Défi mots #1
Texte pour le défi mots du serveur discord Auteurs du dimanche. Le but du jeu était d'écrire un texte avec des mots imposés. Les voici:
- Miaou
- Bacul
- Professionnel
- Macter
- Heptapode
Et voilà le résultat:
L'été, Elisabeth courrait dans les blés chauds. Plus son papa tardait à faire les moissons, plus l'éclat brun des grains lui plaisait.
L'automne, elle montait dans les pommiers du verger. De ses petites mains, elle glanait les fruits mûrs. Le soir, avec sa maman, elles en faisaient de la compote ou des tartes et l'odeur acidulée parfumait toute la vieille bâtisse. Elles avaient l'habitude de laisser le gâteau refroidir sur le bord de la fenêtre en attendant l'heure du dessert.
L'hiver, elle s'asseyait en face de la cheminée. Le chat la rejoignait pour profiter de la chaleur de l'âtre et des caresses de la petite fille. La bûche mactait et craquait. Le matou âgé lançait des "miaou" râleurs à chaque fois qu'Elisabeth arrêtait de le dorloter.
Le printemps arrivait enfin et la ferme semblait renaître en même temps que la nature. Son père attelait les deux bœufs qu'ils avaient et s'en allait faire le labour dans les champs attenants. Elle se débrouillait toujours pour trouver une petite place sur la charrue. La bacul frappait le flanc des animaux avec un rythme régulier. Les bêtes poursuivaient leur route, tête inclinée en avant.
-Madame Roudaut? demanda une voix au ton professionnel. Il est temps d'y aller.
Elisabeth émergea de ses souvenirs. Elle sentit sa main usée se crisper sur sa canne. Sa vision était brouillée par les larmes, à moins que ce ne fut à cause de son âge avancé.
Elle ne discernait plus que les formes vagues de la bâtisse qui avait autrefois été sa maison.
Heureusement qu'elle ne pouvait identifier que des formes grossières. Aujourd'hui, les blés semblaient bien ternes, la faute aux pulvérisations de pesticides qu'ils recevaient quotidiennement. La fenêtre était brisée et aucune tarte n'attendait son heure sur le rebord. Aucune trace de fumée ne s'échappait de la cheminée et le chat était mort depuis des années. L'étable des bœufs tombait en ruine.
Elisabeth ne voyait et ne voulait pas voir. Elle fit demi tour, pour suivre l'aide soignante qui avait déjà rejoint le véhicule floqué du nom de l'EHPAD dans lequel elle passait désormais ses journées.
Sa démarche était hésitante. Ses seuls trajets se résumaient à des allers retours entre sa chambre et la salle où ils prenaient leurs repas. Ses jambes n'étaient donc plus habituées à la marche.
Le rythme était irrégulier, ternaire. Pied, cane, pied. Elle avait un membre en plus. C'était étrange, se dit Elisabeth en atteignant le minibus. Comme s'il en avait manqué un aux bœufs qui tiraient la charrue de son père. Déconcertant heptapode. La nature avait bien changée.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top