Suicide


J'ai l'air qui m'ébouriffe les cheveux. J'entends une multitude de voix dans ma tête. Tout d'abord la voix de ma mère ce matin, si déçut des zéros qui s'enchainent dans mon bulletin; la voix de ma prof de Histoire ; puis enfin LEURS  voix, mélangés et claires à la fois. Que font-ILS ? Ils se moquent de mon sac, ou peut-être de mon nez. Je vois un flux d'images floues. Je sais qu'ILS sont là. Je crois que c'est la fois où ils m'ont forcé à enlever mon pantalon. Où peut être que c'est la fois où ILS se sont amusés à me courir après pour me voler mon argent. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Mais je sais une chose, je n'en peux plus. Il n'y a qu'une seul façon de régler ça. Je m'approche du bord, sans regarder en bas. J'écarte les bras, comme dans les films. Je lève mon pied droit et je me laisse tomber en avant.

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« BIP BIP » Son réveil. Il se sent engourdi, comme après un long sommeil. Il se rappelle qu'il faut qu'il se lève pour aller au lycée. Il a un contrôle d'SVT aujourd'hui. Puis d'un seul coup il se souvient. Leurs voix dans sa tête, le rebord, son pied s'avançant, lui se laissant tomber en avant, la chute, longueur, durant une éternité, la douleur quand il touche le béton de la cour, les cris des élève qui jouent au foot, puis le bruit de son réveil. Il l'a fait. Enfin. Il veut voir le monde qui l'entoure, son nouveau monde, sa nouvelle vie, sans harcèlement, sans responsabilité, sans devoir, sans police. La liberté avec un grand L. Mais il n'arrive pas à décoller ses fichues paupières. Il prend ses mains et attrape ses paupières. Sauf qu'il n'attrape rien, appart une vive douleur, et avant qu'il ne comprenne ce qui se passe il a les doigts dans les yeux. Il retire vivement ses mains, interloqué. Il veut hurler mais son cri reste bloqué dans sa gorge.

« Alors c'est ça la mort. » Pense-t-il « Je ne peux pas parler, je ne peux pas voir. Mais au moins j'ai la paix. Personne pour se moquer de moi, personne pour me dire quoi faire, je n'ai pas de devoirs, aucune responsabilité. Personne pour me parler. Juste le silence reposant, tellement changeant de la vraie vie, si bruyante, avec tous ses cris, ses odeurs de pos d'échappements. Etre seul, enfin. »

Une étrange torpeur le consume. Il ne sent rien. Il ne voit rien, car il ne possède plus d'yeux. Il n'a pas de corps. Il est seul. Il n'y a plus rien. Juste le noir. Et encore. Ce n'est pas vraiment le noir. En tout cas, pas comme on appelle le noir. Ce qui l'entoure n'est pas une couleur, car il n'y a pas de couleurs. Il n'y a que le vide. Et il est là, dans ce vide immense qui l'entoure, qui le protège et le retient prisonnier. Il n'est plus rien. Il n'est plus un être humain. Il n'est plus un corps, car il n'en a plus. Il est le vide. Il est le désespoir. Il ne peut plus penser, il ne peut plus bouger, il ne peut qu'avancer, sans que rien ne retienne sa course, car il n'y a rien. A part le vide. Et lui. Mais qu'est-ce « lui » ? Il n'est plus qu'un être, une âme morcelé, détruite, à la dérive. Il ne peut rien faire, il ne peut plus réfléchir. Il ne peut plus rien faire. Jamais.

Il est mort.


C'est une histoire que j'ai écris en 5ème.

Je l'avais complètement abandonnée mais aujourd'hui je l'ai retrouvée dans mon ordi en faisant le tris et j'ai voulu la publier. Voila. 

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