Après la mort

Aujourd'hui est un jour maudit, le jour maudit que je ne voulais surtout pas voir arriver. Aujourd'hui je te mets en terre, aujourd'hui je dois te dire au-revoir. Les chansons que tu avais choisies sont sur une clé USB et Loïc, le responsable des ponts de funèbres, met en place les derniers éléments de la cérémonie.
Je ne suis pas prête pour ce qui va suivre, t'es partie trop tôt, t'es partie sans me laisser la chance de te dire au-revoir.
Déjà les quelques personnes souhaitant te faire un dernier au-revoir arrivent mais moi je ne suis pas prête, je suis pas prête...
Une main se pose sur mon épaule, Julien, l'homme qui t'aimait à en mourir. Il me soutient, m'offre l'esquisse d'un sourire pour m'encourager. Déjà les croque-mort -oui je sais, t'aime pas quand je les appelles comme ça mais aujourd'hui leurs surnoms ne leurs a sûrement jamais été aussi bien- approche en portant ton cercueil sur la très belle et triste chanson, Mourir auprès de mon amour de Demis Roussos. Je sais que mon tour ne va pas tarder, dès que l'instrumental de la chanson Une mère de Lynda Lemay va commencer je devrais prendre la parole mais je ne suis pas prête.
On y est, ton cercueil est positionné au-dessus du trou ou le repos éternel t'attend. Les dernières notes de la chanson de Demis Roussos se font entendre et la transition se fait en douceur avec la chanson que je t'ai choisie.
Je m'avance et attrape le micro que me tend Loïc. Je me place à ta tête et je vais cette boîte, je hais ce foutu destin qui t'as arraché à moi.
Il me faut du temps pour réussir à faire sortir un mot d'entre mes lèvres, et je m'en veux, je m'en veux de devoir réunir se courage alors que de ton vivant je pouvais parler de toi sans cesse. Finalement après avoir ouvert et fermé la bouche plusieurs fois, j'arrive à commencer le début de mon discours.

- Aujourd'hui je comprends, je comprends enfin quand tu disais que le dicton "un seul être vous manque, et tout est dépeuplé" était vrai. Oui il est vrai... tu n'es plus est tout mon monde est dépeuplé... si tu savais comme j'aimerais que ce soit faux, j'aurais au moins la force d'affronter ton absence... mais non c'est vrai, et ton absence se fait sentir toujours plus forte.
Aujourd'hui, je viens vous parler de l'être formidable qu'elle était, c'est être unique au cœur aussi gros que le monde.
Elle était une femme aimante, qui donnait tous d'elle sans rien attendre en retour. De la reconnaissance elle en avait à revendre, de l'amour elle en avait plus qu'elle ne pouvait en donner, c'était elle, elle était une femme comme ça. Évidemment tous ça vous le savez déjà, vous connaissiez la femme qu'elle était. Elle était, une amie, une sœur, une fille, une moitié.
Mais elle n'était pas que ça, elle était aussi une mère, elle était ma mère, et c'est de cette facette de sa personnalité que j'aimerais vous parler aujourd'hui. Une mère qui a tout donné, sa jeunesse, sa beauté, sa santé pour m'élever. Vous connaissez tous l'histoire qu'à vécu ma mère pour ma conception, déjà à se moment elle y laissait sa beauté, les hormones lui ont fait prendre du poids mais elle était la plus belle femme qui m'ait été donné de voir. Oh oui je sais que parmis vous certains ont eu des mots violents sur son poids mais elle ne vous en voulais pas parce que elle n'était pas rancunière. Sa santé en a pris un coups, étant malade, sa prise de poids n'a pas aidé son cœur, déjà défaillant, à faire son travail qui lui était dur. Certains ont eu pitié d'elle, elle n'avait que faire de votre pitié parce qu'elle était fière d'avoir fait ce sacrifice pour la plus belle chose du monde, donner la vie. D'autres la trouvaient courageuse et l'enviait d'avoir eu ce courage mais là encore elle n'en avait que faire, pour elle ça n'était pas du courage mais une volonté de réaliser un rêve, elle rêvait dette mère alors elle a pris le risque de le devenir. Et évidemment elle y a perdu sa jeunesse, pendant cinq longues années elle a mis de côté les fêtes, les amis, les loisirs pour me concevoir. Et là encore nous retrouvons les même groupe, et encore une fois elle en n'avait que faire parce qu'elle était devenue mère quand tout le monde lui disait que c'était impossible, elle l'avait fait.
Ma mère vous aimait tout autant pour qualités que pour vos défauts, elle ne vous aurait jamais échangé pour qui que ce soit, et aujourd'hui je suis tristement heureuse que vous soyez venu si nombreux pour elle, pour son dernier voyage. Je suis heureuse parce qu'elle représentait autant pour vous que ce vous représentiez pour elle mais je suis triste car je hais ce jour maudit ou dans quelques instants je vais devoir lui dire au-revoir.
Pour moi, elle était mon monde, mon univers, mon soleil. Ma vie gravitait autour de la sienne, elle était mon phare dans mes nuits les plus noires, mon radeau dans les tempêtes de ma vie, la terre sur laquelle je pouvais me reposer quand j'en avais besoin. Parce que oui, ma mère était d'une écoute sans faille, une épaule solide, un sourire rayonnant. Parce que c'était cette femme qui donnait tous d'elle.
Si je devais vous décrire ma mère en un mots ça serait unique, oui unique.
Égoïstement j'espérais partir avant elle pour ne pas découvrir la vie sans elle et aujourd'hui je dois faire sans l'être unique qui partageait ma vie depuis le tout premier instant.
Maintenant je vais m'adresser à elle.
Maman, mon adorable amour, merci pour tout ce que tu m'as donné, pour chaque paroles encourageante quand moi je n'y croyais plus, merci de m'avoir consolé quand toi-même tu en avais besoin. Merci d'avoir juste été là meilleure maman du monde.
Aujourd'hui je souhaite de tout mon cœur que tu aies raison quand tu disais qu'après la mort il y avait autre chose parce que je ne peux pas imaginer un monde sans toi quelque part.
J'espère qu'un jour le destin nous permettra de nous retrouver, mais pour le moment je dois te dire les derniers mots qui vont t'accompagner le long de ton dernier voyage et ça j'y étais pas prête, hélas il faut le faire.
Alors pour ton dernier voyage je tenais à te dire, maman je t'aime, je t'aimerai toujours, tous les jours de ma vie tu seras là bien au chaud dans mon cœur. Je t'aime maman, je te dis à bientôt et au revoir.

Quand j'ai rendu le micro à Loïc, les larmes roulaient le long de mes joues silencieusement, révélatrice de ma tristesse qui ronge mon cœur aujourd'hui. Je me place à côté de Julien qui me remercie de t'avoir rendu un si bel hommage. Je lui réponds par une esquisse de sourire, incapable de prononcer un nouveau mot alors que son cerceuil s'enfonce dans ce trou de terre. Quand les croque-mort s'éloigne du trou, je saisis une rose comme julien et ensemble nous lançons les deux premières rose, de belle rose d'un blanc magnifique, qui sont rejoints par des dizaines de roses rouges.

Quand on s'éloigne de ta tombe pour permettre aux ouvriers des ponts de funèbres de recouvrir ton cercueil.
Je me retourne et lance un dernier regard vers ta dernière demeure, d'ailleurs ai-je rêvé mais je suis sûre de t'avoir vu me lancer ton sourire qui illuminait ma vie avant de m'envoyer un baisé et de disparaitre.

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