La forêt, cette forêt si verte, si calme, brille maintenant de mille feux surplombée d'une couronne de fumée.
Était-ce des braises ? Une étincelle ?

Qu'importe? Tout ce que l'on peut constater à présent c'est que la flammèche s'est transformée en feu qui s'est agrandi à son tour pour se dresser en un mur de flammes qui dévore les arbres fleuris autrefois. Il nous prend le moindre coin de verdure.

Le rouge-orangé se répand, avale tout le vert, toutes ces belles couleurs pour ne laisser qu'un tapis de cendres. Cette fine couche, d'une teinte si terne, a rendu cette végétation monotone.

Et moi qui ai voulu rester, hypnotisée, intimidée ou peut-être même en admiration, car cette énergie à la fois couleur sang et à la fois de la teinte du soleil peut faire peur, moi je la trouve magnifique.

Désormais, je suis face au mur, j'aurais pu fuir, mais non. J'ai toujours été comme ça, dans ce cas vous me diriez peut-être que ce n'était pas la bonne option, mais y a-t-il vraiment un bon ou un mauvais choix ?

L'incendie se rapproche dangereusement, je peux sentir la chaleur de ses flammes ardentes, elles lèchent mon visage. On dirait même qu'elles y prennent un malin plaisir.

Finalement, j'ai compris pourquoi je ne suis pas partie. Devant me yeux se déroule un spectacle, brûlant certes, mais d'une beauté à couper le souffle. D'ailleurs le mien va cesser lentement, très lentement, dans cette forêt, cet havre de paix où j'ai passé la plus grande partie de mon enfance.

N'y a-t-il pas un côté ironique ?
je suis née, j'ai vécu et à présent je vais rendre mon dernier souffle sous la lune qui me regarde.
La lune, aujourd'hui, parfaitement ronde, accompagnée de ses compagnons les étoiles. Elles aussi brillent de milles feux.

Mes poumons poussèrent leur dernière respiration et un dernier soupir franchit mes lèvres.