Retraite.
Tout se dilate dans mon simple cerveau d'humaine dépressive suicidaire : les souvenirs et les pleurs reprennent le dessus, avec pour seul mot d'ordre : détruire. Mais ne suis-je pas assez détruite comme ça ? Suis-je si fragile qu'il n'y paraît ? Peut-être bien que oui. Pourtant, j'ai toujours rêvé d'une société meilleure, d'une vie meilleure, peut-être même d'une vie au paroxysme du bonheur. Puis y'a cette journée d'été 2012 qui refait surface, et se dessine un homme, la trentaine, cheveux noir jais, yeux marrons, carrure d'handballeur. Il me regarde de ses yeux de cochon et avec un sourire assez forcé. J'entends un « Bienvenue Camille.», et puis le noir, les ténèbres obscurcissent ma petite cervelle de moineau.Une image apparaît, avec un homme d'une vingtaine d'années, cheveux noirs, yeux marrons, avec un bel accent Italien, qui s'exclame :« Mademoiselle Chevrot, vous êtes magnifique. ». Autre image, celle d'un adolescent, cheveux bouclés et châtain clair, yeux bleus, ayant une démarche assez bizarroïde. Il me sourit, et me murmure un « Bon anniversaire Camille. », puis le vide. Une autre image, encore une fois, un homme, ou plutôt un presque adulte, cheveux courts et châtains, yeux bleus et sourire magnifique, avec un accent du Nord, il me dit : « Comment vas-tu ma jolie Camille ? ». Si j'étais physiquement présente, je lui aurais répondu un « Ça va, la famille tout ça tout ça » alors que ce serait absolument faux.
J'ouvre les yeux, et je vois des murs blancs, avec une perfusion marquée «Antalgiques», et regarde un cadre photo, posé sur la table de chevet : ma famille, ou du moins ce que je distingue, des gens qui sourient, qui rient et qui papotent tranquillement. J'entends la porte de la pièce où je suis s'ouvrir : un homme en blouse blanche arrive, suivi de deux femmes en tenues d'infirmière, enfin je crois, et qui crient un peu trop fort un : « Bonjour mademoiselle Chevrot». Je ne leur répond pas, trop apeurée, et surtout trop camée pour leur répondre. Arrivent derrière eux un homme et une femme que je ne reconnais pas.
« Bien, on vous laisse tranquille » dit le médecin.
Ils partent, me laissant seule avec les deux inconnus qui me font face. Ils chuchotent, alors j'hausse la voix :
« Qui êtes-vous ?!
- Mais voyons, Camille, c'est moi Aurore ! crie la dénommée Aurore.
- Tu ne te souviens pas de ta sœur et de ton beau-frère ?! dit le monsieur.
- J'ai une sœur moi ? »
Aurore soupire, et l'homme qui me fait face dit qu'ils allaient partir. Je les entends partir, et entends quelque chose que jamais je n'aurais jamais cru entendre :
« Aurore, votre soeur est atteinte d'Alzheimer. Nous ne pouvons que voir son autodestruction et la calmer à coup d'antalgiques. »
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