>CWC 1<
1. Une histoire qui commence et qui termine avec une bicyclette
Julien pédalait, aussi vite que possible. Au beau milieu de la nuit, la faible lumière qui émanait de la lampe presque sans piles de son vélo n'éclairait que vaguement la route de campagne. Le vent lui fouettait le visage et la pluie lui plaquait les cheveux sur son crâne. Il tenta de remettre un peu d'ordre dans sa tête, en commençant par refaire le film de ce qui s'était passé au cœur de cette nuit.
- JULIEN !
L'adolescent se réveilla en sursaut au hurlement de sa mère. Il se leva en quatrième vitesse et couru dans la chambre de sa mère. Elle n'y était pas, alors il fonça dans celle de sa petite sœur.
- Julien !
Sa mère pleurait, serrant sa sœur contre elle.
Un instant, il craignit le pire. Mais rapidement, il se ressaisit: Cora n'aurait pas pu mourir comme ça en pleine nuit, sans explications.
- Julien, vite va chercher le médecin ! Elle ne respire plus !
Le jeune homme ouvrit de grands yeux horrifiés et couru s'habiller aussi vite que possible. Il connaissait le danger que courait sa petite sœur, et dans la campagne perdue au milieu de rien où ils habitaient, aucune ambulance ou hôpital ne pouvait s'occuper d'elle. Il entendait les cris de sa mère qui tentait de ranimer Cora, et après quelques secondes qui lui parurent des heures, sa mère s'exclama "Elle respire !".
Deux minutes plus tard, il sautait sur son vélo et entamait la descente qui menait à la route vers le village le plus proche.
Julien commençait à stresser. Et s'il n'arrivait pas à temps? Si c'était déjà trop tard?
Comme pour accroître ses inquiétudes, le tonnerre se mit à gronder. Quelques instants plus tard, une zébrure lumineuse parut déchirer le ciel.
Paniqué, trempé de pluie et de sueur, le garçon arriva enfin devant la maison du médecin. C'était une belle et grande bâtisse, en briques jaunes et toiture rouge. Il tambourina à la porte en bois, cria, hurla, aussi fort qu'il put. Après ce qu'il lui parut une éternité, le docteur apparut en chemise de nuit et béret blancs. Il avait l'air fatigué, cela dit, c'était compréhensible, et une barbe de quelques jours apparaissait sur son visage.
- C'est pas trop tôt! s'exclama Julien. S'il vous plait, aidez-moi! Ma sœur suffoque, elle est peut-être morte à l'heure qu'il est.
Des larmes de soulagement et de peur creusèrent des sillons sur ses joues, le mouillant encore plus qu'il ne l'était déjà.
- Allons, calme-toi, mon enfant. J'arrive tout de suite.
Il disparut pour réapparaître quelques minutes plus tard, vêtu de sa blouse et accompagné d'une mallette.
- Nous irons en voiture, si ça ne te dérange pas. C'est plus rapide.
- Et mon vélo?
- Tu le récupéreras une autre fois.
L'adolescent hocha la tête et grimpa dans la voiture à la suite de l'homme.
Au milieu du chemin, une idée frappa son esprit comme les éclairs frappaient le ciel: il n'avait pas éteint la lampe de son vélo.
- Merde. laissa-t-il échapper. En plus la pile était déjà faible...
Finalement, après un stress intense, Julien aperçut sa maison.
Sa mère était dans la cuisine, Cora allongée sur la table, et elle faisait ce qu'elle pouvait pour la maintenir en vie: pas grand chose.
Le médecin prit les choses en main et commença à essayer plusieurs formes de traitement.
- S'il vous plait, docteur, sauvez-la!
- Écoutez, s'emporta le médecin, je fais ce que je peux, mais vous ne m'aidez pas vraiment. Allez donc dans votre chambre vous reposer un peu. Julien, va me chercher un verre d'eau, s'il te plait.
Pendant les heures qui suivirent, il essaya d'aider tant bien que mal d'aider le docteur, en lui apportant quelque objet qu'il nécessitât, ou en tenant sa sœur. Voir celle-si à l'agonie lui brisait le cœur.
Le médecin était tout rouge et couvert de sueur, et Julien voyait bien qu'il ne parviendrait pas à sauver Cora. Il se prépara au dernier râle de sa sœur, même s'il savait pertinemment que ça ne servait à rien, que la douleur serait insupportable de toute manière.
Et puis, le cœur de sa petite sœur tellement fragile cessa de battre.
Au même moment, à des kilomètres de là, la faible lumière du vélo de Julien cessa de clignoter.
Cora avait rendu l'âme, tout comme la pile du vélo de son frère.
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