la petite fille à la fenêtre

Dans cette rue il y avait beaucoup de monde qui passait chaque jour.
Ils passaient tous devant. Mais c'est à peine s'ils la voyaient du coin de l'œil.
Oui, certains la voyaient mais personne ne la regardait.
Avaient-ils vu les cernes sous ses yeux fatigués tout comme les traits de son visage?
Avaient-ils remarqué son teint pâli par la maladie, son corps branché à tous ces câbles, toutes ces machines qui l'entouraient ?
Et est-ce qu'ils avaient observé les plateaux pleins, à côté d'elle, auxquelles elle ne voulait pas toucher, car elle n'avait "pas faim"?
Non, bien sûr que non !
Ils n'ont rien vu, rien remarqué!
Ça leur servirait à quoi ?
Après tout ce serait une information de trop dans leurs petits cerveaux de se préoccuper du bien des autres !

Elle, elle les regardait, toute sa tristesse dans son regard. Malgré tout c'était son activité préférée, étant donné que c'était la seule qu'elle pouvait pratiquer, clouée dans son lit.
Elle aurait tant aimé qu'on lui jette un regard, qu'un petit regard. Et puis un sourire, même fugace, ça elle en rêvait.

Et un jour elle le vit, lui, si coloré.
Il sortait du lot. Lui, il se tourna, la regarda, et... oui! Il lui sourit. Ce geste, en apparence si simple, lui fit un bien fou. Tout les matins il passait, à chaque fois vêtu de couleurs différentes, et il n'oubliait jamais de lui sourire. Un jour, il vint à midi, repas en main. Il s'assit sur un muret, en face de la fenêtre, et mangea. Et pas une seule fois, à partir de là, il oublia ce rituel.
Et puis, elle se remit à manger. Ainsi, chaque midi, ils mangeaient tous les deux, un dehors, l'autre dedans.

Mais ce qui devait arriver, arriva.
Un jour, à midi, il alla, comme à son habitude, sur le muret. Le matin, il avait dû passer par un autre chemin. Mais, lors du repas, il comptait bien la voir.

Mais, la seule chose qu'il vit, à travers la fenêtre, ou plutôt ce qu'il ne voyait plus, c'était les machines. Une bonne moitié manquait à l'appel. Mais surtout ce qu'il manquait c'était bien elle, son regard, son sourire, bien que fatigués, tout de même magnifique. Ce jour là, il mangea seul et se fut bien triste.

Alors le lendemain il prit des pinceaux, de la peinture et tout le reste. Il rassembla son talent de peintre, car tel était son métier, et il peigna le portrait de la petite fille sur la vitre de la fenêtre.

Chaque jour il lui rendait visite. Et même si elle n'était plus là, il se rappelait des repas qu'ils avaient passé ensemble.
Et même s'ils n'avaient jamais parlé, ils se comprenaient. Alors il avait fait se portrait pour lui, mais aussi pour les passants.

Pour ne pas qu'ils oublient l'erreur qu'ils avaient faite.

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