Le garçon s'approcha du champ de fleurs, s'agenouilla, et cueilli une marguerite.

Il prit une pétale entre ses doigts.
Il prenait son auto-estime avec son cœur.

-Je m'aime.

Il arracha le pétale, le lança loin de lui.
Il arrachait sa détresse, la lançait loin de lui.

-Un peu.

Il effleura un pétale.
Il effleurait le bonheur.

-Beaucoup.

Il serra le pétale entre son index et son pouce.
Il serrait son sourire entre sa famille et ses amis.

-Passionnément.

Il saisit la fleur, et d'un coup, balaya toutes ses pétales d'un revers de main.
Il saisissait sa chance, balayant tous ses doutes d'un revers de main.

-À la folie.

Il se rendit compte qu'il restait encore un pétale sur la fleur, resserrant son cœur.
Il se rendait compte que c'était la fin, que tout était en vain.

-Pas du tout

-Mais moi, je t'aime. dit la fleur d'à côté.

-Moi aussi. firent toutes les autres fleurs.

Le garçon sourit, réveilla la lueur d'espoir qui sommeillait en lui. Il se précipita sur une autre fleur, compta ses pétales. Six. Ça ne faisait pas l'affaire.

-Tu comprends, dit-il à la fleur à six pétales, je ne veux pas me faire du mal, si je peux me faire du bien.

Il passa à la fleur suivante. Neuf pétales. C'était mieux que six, mais pas assez. Ou trop.

Cinq. Il avait besoin de cinq pétales.

-Tu n'en trouveras pas. dirent les fleurs.

-Je n'abandonnerais pas ! s'exclama le garçon.

Après beaucoup de recherches, il finit par trouver une fleur qui avait, non pas cinq pétales, mais dix.

-Je m'aime. Un peu. Beaucoup. Passionnément. À la folie. Pas du tout.

À ce dernier mot, il ricana. Le garçon continua:

-Je m'aime. Un peu. Beaucoup. Passionnément. À la folie.

Cette fois, il éclata de rire.

-Ça y est, je me suis trouvé.

À ces mots, il s'allonge à par terre, caressa les fleurs de ces doigts fins, et regarda le ciel de ses yeux enfin heureux.