Combat nocturne
Ils s'avancèrent, se fusillant chacun du regard, furieux et menaçants.
D'autres les regardaient. Tous se tenaient prêts à agir, bondir et riposter. Ils étaient en tout une vingtaine. Jeunes, fougueux, fiers ; on aurait dit une reproduction de West Side Story. Une marque invisible les séparait en deux groupes ennemis. Aucun d'eux ne bougeait, ni ne parlait. Certains retenaient leur respiration, inquiets.
Mais jamais l'un de ces jeunes gens ne détachait son regard des deux garçons au centre. Jamais. Ils les fixaient, comme des vautours guettant la mort de leur proie.
Brusquement, tout s'enchaîna. Les deux combattants se ruèrent l'un contre l'autre, dans l'obscurité glaciale du soir. Ils ne laissèrent échapper qu'un bruit : le choc sourd de leurs corps qui se percutaient.
Un combat violent commença. Les spectateurs commencèrent à crier, encourager, serrer les poings, sauter en l'air pour mieux voir la scène. Ceux qui se battaient tentaient tous les coups.
Bientôt, le sang gicla.
– Trop, c'est trop, marmonna un homme qui semblait un peu plus âgé.
En regardant avec attention, il jurait complètement avec les autres.
L'homme se fraya un passage, bousculant les autres au passage. Alors que les deux combattants roulaient au sol, il arriva au premier rang. Il y eut un cri. La foule s'effraya, parcourue par un frisson. Puis un groupe hoqueta. L'un des combattants se figea. Parce que le cri provenait d'une femme. Et que cette femme était au milieu du cercle, se débattant telle une furie.
La stupeur sembla suspendre le temps. Le champion de l'un des groupes était donc une championne ?
D'ailleurs, elle n'hésita pas et saisit sa chance. D'un coup adroit, elle enfonça son coude dans la gorge de son adversaire et recula d'un bond.
L'homme s'avança. Un petit scintillement attirait l'œil vers sa main. Il était armé.
– Au nom de la police, arrêtez !
Il brandit son arme et la braque sur la fille. Des silhouettes sortirent de l'ombre. Des policiers.
Tous se figèrent. La fille restait immobile. Son adversaire aussi. Leurs vêtements étaient sales et déchirés. Leurs regards, sauvages, refusaient de se poser ne serait-ce qu'un instant. Leurs capuches étaient enfoncées sur leurs têtes, cachant leurs visages.
– Clan des Ombres, murmura la fille, si bas que seuls quelque uns purent l'entendre. À l'attaque.
Un groupe avança doucement. Leur nom de clan leur convenait extrêmement bien. Ils se déplaçaient, agiles, silencieux, méfiants. Oui, sauvages. Par trois, il se jetèrent sur les policiers, dans le plus grand silence.
– Clan des Flèches. À l'attaque.
Le deuxième groupe n'avait pas la même manière de faire les choses. Ils se dispersèrent, rapides et dangereux. Chacun se dirigea vers un ennemi - les policiers, cette fois - et, à la manière des loups, frappèrent avant de reculer.
Les deux premiers combattants s'observèrent. Puis le garçon tendit la main.
– Trêve ?
La jeune femme acquiesça, lui attrapant la main. Elle souriait, moqueuse.
– Juste le temps de dégager ces abrutis, alors.
Et, ensemble, ils se faufilèrent dans la mêlée, sachant que leur duel reprendrait un autre jour. Si ce n'était pas le lendemain, ce serait le jour d'après.
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