en dessous, les profondeurs ne semblaient pas vouloir de moi autant que de Larlan que je ne voyais déjà plus.
Avant que l'oxygène ne me manquât totalement, je m'étais saisi d'un crochet que les gardiens n'avaient pas trouvé lors de ma fouille. Je mis une éternité à me débarrasser du poids qui entravait ma cheville. Le nœud était si bien serré que je peinais à m'en dégager avec un si petit ustensile. Quand j'y parvins, je ne lâchai pas le poids et m'en servis pour continuer à couler. Je devais rattraper Larlan pour le libérer à son tour.
Les bulles qui remontaient à la surface en passant devant mes yeux m'indiquaient qu'il était toujours en vie. Je suivais cette piste, ignorant mes poumons qui commençaient à chercher l'air autour d'eux. Je ne sais pas combien de temps j'ai continué à plonger ainsi, mais mon instinct de survie finissant par me rattraper, je dus lâcher le poids avant de m'évanouir. Les bulles ne remontaient plus jusqu'à moi. Larlan était partie, engloutit par ce trou noir, gelé et inquiétant qui continuait de s'étaler sous mes pieds.
J'ai nagé frénétiquement vers la surface pour échapper à cette gravité qui me tirait vers le fond.
Quand je parvins enfin à inspirer une grosse goulée d'air, je crus que mes poumons allaient éclater. Je ne sais par quel miracle, mais la goélette était déjà partie, me laissant seul au milieu de cette vaste étendue d'eau statique.
Je peinais à rester à la surface, inlassablement attiré vers le bas. J'avais libéré mes pieds de mes chaussures pour mieux parvenir à nager. Un espoir insensé me fit replonger pour tenter de trouver Larlan. Mais mes yeux ne virent rien.
De nouveau la tête hors de l'eau, je nageai pendant une heure en direction de la lumière du port de la Baie de Roderic.
Naufragé au bord de la mort, ne possédant plus rien que moi et mes habits, je m'étais traîné le plus loin possible de l'eau avant de m'assoupir d'épuisement, seul, sans Larlan à mes côtés. Je n'avais jamais dormi ainsi dans la rue, dans un état tel que l'on me prenait pour un clochard et que l'on me chassait d'un coup de pied dans le dos. Je n'étais plus Aïdrian Araël, mais juste un pauvre gars que l'on regarde sans tourner la tête.
Cette nuit-là, je crois que j'aurais pu me laisser mourir.
Mais la force de vivre me revint comme une bonne claque dans la gueule. Je repensais aux épreuves que j'avais déjà traversées et, en voyant le chemin accompli, je me promis que je n'avais pas fait tout ça pour rien.
Me venger ne fut pas la première chose que j'aspirai à faire. Je n'aurais couru que vers un second échec auquel je n'aurais inévitablement pas pu réchapper. Il me fallait tout reconstruire, acquérir de l'expérience, des compétences et des armes avant de songer à sauver l'honneur de mon ami.
Larlan était mort, emporté par la Nature que mes origines elfiques me forçaient à vénérer. Et puisque je ne pouvais pas me battre contre elle, je me battrais contre ceux qui avaient permis ce sacrifice. Mais j'avais bien compris qu'ils étaient trop nombreux pour moi. Il me fallait donc trouver des compagnons qui m'épauleraient dans cette tâche. Et pour cela, quoi de mieux que de répondre à d'autres quêtes et appels à l'aide nécessitant plusieurs aventuriers ? Si je parvenais à entrer dans un groupe, peut-être aurais-je une chance, un jour, de venger Larlan. C'est donc cette idée qui me guida plusieurs jours après, à Pointesable, pour accomplir ma première quête en équipe...
Et c'est là que débute notre histoire...
Continent Arcadie :
Région de Varisie :
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